Bonsoir ! Je poste ce texte sur un coup de tête parce que j'ai mis l'après-midi à l'écrire et que je n'ai pas pu m'en empêcher. Malgré mon poll, je ne suis pas capable de retenir mon imagination. Je précise que CECI EST UN UA, c'est-à-dire un univers alternatif par rapport à mon autre fic "Meeting the Vongola". Bien sûr, si le texte plaît, peut-être que je vais l'introduire dans la fanfiction...

DISCLAIMER : A part Donna, aucun personnage ne m'appartient, tout est à Akira Amano. Je ne me fais pas d'argent avec cette fanfiction.

SPOILERS : si vous ne lisez pas les scans, ne lisez pas. Ou alors, vous l'aurez cherché.

Pour replacer dans un contexte, voici un résumé.

SYNOPSIS : Donna est une Nomade venant de notre monde. Autrement, elle voyage à travers les dimensions dans le temps et l'espace. Lors d'un de ses énième entraînement avec la Varia, elle réveilla accidentellement ses pouvoirs et se retrouve dans le passé. Donna est alors impliquée dans les histoires louches d'une famille mafieuse et est sauvée par Reborn, encore adulte. Luce, boss des Giglio Nero, la confie au tueur au nom d'une dette qu'il a contractée. Le voici donc obligé de vivre avec Donna...


Le début de la cohabitation avait été difficile.

Cette gamine (il avait du mal à l'appeler autrement avec ses 17 ans à peine) se faisait toute petite sur son passage, comme un fantôme dans son appartement. Qu'elle le craigne et ne reste pas dans ses jambes, oui. Que cette idiote s'aplatisse comme une carpette, définitivement non ! Reborn aimait savoir qu'il avait une forte influence sur les autres mais pas au point de les réduire à de l'esclavage pur et simple. Pourtant, elle le fuyait.

Le jour où elle avait posé ses valises chez lui, il avait à peine montré sa chambre qu'elle s'y était cloîtrée pour ne pas rester avec le tueur à gages… Si elle avait déjà vécu avec des mafieux, elle devait être habituée à en côtoyer. Même s'il était le numéro 1, il n'y avait pas de raison pour qu'elle se comporte différemment. Dans le petit sac qu'elle avait amené (il avait vérifié plus tard en allant fouiller ses affaires de fond en comble, toujours aussi paranoïaque), la jeune femme avait pris quelques vêtements de rechange. C'était tout. Pas de lettres de proches, aucune photo familiale, rien. Elle avait l'air de sortir de nulle part, pourtant, le boss des Giglio Nero l'avait prise sous son aile. Pourquoi ? Cette question, ainsi que les raisons de l'étrange décision de Luce, le taraudait.

« Votre dette envers moi sera effacée si vous acceptez Donna chez vous pendant un an, avec interdiction de lui porter atteinte. Passé ce délai, vous pourrez nous considérez comme quittes. »

Était-ce aussi simple ? Cette femme devait forcément avoir une idée derrière la tête et il comptait bien la découvrir. Pendant ce temps, il devait briser la glace avec la gamine. Il trouvait cela dérangeant, en deux semaines de courtes missions, de voir son chez-lui comme hanté par une présence dont il ne pouvait pas se débarrasser et qui refusait de communiquer. S'ils devaient cohabiter, autant que ce soit dans les meilleures conditions possibles ! Il n'avait pas l'intention de se prendre la tête avec ça. Aussi, un matin où elle s'apprêtait à repartir dans sa chambre pour déjeuner seule loin de lui, Reborn fit le premier pas. D'une longue série.

- Chaos, la salua-t-il en s'asseyant à la petite table. Tu veux déjeuner avec moi ?

Ce n'était pas une demande et la gamine le savait. Le plateau à déjeuner dans ses bras et lui tournant le dos, elle se figea. Puis, lentement, elle se retourna avec un air paniqué. Néanmoins, elle vint s'asseoir sans protester et inspira profondément avant de lui répondre.

- Bonjour, Reborn. Oui, je veux bien.

Sa voix, plutôt grave, le surprit. Il ne l'avait entendu parler que quatre fois en tout et pour tout, il ne se rappelait pas vraiment de son timbre exact. Silencieuse de nouveau, elle avala une gorgée de son jus d'orange en faisant attention de ne pas l'approcher de trop. Déjà agacé, il se contrôla et tenta de relancer la conversation en préparant son expresso habituel.

- Café ? proposa le tueur une fois la boisson préparée.

Elle refusa d'un mouvement de tête avant de se justifier devant le regard sombre qui la fixait :

- Je n'ai jamais bu d'expresso, je ne sais pas si je vais aimer. Je ne voulais pas déranger.

A bout, Reborn soupira avant de verser du café dans deux tasses, en posant une devant son propre déjeuner et l'autre sur le plateau de la jeune fille. Aussitôt assis, il entama son petit rituel matinal.

- Avec du café serré, énonça-t-il en s'exécutant, ajouter un nuage de lait pour adoucir et un demi-sucre pour relever le goût.

Les yeux bruns de la gamine suivirent le mouvement de sa pomme d'Adam alors qu'il prenait une gorgée. Remarquant qu'il ne l'avait pas quitté des yeux, elle l'imita maladroitement.

- Un peu de lait…

La tasse faillit déborder.

- Et un demi-sucre.

La tasse déborda sur la soucoupe. Paniquée, elle utilisa sa serviette pour éponger, le tout en se répandant en excuses. Si elle avait regardé le tueur, elle aurait peut-être vu une ébauche de sourire étirer ses lèvres. Une fois son petit manège terminé, il renvoya la conversation sur un sujet moins dangereux : Rome. Est-ce qu'elle avait visité la ville ? Qu'avait-elle vu ? Connaissait-elle du monde là-bas ? Au fur et à mesure, l'ambiance gênée se réchauffa et il se surprit à penser qu'elle était juste assez bavarde pour maintenir une conversation (de façon un peu bancale, certes) mais pas au point d'être lourde. C'était plutôt pas mal comme premier contact. Elle réussit même à le surprendre lorsqu'elle fit une réflexion, un peu rouge :

- Elles sont belles…

Suivant la direction de son regard, il en arriva aux mèches qu'il lissait en lui parlant.

- Elles sont très belles, précisa-t-elle, vos mèches.

Elle eut l'air de réaliser ce qu'elle venait de lui dire et s'empressa de laisser sa vaisselle dans l'évier avant de s'éclipser en vitesse, les joues en feu. Finalement, Reborn s'était bien amusé.

Le temps passa. La gamine s'était habituée à leur "colocation" et paraissait bien moins effrayée en sa présence qu'au tout début. Il pouvait de nouveau prendre des missions de longue durée, soulagé de savoir que rien n'allait arriver, ni à la gamine, ni à son appartement.

- Je ne ferais jamais quelque chose qui puisse vous nuire, avait-elle assuré avec un sourire timide.

Elle, non. Ses ennemis, oui. Deux mois après leur première conversation, il finissait une mission particulièrement dangereuse. Il s'était pris une balle dans l'abdomen, une de plus, et quelques autres l'avaient effleuré. Mais lui, au moins, avait survécu. Epuisé, à moitié évanoui, il était rentré chez lui en pleine nuit avec des bandages de fortune comme seuls soins. En fait, il avait l'intention d'aller à l'hôpital mafiosi juste après malgré son état de faiblesse. Il devait se faire soigner sinon il ne résisterait pas aux prochains combats. Lorsqu'il ouvrit la porte et se traîna jusqu'au canapé, il fut juste assez conscient pour comprendre ce qui se passa autour de lui.

La gamine, sortant de la cuisine avec une tasse de café et un livre à la main, le fixa une poignée de secondes.

Le bruit de la porcelaine se brisant sur le sol et les pas précipités de la jeune fille résonnèrent dans ses oreilles tandis qu'elle observait avec effroi sa chemise jaune ensanglantée et la fine pellicule de sueur qui recouvrait la peau très pâle (trop pâle) du tueur.

- Reborn ! s'exclama-t-elle en l'allongeant de force sur le canapé et écartant les vêtements jusqu'aux bandages. Qu'est-ce qui s'est passé ? Où êtes-vous blessé ?

- L'hôpital, chuchota-t-il.

Elle parut ne pas l'entendre, perdant tout contrôle à la vue de l'hémoglobine, cherchant des yeux une solution. Finalement, elle se calma en fixant ses mains. Des mains bien petites, trouva soudain Reborn. Que pouvait-elle faire avec ça ? Inspirant un grand coup, elle les tendit devant elle, juste au-dessus des blessures.

- Scudo Celeste ! Je rejette.

La deuxième phrase avait été prononcée en français, une de la quinzaine de langues qu'il parlait couramment. Etait-ce sa langue d'origine ? L'esprit embrumé, il n'eut pas le temps de s'interroger plus à ce sujet, se concentrant plutôt sur l'étrange dôme ovale de couleur orange apparut sous les mains de la gamine. Des mains si petites par rapport aux siennes, si fragiles et n'ayant jamais eu de sang à les tacher. Des mains qui, réalisa-t-il, étaient en train de le guérir. Sous ses yeux écarquillés, les plaies se refermaient doucement mais sûrement. C'était ça, le Bouclier du Ciel ? Pourquoi du Ciel, d'ailleurs ? En même temps qu'il regagnait des forces, elle avait l'air de s'affaisser et finalement, il la rattrapa en se redressant alors qu'elle perdait connaissance. Ecartant une mèche brune du front de Donna, il l'observa sans savoir quoi faire. Elle venait de le soigner.

Il la ramena dans sa chambre et la borda, alla nettoyer la casse causée par la tasse de café, avant de s'asseoir dans un fauteuil pour la veiller. Il avait à présent assez d'énergie pour rester conscient toute la nuit. Il pouvait bien attendre qu'elle reprenne conscience.

Trois heures plus tard, la jeune femme rouvrit les yeux. Un petit déjeuner au lit l'attendait, de même qu'un Reborn de fort bonne humeur. Surprise, elle se contenta d'engloutir son repas avant de répondre aux questions du tueur à gages.

- Luce m'a dit, commença-t-elle prudemment, que j'allais sûrement voir apparaître des pouvoirs. Que cela pouvait être n'importe quoi mais que ça serait utile à l'avenir. J'ai essayé hier après-midi de faire quelque chose mais j'ai juste réussi à faire une lumière orange. Après, quand vous êtes rentré hier soir blessé, j'ai… totalement paniqué.

- Et tu as utilisé ton pouvoir, comprit-il.

- C'est ça. J'avais pensé à ce que j'aimerais pouvoir faire et c'est tout ce qui m'est venu à l'esprit. Je ne savais pas quoi… enfin, vous avez l'air d'aller mieux, affirma-t-elle, détournant la conversation pour ne pas devenir encore plus embarrassée qu'elle ne l'était déjà.

- C'est grâce à toi, confirma Reborn avec un sourire. Merci.

Le rouge monta aux joues de Donna et elle se concentra sur ses mains pour éviter de le regarder en face.

- Ce n'est pas… je veux dire, je vous en prie.

- Tu peux me tutoyer.

Ce n'était pas une demande. Néanmoins, ce n'était plus un ordre. Elle lui rendit alors son sourire, les yeux brillants.

- D'accord, si tu veux !

Ce matin, il sembla à Reborn que le soleil brillait un peu plus fort que d'habitude. Et selon elle, le ciel était étonnamment dégagé pour un mois de septembre.

Par la suite, les choses bougèrent entre eux. Déjà, le 13 octobre, alors qu'il allait partir parlementer avec une famiglia quelconque, il trouva sur la table de la cuisine un paquet posé en évidence. Il reconnut l'écriture ronde de la jeune femme sur l'étiquette.

Joyeux anniversaire !

Il se souvenait le lui avoir dit une fois, quelques semaines plus tôt. Apparemment, elle l'avait retenu. Avec un petit sourire, il découvrit un casse-tête magnétique et une montre Giuliano Mazzuoli. Il rangea le premier cadeau dans sa chambre, mit le second à son poignet et se promit de la remercier à son retour. Mais quand il revint, il n'eut pas le temps de lui dire quoi que ce soit qu'elle l'entraînait déjà dans la cuisine pour déguster une tarte au citron meringuée (typiquement français, une fois de plus). Elle n'eut pas l'air de se rendre compte qu'elle n'avait pas lâché sa main jusqu'à ce qu'elle souffle, souriant de toutes ses dents :

- Bon anniversaire, Reborn…

Pour la première fois depuis des années, il se sentit vraiment heureux d'être en vie.

Afin de lui rendre la pareille, l'homme à l'éternel fédora prit un peu de vacances pour la seconde moitié du mois de décembre. Ils fêtèrent la majorité (enfin, c'est ce qu'elle disait) de la jeune femme à l'appartement devant un fondant au chocolat et deux cadeaux qui la firent rougir de plaisir : un bracelet en or qu'elle s'empressa de mettre (enfin, essaya de mettre puis demanda à Reborn de le faire…) et un flacon où poussait de la fleur de cristal. Le lendemain, il l'emmenait au restaurant. Ce fut à ce moment-là qu'il comprit enfin qu'il perdait contrôle…

Le repas avait pourtant bien commencé. La nourriture était bonne, le service soigné et les clients, calmes. Enfin, jusqu'à ce que Reborn aille satisfaire une envie pressante (oui, il était humain et avait lui aussi besoin d'aller aux toilettes de temps à autre). A son retour, Donna s'était faite accostée par trois individus tandis que deux autres vociféraient au comptoir :

- FILEZ-NOUS LA CAISSE !

Le personnel ne devait pas être capable de les mettre dehors pour l'instant et la police était en retard, comme souvent.

- Lâchez-moi ! s'exclama la jeune femme en tentant de se défaire de la poigne de l'imbécile qui venait de lui prendre le poignet.

Le sang du tueur ne fit qu'un tour. Un instant après, l'homme était par terre, la mâchoire fracassée et le poignet brisé. Ses acolytes se tournèrent immédiatement vers lui, prêts à se battre. Ils se pétrifièrent. Il y avait quelque chose de dangereux chez l'homme en costume devant eux, une chose qui fit susurrer à leur esprit qu'ils valaient mieux pour eux s'enfuir tant qu'ils en avaient encore l'occasion. Le plus bête du tas esquissa un mouvement vers Reborn mais celui qui paraissait être le chef le stoppa d'un geste.

- On se casse !

Ils déguerpirent sans demander leur reste, à la fois effrayés et surpris de la décision prise. Lorsque l'un deux demanda au leader qu'est-ce qui l'avait poussé à réagir ainsi, celui-ci avait répondu très simplement.

- J'ai bossé un peu pour la mafia, avant. J'ai côtoyé toutes sortes d'assassins et de truands mais ce type… C'était pas un délinquant ou un pickpocket. Il avait un vrai regard de tueur. On s'en est sorti à bon compte…

Encore sous le choc, la jeune femme fut silencieuse le reste du repas après que Reborn ait été rassuré sur son état de santé.

- Tu n'avais pas l'air si paniquée que ça, nota tout de même son colocataire.

- Parce que je savais que tu n'étais pas loin, justifia-t-elle en souriant gentiment.

Il mit beaucoup de temps à comprendre la façon étrange qu'elle avait de lui faire confiance aussi aveuglément. Peu importe les situations dans lesquelles ils se mettaient, elle avait la conviction qu'il parviendrait toujours à trouver un moyen pour s'en sortir. Et puis, la force des sentiments qu'elle avait envers lui jouait beaucoup…

Pour Noël, Reborn emmena Donna dans un restaurant chic très prisé par la haute société romaine. Pour l'occasion, la jeune femme s'était mise en robe (envoyée par Luce, qu'elle voyait une ou deux fois par mois) de soirée et avait accordé toute sa tenue à celle de son colocataire. Tous les deux de très bonne humeur en partant, celle-ci s'évanouit face à ce qui pendait du plafond à l'entrée du palace.

- C'est une plaisanterie ? grinça le tueur.

- Une branche de gui, sérieusement ?

Bien sûr, ils voulurent connaître la raison de la présence incongrue de la plante.

- C'est la tradition voulue par monsieur le propriétaire, assura le maître d'hôtel, un vénérable vieillard, après avoir été appelé par un membre du personnel.

- Et où est ce monsieur ? demanda l'homme au fédora avec la ferme intention de lui toucher deux mots.

- Pas ici, je le crains fort, monsieur. Il est parti en vacances à Madrid et ne reviendra que dans deux semaines.

Se pinçant l'arête du nez, Reborn eut une très forte envie de forcer le passage devant un esprit aussi récalcitrant. Il détestait les traditions et tout ce qui avait très à un respect des règles en général. Même devoir se plier à ça l'agaçait… En étant franc avec lui-même, cela l'aurait certainement moins énervé s'il ne s'était pas trouvé avec Donna. Embrasser une femme n'avait jamais été un problème mais…

La prise qu'avait la jeune femme sur son bras se resserra et il l'entendit dire d'une petite voix au maître d'hôtel :

- Donc, pour rentrer, il faut s'embrasser sous le gui, c'est ça ?

- Exactement.

Surpris, il se laissa traîner dans l'entrée du restaurant et observa avec des yeux nouveaux la française. Les yeux brillants, maquillée et souriante malgré la rougeur qui teintait ses pommettes, elle était plus magnifique que jamais. Le souffle court, il se pencha pour l'embrasser. Le monde s'arrêta l'espace d'un instant quand ses lèvres se posèrent sur les siennes et il crut rêver alors qu'elle approfondissait le baiser. Reborn l'enlaça avec toute la douceur possible, par peur de la brusquer, désirant que cela ne s'arrête jamais.

Un toussotement du serveur, interrompu par un coup de coude dans les côtes du maître d'hôtel, les ramena à la réalité. Et la jeune femme à son habituel rougissement. Cette fois, Reborn eut un petit rire. Elle le regarda, émerveillée, comme si c'était le plus beau cadeau qu'on lui ait jamais fait. Ce rire était frais, léger, communicatif. Le premier vrai rire de Reborn.

- Si vous voulez bien me suivre…

Riant aux éclats, le couple alla s'installer à une table avec vue sur la capitale illuminée. Ce fut une des plus belles nuits de leurs vies. Un dîner somptueux, une promenade près du Colisée, le retour en taxi vers trois heures du matin après un tour sur la grande roue d'une fête foraine… sans oublier, à ne surtout pas oublier, le retour à l'appartement. Ils avaient rapidement fini dans la chambre de Reborn, dans laquelle elle n'était jamais entrée. Bien qu'à ce moment, ce n'était vraiment pas sa priorité…

Il s'aperçut rapidement qu'elle n'avait jamais eu ce genre de plaisir avant et n'en fut que plus doux avec elle. Pudique, complexée, presque farouche, il avait tout de même réussit à rendre cette nuit inoubliable. D'abord, dans cette chambre si mystérieuse qui allait devenir la leur, puis une seconde fois dans le bain qu'elle s'était fait couler pour se laver et une dernière fois dans la douche. Lentement mais sûrement, il avait trouvé la plupart des zones érogènes de sa partenaire et lui avait donné autant de plaisir que ce qu'elle essayait de lui procurer.

Bien évidemment, Donna fut épuisée et dormit pendant la moitié de la journée du lendemain. Patient, il attendit son réveil. Il avait déjà abandonné une femme après l'amour, plusieurs même, mais il ne le ferait pas avec elle. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Reborn était allongé près d'elle, un léger sourire aux lèvres en la regardant.

- Reborn !

Son sourire s'élargit et il l'embrassa tendrement pendant qu'elle reprenait conscience de son environnement. Quand elle se souvint de la veille, elle vira de nouveau au rouge pivoine mais ne bougea pas. En fait, elle se blottit un peu plus contre lui en refermant les yeux.

- Je t'aime, tu sais, chuchota-t-elle.

Pris un peu au dépourvu, il mit un certain temps à répondre.

- … Moi aussi.

Il avait eu du mal à le dire et continuerait peut-être toute sa vie à se forcer pour avouer ce genre de choses. Ce n'était spontané chez lui, un tueur à gages, d'aimer quelqu'un de cette façon. Néanmoins, il savait qu'il ne laisserait plus la jeune femme partir ou en tout cas pas de son plein gré...

Ils ouvrirent leurs cadeaux respectifs devant le sapin (la jeune femme, apparemment fan fini de Noël, avait insisté pour en faire un) non pas le 25 mais le 26 décembre… Donna eut d'abord le bonheur de se voir offrir un collier en or dont le pendentif était un cœur ouvrant.

- Éternelle romantique, souffla Reborn en le lui mettant. Je savais que ça te plairait.

- Merci…

- Attends de voir le reste pour me remercier, répliqua-t-il en retenant un sourire.

Selon le tueur, le sourire radieux de sa compagne lorsqu'elle ouvrit un paquet plutôt remuant valait tout l'or du monde.

- Un chaton ! babilla-t-elle en prenant le petit animal dans ses bras.

La petite boule de poil blanche miaula devant le remue-ménage qu'on lui imposait, ce qui fit rire les deux adultes. Donna embrassa longuement son compagnon avant d'admirer de nouveau son cadeau.

- Oh merci, merci Reborn ! Tu as bien retenu quand je t'ai parlé de mes chats, hein ?

- Oui, surtout le fait qu'ils étaient un peu toqués…

Elle lui donna une petite tape sur l'épaule, faussement énervée, avant de caresser gentiment le chaton.

- Comment est-ce qu'on va l'appeler ? se demanda la jeune femme à voix haute.

- C'est ton cadeau, tu choisis, lui rappela l'homme au fédora.

Après un moment de réflexion, elle fit un sourire et baptisa le nouveau venu, encore sous le choc :

- Snowball, déclara-t-elle. Tu t'appelleras Snowball.

Le chaton répondit par un énième miaulement, accueilli de nouveau par des rires. Le cadeau premier de Reborn était plutôt simple mais amusant pour un féru des sciences comme lui.

- Une écosphère ? nota-t-il en ouvrant son paquet, haussant un sourcil. C'est surprenant mais j'aime beaucoup ! Je te pensais plus littéraire que scientifique.

Elle haussa les épaules, un peu blasée.

- J'ai suivi un peu les deux, éluda-t-elle en désignant le second paquet, plus petit.

Curieux, il essaya de deviner ce que c'était en secouant la boîte, sans succès.

- Mais c'est !...

En ouvrant le cadeau, il avait eu une surprise de taille. Une magnifique orchidée, tout en argent, trônait dans un support en velours. La gorge nouée, il mit un certain temps à réagir, embarrassant sa compagne par son silence. Lorsqu'elle se mit à remuer, gênée et toute rouge, il parla enfin.

- Merci, je… Merci.

L'orchidée. Gage d'amour éternel. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui offrait cela si vite mais il n'arrivait pas à douter des sentiments de la jeune femme lorsqu'elle le regardait de cette façon, folle amoureuse. Et il se demandait aussi comment il avait fait pour se mettre dans une situation pareille… Après cela, les années s'écoulèrent doucement. Donna devenait de plus en plus proche de Luce et améliorait chaque jour ses techniques de soin. Reborn, de son côté, gagnait en puissance et en renommée dans le monde sans pitié de la mafia. Toujours ensemble. Toujours.

Après deux ans passés à l'appartement, comme ils souhaitaient de plus en plus être seuls lors de leurs retrouvailles et éloigné de l'agitation romaine, l'homme au fédora fit l'acquisition d'une petite maison de campagne. Ils en étaient tombés amoureux dès leur première visite : deux mois après, ils emménageaient dans leur petit coin de paradis. C'était un lieu simple, entouré par un jardin un peu fou à l'herbe haute parcourue de fleurs sauvages. Un chemin de pierre servait de guide dans le terrain vallonné jusqu'à l'entré. Ce n'était pas si grand que ça mais tout y était parfait pour eux deux, choisis selon des goûts communs permettant de construire un nid douillet loin de tout.

Une petite routine s'installa ainsi dans ce couple aussi étrange qu'improbable. Le romantisme des premiers jours perdurait vaillamment, en partie à cause des absences répétées du tueur à gages. Lors de leur emménagement, Donna avait avoué à Reborn qu'elle avait acheté une étoile à leur nom et, depuis, ils l'observaient souvent pendant les nuits dégagées. Pour leurs 5 ans de vie de couple, il lui offrit une rose en or. Ils partaient le plus souvent possible en voyage, allant de la Grèce jusqu'en Australie. Se rappelant de la fascination de sa compagne pour le Japon, l'homme au fédora lui promis qu'ils iraient un jour y habiter pendant quelques mois.

Tout allait bien. Jusqu'à ce jour.

Ce jour fatidique où un homme au chapeau de fer leur rendit visite.

Donna était en train de faire la vaisselle du dîner, aidée par Reborn, qui essuyait et rangeait. Un moment habituel. Ou pas. D'un seul coup, il s'arrêta et sortit son arme. Faisant un geste pour lui intimer le silence, il articula silencieusement "reste là". Hochant la tête, la jeune femme obéit et alla se réfugier dans une des vingt cachettes de l'appartement, dissimulées derrière un meuble de cuisine avec un mécanisme secret. Une fois dedans, elle ne put qu'entendre des bribes de la conversation.

- Qui… ?

- Comme… pensais… qualifié…

A ces mots, elle se pétrifia avant de se rouler en boule sur elle-même. Donna connaissait ces mots pour les avoir lu des dizaines de fois. Elle n'eut pas besoin d'écouter plus pour savoir la suite. Retenant à grand peine ses larmes, elle renifla plusieurs fois en songeant que leurs jours de bonheur étaient comptés.

Lorsque Reborn vint la sortir de sa cachette, comme prévu, il avait l'air étrangement pensif. Néanmoins, il n'en parla pas à sa compagne. La serrant dans ses bras sans prévenir, il ne remarqua pas l'angoisse pourtant visible de la jeune femme. Il avait lui-même un mauvais pressentiment par rapport à tout ça. Pourtant, sa curiosité maladive avait pris le dessus (comme toujours) et il ne put que se rendre au rendez-vous.

C'était le début de la fin.

Reborn s'en alla rencontrer les Priscelti Sette et partit de plus en plus souvent avec eux en mission. En même temps, il s'inquiétait de voir que Donna dépérissait sans qu'elle ne veuille lui dire pourquoi. Parfois, elle disparaissait quelques jours avant de réapparaître totalement épuisée : elle disait alors s'être rendue chez Luce. Le fait qu'un autre des Sept plus Forts voit sa compagne perturbait un peu le tueur mais il ne s'inquiéta pas outre mesure puisqu'elles étaient amies de longue date.

Les mois et l'état de santé de la jeune femme s'effilochèrent mais malgré cela Reborn décida de faire une dernière mission avec les six autres combattants d'élite.

La plus grosse erreur de sa vie.

A l'instant même où il se réveillait, prisonnier d'un corps de bébé, il sut qu'il allait mourir comme un chien. Aucun des Arcobaleno ne pouvait accepter ça… à part Luce, qui savait depuis le début que cela allait arriver. La mort dans l'âme, le tueur se résolut à retourner voir Donna pour lui expliquer la situation et, peut-être, rompre leur relation. Sa vie venait d'être foutue en l'air, il n'avait nul besoin de savoir que celle de sa compagne suive le même chemin. Le pire arriva sans qu'il puisse se douter de quoi que ce soit.

Le retour à son appartement fut chaotique. Les forces de police entouraient l'immeuble, signalant par un ruban flash qu'une scène de crime s'y était déroulée. Le cœur battant, Reborn utilisa ses talents de tueur pour rejoindre son logis inaperçu.

Trop tard. Il était arrivé trop tard.

Allongée sous un drap blanc, un corps de femme familier était étalé dans une mare de sang.

- Mort approximative à seize heures, déclara un membre de la police scientifique. La victime a été frappée par trois balles, deux dans l'abdomen et une dans la tête. Cette dernière lui a été fatale. Le tireur est inconnu mais il devait sans doute s'agir d'un règlement de comptes…

Tout ce en quoi Reborn avait un jour cru s'effondrait. Un par un, les rares repères sur lesquels il s'appuyait disparaissaient. La mort de Donna ne fit que l'achever.

Les années qui suivirent furent le triste requiem d'un homme animé par la vengeance. Maintenu en vie par une rage froide bien plus dangereuse que de la colère pure et simple, blessé, brisé, il traqua sans relâche les responsables. Que ce soit le sniper ou ceux qui avaient donné les ordres. Une famille mafieuse de plusieurs centaines de personnes fut ainsi massacrée : un bébé en costume apparaissait, les acculait avant de leur expliquer la façon dont il allait les tuer, puis s'exécutait. En ce temps-là, la face cachée de la société trembla.

Néanmoins, un jour, tout cela s'arrêta. Lassé, les mains tâchées de sang, fatigué de devoir fuir et hanté par les souvenirs de la femme qu'il avait tant aimée, Reborn décida de tout laisser tomber. De tout effacer. Ce fut donc un docteur très surpris qui vit débarquer en urgence dans son cabinet un Arcobaleno.

- Je ne prends pas d'homme en consultation, asséna-t-il sans pitié au premier abord.

Le canon de l'arme qui fut pointée sur lui en demi-seconde le refroidit.

- Bon, je veux bien écouter ce que tu as à dire…

Reborn parla, longuement. Ce fut la première fois qu'il parla de Donna à quelqu'un. Après trois longues heures d'entretien, le docteur Shamal rendit les armes devant un bon expresso.

- J'ai compris, soupira l'assassin. Tu veux que je t'efface la mémoire, c'est bien ça ? Je te préviens, l'opération n'est pas sans risque.

- Peu importe, répliqua-t-il aussitôt. A présent, je n'ai plus rien à perdre.

Une semaine plus tard, un bébé sortait d'une clinique mafioso avec un horrible mal de crâne. Il savait qu'il avait fait en sorte d'oublier sa vie d'avant et pensait avoir coupé les ponts mais il trouva dans ses affaires un mot de son ancien lui-même.

Ne vends pas la maison.

Cela ne le dérangea pas plus que cela, ayant un compte en banque à faire pâlir d'envie un PDG de multinationale. Il laissa donc la maison à l'abandon, vendit son appartement et décida de voyager. Un jour, peut-être, il réussirait à briser la malédiction. En attendant… eh bien, il allait vivre.

Loin de ces préoccupations humaines, dans un lieu déserté de toute vie, flotte une conscience. Emprisonnée par un puissant sort, quelqu'un est scellé dans un artefact de l'Arc en Ciel. Cette personne est endormie en position fœtale, totalement imperméable au monde qui l'entoure.

Un jour, peut-être, elle se réveillera.


Alors, ça vous a plu ? pas trop bizarre ou trop fluff ? J'ai essayé de toutes mes forces de ne pas faire d'OOC mais c'est difficile avec Reborn... C'est un personnage complexe plutôt difficile à appréhender. Voilà voilà...

Avis aux lecteurs : le poll est toujours dispo sur mon profil. Si vous voulez voter pour le Reborn x Donna, allez-y !

Review ? :3

A la prochaine !