[ Nouvelle fic qui, je le sens, va être difficile à écrire pour une raison bien précise que, je pense, vous allez finir par deviner. J'espère quand même que ça vous plaira :) en tout cas, je ferai au mieux ^^.

Pour ce qui est du titre, je me suis aidée d'une citation de Gilbert Cesbron, « La mort ferme les yeux des morts et ouvre ceux des survivants ». ]

[ Edit : Pour les personnes qui ont suivi cette fic depuis le début, je m'excuse de la gêne par rapport au décalage de certains chapitres que j'ai voulu faire fusionner. Merci ^^' ]


Fin juin 2011.

Hyde était chez lui, allongé dans son lit, près de son fils endormi qu'il gardait. Heureusement que Hiroki n'avait pas assisté à la dernière dispute de ses parents, seulement quelques heures plus tôt. Megumi avait fait la remarque à son ex-mari qu'il travaillait trop et que s'occuper de leur fils serait sans doute un bien, afin qu'une certaine distance ne puisse s'installer dans leur relation père/fils. Hyde l'avait très mal pris, prétextant qu'être artiste surbooké ne l'empêchait pas d'être un bon parent. Évidemment, Megumi n'avait rien dit de tel ; elle ne l'avait même pas pensé, mais Hyde était devenu vraiment irritable depuis quelques temps. Plusieurs personnes en prenaient plein la tête, et plus encore avaient remarqué ce changement. Même ses propres parents. Seul le petit Hiroki parvenait, par son raisonnement, à comprendre que quelque chose clochait et, par son innocence, à le calmer. Mais un enfant de sept ans ne pouvait pas tenir la responsabilité de maîtriser un adulte, même si cet adulte était son propre père.

Et le pire était que Hyde avait parfaitement conscience de tout ça. Mais il n'arrivait plus à se contrôler. Trop de stress, trop de choses à gérer - tant personnellement que professionnellement - et les tournées prévues pour les vingt ans de L'Arc~en~Ciel n'étaient pas là pour le calmer. En fait, ça avait été l'élément déclencheur. Quand Tetsu les avait convoqués, lui, Yukihiro et Ken, pour leur en parler, Hyde avait été très enthousiasmé, seulement, l'euphorie retombée, il n'avait plus été sûr de rien. La première chose avait été d'en parler à ses parents qui l'avaient rassuré au mieux sur le fait qu'il était encore jeune, qu'il avait l'énergie nécessaire pour tenir sur scène, que ce soit avec L'Arc ou même avec VAMPS pour le désormais traditionnel concert de l'Halloween. Il s'était mis en tête que comme ils étaient ses parents, leur devoir était de le rassurer comme un enfant, et cette fois, il n'avait pas tenu compte de leurs dires. Quand était venu le tour de Megumi, elle lui avait dit qu'elle se souvenait de ses prestations quand ils étaient encore mariés, ainsi que celles pendant VAMPS, et qu'elle n'avait aucun doute sur ses capacités à tenir le coup. Cette fois, son prétexte avait été que son ex-femme ne voulait pas lui faire de peine ni rien de semblable, qu'elle trouvait elle aussi que, passé la quarantaine, il allait moins être au taquet que quelques mois plus tôt - mois qui lui avaient pompé son énergie, d'ailleurs. Le fait qu'il prenne mal sa remarque sur le fait que, justement, il travaillait trop, était totalement illogique. Et pour ce qui avait été d'en parler à Tetsu et aux autres, il s'en était abstenu, bien sûr. Il connaissait d'emblée leurs réponses qui auraient été contraires à son état d'esprit.

Ce que personne ne savait, par contre, c'était le fait que Hyde avait décidé, depuis plusieurs jours, de partir à l'étranger. Tout était en ordre pour ce projet. Lui, qui était une bête de travail depuis des années, commençait à faiblir et était de plus en plus irritable. Être comme ça lui devenait insupportable. S'il n'était pas, ou plus, d'attaque, pourquoi s'entêter ? Le regard toujours sur son petit garçon profondément endormi contre lui, il décida que, dès le lendemain, il prendrait un billet simple pour l'Europe. Et l'avis des autres n'y changerait rien.


Moins d'une semaine plus tard, l'artiste était dans un avion en direction de l'Écosse. Il devait arriver à l'aéroport international d'Inverness qui se situait à trente minutes en voiture du manoir qu'il avait décidé de louer. Non seulement il en avait largement les moyens, mais surtout quand il pensait à être seul, c'était complètement être seul. D'après ses renseignements, un festival, RockNess, s'était tenu peu avant son départ du Japon, et il était bien content de l'avoir raté. Bien que la musique fût toute sa vie, il voulait laisser ça aussi de côté.

Ça n'avait pas été une mince affaire que de dire au leader de L'Arc qu'il voulait prendre le large à seulement quelques semaines du début de leur prochaine tournée. Bien qu'il avait lui aussi vu le changement de comportement de son chanteur, Tetsu ne pouvait se résoudre à le laisser partir - mais il en fut bien obligé puisque Hyde n'en avait pas démordu.

- Tu penses aller où, alors ? lui avait demandé Tetsu, dans la salle de réunion déserte.

- En Écosse.

- Okay, mais où exactement ?

- Tu n'en sauras pas plus. Je trouve que je t'en ai déjà dit trop...

- Je ne le dirai à personne ! avait insisté le bassiste.

Hyde avait bien failli craquer devant ce visage qui pouvait parfois avoir la même expression enfantine que son fils mais il avait tenu bon, répétant que son ami n'en saurait guère davantage à ce sujet. Tetsu n'avait pas caché sa déception mais avait fini par céder. Il n'avait guère eu le choix.

Yukihiro, lui, était resté fidèle à ses habitudes... en apparence. Quand son ami lui avait fait part de sa décision de s'en aller, il n'avait rien dit pour le contrarier mais n'en était pas moins très inquiet à son sujet. Il n'était même pas allé lui dire « au revoir » à l'aéroport contrairement à Ken qui ne l'avait pas lâché jusqu'à l'embarcation. Le guitariste aussi avait tenté de faire parler Hyde, mais là encore, sans succès.

La ville où il allait rester un temps s'appelait donc Inverness, et se trouvait dans les Highlands. À seulement deux cents mètres du côté Est des berges du Loch Ness se trouvait le Manoir d'Ailin. Il n'avait aucune idée de ce qu'Ailin pouvait bien signifier en Écossais. D'un autre côté, il ne savait strictement rien sur le manoir - et n'avait pas non plus cherché à se renseigner. Il aurait aussi bien pu être sous un pont à Paris, ça n'aurait pas changé grand chose, vu l'état dans lequel il se trouvait. Fort heureusement pour lui, dans cet endroit, il y aurait tout le confort nécessaire. Les propriétaires habitant en Espagne et ne parlant de toute façon pas le japonais et très peu anglais (comme moi, avait-il pensé), Hyde avait dû faire appel à un intermédiaire pour que tout soit en règle.

L'hôtesse annonça aux passagers que l'avion passait maintenant au-dessus de l'Allemagne, puis viendrait bientôt l'Angleterre pour finir en Écosse. Quelques murmures de soulagement s'élevèrent dans l'appareil. Malgré l'escale à Moscou, beaucoup avaient les jambes ankylosées, Hyde y compris. Plusieurs passagers commencèrent à ranger leurs affaires et soulevèrent les tablettes qui avaient supporté, entre autre, les barquettes de nourriture réputées immangeables. Contrairement à son habitude de garde-manger, Hyde n'y avait que très peu touché. Il savait pourtant qu'avoir l'estomac vide trop d'heures d'affilée était une erreur, mais il s'était décrété à lui-même qu'il mangerait une fois sur place.

En attendant, il se concentra sur l'extérieur. N'étant pas tombé sur l'aile, le chanteur avait une excellente vue sur l'horizon. Les champs ressemblaient à des pièces de puzzle vertes et jaunes pour la plupart. En observant plus attentivement l'on pouvait voir le bleu de la mer Celtique qui allait se confondre, au loin, avec l'océan Atlantique. Il se rappela, sans le vouloir, la mer du Japon. Sa mer. Puis vint le tour de son pays. Assurément, l'Écosse ne devait rien à voir avec le Japon. Le changement allait être radical. Il avait déjà séjourné en Angleterre mais là aussi il avait des doutes quant aux similitudes entre les deux pays frontaliers. Son premier séjour en Europe avait été avec Ken et Tetsu, peu après le départ de Sakura du groupe. Puis plus tard, pour l'enregistrement de son premier album en solo.

Seulement là, tout était différent. Hyde ne savait pas réellement pourquoi il avait choisi ce pays alors que des coins « perdus » il y en avait partout ailleurs. Il ne savait même pas ce qu'il s'attendait à trouver qui lui redonnerait un coup de fouet. Ou peut-être qu'il n'attendait plus rien... Les premiers couplets d'Evergreen qui lui revinrent en mémoire étaient très appropriés à la situation : mado no naka no boku wa / gurasu no mizu ni / sashita hana no you / hawai hizashi ni yurete / madoromi no soko / kidzuku natsu no kehai / mujou na tokei no hari wo / itami no bun dake / modoseta nara... Mais personne ne pouvait remonter le temps... et c'était bien là le problème.

Chassant une bonne fois pour toutes la musique de son esprit, il se concentra sur la voix d'une autre hôtesse qui annonçait, en anglais d'abord, le temps (couvert) et la température (pas plus de 15°C).

Ça oui, le changement va être radical...


- Takarai-san ?

Hyde, tout juste sorti de l'appareil en compagnie des autres passagers et d'une partie du personnel de bord, se tourna vers une femme blonde d'environ son âge, habillée très stricte, avec un sourire « commercial » et une mallette au bout du bras. Même si la personne l'avait appelé en japonais, il fit l'effort de répondre en anglais.

- C'est moi.

- Enchantée, enchaina la femme, dans la langue de Shakespeare cette fois, en lui tendant une main que le chanteur mit du temps à saisir de part ses habitudes au Japon. Je suis Kateline NicMenzies. On s'est parlé au téléphone à propos du Manoir d'Ailin.

- Oh ! Oui. Excusez-moi, je suis complètement décalé... Mais, comment m'avez-vous reconnu ?

- Regardez autour de vous, ria Kateline. Il n'y a pas beaucoup d'Asiatiques, ici. Et vous êtes l'une des rares personnes à ne pas être accompagnée.

Hyde ne trouva rien à répondre, aussi se contenta-t-il de hocher la tête.

- Bien. Nous y allons ?

Le chanteur acquiesça en empoignant sa valise qu'il avait été récupérer sur le tapis roulant. Il avait pris le stricte nécessaire. Lui qui d'habitude prenait également de quoi se distraire n'avait, avec ses vêtements, que deux ou trois livres (il n'avait pas compté) de son écrivain préféré. Là encore, lire du Stephen King dans un endroit isolé et dans un état qui dépassait la déprime n'était pas forcément une bonne idée.

L'Écossaise emmena Hyde à l'extérieur où, effectivement, il ne faisait pas bien chaud, si bien qu'il dût relever le col de son blouson.

- Bienvenue en Écosse, plaisanta Kateline en s'arrêtant devant une voiture française de couleur beige et qui avait les roues maculées de boue.

- J'ai déjà vu pire au Japon, mais pas à cette période de l'année.

Il ne tarda pas à entrer dans le véhicule que Kateline lui ouvrit, après quoi, ayant elle aussi prit place, elle démarra pour prendre la route en direction du sud-ouest.

À la gauche de Hyde se trouvaient des champs et des terrains d'une magnifique sauvagerie où trônaient des bâtisses aussi vieilles qu'imposantes. Il les détaillait, se demandant à quoi pouvait bien ressembler le manoir où il allait provisoirement vivre. A sa droite, il y avait le célèbre Loch Ness. Bien sûr, il connaissait la légende du monstre qui y vivait, et se surpris à se demander s'il y avait une chance, même infime, pour que lui aussi le voit, ou du moins l'aperçoive. Cette idée s'en alla comme elle était venue. Il avait autant de chance de le voir que de gagner à un jeu de hasard. Rares, très rares même, étaient les personnes qui avaient réellement vu Nessie. Au bout d'une dizaine de minutes silencieuses, plusieurs bâtiments et maisons sortirent du paysage.

- Voici le centre d'Inverness, apprit Kateline. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, il y a vraiment tout, ici. Vous pensez louer une voiture ?

Hyde remua la tête par la négative, le regard loin devant lui, comme s'il était ailleurs. Ce silence ne perturba pas la jeune femme qui poursuivit :

- Il y a des bus qui viennent jusqu'ici. Ils sont assez réguliers, précisa l'enfant du pays.

Son interlocuteur ouvrit enfin la bouche.

- Ce n'est pas grand mais ça m'a l'air animé.

Les allées et venues allaient bon train dans les différentes boutiques aux décorations qui devaient dater de la fin du 19ème siècle, ce qui donnait beaucoup de charme.

- En journée, oui. Quand vient dix-sept ou dix-huit heures, les rues se vident tout doucement. La plupart des magasins ferment tôt dans ce pays. Seules les grandes surfaces ferment aux alentours de dix-neuf heures. Ça ne vous pose pas de problèmes ? demanda Kateline en freinant pour laisser passer une mère avec celui qui était probablement son enfant.

- Certainement pas.

Trois kilomètres supplémentaires de parcourus et voilà que la nature reprenait les dessus sur la ville. Hyde poussa, sans s'en rendre compte, un soupir qui n'était pas loin du soulagement. Ce qui aurait pourtant dû être angoissant pour quelqu'un qui vivait dans une ville comme Tôkyô se trouvait, au contraire, très rassurant. Il se souvenait du Kansai, quand il était encore un enfant : les coins sauvages comme ceux qui l'entouraient, il connaissait bien.

- Regardez, Takarai-san, là ! dit Kateline au bout d'un long moment, pointant son doigt vers la gauche.

Hyde regarda dans la direction indiquée et fut surpris par ce qu'il vit. Il s'était imaginé une bâtisse imposante entourée de grilles comme l'ont pouvait voir dans certains cimetières avec des fenêtres en vitraux et des toits équivalents à des châteaux, mais... ce qui grandissait devant ses yeux à mesure que la voiture se rapprochait n'avait rien de semblable. C'était un manoir, à n'en pas douter, mais de style Second Empire. Quand ils furent assez près et que le moteur de la voiture se fut tu, Kateline et Hyde sortirent ensemble du véhicule et ce dernier put détailler le devant de la maison. Des colonnes de pierre maintenaient le toit qui recouvrait le perron - habillé de balustres du même matériau - auquel il fallait monter moins d'une dizaine de marches larges et basses. De chaque côté de la porte d'entrée à double vantaux se trouvaient des fenêtres dont les volets avaient été fermés. Le chanteur regarda le bâtiment sur sa gauche et demanda à la personne qui l'accompagnait de quoi il s'agissait.

- Oh, c'est la chapelle. C'est assez fréquent quand les gens possèdent de tels domaines. On entre ?

- Oui. Bien sûr.

Pendant que Kateline cherchait le trousseau dans son sac, Hyde continua ses observations. Il n'avait pas vu de photos de la maison et malgré certaines parties des murs où les briques avaient fini par être mises à nu, il n'était pas déçu par son aspect « à l'abandon ». Il trouvait juste dommage que les propriétaires n'en profitent pas.

- L'intérieur est en meilleur état..., tenta de le rassurer son accompagnatrice, ne sachant bien évidement pas ce que Hyde avait en tête.

- Ça ne me déplait pas, répondit-t-il simplement tandis que Kateline ouvrait la porte pour le laisser passer en premier.

Il faisait aussi sombre que dans un four à l'intérieur et malgré le fait qu'il venait de dehors, la lumière du hall qui venait d'être allumée aveugla Hyde quelques secondes, si bien qu'il dut garder les yeux fermés pour ensuite les rouvrir avec hésitation. Heureusement ça allait déjà mieux. L'entrée était une salle carrée au bout de laquelle se trouvait un couloir d'une bonne vingtaine de mètres, tout en parquet usé par le temps mais qui ajoutait un petit quelque chose. Même si le chanteur était capable par lui-même de reconnaitre les pièces de la maison, en bonne professionnelle qu'elle était, Kateline lui fit visiter.

- A gauche il y a la cuisine, toute équipée, mais je dois vous prévenir : l'électroménager ne date pas d'hier. Il y a des années que le manoir n'a plus été habité et la dernière occupante ne se souciait guère des dernières nouveautés sur le marché.

- La dernière occupante ? releva Hyde en entrant de la pièce en question.

Lui donnant le dos, il ne se rendit pas compte de l'expression que la femme avait pris celle de quelqu'un de gêné.

- Hm... Oui. La fille des Cormick. Elle vivait ici il y a quelques années.

- Pourquoi n'est-elle plus là ?

- Je ne sais pas trop. Vous savez, je me contente de faire mon travail sans trop chercher à comprendre.

Hyde hocha la tête, continuant à détailler l'endroit où il se trouvait. Certes, la décoration n'avait rien d'actuel avec son four noir, le plan de travail assorti aux murs aux carreaux marron clairs et foncés, le sol en tomettes semblable à un nid d'abeilles rouge, la table et les chaises en bois massif... mais ça restait correct.

- Comme la fenêtre est parallèle à la porte d'entrée, elle donne sur le Loch Ness. Exactement comme l'une de celles du salon-salle à manger ainsi qu'à l'étage.

Sur ces mots, Kateline s'y rendit pour ouvrir les fenêtres et les volets - qui se plaignirent avec un grincement sinistre. Hyde la rejoignit, toujours aussi concentré sur chaque détail qui l'entourait. La couleur dominante de cette pièce était le bordeaux et le marron. Très sombre, mais aussi très stylée avec ses meubles en bois - peut-être bien de l'ébène ? à en juger par leur couleur foncée - taillés dans la masse. Seul le plafond, orné d'une magnifique rosace au milieu de laquelle trônait un lustre scintillant, était clair : couleur écru, il avait dû jadis être d'un blanc immaculé. Quant à la vue... Le terrain qui s'étendait sur des hectares à la ronde et le Loch au loin.

- C'est superbe... Comment peut-on ne pas vivre dans un tel endroit ? s'indigna presque Hyde.

- Le climat, peut-être, tenta Kateline. Les Cormick vivent dans le Sud de l'Espagne. Mais ce manoir appartenant à la famille depuis trop longtemps, pour autant que je sache, ils refusent de s'en séparer.

- Qui l'entretient, alors ?

- Un voisin, je crois. Si l'on en juge par l'état extérieur, il doit surtout faire le ménage et se débrouiller pour que ce qui fonctionne au courant reste en état de marche. Mais ne vous en faites pas, les Cormick ont dû le prévenir que leur maison allait être habitée quelques temps.

Hyde quitta la fenêtre et la vue du célèbre lac pour suivre Kateline au premier étage, où se trouvaient les chambres ainsi qu'un bureau. Les escaliers, qui se trouvaient au bout du couloir, étaient recouverts d'une moquette qui avait été, à l'évidence, d'une couleur proche du grenat. Le chanteur pensa, en montant les dernières marches, que beaucoup de personnes avaient dû emprunter ce chemin, ce qui en expliquait l'usure. Arrivés en haut, Kateline poussa un bouton d'interrupteur. La lumière jaillit de deux couloirs, ce qui faisait déduire qu'il y avait le choix entre tourner à gauche ou à droite.

- Il y a trois chambres au milieu dont chacune possède deux portes. Question de praticité, je pense. À chaque chambre est jointe une salle de bain privée. Les autres pièces sont une salle de jeu, de musique, bureau... Tout est de style baroque, comme le salon et la salle à manger. Chacune des pièces font cinquante mètres carré. Et tout au bout...

L'Écossaise pointa son doigt vers le fond de l'étage.

- ... Il y a des fenêtres qui donnent une vue d'ensemble sur tout le terrain, le Loch, et par beau temps, on peut même apercevoir l'autre rive.

- Ça a l'air super..., souffla Hyde, en s'adossant au mur. Merci, vraiment. C'est ce dont j'avais besoin pour recharger mes batteries.

- J'espère que ça n'est pas dû à une réaction à chaud, plaisanta son interlocutrice, et que vous ne le regretterez pas.

- Je ne crois pas, non.

- Ah ! oui ! s'écria presque Kateline en se donnant une tape sur le front. La trappe au-dessus de nos têtes...

Hyde leva instinctivement le visage pour voir qu'effectivement il y avait une forme carrée qui contrastait avec le plafond.

- ... c'est le grenier. Je ne pense pas que vous ayez besoin d'y aller, mais dans le doute... Le crochet pour attraper la poignée doit être dans un placard, par contre je ne sais pas lequel.

- D'accord. Je le chercherai.

Un téléphone se fit entendre alors.

- Mince, ça doit être mon patron... Je lui avais dit que je ne tarderais pas...

- Je pourrai visiter le reste de la maison tout seul si vous devez y aller.

- Merci, ça m'arrange, je dois dire.

Kateline descendit, suivie de près par un Hyde pas encore très à son aise. Quand ils furent au milieu du couloir, le musicien tourna, sans vraiment savoir pourquoi - une intuition, peut-être ? - la tête pour regarder derrière lui et marqua un temps d'arrêt.

- Excusez-moi... C'est vous qui avez éteint les couloirs ?

- Pardon ?

La quadragénaire se tourna à son tour pour constater qu'effectivement le haut des escaliers, et donc l'étage, étaient de nouveau dans le noir.

- Non. Mais c'est une vieille bâtisse. Peut-être que ça vient des fusibles. Vous voulez que j'aille voir à la cave ? Il y a une porte qui y conduit à la cuisine, au fait !

- J'irai voir, ça va aller.

- Très bien.

Tous deux sortirent enfin. En récupérant ses bagages, Hyde repensait encore aux lumières à l'étage. Ce n'était rien d'important en soi, mais ce petit épisode innocent lui provoqua un léger malaise. Cependant, il ne voulut pas le montrer et était bien décidé à vivre dans cet endroit.