The curse of the Prince
Chapter I
-Allo, Franky? Je suis dans la salle de réception. Où es-tu?
Un horrible bruit de grésillement lui répondit avant que la voix de Franky parvienne à ses oreilles à travers le Den Den Mushi portable.
-Je suis dans les sous-sols. J'ai jamais vu autant de bouteilles de ma vie.
Leur plan était simple mais périlleux. Il fallait simplement trouver des preuves que Sanji s'était retrouvé lié de près ou de loin avec les Tenryuubitos. Un an auparavant, lorsque la nouvelle prime de Sanji était apparue, tous avait été surpris de voir la mention "Only alive" remplacer "Dead or alive". Et bien qu'ils n'en ai jamais reparlés après, les questions avaient alors fusées dans tous les sens lorsqu'ils s'étaient retrouvés, sans jamais vraiment trouver de réponses avant que Robin n'émette l'idée que Sanji était peut-être important pour le gouvernement, voire pour les Tenryuubitos. A partir de là tout s'était enchaînés très vite et un plan avait été mit en place de façon à vérifier si les Tenryuubitos avaient bel et bien besoin de Sanji.
Pour s'immiscer dans la vie des Tenryuubitos, ils avaient profité de la réception se déroulant à Marijoa. Il n'avait pas été facile d'y accéder mais ils avaient réussis à se faire une place dans l'immense château. Chacun d'entre eux avait un rôle précis : Franky devait se charger de fouiller les sous-sols avec Robin, Brook et Luffy devaient profiter de l'absence des Tenryuubitos dans leur appartements pour chercher n'importe quoi ayant un lien avec Sanji, Ussop et Chopper surveillaient l'entrée du bal tandis que Nami et Zoro s'étaient fondus dans la masse de Dragons Célestes.
Nami se disait qu'elle aurait été nettement plus crédible avec Sanji qu'avec Zoro dans ce genre d'endroit. Cette pensée lui arracha un sourire triste qu'elle s'empressa de cacher.
-Très bien, je raccroche. Et... Franky... ?
-Yep?
-Surtout, faites attention.
Depuis la disparition de Sanji, l'équipage entier avait réalisé qu'ils n'étaient pas immortels et qu'ils n'avaient pas été assez prudent jusqu'à maintenant. Alors ce genre de phrases était devenu courante désormais.
-T'en fais pas, je gère, répondit Franky avant de raccrocher de lui-même.
Nami posa son regard sur la foule. C'était bondé de monde. Personne ne la remarquerait, d'autant plus qu'elle avait prit soin de voler une des robes d'une Tenryuubito en plus d'avoir recouvert son visage d'un voile. Elle se fraya un chemin à travers la foule, tentant de se faire la plus petite possible seulement il semblait impossible pour elle de passer inaperçue. Les hommes se retournaient sur son passage, l'appelait, la retenait, et bien qu'elle eut envie de les clouer au sol avec son talon, elle savait qu'elle devait se retenir pour ne pas attirer plus l'attention et créer des problèmes. Mais il restait difficile de supporter ces mains baladeuses, ces regards pervers et ces réflexions douteuses qu'elle ramassait au fur et à mesure qu'elle avançait. Cette mission s'avérait plus compliquée que prévue. Elle chercha mécaniquement son coéquipier du regard, caché sous une fausse moustache. Lorsqu'il la vit, il lui lança un regard interrogateur et elle tenta de lui faire comprendre qu'il serait fort sympathique de sa part de venir l'aider à se dépêtrer de cet attroupement d'hommes. Elle fut soulagée de le voir arriver vers elle mais le temps qu'il arrive permit à un homme d'une quarantaine d'années de l'approcher avant. Il sembla se délecter de la vue qui s'offrait à lui, un verre à la main.
-Bonsoir divine créature, vous prendriez bien un verre?
Il n'eut pas le temps d'en dire plus que Zoro arriva enfin pour lui ôter sans ménagement le bras qui s'apprêtait à se poser autour du corps de la jeune femme.
-Désolé mais la divine créature a déjà des engagements.
L'homme fronça les sourcils mais à la vue du regard que Zoro lui lança, se garda bien de lui dire sa façon de penser. Il lâcha alors simplement un "Je vois" avant de partir à la recherche d'une autre femme à séduire surement avec l'espoir que cette fois-ci elle ne soit pas accompagnée.
-Ils sont lourds, ces Dragons..., souffla Zoro tout en lançant des regards alentours.
-Vraiment, oui. Merci de ton intervention, j'ai bien cru que j'allais soit lui en coller une, soit me faire agresser.
La relation qui unissait Nami et Zoro n'avait jamais été très empreinte d'amitié ou de solidarité mais après les événements passés, étant les deux personnes à avoir le plus méprisés ou utilisés le blond au sein de l'équipage, ils s'étaient tous les deux compris quant à la culpabilité qu'ils ressentaient. Nami avait su voir en l'épéiste un homme qui malgré tout respectait Sanji et le bretteur avait su déceler en Nami une femme fragile qui tenait au cuisinier bien plus qu'elle n'aurait voulu l'admettre.
-Je ne sais pas comment ça se passe du côté de Luffy mais j'espère qu'il ne va décidé de faire quelque chose d'idiot, s'inquiéta Nami.
-Je ne pense pas que...
Brook tentait tant bien que mal d'empêcher Luffy d'aller là où il y avait encore des gens. D'après lui il y avait bien assez de chambres libres à vérifier avant et ils auraient tout le temps de revenir ici ensuite. Mais le capitaine avait l'air pressé et peut-être aussi, avait-il envie de casser quelques mâchoires.
-Tout ira bien Brook, j'te dis!
Il n'attendit même pas que Brook réponde et se jeta sans ménagement sur les quelques Tenryuubitos encore présents dans les couloirs du château et qui l'empêchaient d'atteindre la chambre qu'il voulait vérifier. Tout se passa très vite, une femme eut à peine le temps de lâcher un cri d'effrois avant de s'évanouir devant son mari se prenant un coup de poing. Luffy se redressa avec une sourire non dissimulé vers Brook.
-La voie est libre!
Brook haussa les épaules avant de finalement s'avancer vers la chambre du fond. C'était une chambre assez immense dans laquelle respirait la royauté. Des lustres en or, des draps en soie, tout n'était que luxe. Sur les mur trônaient des tableaux représentants les familles royales tandis que plus loin, au dessus d'une commode qui brillait tellement que Brook en aurait perdue la vue s'il avait eu des yeux, étaient affichés plus d'affiches de recherches qu'on ne pouvait en compter.
-Et bien, il y a beaucoup de personnes qu'ils souhaitent voir mortes ou... mortes.
En effet, sur de nombreuse affiches était inscrit "Only dead".
-On dirait que ce sont les Tenryuubitos qui choisissent s'il faut les capturer morts ou vifs..., continua le squelette en parcourant les affiches du regard.
Luffy ne disait rien, bien trop occupé à chercher quelque chose, une seule, qu'il ne tarda d'ailleurs pas à trouver. Ses sourcils se froncèrent instantanément et il arracha l'affiche du mur.
-L'affiche de Sanji... Ce sont les Dragons Célestes qui ont décidés qu'il fallait le capturer vivant.
Vivant. Oui mais là était tout le problème. Vivant, il ne l'était pas. Du moins, l'avaient-ils crus jusque là. Luffy posa alors son regard sur la commode dorée, sur tout un tas de paperasse et se mit à fouiller de fond en comble à la recherche d'une preuve, quelque chose qui le mettrait un peu plus sur la piste quand soudain il la vit. Une lettre disant qu'il avait été trouvé et ramené ici, à Marijoa.
-Brook, je crois que Sanji n'est pas mort...
Ussop et Chopper étaient placés de chaque côté des grandes portes derrière lesquelles se déroulaient le bal, cachés derrière de grandes colonnes de marbre. Ils avaient vu sur le bal et sur les personnes qui entraient et sortaient enfin de prévenir leur nakamas des déplacements faits dans le château. Et pour l'instant, tout semblait bien se dérouler. Personne dans les couloirs, personne ne sortant du bal et personne ne s'apprêtant à y entrer.
-Je ne vois plus Zoro, remarqua Chopper qui tentait de s'approcher pour mieux voir sans pour autant essayer de se faire voir.
-Reste à ta place, gronda Ussop. S'ils nous voient je ne donne pas cher de notre peau.
Chopper obéit, ayant surement pensé à ce qui arriverait si par malheur on le voyait et se replaça derrière sa colonne. Cependant, des pas attirèrent leur attention et ils cessèrent de respirer, espérant ne pas se faire voir par les nouveaux arrivants. Les pas se rapprochèrent, on entendit une voix, puis deux. Seulement, trois silhouettes passèrent devant les colonnes, et lorsqu'Ussop jeta un oeil, il faillit hurler mais plaqua ses propres mains devant sa bouche pour s'en empêcher. "Il faut prévenir Nami" pensait-il mais sa main qui voulut utiliser l'escargophone tandis que l'autre retenait son cris de stupeur tremblota tellement qu'il en fut incapable.
Nami se retrouvait de nouveau seule dans la foule. Il valait mieux que Zoro et elle ne restent pas ensemble toute la soirée pour pouvoir surveiller les attitudes des Tenryuubitos et peut-être, leur soutirer quelques informations au passage. Le plus important restait de tendre l'oreille et d'écouter ce qui se disait. Prendre part aux conversations s'avérait trop dangereux et valait mieux rester prudents. Mais alors qu'elle se rendait vers le buffet tout en retirant son voile pour faire mine d'être occuper à manger des petits fours, quelqu'un entra dans la salle de réception. Elle n'y fit pas tout de suite attention, recevant un appel sur son escargophone.
-Allo? Luffy, c'est toi?
-Nami, répondit la voix de Luffy, étrange. J'ai trouvé quelque chose et je crois que Sanji est toujours en vie, quelque part ici.
Les petits fours tombèrent sur le sol dans un ralentit presque irréel, et l'escargophone ne tarda pas à suivre. La voix de Luffy était à peine parvenue aux oreilles de Nami dont le regard était déjà braqué sur les nouveaux arrivants. Sanji était là, juste devant elle, vêtu d'un costume blanc, cette couleur si représentative des Dragons Célestes. Entourés de deux d'entre eux, il semblait faire partie des leurs, comme si sa place avait toujours été ici. Son coeur tambourina si fort dans sa poitrine qu'elle en eut mal. Elle pensa être face à une hallucination mais en face d'elle, se trouvait bel et bien réel, Sanji, le cuisinier de leur équipage. Et pourtant, il avait l'air si différent. Son esprit lui ordonnait de détourner le regard, de chercher Zoro pour qu'il lui confirme qu'elle ne rêvait pas. Seulement ses pupilles étaient fermement accrochées à cet être qu'elle ne pensait plus jamais revoir. Elle ne savait plus quoi faire, son corps refusait de la laisser bouger et d'aller vers lui, comme s'il savait que ce ne serait pas une bonne idée. Son coeur martelait toujours fermement sa poitrine et elle n'était plus vraiment sûre de tenir longtemps toute seule face à cette incompréhension. Et alors qu'elle allait enfin réussir à dévier son regard, elle en reçu un de lui. Électrochoc. Elle eut l'impression de se prendre une décharge en plein coeur et celui-ci rata un battement. Il l'avait vue. Il venait de la voir. Et rien. Rien du tout. Pas de "Nami-San", pas d'esbrouffes, pas de tourbillons d'amour les yeux en coeur, rien. Tellement rien que Nami s'en sentie presque vexée. Son visage impassible ne lui sembla pas normal. Il riait aux blagues, souriait aux dames, serrait la main des hommes mais n'avait rien de ce qu'il était avant. Et ce regard qu'il venait de lui adresser, sans une once d'émotion venait de lui prouver. Ce regard qu'il arborait lorsqu'il ne se posait pas sur un Dragon Céleste semblait si sombre qu'on aurait dit qu'il avait vécu l'enfer. D'ailleurs, qu'avait-il vraiment vécu, au final? Elle n'en savait rien, personne n'en savait rien et quelque chose lui disait qu'il n'allait pas lui en parler. Elle ne put s'empêcher de se dire qu'elle aurait préféré qu'il soit comme avant, qu'il sourit comme un idiot et retourne aux fourneaux en leur expliquant qu'il n'avait pas eu le temps de leur envoyer de lettre mais que désormais il était de retour pour de bon et que pour se faire pardonner il allait préparer un festin. Mais rien de tout ça n'arriverait, elle le sentait.
Son souffle se coupa lorsqu'elle le vit s'approcher pour au final simplement la frôler sans lui adresser un regard ou une parole. Son coeur retomba lourdement dans sa poitrine, meurtri. Zoro, qui était bien plus loin croisa la route de son meilleur ennemi sans que celui-ci ne le voit ou du moins, ne le regarde et Zoro resta interdit, comme bloqué, pendant plusieurs secondes qui parurent des heures. Il finit par rejoindre Nami qui risquait de s'effondrer à tout moment. Lorsqu'il arriva à elle, elle leva sur lui un regard chargé de douleur et d'incompréhension, au bord des larmes.
-Alors il est vivant, souffla-t-il en ne déviant plus son regard de l'endroit où il l'avait croisé.
-Vivant... N'est pas le mot que j'emploierais.
Nami regardait le sol sans même le voir, trop perdue dans un abysse de pensées incompréhensibles et contradictoires. De tout ce qu'elle s'était imaginé en venant ici, jamais la possibilité de retrouver Sanji en vie ne lui avait effleuré l'esprit. Et pourtant, ce soir, elle devait se rendre à l'évidence : Il était vivant.
