Traduction du "Two-Shot" Fight de Wraith Ink-Slinger, réalisé avec sa permission.
Bonne lecture !
« Il y a une grande part de violence en tout être humain. Si elle n'est pas comprise et canalisée, elle conduira à la folie et à la guerre. »
Sam Peckinpah
…
Aaron Hotchner s'assit à son bureau et soupira. Devant lui étaient assis une Emily Prentiss confuse, un Derek Morgan plutôt fier, une Penelope Garcia livide de colère, une Jennifer Jareau plus furieuse encore, et un Spencer Reid penaud et contusionné. Un David Rossi plutôt amusé se tenait derrière eux, devant la porte fermée du bureau de Hotch.
- Très bien, dit Hotch après leur avoir lancé des regards noirs pendant une autre minute. Que. S'est-il. Passé ?
Ses subordonnés échangèrent des regards, avant que la pièce n'explose quand ils se mirent tous à parler en même temps, chacun essayant de donner sa version des événements ayant eu lieu un peu plus tôt dans la matinée. Garcia disait ne pas arriver à croire le culot dont avait fait preuve une personne, pendant que JJ exprimait sa colère contre un certain Agent Stevens. Emily insistait sur le fait qu'elle n'avait aucune idée de ce qui se passait, tandis que Morgan affirmait tour à tour qu'il aurait agit exactement pareil, et qu'il ne savait pas que le gamin avait ça en lui. Reid ouvrait la bouche de temps à autre, seulement pour être coupé avant qu'il n'ait pu prononcer un mot.
Hotch leva la main pour calmer l'explosion de paroles et lança un regard assassin à ses subordonnés à présent silencieux.
- Ce n'est pas difficile ; j'aimerais avoir l'impression d'être un agent du FBI en train de parler à des collègues, et non un principal en train de réprimander des adolescents.
Les cinq personnes devant lui se mirent à nouveau à protester avec ferveur.
- Je ne sais même pas ce qui se passe ! commença Prentiss.
- Chacun de nous aurait fait la même chose, dit Morgan en couvrant sa voix, avant d'être à son tour coupé par JJ :
- J'étais sur le point de massacrer ce type moi-même, et vous auriez… affirma JJ avait d'être soudain interrompue par Garcia :
- Il ne peut pas parler comme ça à notre génie ou à qui que ce soit d'autre ! Il…
La voix de Reid qui recouvrit toutes les autres alors qu'il parlait pour la première fois depuis son entrée dans le bureau:
- Ils n'ont rien à voir avec ça, c'était entièrement ma faute.
- Ca suffit, fit Hotch afin de faire taire les agents. Reid.
Ne pas flancher devant le regard noir du chef d'unité demanda à Reid tout ce qu'il avait, et ce n'est que grâce aux restes d'adrénaline qui couraient dans ses veines qu'il put accomplir cet exploit.
- Oui, monsieur ? répondit-il avec autant de force qu'il put oser.
- Que s'est-il passé ce matin, exactement ? questionna Hotch avant d'ajouter : la version courte.
- Euh… et bien, je suis venu travailler, je suis allé chercher un café, puis, de ce que je peux en conclure, j'ai attaqué l'agent Stevens.
Reid leva alors le regard pour trouver six paires d'yeux fixées sur lui.
- Attend, ce n'est pas du tout comme ça que ça s'est passé, lui dit Morgan.
- Spence, tu ne te souviens pas ? Il…
- JJ, l'arrêta Hotch avant de s'adresser au jeune génie : la version longue, Reid.
Ce dernier prit une profonde inspiration et commença à décrire les événements de la matinée à son supérieur.
...
Reid arriva au travail plus tard que d'ordinaire, sans être en retard non plus. La plupart de ses collègues étaient déjà là et il pouvait les entendre parler, dans la salle de pause, avec d'autres agents travaillant à cet étage. L'arome du café flottait dans l'open-space, l'appelant pour qu'il en prenne une tasse avant que la journée de travail ne commence.
L'Agent Stevens, un homme pompeux à forte carrure de la même taille que Reid, avec d'épais cheveux sombres et une fine moustache, se tenait au milieu d'un groupe de nouveaux agents et leur racontait avec prétention comme il était certain d'avoir cette promotion.
...
- Il ne risque plus d'avoir cette promotion, maintenant, l'interrompit Morgan avec un sourire narquois. Tout le monde a vu comment il…
- Morgan, le coupa Hotch, avant d'indiquer à Reid de continuer.
...
Reid se servit une tasse de café et alla retrouver Morgan, Garcia et JJ qui mettaient un point d'honneur à ignorer la conversation bruyante de Stevens. Soudain, le groupe autour de ce dernier eut un petit rire poli après qu'il ait délivré la chute d'une blague probablement ringarde. Puis, Stevens regarda autour de lui et sourit en remarquant le petit groupe d'agents du BAU.
- Tiens, Docteur Reid, je suis content de vous voir. Vous venez de me rappeler une de mes blagues préférées.
...
Reid s'arrêta soudain de parler et baissa les yeux sur ses mains, refusant de regarder qui que ce soit dans la pièce.
- Reid, que s'est-il passé ensuite ? demanda Hotch pour essayer d'inciter le jeune homme à continuer son récit.
- Il a raconté une blague, dit Reid à voix basse, tandis que ses longs doigts se refermaient en deux poings serrés.
- Je vais vous dire ce qui s'est passé, intervint JJ avec un regard vers Reid.
Pour la première fois, Hotch ne l'arrêta pas. Au contraire, il lui fit signe de continuer, curieux de savoir quelle plaisanterie pouvait avoir incité une des personnes les plus gentilles qu'il connaisse à attaquer un de ses collègues. JJ serra elle aussi les poings en continuant le récit.
...
- Alors, Doc, vous qui savez tout, je suis sûr que vous aurez la réponse à ça.
Stevens se tourna pour faire face à Reid. Celui-ci regarda l'agent avec méfiance. Il avait souvent vu ce regard dans les yeux de ceux qui brutalisent les autres, et il était sûr qu'il n'allait pas aimer ce que Stevens allait dire.
- Quel est, commença Stevens d'un air songeur, le plus grand avantage de la schizophrénie ?
Reid continua de fixer Stevens en se demandant s'il était vraiment en train de lui poser cette question. JJ, Morgan et Garcia se tournèrent face à l'agent, en se demandant s'il pouvait vraiment plaisanter avec un tel mauvais goût.
Stevens, complètement inconscient de l'inconfort qu'il provoquait, délivra la chute avec un grand sourire :
- On n'est jamais seul.
Les agents derrière lui eurent un petit rire, aggravant sans en avoir conscience la tension qui régnait.
...
JJ s'arrêta et lança un regard de sympathie vers Reid, la colère à peine contenue.
- D'accord, cette plaisanterie était vraiment de mauvais goût, surtout en considérant le fait que l'Agent Stevens était présent pendant l'incident du Fisher King, mais cela justifie difficilement l'animosité que vous semblez tous manifester à son égard… commença Hotch, plus ou moins confus.
- Ils ne sont pas encore arrivés à la meilleure partie, déclara Reid à voix basse, la voix tremblante de colère.
Hotch se tourna vers JJ pour avoir une explication, mais elle secoua la tête, les ongles enfoncés dans la paume de ses mains. Ce fut cette fois Garcia qui continua le récit :
...
- Je suis surpris que vous ne l'ayez pas compris celle-là, Doc. Je sais que vous savez tout ce qu'i savoir sur la schizophrénie, continua Stevens en arborant toujours son sourire.
- Il sait tout ce qu'i savoir sur tous les sujets, Stevens, c'est un génie, intervint Morgan pour essayer de détendre l'atmosphère.
- Oh, mais le Docteur Reid a une affinité particulière avec ce sujet, fit Stevens en venant se mettre à coté de Reid pour passer un bras autour de ses fines épaules. Pas vrai, Doc ?
Reid se raidit à son contact.
- C-C'est mon travail de savoir ce genre de choses. C'est ce qui fait que je suis bon dans ce que je fais, répondit-il en tentant de ne pas laisser transparaître sa colère dans sa voix.
- Oui, bien sûr, mais je parlais en fait de votre mère, dit Stevens avec dédain. Je veux dire, je sais qu'elle est folle à lier.
Reid resta figé, l'expression indéchiffrable avant de se tourner vers un territoire familier ; les anecdotes.
- Vous saviez que l'expression « fou à lier » remonte au XVIIème siècle et fait référence au fait que… commença-t-il pour tenter de garder la conversation éloignée du sujet de sa mère, avant que Stevens ne le coupe.
- Ouais, personne ne le sait et personne n'en a rien à faire.
Puis, il se tourna vers les nouveaux agents auxquels il s'adressait auparavant.
- Vous savez, il fait ça tout le temps. Il saute de conversations en conversations. Ca doit être de famille.
Cette fois, personne ne rit. Morgan, JJ et Garcia avaient tous posé leurs tasses de cafés et le fusillaient du regard. Reid ne bougea pas alors que Stevens relâchait ses épaules et se remettait en face de lui.
- Hé, vous êtes drôlement silencieux aujourd'hui. Normalement, vous cassez les oreilles de quiconque reste là assez longtemps. Vous n'avez pas dû réaliser qu'en fait, personne n'écoute réellement, hein ?
Reid posa sa tasse de café et serra les poings, l'expression toujours indéchiffrable. Les autres membres du BAU, en revanche, étaient livides. Tous trois avaient l'air prêt à sauter à la gorge de Stevens.
- Alors, pouvez-vous répondre à celle-là pour moi, Doc ? continua l'agent, inconscient du fait qu'il serait mort de nombreuses fois déjà si les regards pouvaient tuer. A quoi ça ressemble de vivre avec une folle ?
Reid ne dit rien, et continua simplement de fixer Stevens.
- Non ? fit Stevens en inclinant la tête. D'accord, alors… quel est le truc le plus cinglé qu'elle ait jamais fait ?
Reid tremblait clairement de rage désormais alors que Stevens s'approchait de lui, arborant toujours son sourire.
- Celle-là non plus, hein ? Bien, je suis sûr que vous saurez répondre à celle-là, c'en est une qui donne à réfléchir.
Stevens fit un pas en avant. Il se tenait désormais juste devant Reid.
- Si un schizophrène menace de se suicider, c'est une prise d'otage ?
...
Garcia s'arrêta là. Le visage de Hotch, d'ordinaire inexpressif, était quelque part entre le choc et la rage. Même le masque de Rossi se brisa pour révéler de la colère. Emily, qui était arrivée plus tard et n'avait réellement pas eu la moindre idée de ce qui s'était passé, semblait pour le moins outrée. Une fois redevenu maître de ses émotions, Hotch quitta Reid du regard pour revenir vers Garcia.
- Que s'est-il passé ? demanda-t-il finalement.
- Je-je n'en suis pas certaine… avoua-t-elle avec une colère évidente tandis qu'elle secouait la tête.
Morgan s'éclaircit la gorge et continua pour elle :
...
Reid prit la parole, d'une voix dangereusement basse et vibrante de pure rage.
- Eloignez. Vous. De. Moi. TOUT DE SUITE.
- Ne me dites pas que vous allez perdre la boule aussi maintenant ! rit sombrement Stevens.
Reid mit ses deux mains à plat contre les épaules de Stevens et le repoussa de deux pas, puis s'éloigna de la table. Le visage de Stevens se tordit de rage alors qu'il le regardait s'éloigner.
- Ne t'avise pas de me toucher, espèce de cinglé !
Et cela arriva d'un coup. Avant que quiconque ne puisse réagir, Stevens attrapa le bras de Reid pour le faire se retourner. Reid, en retour, se dégagea et le repoussa. Stevens répliqua avec un coup de poing dans la joue et l'enfer se déchaîna.
Reid semblait tirer parti des leçons de self-défense de Morgan et, en fait, se défendait mieux que bien contre l'agent plus baraqué que lui. Il semblait que, mené par la pure rage, Reid était un très bon combattant. Stevens ne laissa pas tomber et Reid continua d'esquiver et frapper à son tour.
Finalement, une fois le choc surmonté, Morgan éloigna Stevens de Reid et JJ et Garcia s'efforcèrent de retenir ce dernier. Les nouveaux agents paraissaient terrifiés, et un d'eux était parti juste avant l'altercation pour aller chercher Hotch.
...
- C'est à ce moment que je suis arrivé, dit Emily.
- Et voilà ce qui s'est passé, conclut Morgan. Tu ne l'as pas attaqué, Reid.
Celui-ci semblait à la fois furieux et soulagé.
- Je-J'étais tellement furieux, j'ai eu un black-out pendant une seconde, et je me suis retrouvé à me battre avec Stevens… Je-je pensais que…
JJ agrippa fermement la main de Reid.
- Jamais, Spence, lui dit-elle. Jamais tu n'attaquerais quelqu'un.
Le jeune agent fut submergé par le soulagement, et s'affaissa contre le dossier de la chaise. Les derniers restes d'adrénalines avaient disparus, le laissant épuisé. Il remarqua à peine que son nez saignait à nouveau. Hotch lui tendit un mouchoir et considéra l'œil au beurre noir et les entailles sur les joues de son agent.
- Morgan, emmène-le à l'infirmerie. Il semble que Stevens ait pu donner quelques bons coups.
Morgan acquiesça et se leva avec Reid qui ne prit pas la peine de protester, et tous deux sortirent du bureau.
- Hotch, appela Morgan pour attirer l'attention de son supérieur en passant la tête par la porte.
- Mh ?
Morgan sourit avec une fierté manifeste.
- Vous devriez voir l'état de Stevens.
Hotch ne put s'empêcher d'afficher un sourire, si petit soit-il, à cette pensée. Il avait hâte de voir ça.
