Disclaimer : les personnages sont de JK Rowling, l'histoire de shiv5468.

Note : j'ai pas su attendre, mais curieusement, je ne crains pas qu'on me le reproche… benebu

Chapitre premier

Severus avait passé plus d'une nuit sans sommeil ces vingt dernières années, étendu dans son lit à se demander comment éviter d'accomplir des actes d'une brutalité innommable tout en maintenant sa réputation d'Affreux Mangemort par excellence, à s'inquiéter de la perspective que son rôle d'espion soit découvert, et à calculer ce qu'il allait bien pouvoir donner comme sujet de compo aux septième année.

Maintenant que ses jours d'espions étaient terminés, que les compos appartenaient au passé, et qu'il pouvait se détendre dans les bras d'une femme bien, il rattrapait le temps perdu. D'après ses calculs, son déficit cumulé de sommeil se montait à plusieurs années, et s'il dormait une heure de plus chaque nuit, il aurait rattrapé son sommeil en retard aux alentours de la centaine.

Evidemment, il ne tenait pas compte du sommeil qu'il perdait grâce à sa vie intime plus active, ce qui, pensait-il, l'obligerait à ajouter une dizaine d'années à ses calculs, mais quelles années !

Il aimait dormir avec Hermione. Il pouvait coller ses pieds tout froids contre elle, et si elle marmonnait entre ses dents des histoires de sortilèges de réchauffement, elle n'hésitait pas à se rapprocher pour s'assurer qu'ils se dégèlent. Il aimait se réveiller, et se rendre compte qu'elle lui chatouillait le nez avec ses cheveux, qu'elle avait glissé une jambe entre les siennes dans son sommeil, et qu'on aurait eu du mal à glisser une molécule entre elle et lui.

Il aimait tout spécialement se réveiller le samedi matin, sachant qu'il n'aurait pas besoin de sortir du lit pendant des heures s'il n'en avait pas envie. Ils pouvaient faire venir les croissants de la cuisine d'un 'Accio', récupérer de la même façon le journal sur le paillasson, et passer la matinée à mettre des miettes partout dans le lit.

Ce qu'il n'aimait pas, c'était être réveillé à trois heures du matin par quelqu'un qui frappait à la porte avec tant de force qu'on aurait cru qu'il voulait la casser.

« Hmphshsh ? » demanda Hermione.

« Je n'en ai pas la moindre idée, » répondit-il avec un soupçon d'humeur.

« Hmamghghahghah !»

« Je ne vois vraiment pas pourquoi ce serait à moi d'y aller. »

« Mmmmmghghghshhhfhh. »

« Bon, d'accord, si tu insistes, mais je ne comprends vraiment pas pourquoi c'est toujours à moi de m'occuper de ce genre de choses. » Il repoussa les couvertures, enfila sa robe de chambre – pas besoin d'effrayer les voisins avec le spectacle de sa nudité – et se dirigea d'un pas décidé vers la porte d'entrée, sa performance remarquable n'étant qu'à peine altérée par le fait qu'il se cogne un orteil à un coin de porte.

En conséquence, il était d'encore plus mauvaise humeur en arrivant à la porte, marmonnant entre ses dents un chapelet d'injures, et ouvrant la porte dans un mouvement dramatique qui était familier à tous les élèves de potions de par le Monde Magique.

« Que signifie ce vacarme ? » tonitrua-t-il. « Est-ce qu'un homme n'a pas le droit à un peu de paix et de tranquillité dans sa propre… »

Smudger ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. « C'est Tonks, » dit-il. « Elle a disparu. »

Pour preuve que la vie d'homme quasi-marié avait adouci Severus, il ravala la fin de sa tirade, et prit immédiatement l'expression d'inquiétude et de soutien appropriée à ces circonstances. « Merde, » dit-il.

« Comme tu dis, » convint Smudger, son habituel air débonnaire remplacé par une détermination farouche.

« Tu ferais mieux d'entrer dans ce cas. »

Smudger s'essuya soigneusement les pieds sur le paillasson, et entra. La curiosité avait poussé Hermione à suivre Severus afin de savoir ce qui se passait. « Assieds-toi, » lui dit-elle. « Je vais nous faire une tasse de thé, et tu vas nous raconter tout ça depuis le début. »

Le thé était brûlant et noir comme l'ébène – du vrai bon thé de crise, destiné à dissiper le choc, stimuler les neurones, et à décoller les cellules du palais. Smudger en but quelques gorgées, regarda Severus et Hermione qui étaient assis face à lui à la table, et commença son histoire.

« On était supposés se retrouver pour prendre un verre dehors ce soir, » expliqua-t-il. « Rien d'extraordinaire, on devait passer un moment tranquille après le boulot au Chaudron, et s'arrêter quelque part pour acheter un repas à emporter avant de rentrer. Elle n'est jamais arrivée. Je ne me suis pas inquiété au début – vous savez bien comment elle est ma Tonks. Pas toujours la sorcière la mieux organisée du monde, et quand elle se retrouve embringuée sur une affaire ou quelque chose, elle n'a pas toujours la possibilité de m'envoyer un message.

« Bon. J'ai pris une ou deux pintes en attendant, et j'ai discuté avec un type pour faire passer le temps, et finalement je me suis rendu compte qu'elle avait deux heures de retard et qu'elle n'avait toujours pas donné de nouvelles. Ça, ça ne lui ressemble pas – une demi-heure, une heure à la limite, mais jamais deux. Pas sans trouver quelqu'un pour venir me prévenir qu'elle sera en retard.

« Du coup, je me suis dit que j'allais passer jeter un œil à son bureau, histoire de vérifier si elle y était. Ces connards n'ont pas voulu me laisser entrer au début, » dit-il avec hargne. « Mais ils ont fini par comprendre que je n'avais pas l'intention de m'en aller, et qu'il ne servait à rien de menacer de m'arrêter, puisque pour ça ils auraient eu besoin de me faire entrer dans le bâtiment. Ils m'ont emmené voir son patron. »

« Et qu'est-ce qu'il t'a raconté ? » demanda Severus. « J'imagine que ça n'a pas servi à grand chose, sinon tu ne serais pas là. »

Smudger eut un reniflement dédaigneux. « C'est le moins qu'on puisse dire. Il a refusé de me parler, disant qu'il ne pouvait pas compromettre une enquête en révélant des informations à, comment est-ce qu'il m'a appelé déjà ? 'un individu douteux tel que moi'. Laisse-moi te dire que si je ne m'étais pas souvenu que Tonks devait travailler tous les jours sous les ordres de ce branleur, il aurait entendu parler du pays. » Il but une autre gorgée de thé. « C'est à ce moment là que je me suis dit que deux personnalités exemplaires et en vue telles que vous seraient peut-être mieux placées pour obtenir des informations. »

Il y eut un instant de silence, le temps qu'Hermione et Severus réfléchissent au problème. Smudger savait depuis toujours que Severus était un salaud rusé – surtout quand il s'agissait d'éviter un boulot fatigant, mais bon, lui-même n'était pas un débutant en la matière – mais il commençait à respecter de plus en plus la façon dont Hermione résolvait les problèmes en les attaquant bille en tête.

Ce n'était pas le moment, se disait Smudger, de tourner autour du pot et de concevoir un plan ingénieux qui permet de faire bonne figure. C'était plus le moment de se jeter droit au cœur du problème – et avec un putain de grand couteau si nécessaire.

Il avait toute confiance en leurs capacités, et refusait d'envisager l'éventualité qu'ils échouent, parce qu'à chaque fois qu'il commençait à y penser, il était envahi alternativement d'une furie glaciale et d'une rage brûlante, encore et encore jusqu'à ce que le sang lui bouillonne aux oreilles.

Il fallait qu'il garde son calme jusqu'à ce que ce que Tonks soit en sécurité. Ensuite… il serra les poings.

« Harry ? » demanda Hermione, avec un regard entendu pour Severus.

Il grimaça, mais hocha la tête. « Il semble le mieux placer pour nous aider. »

« Je lui passe un coup de fil, alors. »

« Tu lui passe un coup de fil ? » demanda Smudger, regardant Hermione qui attrapait un drôle de machin vert, auquel été attaché une espèce de ficelle tire-bouchonnée.

« C'est un objet moldu, » expliqua Severus. « C'est comme parler par la cheminée. Elle parle, il écoute, et réciproquement, évidemment. »

Smudger avait toujours l'air un peu confus.

« Tu vois, le truc c'est qu'on est pas encore complètement sûrs que le Ministère ne nous surveille pas, nous ou Potter, mais nous sommes à peu près certains qu'il ne savent pas encore comment installer des mouchards dans les téléphones - écouter les lignes – alors Hermione a pensé que ce serait une bonne idée d'en faire installer un. De cette façon, ils peuvent avoir une discussion intéressante sans s'inquiéter qu'elle soit notée quelque part dans un dossier et qu'elle revienne les hanter un jour ou l'autre. »

« Ah, je comprends mieux maintenant. J'ai eu peur un instant que tu perdes un peu la boule avec l'âge. Bientôt, je t'aurais retrouvé à collectionner les prises de courant, et à les cacher dans ton garage. » Smudger écoutait d'une oreille la conversation d'Hermione qui parlait avec animation dans l'appareil : le gamin ne faisait pas de difficultés quand même ?

« Je ne suis pas encore sénile, » répondit Severus. « Tu pourras commencer à t'inquiéter le jour où tu me verras mettre un bocal de bonbons sur mon bureau, et avoir les yeux qui clignotent comme des lampions. »

« Comment va ton ancien employeur ? » demanda Smudger, plus pour meubler que par réel intérêt.

Severus haussa les épaules. « Je n'en ai pas la moindre idée, et je m'en fiche. Ce n'est pas comme s'il était quelqu'un d'important dans notre monde nouveau, si ? Je crois me souvenir que Minerva parlait de retraite, mais je me suis toujours dit qu'on ne pourrait pas lui retirer son boulot avant qu'il ne soit mort et enterré. »

« Ce qui ne veut pas dire que ce ne serait pas marrant d'essayer, » commenta Hermione en revenant à la table. « Harry est en chemin. Ron va aller mettre son nez au bureau et voir ce qu'il peut découvrir, il mettra un peu plus longtemps à arriver. »

« Tu penses qu'ils pourront aider ? » demanda Smudger.

« Ils ne sont peut-être pas des flèches quand on cause stratégie, » affirma Severus, « mais je suis bien placé pour savoir qu'ils sont les champions du monde quand il s'agit d'apprendre une chose dont il ne devraient rien savoir. »

« Je pense qu'il y a plutôt là matière à se réjouir, » murmura Hermione, un œil sur la pendule qui montrait que Harry était En Chemin.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » demanda Severus, levant un sourcil interrogateur.

« S'ils avaient montré la moindre aptitude pour concevoir des plans, et avaient eu un peu plus le goût du pouvoir, tu serais probablement à genoux en ce moment, en train de supplier le nouveau Seigneur des Ténèbres de ne pas te tuer. »

« Tu ne laisserais jamais personne toucher à un de mes cheveux. » Severus lui sourit, d'un sourire presque charmeur, quand on se souvenait qu'on le voyait sur le visage de Snape, un sourire que Snappy aurait normalement été trop embarrassé pour le montrer en public. Il tenait vraiment beaucoup à Hermione, pensa Smudger. C'était mignon, mais ça lui fit réaliser à quel point lui aussi tenait à Tonks – aimer était peut-être un bien grand mot pour un couple aussi ordinaire que celui qu'ils formaient – et combien elle lui manquerait si elle n'était plus là.

Tu ne dois pas penser comme ça, se dit-il fermement. Tonks est une fille raisonnable qui sait faire attention à elle. Il ne se croyait pas une seconde, mais peut-être que s'il répétait suffisamment cette phrase elle finirait par devenir vraie.

La cheminée s'embrasa, et une tête apparut au milieu des flammes. « C'est moi, » lança Potter. « Est-ce que je peux traverser ? »

« Bien sûr, Harry. Qu'est-ce que tu as réussi à trouver ? » Hermione attrapa une autre tasse dans la cuisine et servit du thé à Harry.

« Pas grand chose, j'en ai peur, » répondit-il, prenant sa tasse et s'asseyant à table. « Je me suis dit que ça ne servirait à rien de poser la question directement à son patron, s'il n'est pas du genre causant, alors je suis allé bavarder avec Shacklebolt, pour savoir sur quoi ils travaillaient en ce moment. Apparemment, Tonks travaillait sur un boulot super-top-secret dont elle n'avait pas le droit de parler à quiconque dans le département. Tout ce qu'il savait, c'était qu'elle était supposée surveiller quelqu'un – quelqu'un d'extrêmement dangereux. »

Il passa une main dans ses cheveux, qui une fois de plus lui étaient tombés devant les yeux, pour les ramener en arrière. « Son patron ne semble pas être exagérément inquiet, c'est plutôt bon signe – elle a dû faire son rapport à temps. »

« Ce serait encourageant si cet homme n'était pas un crétin fini, » affirma Smudger avec le même degré de dégoût que Severus réservait habituellement à Neville. « Elle ne m'aurait pas laissé l'attendre au pub. Elle n'aurait pas fait ça. Ça veut forcément dire qu'il lui est arrivé quelque chose. »

Harry haussa les épaules. « Je te crois. C'est simplement que je ne nous vois pas convaincre Mordy que tu as raison. Shacklebolt a dit qu'il essaierait de voir ce qu'il peut découvrir, mais je pense que Ron est notre meilleure chance – il est allé bavarder avec la fille qui s'occupe de tous les dossiers, et il va tenter de voir ce qu'elle veut bien lui dire. »

« Je n'aurais pas pensé à Monsieur Weasley pour ce rôle du charmeur de ces dames, » s'étonna Severus. Il reçut un regard sévère de la part d'Hermione pour sa peine.

« La plupart des gens penseraient comme vous, » convint Harry. « Mais si les gens ont tendance à rougir et à bafouiller quand ils me parlent, Ron les met tout de suite à l'aise. Il sont détendus. C'est un peu comme si vous aviez le choix entre passer la soirée avec Lucius Malefoy ou avec Smudger – c'est peut-être Lucius qui a l'argent et le physique, mais dans l'ensemble on sait bien qu'on s'amusera plus avec Smudger. »

« Oui, je vois assez ce que tu veux dire, » dit Smudger avec un petit sourire. Il se demandait comment il pourrait glisser cette analyse dans une conversation avec Lucius Malefoy lors de la prochaine Assemblée Vespérale. « J'espère que t'as raison, » ajouta-t-il, d'un ton plus sobre.

« Ce n'est pas la fin du monde si on n'arrive pas à obtenir d'informations internes sur la mission sur laquelle Tonks travaillait, » dit Hermione. « Après tout, ça pourrait très bien n'avoir aucun rapport avec ce qui lui est arrivé. Je pense que nous devrions voir si nous ne pouvons pas retrouver sa trace par nous-même. Nous avons la magie à notre disposition, quand même. »

« J'ai essayé les sortilèges standards de recherche, protesta Smudger, un peu vexé qu'elle pense qu'il ait négligé quelque chose d'aussi évident que ça. « Mais même un kidnappeur vraiment stupide pensera à se rendre Incartable. »

Personne ne mentionna le fait que si Smudger n'avait pas été capable de la localiser, c'était peut-être parce que Tonks était morte.

« Ce ne peut-être qu'un kidnappeur vraiment stupide, » affirma Harry. « Je veux dire, tout le monde sait que tu sors avec Tonks, et tout le monde sait que tu connais toutes les personnes qu'il y a à connaître des deux bords de la Société Magique. C'est presque aussi stupide que de se ramener devant Voldemort pour l'appeler Tronche d'Ecaille un jour où tu as oublié ta baguette. »

« Il y a des moyens de retrouver quelqu'un même quand il est Incartable, » continua Hermione pensivement, ignorant l'intervention de Harry. « C'est un peu compliqué, ça trempouille dans la Magie Noire, et ça requiert des ingrédients obscurs… »

« … qu'incidemment nous nous trouvons avoir dans le laboratoire, » murmura Severus,

« J'imagine que tu n'as rien de personnel appartenant à Tonks ? » demanda Hermione. « Du sang serait le mieux, mais on peut se débrouiller avec des cheveux ou des poi… - des cheveux ce serait bien. »

« Je n'ai pas pour habitude de garder sur moi des morceaux de ma copine pour me rappeler nos bons moments passés ensemble – contrairement à Lucius – alors je ne peux rien faire pour vous, » répondit sèchement Smudger.

« Je n'en suis pas si sûr que toi, » avança Severus. « Si Tonks ressemble le moins du monde à Hermione, je parie qu'elle en a semé partout sur toi. »

« Semé ? » demanda Hermione, l'air mauvais.

« Ce n'est peut-être pas la formulation la plus heureuse, » admit Severus. « Mais nous n'avons pas vraiment le temps, alors ces contrariétés seront pardonnables. Et pardonnées. »

Smudger devait admettre que Severus n'avait pas tort. Les cheveux de Tonks n'étaient peut-être pas si long ou abondants que ceux d'Hermione, mais ils étaient quasiment aussi envahissants. Malheureusement, il était un homme soigné, et il avait brossé ses robes avant de sortir ce soir. Il était hors de question qu'il se rende à un rendez-vous, aussi informel qu'il soit, sans se mettre sur son trente et un. Les filles remarquaient ce genre de choses, et si elles commençaient à sentir qu'on les tenait pour acquises, elle risquaient de commencer à regarder ailleurs.

« J'imagine qu'on pourra en retrouver à la maison, » concéda-t-il. « Peut-être sur son oreiller. » Il rougit comme une tomate, et Harry lui tapota l'épaule.

L'arrivée de Ron, dans un soudain bruissement de flammes, lui épargna de rougir plus longtemps.

« Bon, » dit Weasley. « J'ai trouvé sur qui Tonks était chargée de garder un œil. Vous ne devinerez jamais : elle est sur le cas Malefoy… »

Smudger se leva d'un bond en hurlant. « Lucius ? S'il a quoi que ce soit à voir avec la disparition de Tonks, je le tuerai. Je lui arracherai sa putain de tête, et je l'accrocherai au mur ! »

« Ne fais rien d'irréfléchi, » intervint Severus. « Tu ne t'appelles pas Potter. »

« Irréfléchi ? Irréfléchi ? Je vais t'en donner, moi, de l'irréfléchi ! » siffla Smudger avant de Transplaner brusquement à la recherche de Lucius et d'une pique sur laquelle accrocher sa tête.

« Nous ferions mieux de le suivre, » dit Hermione. « Pour nous assurer qu'il ne lui arrive pas d'ennuis. »

« Quand même, c'est quelque chose quand les Serpentards raisonnables se mettent à agir comme des imbéciles énamourés, au lieu de mette au point un Plan en bonne et due forme, » commenta Severus.

« J'espère bien que si j'étais en danger, tu te précipiterais à mon secours, » répliqua Hermione, lançant distraitement un 'Accio' pour récupérer ses pantoufles dans la chambre.

« Evidemment, » dit-il. « Mais je prendrais au moins cinq minutes pour penser à ce que je dois faire. Ça ne sert à rien de se jeter dans un piège quand on n'y est pas obligé, surtout quand il y a moyen d'attaquer par derrière. Ensuite, une fois que tu serais en sécurité, je m'assurerais que le moindre de ces enfoirés regrette d'avoir seulement pensé à toucher un de tes cheveux. »

Hermione lui sourit tendrement, et elle et Severus disparurent en rapide succession – sans prendre le temps de se changer en une tenue plus convenable que leurs robes de chambres pour leur visite au Manoir Malefoy – laissant Harry et Ron se dévisager, sous le choc.

« Mais je ne parlais pas de Lucius, » protesta faiblement Ron. « Je parlais de Narcissa. Ils en ont après la mauvaise personne ! »

« Oh merde, » dit Harry.

« Oh oui, » convint Ron. « Merde, comme tu dis. »

« Je suppose, » déduisit lentement Harry, « que nous devrions vraiment aller les prévenir. »

« On devrait, oui. » Ron hocha la tête. « Mais on n'est pas vraiment pressés pressés, si ? Je veux dire, c'est Lucius après tout, et ce n'est pas comme s'il ne méritait pas une petite raclée. »

Harry eut un grand sourire. « Tu as raison. »

« Et puis, ce serait impoli d'aller au Manoir Malefoy comme ça sans qu'on y ait été invités. Surtout que nous sommes des Aurors – ça pourrait nous créer des tas d'ennuis. Abus d'autorité, ce genre de choses. » Ron avait un air très sérieux en disant ça, exactement le même que McGonagall affichait quand elle avait été déçue par un élève.

« C'est vrai. » Harry soupira. « Le seul problème, c'est que c'est Tonks qui a disparu, et que nous devrions vraiment aider à la retrouver. Et Merlin sait combien j'aimerais que Lucius se retrouve avec un œil au beurre noir, mais ça n'aide pas vraiment Tonks, pas vrai ? »

« C'est vraiment chiant d'être un adulte parfois, » fit remarquer Ron.

« Vrai, » admit Harry. « La vie est très loin d'être aussi marrante qu'avant. »

Ils poussèrent tous deux de profonds soupirs.

« Bon, allez, on ferait mieux de nous lancer au secours de Lucius, alors, » dit Harry. « On n'aurait jamais cru dire ça quand on était à l'école. »

« Si on y va, c'est pour aider Tonks, et Smudger, et Hermione, » répliqua Ron. « Lucius et Snape ne comptent pas vraiment. C'est un peu comme si tu allais sauver ton hibou ou quelque chose – en même temps, tu es obligé de secourir ses puces. »

« Hedwige n'a pas de puces, » protesta Harry, indigné.

« Je sais qu'elle n'a pas de puces. Je faisais simplement une métaphore. » Ron ne leva pas les yeux au ciel, mais son air affichait très clairement qu'il en avait eu très envie, et qu'il ne s'était retenu que parce que Harry était son ami, même s'il était vraiment ennuyeux parfois.

« Oh. Bon, eh bien ne refais jamais ça. Les métaphores, c'est le début de la fin – si tu continues comme ça, tu vas te retrouver à écrire de la poésie avant même de t'en rendre compte. »

Ron frissonna. « Beurk. Tu ne laisserais pas une chose pareille m'arriver, hein, Harry ? Tu ferais ce que tu dois faire, et tu me dirais que je deviens un peu chochotte. »

« Bien sûr que oui, mon pote. » Harry lui donna un coup de poing amical sur le bras, et Ron tressaillit. « Hermione aura beau dire tout ce qu'elle veut sur le fait de dépasser les stéréotypes des sexes, et de briser le système patriarcal, ce n'est pas elle qui doit travailler avec Shacklebolt. »

« Remarque, j'ai bien aimé ce bouquin de Verlaine que tu m'as passé la semaine dernière, » continua Ron, se frottant le bras. « Il a une façon intéressante d'utiliser le langage. »

Harry hocha la tête. « C'est exactement ce que je me suis dit. »

Ni l'un ni l'autre ne parlèrent plus pendant quelques minutes, plongés dans leurs pensées sur la poésie.

« Est-ce que tu crois qu'on a laissé à Smudger assez de temps pour qu'il s'amuse un peu ? » demanda Ron.

Harry regarda sa montre. « Je pense, oui. Quelques minutes pour franchir les barrières de protection, encore une ou deux pour passer les Elfes de Maison, cinq minutes pour lui taper et lui crier dessus… »

« Tu crois qu'il s'en sortira bien ? » demanda Ron.

Harry repensa au moment où Smudger avait pressé sa baguette juste sous son oreille, dans leur ruse pour entrer dans le repaire de Voldemort, et à la façon dont ses poils s'étaient dressés le long de sa nuque. « Oh oui, » affirma-t-il. « Je pense qu'il ira parfaitement bien. »