Cette histoire m'est venue alors que j'écoutais un des morceaux cultes de Patti Smith, Because The Night. En plus d'être une chanson fabuleuse, je trouve les paroles géniales, parfaites. Enfin bon, je ne vais pas m'étendre trop longtemps sur cela mais si vous la connaissez que le titre de cette histoire est en réalité une des phrases présentes dans le refrain.
Comme c'est écrit dans le résumé, ceci est un two shot et en voici la première partie (plutôt courte, je vous l'accorde, mais la seconde partie devrait être tout de même plus longue).
S'il vous plaît, faites bien attention que durant tout le texte rien ne vous indique qui entre Alice et Bella est l'épouse et la maîtresse. Cela a beaucoup d'importance, en tout cas de mon point de vue, car par la suite, à la fin de l'histoire, ce sera à vous de choisir qui est la "gagnante" dans cette histoire.
1768
Après de longues minutes d'attente, le plus beau parti de la ville fit finalement son apparition, sous les regards envieux ou admiratifs des hommes présents à la soirée et les gloussements ou rougissements discrets des femmes qui accompagnaient ces derniers.
Toute l'attention était portée sur Edward Cullen, qui ne semblait aucunement troublé ou dérangé par quoique ce soit et qui continuait à avancer d'une démarche lente mais assurée, la tête haute, s'arrêtant par moments pour saluer quelques personnes qui lui étaient familières.
Les visages radieux et les sourires comblés de ses parents ne laissaient apparaître qu'une once de la fierté qu'ils pouvaient ressentir pour leur fils ; à peine âgé de vingt-huit ans, il était revenu victorieux de la bataille pour laquelle il s'était porté soldat volontaire, avait finalement accepté de reprendre l'importante affaire familiale qui s'étendait sur tout le pays avec son frère cadet, ainsi que d'épouser une jeune fille digne de son rang social et attendait désormais un heureux évènement prévu pour la fin de l'année avec sa femme.
Il arriva aux côtés de cette dernière et plaça un bras protecteur autour de sa taille encore fine, avant de s'excuser pour son retard et déposer un baiser tendre sur sa tempe gauche, alors que son regard déviait lentement vers une petite brune qui se tenait en retrait, elle-même près de son propre mari.
Ses yeux habituellement si malicieux et pétillants étaient ce soir-là ternes et fatigués, tandis que l'inquiétude se peignait sur le visage du jeune homme face à cette constatation.
Il savait que l'annonce de la grossesse de son épouse avait été un véritable choc pour elle, il se souvenait bien de la manière dont elle avait réagi lorsqu'il avait préféré lui annoncer la nouvelle en personne.
Il revoyait encore son sourire s'effacer pour laisser place à des sanglots silencieux, ses épaules légèrement se voûter et voir germer une lueur de détermination au fond de son regard sombre.
Elle avait demandé à lui parler à la fin de cette réception et il n'avait pu qu'accepter, voulant désespérément la revoir, puisqu'elle avait rejeté chacune de ses propositions pour un rendez-vous depuis qu'elle avait appris que la lignée des Cullen allait s'agrandir.
L'impatience et l'envie de se retrouver dans une même pièce en tête-à-tête avec elle le remplissait de joie, alors que l'appréhension et la peur de savoir de quoi elle pourrait bien avoir envie de lui parler lui donnait l'impression que le temps filait à une vitesse folle et le rapprochait trop rapidement à son goût du point de non-retour de leur relation.
Il savait que l'annonce de son mariage avait déjà été une épreuve difficile à surmonter pour elle et s'était bien rendu compte par quoi elle avait été obligée de passer par la suite, lorsqu'il avait appris qu'elle aussi allait épouser un autre homme que lui.
La rancoeur, la colère, la haine et surtout la jalousie presque maladive avec lesquelles il avait du vivre pendant plusieurs mois l'avaient profondément marqué, le laissant sombrer petit à petit dans le gouffre, le malheur et la tristesse, tandis qu'il avait été invité et forcé à assister à son mariage, la voyant vouer fidélité et amour éternel à une personne qui ne pourrait jamais l'aimer comme il l'aimait ou la traiter avec dignité et respect, comme lui aurait pu le faire.
Il avait maudit, ils avaient tous deux maudit leur rang social qui les empêchait d'officialiser leur relation et les forçait à se cacher pour continuer à se côtoyer.
Elle lui adressa un discret hochement de tête accompagné d'un faible sourire, avant de fuir son regard perçant et quelque peu envoûtant, en portant son attention sur son époux qui était en pleine conversation avec un des convives.
Cet échange pourtant bref et qui pouvait sembler des plus anodins, rassura le jeune homme qui se détendit légèrement et desserra inconsciemment sa prise autour de sa femme.
Il entraîna celle-ci vers des amis proches de la famille, qui étaient déjà installés à une des nombreuses tables rondes présentes dans la salle et qui attendaient patiemment et dans la bonne humeur d'être servis par les serviteurs du maître de la soirée.
À peine eut-elle fini son repas qu'il l'aperçut quitter discrètement sa table d'un pas rapide, après avoir glisser quelques mots à l'oreille de son mari.
Il ne lui lança qu'un rapide coup d'oeil lorsqu'elle passa près de la table et continua de manger son dessert, tout en essayant de trouver une excuse convenable qui lui permettrait de s'éclipser un certain moment et qui n'offenserait pas son épouse de l'abandonner à sa table, entourée de sa belle-famille et de leurs amis.
Edward Cullen eut beau se creuser la tête, il ne trouva aucun mensonge valable et préféra attendre plusieurs minutes que l'orchestre ne commence à jouer, offrant la première valse à quatre-temps à sa femme, avant de lui expliquer qu'il contait se retirer dans les jardins de la demeure d'Aro Volturi pour profiter de l'air frais du mois d'Avril.
Il ne lui laissa ni le temps d'acquiescer ou de protester, s'étant immédiatement dirigé à grands pas vers les larges doubles portes qui donnaient sur la grande entrée du manoir de leur hôte, après avoir déposé un léger baiser sur sa joue gauche, tandis que cette dernière tentait tant bien que mal de masquer la douleur et la tristesse qui dansaient dans ses prunelles sombres à la vue de son époux et de l'homme qu'elle aimait partir rejoindre une autre femme qu'elle, sachant pertinemment ce qu'il se tramait entre les deux et ce qui allait se passer dans les prochaines minutes lorsqu'ils se retrouveraient seul à seul.
« J'ai bien cru que tu ne me laisserais plus la chance de le faire, » lâcha-t-il en arrivant en trombe dans la salle, se dirigeant rapidement vers elle, avant de l'attirer vers lui et plaquer férocement ses lèvres contre les siennes.
Contrairement à d'habitude, elle répondit immédiatement à son étreinte, l'embrassant à pleine bouche et plaça ses bras autour de ses larges épaules pour l'attirer encore un peu plus vers elle.
Il fut surpris par toute la ferveur qu'elle mettait dans son baiser, mais fut loin de s'en plaindre, préférant laisser libre cours à ses mains qui partirent découvrir une nouvelle fois le corps de son amante, effleurant du bout de ses doigts son corset toujours en place et attrapant quelques-unes de ses boucles brunes, jouant délicatement avec.
« Tu m'as manqué, » avoua-t-il à bout de souffle après avoir fait un petit pas en arrière pour pouvoir l'admirer et essayer de voir ce qu'elle ressentait.
Elle avait toujours été un livre ouvert, il lui était impossible de cacher quelque chose aux autres, son visage la trahissait immédiatement ; pourtant, c'était certainement une des choses qu'il aimait le plus chez elle, il n'avait pas besoin de lui demander à quoi elle pouvait bien penser ou si tout allait bien, il lui suffisait de la regarder et il avait sa réponse.
Ce qui était bien différent avec son épouse.
Bien que ces deux femmes aient des physiques semblables, chacune de petite taille, brune aux yeux foncés, il trouvait qu'elles ne se ressemblaient aucunement.
L'une était charismatique, cultivée et douce, l'autre était discrète, malicieuse et quelque peu sauvage pour leur société ; elles étaient toutes deux issues de rangs sociaux différents et avaient reçu des éducations presque contradictoires.
Isabella Marie Swan et Mary Alice Brandon étaient en effet deux personnes à part entière, qui n'avaient rien en commun mis à part l'amour inconditionnel qu'elles portaient envers l'héritier Cullen.
Et c'était bien pour cette raison que sa maîtresse s'était résignée à prendre cette décision qui la tiraillait de l'intérieur, mais qui -elle en était sûre- lui assurait le bonheur du jeune homme qu'elle tenait encore dans ses bras.
Elle savait que cela ne pouvait plus durer, ils avaient chacun des obligations envers leurs époux et familles respectives et sa femme attendait désormais un enfant. Un enfant !
Il fallait que tout cela s'arrête, le plus rapidement possible, et malgré le fait qu'elle avait au départ prévu de lui annoncer la nouvelle à la fin de leur rendez-vous, elle voulait qu'il sache qu'après ce soir, il ne la reverrait plus. Qu'ils ne se reverraient plus.
Après tout, c'était la dernière nuit qu'ils passeraient ensemble.
La dernière nuit qu'elle leur accordait, avant que sa conscience ne la rattrape et que la culpabilité ne commence à la ronger de l'intérieur.
« Edward, Edward, » murmura-t-elle, tandis qu'elle repoussait sans grande conviction ses caresses, essayant de trouver la force de lui parler alors qu'elle n'avait qu'une envie, se jeter dans ses bras et le déshabiller sur le champs.
« Edward, » répéta-t-elle. « Nous quittons la ville dans quelques jours pour prendre un bateau qui nous mènera au Nouveau Monde, » lâcha-t-elle d'une voix faible, avant de scruter le visage de son amant afin de capter toute émotion qui pourrait déformer ses traits fins. (N/A : L'histoire se déroule en Angleterre, au XVIIIème siècle. À l'époque, le Nouveau Monde désignait les États-Unis, beaucoup de personnes et particulièrement des anglais s'exilèrent là-bas dans l'espoir de faire fortune.)
J'espère que cette première partie vous a plu ! Comme d'habitude, tout avis -positif comme négatif- est le bien venu, le temps que c'est respectueux. ;)
La suite arrivera Dimanche ou Lundi, dans la matinée. Elle est déjà écrite !
Passez un bon week-end,
Takenya
