Heya les gens ! :D
Voilà une autre histoire que je me suis mise à écrire, mais ce n'est pas vraiment une histoire inédite puisque je reprends les personnages de "Sortilèges" mon autre fanfiction qui ne sera malheureusement pas finie (mais je change ici le contexte puisqu'ils ne seront plus à Poudlard mais après, dans leurs vies quotidiennes après avoir fini leurs études).
Voilà, j'espère que cette fiction vous plaira (si jamais quelqu'un se perd dans cette zone plutôt perdue du fandom HP xD),
Shauny.
...
Tout foutait le camp.
C'était la seule chose qui lui venait à l'esprit alors qu'il restait debout dans le couloir devant la porte de son appartement. Il ne savait même plus depuis combien de temps il attendait là sans prendre la peine d'ouvrir pour entrer. Il n'avait pas encore sorti ses clés, sûrement perdues au fin fond de son sac. Même la perspective de devoir les chercher le déprimait.
Il ne bougea pas, restant planté là comme une statue, droit comme la justice. Une voisine passa dans le couloir, lui adressant un bonjour qu'il ne lui rendit pas, trop occupé à essayer de trouver ce qu'il avait pu faire au monde pour tomber aussi bas.
La minuterie de la lumière claqua, plongeant le couloir et la cage d'escalier dans le noir, ce qui eut le mérite de le faire sursauter. Regardant autour de lui d'un air légèrement perdu, il chercha ensuite à tâtons l'interrupteur afin de rallumer. Une fois fait, il plongea la main dans le sac qui pendait à son côté pour enfin chercher ses clés en poussant un soupir à fendre l'âme.
L'attente avait dû être longue puisque même son chat, pourtant une feignasse de première catégorie, était en train de miauler devant la porte tout en grattant.
Oui c'est bon, marmonna-t-il d'un air maussade. J'arrive ! Pas la peine de démolir la porte…
Il ouvrit la porte dans délicatesse, percutant le chat sans s'en formaliser plus que nécessaire quand il vit l'animal passer dans ses jambes en courant, les oreilles repliées sur son crâne.
Bien fait, tiens !
Il n'avait pas voulu de l'animal. C'était en quelque sorte un héritage forcé de l'ancienne locataire de son appartement, une petite vieille à l'air ahuri qui lui avait refourgué en avançant des arguments un peu bancals. Mais le jeune homme avait besoin de ce logis à ce moment là, il avait donc accepté sans plus discuter.
Il ne s'était rendu compte de son erreur que la semaine suivante. L'animal passait son temps à pourrir la vie du jeune homme. Chaque soir, quand il éteignait la lumière pour dormir, le chat se mettait à courir dans tout l'appartement, piquant des crises monstres sans raison aucune. Les coins de toutes les pièces avaient aussi été baptisés à l'urine car il ne savait pas comment utiliser une litière à la plus grande surprise du nouveau locataire.
Bref : ce chat était chiant. Plus même, cet espèce de parasite lui pompait toute son énergie, jouant les innocents le matin venu lors de la distribution de nourriture ce qui avait le don d'énerver encore plus le jeune homme.
Jésus – car oui, c'était son nom – était présentement caché sous la table de la cuisine en jetant des coups d'œil furieux au jeune homme, la queue battant l'air rapidement. Sérieusement, il ne savait vraiment pas ce qui était passé par la tête de cette vieille folle pour appeler un chat ainsi. Surtout que maintenant qu'il avait eu l'animal, il ne pouvait pas changer son nom. Le jeune homme avait essayé de lui en donner d'autres, mais le chat ne les reconnaissait pas. Seulement celui-là.
Il avait vraiment beaucoup de chance…
Et bien entendu, pour en rajouter encore un peu, tous ses amis s'étaient bien foutu de sa gueule quand ils l'avaient apprit.
Le pire était que maintenant, tous ses voisins le prenaient pour un fou puisqu'il hurlait parfois sur son chat. Donc pas besoin de faire un dessin : un mec hurlant sur Jésus…
Voilà quoi.
Comme la fois où il lui avait hurlé de revenir, seulement vêtu de son bas de pyjama, sur le perron alors que l'animal était sortit par la fenêtre. Là on l'avait prit pour un fou, ou pour un fervent croyant.
Dans les deux cas, ça puait.
Alphard ne se formalisa pas des états d'âmes du félin. Il ferma la porte d'entrée d'un coup de pied, ne faisant pas attention à ce qu'elle ne claque pas. La voisine du dessous allait râler, mais les crises de ses deux gamins qui hurlaient presque tous les soirs à heure fixe n'étaient pas non plus dans au goût du jeune homme. Mais il s'abstenait de marteler le sol avec un balai pour faire entendre son mécontentement lui… et de toute façon, si jamais il envisageait de le faire, il avait peur de faire un trou dans le sol.
De toute manière il n'était pas d'humeur à s'engueuler avec la voisine ou qui que ce soit ce soir.
Sa vie venait de prendre un tournant inattendu. Mais pas comme dans les films ou les romans, non, c'était un tournant plutôt… tragique en vérité.
A vrai dire, s'il en avait eu la possibilité, il aurait préféré être la victime d'une mauvaise blague.
Alphard avait travaillé pendant deux ans au ministère, au département des Aurors en tant que stagiaire. Et maintenant que le jeune homme avait fini ses années d'apprentissage, il avait enfin eu son poste permanent.
Mais ce n'était pas du tout ce à quoi il s'était attendu… mais vraiment pas.
Une amie à lui avait toujours eu l'habitude de tout mettre sur le dos du karma, chose qu'il avait trouvé extrêmement formatée du temps où il était encore à Poudlard. Mettre tout ce qui nous arrive sous le signe d'une seule et même chose c'était aussi la solution de la facilité selon lui. Ainsi, on reste dans un ordre bien établi, rien ne risque de nous surprendre puisque le karma régit tout dans notre quotidien.
Mais maintenant qu'il regardait sa situation de plus près, Alphard était prêt à revoir son jugement.
Mais seulement pour aujourd'hui…
Déjà ce matin, Jésus avait sauté sur la table de la cuisine, renversant sa tasse de café sur sa chemise soigneusement mise de côté la veille. Il avait donc dû se changer en vitesse tout en maudissant cet animal de malheur dans toutes les langues qu'il connaissait tandis que ce dernier filait en vitesse dans le couloir dans un grand bruit de course en patinant sur le parquet. Une pluie torrentielle s'était mise à tomber pour ajouter au sentiment de panique qui commençait à l'envahir, et il s'était ensuite rendu compte après quelques recherches infructueuses qu'il n'avait pas de parapluie.
Déjà, ça commençait bien…
Et ensuite il y avait eu cette nouvelle fatidique qu'on lui avait annoncée avec un sourire. On l'avait même félicité !
Ce qui aurait dû être une bonne journée venait de se transformer en la journée la plus naze de son existence.
Foutu karma !
Oh, il n'y croyait pas plus maintenant, mais pour aujourd'hui il avait envie de rejeter la faute sur autre chose que sur lui. Il n'arrivait pas à comprendre le pourquoi du comment il s'était retrouvé dans cette section quasi inconnue de tous. Rien ne c'était mal passé pendant son stage, ou du moins pas de son point de vue. Mais peut-être avait-il fait quelque chose de qu'il ne fallait pas ?
Le jeune homme frissonna en enlevant sa veste, prenant conscience du fait qu'il n'avait pas laissé le chauffage en partant alors qu'on était en plein hiver. En grommelant d'un air mauvais, il posa ses affaires rapidement pour aller allumer le thermostat.
Jésus choisit ce moment précis pour débouler dans ses jambes à grand renforts de ronronnements sonores. Enormément tenté d'envoyer bouler l'animal, Alphard se fit violence et se dirigea vers la cuisine pour changer l'eau dans sa gamelle. Le contact de ses pieds seulement enveloppés dans ses minces chaussettes avec le carrelage froid de la cuisine lui envoya à nouveau des frissons dans le dos.
Et tandis que le chat se précipitait pour boire tout son soul, le jeune homme s'accouda au plan de travail. Il resta là, totalement silencieux, plongé dans ses pensées à essayer de comprendre.
Le silence l'enveloppa comme une couverture ouatée, seulement troublé par le grésillement nasillard du réfrigérateur qui faisait des siennes.
En y regardant de plus près, on ne pouvait même plus l'appeler ainsi, il était devenu un énorme post-it géant. Il y avait tellement de notes dessus qu'on ne voyait quasiment plus le frigo en lui-même. Certaines photos trônaient au milieu, se faisant difficilement une place entre les mots, ou étant submergées et ne laissant apparaître plus qu'un bout de tête, ou un bras.
Il sourit en lisant une vieille note de sa meilleure amie datant de son emménagement qui lui donnait l'ordre impérieux de ne pas se laisser mourir d'inanition en son absence.
Ce n'était pas de sa faute non plus s'il n'avait pas très faim le soir. Tout ce qu'il savait faire sans problèmes étaient des pâtes, ou encore une omelette. Il n'avait pas la fibre culinaire, à l'inverse de sa sœur qui faisait des petits plats délicieux et variés à tour de bras. Même trop parfois…
Mais ce court moment de vagabondage intérieur lui fut retiré lorsque son regard accrocha la note qu'il s'était écrite pour ne pas oublier le rendez-vous avec le chef du service où il avait effectué son stage pour son affiliation. En grognant, il arracha le post-it d'un geste rageur pour le chiffonner avec soin avant de le jeter dans la poubelle. Ce geste, bien que symbolique, ne le calma pas ou ne lui apporta aucun réconfort, il n'en était que plus frustré.
Il ne pouvait rien y faire et c'était ça le pire. Lundi il allait devoir aller travailler dans ce foutu département perdu au fin fond du ministère à régler des affaires classées pour la plupart.
Pas très glamour pour un job d'Auror…
Soudainement fatigué, il se passa une main lasse sur le visage en soupirant alors que Jésus grimpait à son tour sur le plan de travail pour appuyer sa tête contre son bras, quémandant son attention. D'humeur à présent plus magnanime – parce que, disons le, ce n'était pas la faute du pauvre animal même s'il se tapait un nom de merde – Alphard l'attrapa délicatement sous le ventre pour le mettre contre lui. Il le cala, un bras autour de lui, de sorte à ce qu'il ne tombe pas, et sortit de la cuisine pour aller s'asseoir sur le canapé dans la pièce minuscule qui lui servait de salon.
Il pouvait sentir les vibrations de la cage thoracique du chat alors qu'il ronronnait contre lui ce qui provoqua en lui une sorte d'apaisement qui lui fit du bien. Le jeune homme s'avachit sur le dossier du fauteuil, posant sa tête en arrière tandis qu'il caressait machinalement la tête de Jésus d'un air absent.
Le félin, appréciant les attentions, faisait entrer et sortir ses griffes les yeux à moitié fermés. Alphard ne put s'empêcher de le trouver plutôt mignon comme ça.
Le jeune homme n'aimait pas ce chat. Il fallait le dire comme c'était, il le considérait plus comme un trou dans son budget et comme un facteur destructeur de son appartement que comme un animal de compagnie à caresser. Mais cela ne l'empêchait pas de prendre soin de lui et de partager quelques rares moments de calme comme celui-ci.
Il se passa quelques minutes encore avant que Jésus ne se lasse. Après avoir baillé ostensiblement, il s'étira avant de grimper sur l'épaule de son maître et descendit pour se diriger vers le couloir.
Mais je t'en prie, ne me remercie surtout pas ! Ironisa Alphard dans un sourire en regardant la porte par laquelle l'animal avait disparu.
Maintenant seul, il poussa un soupir sonore en pressant ses poings sur ses yeux avant de se masser la nuque ou une barre semblait se former, signe qu'un mal de tête allait se pointer dans peu de temps. Il finit par se lever et se décida à briser ce silence en mettant de la musique.
Un air de piano s'éleva dans la pièce, mettant étrangement par ce fait un peu plus de vie dans l'appartement. Alphard avait renoncé à écouter ses musiques favorites de pop-rock ou autre parce que la voisine du dessous n'appréciait vraiment pas du tout ça.
Un rire sardonique lui échappa tandis qu'une moue ironique prenait place sur ses lèvres en se rappelant ce jour fatidique. Le jeune homme ne voulait pas s'attirer les foudres de ses voisins de quelque manière que ce soit, il se faisait donc discret. Mais ce jour là avait été le seul où il avait failli perdre le contrôle et se mettre à hurler à son tour.
Il était d'un tempérament sanguin et réagissait assez violemment face certains reproches ou remarques en tout genre. Par exemple, parler de sa taille était une chose tabou, personne n'avait le droit de se moquer de lui parce qu'il était petit. Et si quelqu'un avait le malheur de faire cette erreur, il ne répondait plus de rien.
Cherchez la merde et vous la trouverez.
Ça avait toujours été son credo. Tant qu'on ne le cherchait pas, tout allait bien, mais à partir du moment où la personne le cherchait pour l'emmerder il sortait de ses gonds.
Sa meilleure amie lui avait raconté une de ces histoires du temps de Poudlard où il avait totalement fondu un boulon et s'était mis à bastonner un mec qui faisait deux têtes de plus que lui. Un Serpentard, bien sûr. Mais la chose la plus étonnante était qu'il n'en avait pas le moindre souvenir.
Aucun.
Encore que cela pouvait être expliqué par la réaction physique qu'il avait. Quand il était en colère, tout son sang montait à sa tête et tout ce qui se trouvait autour disparaissait derrière un voile. Seules comptaient sa colère et la personne qui allait en être la victime.
Mais il avait apprit à contrôler ses colères depuis.
Dehors, la pluie continuait de tomber en continu, ajoutant une touche de mélancolie à la musique qui jouait déjà. Le jeune homme grogna en regardant par la fenêtre, il avait toujours eu horreur de la pluie. Cette période de l'année ne figurait vraiment pas dans ses favorites. Alphard préférait les températures plus modérées : l'automne et le printemps lui allaient très bien. Pas trop chaud et pas trop froid. L'exact milieu.
Un demi-sourire prit place sur son visage quand il songea à nouveau à son amie Helena. C'était un peu de la même manière qu'elle le définissait avant. Ni trop amical, ni trop froid.
Neutre.
Alphard trouvait ce qualificatif un peu austère. Qualifier une personne de « neutre » était souvent synonyme d'« insipide » ou d'« effacé ». Or, il n'était ni l'un, ni l'autre. Il avait un caractère de merde, ça on lui avait souvent fait remarquer…. les gens ayant eu droit à une de ses colères surtout. Mais selon lui, avoir du caractère, que ce soit en bon comme en mauvais, était une bonne chose.
Le morceau s'arrêta sur quelques notes aigues de piano, et une autre musique débuta une seconde plus tard. Les notes de guitare commencèrent et Alphard ferma les yeux, appréciant ainsi pleinement les sons joués.
La voix grave et douce du chanteur s'éleva au dessus de l'instrument et rien ne s'y ajouta. Le jeune homme aimait bien ce genre de musique, calme et sans trop de bazar au dessus. Un instrument et une voix, c'était bien suffisant.
La deuxième strophe débuta et il fredonna la mélodie pensivement, se dirigeant finalement vers la cuisine d'un pas légèrement plus décidé.
« Somewhere, over the rainbow,
sky is blue,
and the dreams that you dare to dream,
really do come true.»
Il verrait bien lundi pour son nouveau boulot. Au pire, si c'était vraiment la mouise il demanderait un transfert… il pouvait toujours essayer. Une chape de plomb sembla lui tomber dans l'estomac à cette perspective. Il allait bien se faire voir si jamais dès son premier jour il débarquait chez son chef pour se plaindre.
La mort dans l'âme, il ouvrit sa machine à café pour y placer le filtre et attrapa son pot de café soluble. Le jeune homme en versa généreusement, sentant qu'il allait avoir besoin de se distraire l'esprit. Parce que s'il continuait à y penser, il finirait par se pendre à une des poutres apparentes du plafond.
Les yeux focalisés sur la sacro sainte machine à café, il entendit plus qu'il ne vit Jésus débouler comme un boulet de canon dans la pièce. Le félidé patina sur le carrelage et fonça sous la table, ne s'arrêtant que grâce au mur avec lequel il entra en collision.
A présent habitué aux soudains quarts d'heure de folie de son chat – même s'il avait horreur de l'appeler ainsi – Alphard referma simplement le compartiment et appuya sur le bouton lumineux avant d'aller s'avachir sur une chaise, ne lui prêtant aucune attention. Il se laissa ensuite bercer par le crépitement de la machine tandis qu'une bonne odeur de caféine remplissait déjà la cuisine.
Puis soudain, Jésus choisit ce moment précis pour briser cette bulle de bien être que son maître s'était créé. Il sortit de sous la table en bondissant, les oreilles pointées tel un chasseur, puis fonça sur la fenêtre. Alphard le suivit des yeux, complètement figé, et vit l'animal rebondir la tête la première contre la porte vitrée qui donnait sur son balcon. Il y eut un bruit sourd et Jésus recula, méchamment sonné.
Un silence de mort s'abattit sur la scène, puis le félin secoua la tête en regardant à travers la fenêtre. L'oiseau qu'il avait voulu chasser s'éloignait en volant rapidement. Un miaulement pathétique se fit entendre, puis un autre, et le chat tourna finalement les yeux vers le jeune homme.
Quand Alphard rencontra son regard, il explosa de rire, surprenant l'animal qui déguerpit dans un bond rapide.
Nan mais t'essayais de faire quoi là ! Se moqua-t-il en hoquetant de rire.
Jésus vient de se manger une fenêtre !
A cette pensée, il s'écroula sur la table, les bras repliés devant son visage. Il pleurait maintenant de rire, n'arrivant plus à s'arrêter. Alphard se bidonna comme une baleine pendant quelques minutes, les épaules violemment secouées de rire. Il imaginait bien la chose : Jésus, le martyr, crucifié puis ressuscité, se prenant une vitre en pleine poire.
Si sa grand-mère le savait, il était certain qu'elle l'aurait rayé de son testament depuis un moment. En bonne chrétienne qu'elle était, elle allait à la messe tous les dimanches. Et vu que cette vieille bique les gardait sa sœur et lui quand étant gamins, ils avaient été obligés d'y aller eux aussi.
Ugh, il avait toujours eu horreur de ces moments là !
Mais il devait avouer qu'ils s'étaient tapés de bonnes barres de rire sur les bancs de l'église. Un sourire franc étira ses lèvres tandis qu'il se rappelait les paris qu'ils faisaient sur les petits vieux.
Ils avaient du courage quand même à leur âge ! Aller à l'église voulait aussi dire rester debout pendant d'interminables minutes pendant que le prêtre déblatérait son baratin religieux. Leurs paris portaient sur ça : combien de temps tiendraient-ils ces petits vieux tremblants et plissés par les années debout sans bouger ?
Jusqu'au jour où ils avaient été libérés de cette tâche, personne n'avait perdu ou gagné, chose des plus surprenantes.
A présent légèrement calmé, Alphard prit un mouchoir dans sa poche pour s'essuyer les yeux. Ça lui faisait du bien de se marrer comme ça. Ça faisait longtemps aussi, il devait l'avouer.
Il se versa une bonne dose de café et repartit avec sa tasse vers le salon. Le liquide lui brûla le palais lors de sa première gorgée, mais il n'y fit pas attention. Le goût âpre du café se répandit dans sa gorge et sous sa langue et il poussa un soupir de contentement en serrant la tasse entre ses doigts gelés.
Installé sur son canapé, il alluma la télévision d'un coup de baguette et e posa plus confortablement devant un quelconque programme qui passait. Alphard ne suivit strictement rien au film, à part le fait que des requins intelligents cherchaient à tuer des gens dans une base sous-marine. Ce fut la seule chose qui le marque suffisamment pour qu'il s'en rappelle.
Son nouveau job lui revenait sans cesse en mémoire, peu importe ce qu'il essayait de faire pour se changer les idées. Il était dans la mouise jusqu'au cou pour avoir fini là-bas.
Mais il n'arrivait pas à savoir quoi…
Il jeta un regard désespéré à sa tasse, envisageant même de se noyer dedans. Son reflet lui renvoya son regard cerné et terne, ce qui ajouta encore à son sentiment de lassitude.
Il allait finir sa carrière comme gratte-papier aux Archives du Ministère.
Finalement, une fois son café terminé il commanda une pizza, ayant trop la flemme pour se faire à manger lui-même. Et il passa le reste de sa soirée collé devant son téléviseur à regarder une rediffusion du Seigneur des Anneaux tandis que Jésus terminait son quart d'heure Américain en sautant dans tous les sens.
