Comme promis Alex ;)

Point de vue Sirius Black

Les cours se sont terminés il y a quelques minutes, et à présent je me trouve dans mon dortoir, sois disant pour y déposer mes affaires. La vérité, c'est que je n'aime pas ce moment de la journée, entre la fin des cours et l'heure de dormir. Les bons moments au milieu de gens heureux me ramènent à trop de pensées noires, et je préfère l'occupation des cours, qui m'aide à oublier, le temps de quelques heures…

Aussitôt arrivé, je vais comme tous les jours à la fenêtre pour admirer le paysage qui s'offre à moi tout en me perdant dans de sombres pensées. J'ai peu de temps devant moi, je sais que dans cinq minutes, les autres maraudeurs arriveront ici pour savoir pourquoi je mets autant de temps à redescendre. Mais j'ai besoin de ces quelques minutes, j'en ai terriblement besoin. C'est quasiment le seul moment de la journée où je peux être enfin seul, et me laisser aller sans risquer d'être surpris.

Lentement, le paysage devant moi devient flou, la pluie glisse le long de la vitre. Pendant un instant, je me suis demandé si je n'étais pas en train de pleurer, mais non.

Ce sont toujours les mêmes pensées qui se bousculent dans ma tête depuis des mois maintenant, mais le temps ne peut rien changer, et les blessures ne guérissent pas. Je suis mort à l'intérieur, voilà le pire des fardeaux.

Déjà j'entends des bruits de pas dans l'escalier. Sans doute James. Le temps est passé trop vite. Si peu de temps pour moi, et de trop longues minutes à venir pendant lesquelles je devrai faire semblant, refoulé tout ça, mais peine, ma peur… J'ai le meilleur ami que l'on puisse souhaiter, mais il ne peut pas deviner ce que je ne lui dis pas. Merlin soit loué ! Je me donne tant de mal pour cacher ces choses là.

Je prépare mon sourire pour le moment où il entrera. La porte s'ouvre déjà et je me retourne. A nouveau la souffrance doit reprendre.

« Tu en mets du temps ! Qu'est-ce que tu fabriques ? » Demande-t-il en approchant.

« J'admirai le paysage ! » Dis-je d'une voix rauque en désignant la fenêtre.

« Quel romantique ! »

La tristesse s'empare à nouveau de moi, et je me dépêche de répondre une phrase typique qui ne risque pas de le faire douter.

« Tu me connais, » lance-je avec un clin d'œil complice « je suis un grand romantique ! »

James me fait un grand sourire et s'approche avant de me taper l'épaule.

« Ca c'est sûr ! Bon tu viens, tout le monde t'attend en bas ! »

J'hoche la tête et fais un grand sourire avant de me diriger vers la porte d'un pas résolu.

Tout le monde m'attend… Cette phrase me déprime encore d'avantage. Mais je n'en veux pas à James, il ne sait pas. Oh oui on m'attend. Des amis à qui je dois constamment mentir, une petite amie qui m'aime à la folie alors que je ne ressens rien pour elle, et une horde de groupies qui seraient prêtes à tuer pour un sourire de moi.

Arrivés dans la salle commune nous rejoignons Peter et Remus au près du feu. Je sais que le lycanthrope a deviné beaucoup de choses, il a le même regard compatissant tous les jours lorsque je descends. Mais il ressent si bien les choses qu'il sait qu'il n'y a rien à faire, et son soutien silencieux me fait plus de bien que tous les mots qu'il aurait pu dire.

James s'assoit aussitôt dans un fauteuil et me regarde en haussant les sourcils. Il se demande sûrement pourquoi je reste debout.

« Je dois aller voir Melissa. Désolé les gars, je vous retrouve au repas ! »

James affiche un sourire en coin qui aurait presque pu me réchauffer le cœur dans d'autres circonstances. Remus lui une nouvelle fois à tout compris, et ses yeux tristes me renvoient à mes propres peines. Je m'empresse de tourner les talons avant que quelqu'un d'autre se rende compte de mon malaise.

Melissa est ma petite amie depuis quelques jours. Cinq ou six pas plus. Comme les autres… Je suis avec elle parce que je l'apprécie. Après tout, je suis réputé pour être un dragueur invétéré, alors j'ai pris l'habitude d'avoir régulièrement une petite amie. Mais comme les autres, je ne l'aime pas, et passé les premiers jours où j'appréciais sa compagnie et les instants avec elle, je ne peux déjà plus accepter sa présence dans ma vie. Elle me fait trop souffrir, involontairement…

Mes pas me guident jusqu'au couloir de la salle sur demande où nous nous retrouvons régulièrement elle et moi. La porte est entrouverte, elle m'attend déjà. Je prends une grande inspiration pour me remettre les idées en place, mais c'est trop dur de sourire. Résigné, j'entre dans la pièce.

Sans surprise, elle m'attend, assise dans un canapé face à une belle cheminée où brûlent quelques bûches. En entendant mes pas, elle tourne son regard vers moi, souriante. Mais en voyant ma mine, tout sourire quitte son visage. Elle est inquiète.

« Sirius ! Tout va bien ? » Dit-elle en se levant pour s'approcher de moi.

Je ne réponds pas et ne fais pas le moindre signe pour la rassurer. A quoi bon, alors que dans quelques instants je vais lui briser le cœur. Devant mon manque de réaction, son inquiétude redouble.

Je dois lui parler. Tout se passera comme à chaque fois, j'y suis habitué.

« Melissa. » Commence-je. « On ne peut pas rester ensembles. »

Elle semble choquée. Dans quelques secondes, elle va réaliser.

« J'ai cru que ça pourrait marcher entre nous ! » Poursuis-je. « Je t'apprécie vraiment, mais simplement comme une amie… Je suis désolé. »

Je baisse la tête pour ne pas la voir pleurer. Je suis désolé c'est vrai, mais pas que ça n'ait pas marché. J'ai mentit une nouvelle fois, je le savais avant même de l'embrasser pour la première que ça ne marcherait pas. Je savais déjà que tout cela finirait au bout de quelques jours seulement, et aussi comment ça finirait. Dans cette salle, par des pleurs, des regrets et de la culpabilité. Mais si je suis réellement désolé, c'est d'avoir agit comme une ordure une nouvelle fois. De m'être engagé dans une relation que je savais sans avenir, et d'avoir brisé le cœur d'une jeune fille qui ne le méritait pas. Je suis désolé d'être ce que je suis, un être sans cœur…

J'entends ses sanglots qu'elle essaye de faire discrets, et sans même la regarder, je m'approche d'elle pour la prendre dans mes bras. Pour certaines filles, ça leur fait du bien, et d'autres préfèrent me frapper avant de s'enfuir en pleurant. Melissa semble trop effondrée pour me frapper et s'accroche à moi de toutes ses forces.

Je reste blottis contre elle, attendant que le choc passe et qu'elle s'en aille. Elle continue de pleurer. Et je reste de marbre.

Au bout de plusieurs minutes, ses pleurs semblent diminuer, et j'entends sa voix, chargée d'émotion, murmurant quelques mots près de mon oreille.

« Tu es un monstre Sirius. Un monstre incapable d'aimer. Tu devrais passer ta vie seul. »

Et elle se détache de moi avant de quitter la pièce.

« Je sais… »

Je me dirige de façon mécanique vers le canapé et m'y assied. Mon regard se pose sur le feu.

Oui je suis un monstre. Oui je suis incapable d'aimer, et je le sais. Pourtant je continue à fréquenter des personnes comme elle, qui me font confiance. Voilà pourquoi je suis un monstre. Et encore plus vrai, je devrai passer ma vie seul… Ce serait mieux pour tout le monde.

J'ai déjà essayé de rester seul, mais les choses sont compliquées. Comment expliquer à mes amis que je ne veux plus de petites amies, alors que je les collectionne depuis des années ? Je ne veux pas dévoiler mon secret, cela ne servirait à rien. Alors que faire ?

Mon cœur est brisé depuis longtemps déjà, et il ne battra plus pour personne. Voilà le résultat d'un amour aussi fort que le malheur qu'il engendra. Un cœur habité par tant de sentiments ne peut survivre quand tout s'écroule.

Ou peut-être qu'il le peut, grâce à un nouvel amour aussi fort. Mais encore faut-il y croire… J'ai fait le choix de me renfermer sur moi-même, et plus rien ne peut changer ça. Plus le temps passe et plus les choses empirent.

Je me déteste pour ce que je suis devenu et pour le mal que je fais aux gens qui s'attachent à moi. Et à chaque nouvelle rupture, je me répugne un peu plus et mon cœur s'emprisonne d'avantage devant la tristesse des filles qui ont fait l'erreur de me faire confiance. Je ne les mérite pas. Je ne mérite plus rien. Juste le châtiment pour mes erreurs passées.

J'aimerai tant pouvoir pleurer, peut-être que cela me soulagerait, mais j'en suis incapable. Je ne le mérite pas non plus.

Après de longues minutes passées devant le feu, je me décide enfin à me lever. Rester ici ne me servira à rien. D'un pas lent, je quitte la salle et me retrouve dans le couloir du septième étage.

A peine quelques mètres plus loin, je vois Melissa. Adossée contre le mur, les genoux repliés contre sa poitrine, elle sanglote encore. Je me rapproche d'elle aussi lentement que possible, encore hésitant.

Quand j'arrive au près d'elle, le bruit semble enfin attirer son attention et elle lève ses yeux embués de larmes vers moi. Sans réfléchir, je m'agenouille à ses côtés et la prends à nouveau dans mes bras. Elle semble trouver un peu de réconfort auprès de moi, même si je suis la source de son malheur. Cette pensée me rend encore plus triste, mais si je peux l'aider au moins un peu…

« Tu m'as brisé le cœur Sirius. Je ne pourrais plus jamais aimer. » Dit-elle dans un souffle, comme si cette déclaration signait son arrêt de mort.

Pour la première fois depuis longtemps, je suis effondré. Je m'étais habitué aux ruptures, aux larmes et tout ce qui va avec. Mais cette phrase me ramène à moi-même. A ce que j'ai été. Et me fait bien plus d'effet que quoi que ce soit d'autre.

Je la serre plus fort dans mes bras et la force à me regarder dans les yeux. Je prie pour qu'elle y voie toute la peine que je ressens, et qu'elle comprenne.

« Jure moi que tu feras tout pour aimer ! » Je la supplie. « Promet moi que tu ne feras pas l'erreur de ne plus y croire ! »

FIN

Pfff j'ai finis… C'était dur ! J'espère que ça t'a plu ;)