Spoilers pour toute la série de Gravity Falls ; se passe des années après la série. La fic contient du Ford/Dipper, ce ne sera pas de la pédophilie pour des raisons de voyage dans le temps, mais cela reste de l'inceste et une relation pas vraiment saine (et qui n'aura pas de fin heureuse, même si elle n'est pas entièrement déprimante non plus, j'espère).


Dipper se relève, encore étourdi, et observe ses alentours. Personne. On dirait que le problème a été réglé sans lui. Ou plutôt,quelqu'un veut prétendre qu'il l'a été. Quelqu'un de modérément compétent, constate-t-il avec satisfaction, puisqu'il a encore d'intéressants morceaux de machine à voyager dans le temps disséminés autour de lui, qu'il range hâtivement dans ses poches.

Il rentre au Shack en boitillant un peu. Mais alors qu'il arrive à la clairière, il constate qu'il n'y a rien au milieu, pas la moindre ombre d'attrape-touristes.

Il profère un juron qu'il n'a entendu que dans la bouche de l'Oncle Stan, et encore, rarement.


"Laisse agir les agents temporels, petit." avaient did Lolph et Dundgren, aussi méprisants que Blubbs et Durland l'avaient été quand il avait douze ans. Cela avait semblé injuste à l'époque, et d'ailleurs c'est lui qui avait résolu l'affaire de la tête coupée. Cela semblait certainement injuste maintenant alors qu'il avait dix-neuf ans, avec une belle expérience des mystères scientifiques et des enquêtes surnaturelles. Incluant un souvenir de voir Lolph et Dundgren arrêter la mauvaise personne.

Aussi, il s'était mis sur la piste de l'agent temporel rebelle, poussé en grande partie par le dépit et un peu par une inquiétude sourde. Que voulait-il pour venir ici ? Et s'il revenait plus tôt dans le passé, avant Weirdmageddon, et changeait quelque chose aux folles combinaisons de chance et de bravoure qui leur avaient permis de triompher de Bill ?

Et s'il était venu pour cela, si Blendin n'était pas le seul agent à avoir été corrompu par Bill ?

Pour toutes ces raisons, quand il avait découvert l'agent renégat grâce à ses lunettes à infrarouge, il n'avait pas hésité. Il s'était approché d'un pas nonchalant, feignant de ne pas l'avoir remarqué derrière son costume de camouflage. L'agent s'était immobilisé, pour ne pas se trahir par ses mouvements ; alors d'un geste rapide, Dipper s'était saisi de son ruban temporel avec la satisfaction qu'on éprouve quand on règle son compte à un risque minime, mais bien réel.

Il n'avait juste pas prévu que le renégat aurait aussi un blaster tout à fait traditionnel dont il serait ravi de se servir.

Il serait un peu injuste de dire que Dipper a appris à esquiver les balles avec l'Oncle Ford. Cela donnerait l'impression qu'ils se retrouvent dans des situations dangereuses plus souvent que… que cela arrive en réalité. Dipper n'a pas passé tant de temps avec lui à échapper à des horreurs technologiques ! Moins qu'à l'écouter, les yeux brillants, raconter ses propres aventures de ce type dans d'autres dimensions.

Il n'en avait pas moins pensé à Ford avec reconnaissance alors qu'il esquivait les trois ou quatre premiers tirs, fuyant à toutes jambes. Il s'était dissimulé derrière un arbre, cherchant les quelques secondes nécessaires pour tirer le mètre ruban et chercher refuge quelques jours plus tôt, à défaut de pouvoir aller quelques kilomètres plus loin.

Et bien sûr, juste à ce moment, pile un peu trop tard, Lolph et Dundgren étaient apparus, et lui avaient tiré dessus sans raison apparente, lui laissant juste le temps d'allonger les bras devant lui pour que ce soit la machine à voyager dans le temps qui explose, plutôt que son estomac.


Ne pas utiliser pendant que vous vous faites tirer dessus est certainement un avertissement standard sur l'emballage de ces machines. Celui que Dipper n'a jamais eu l'occasion de lire.

Il jette un coup d'œil paniqué et totalement superflu au ciel. On pourrait imaginer que s'il s'y trouvait une grande fissure en forme de croix il l'aurait déjà remarquée, mais être rassuré ne coûte rien.

Non, il a "juste" voyagé dans le temps par accident. Et à en juger par l'absence du Shack, c'est soit un passé lointain, soit un futur peu engageant.

Où - quand - peut-il être ? Les arbres semblent plus denses, plus sauvages. Peut-être le passé, donc ? Dipper a de sérieux doutes sur la capacité de l'humanité à inverser les catastrophes écologiques, donc il va partir de cette supposition.

Point positif : des arbres verts. Point négatif : bien sûr, ce n'est pas dans le passé que les pièces de rechange pour machines à voyager dans le temps seront disponibles à un prix abordable.

Son esprit essaie déjà d'imaginer des plans pour rentrer chez lui. Car bien sûr, il va réussir à rentrer ! Il est hors de question qu'il ne revoie jamais Mabel, Stan et Ford, ses parents… la question est juste de savoir comment.

Plan A : il retourne au site de son accident.

"Hey, les agents temporels !" lance-t-il à l'espace vide. "Vous êtes censés réparer les anomalies temporelles ? Vous savez quoi, j'en suis une ! Je ne devrais pas être ici ! Ramenez-moi chez moi avant que je marche sur un papillon, ou que je vende mon téléphone portable au MIT !"

Personne ne lui répond. Ce n'est pas une surprise. L'échelle des rubans temporels est logarithmique, et les trajets longs sont assez imprécis. Ils demandent souvent de nombreux trajets secondaires en guise de correction.

De façon plus durable, il trace le même message dans l'écorce d'un arbre et attend. Personne. Il commence à s'ennuyer.

"Vous avez conscience que je l'ai eu pour vous, j'espère." rajoute-t-il pour passer le temps. Puis "Ma soeur voudrait savoir si vous sortez ensemble, pendant qu'on y est."

Rien ne se passe.

Plan C : aller se renseigner sur la date pour l'ajouter à son message.

Alors que Dipper se dirige vers Gravity Falls, il se prépare mentalement à tomber sur un espace vide, une tribu d'adorateurs de Bill, une meute de loups ou des cow-boys à la gâchette facile. (pas de dinosaures, heureusement, parce qu'à leur époque, l'herbe sous ses pieds n'existait pas encore).

Il est presque surpris quand il découvre une ville presque semblable à celle qu'il connaît. Les routes sont goudronnées, les voitures roulent, l'enseigne du Greasy Dinner est toujours là - déjà là -, quoique plus neuve. Et le premier journal sur lequel il met la main indique le 31 août 1976.

"Si tu le lis, tu le paies !" s'exclame le vendeur. Dipper le repose comme s'il lui avait brûlé les doigts.


La première chose qui lui passe par l'esprit est que c'est son anniversaire.

Mais bien sûr, c'est faux. Quand il a quitté son époque, il était en plein mois de juin 2019. Le voyage dans le temps est insupportable, il décale tout ! Et puis, un anniversaire sans Mabel ne compte pas. Il se promet fermement de ne rien fêter de la sorte jusqu'à ce qu'il soit rentré.

Non, il ne faut pas penser à être coincé à cette époque !

Et pourtant, son esprit commence déjà à analyser, se rappeler. 1976. La guerre du Viet-Nam est finie. La guerre froide continue. Le président Ford remplacé par le président Carter - plus tard dans l'année. Les premiers succès internationaux de Babba. Les dents de la mer - ha non, c'était l'an dernier.

Il passe la nuit ici. Quand il se réveille, il a des courbatures et aucun agent temporel n'est passé. Alors qu'ils ont eu des décennies, des siècles, pour trouver le message qu'il leur a laissé ! Dipper est affligé par leur incompétence, mais pas vraiment surpris.

Eh bien, s'ils veulent le retrouver maintenant, il leur faudra faire un peu plus d'efforts. Dipper ne compte pas passer une nuit inconfortable de plus avant de mettre en route le plan D.

C'est l'époque où le train passait encore à Gravity Falls. A l'aide de la Clé Présidentielle, Dipper teste plusieurs wagons de marchandises, jusqu'à en trouver un qui transporte de la nourriture. Quitte à être hors-la-loi et se faire prendre, autant voler plusieurs choses à la fois pour un maximum de confort. C'est ce qu'il dit toujours. Ou plutôt, c'est ce qu'il dirait s'il était plus souvent dans de telles situations, conclut-il en mangeant des nachos à la caisse.

Et puis, pendant qu'il existe sans aucune identité légale, c'est le moment de cambrioler quelques épiceries et quelques banques, n'est-ce pas ? Il ne prend pas grand chose et referme les portes derrière lui, au point qu'il doute qu'on se rendra compte de ses prélèvements avant le prochain inventaire - mais il est là pour la survie et pour le défi, pas pour la célébrité. Même s'il se sent si efficace qu'il la mériterait probablement.

Au fil des jours, des gares et des trains, il se rapproche peu à peu de son objectif. La dernière partie du trajet est faite en auto-stop avec cinq ou six hippies dans un van.

"Justement, nous faisons déjà le détour !" s'exclame la conductrice, une jolie fille noire avec une coupe afro. Dipper est presque certain qu'elle invente cela par gentillesse, pour qu'il n'ait pas l'impression de s'imposer. Ils sont d'ailleurs tous aussi généreux, ne lui demandent rien en échange du service qu'ils lui rendent, et lui proposent même trois joints et deux fellations, qu'il refuse avec embarras.

Pour leur rendre la pareille, il essaie de les persuader que prendre des actions chez Apple paiera à long terme (il n'est pas certain de les convaincre) et leur assure que Carter sera élu à la place de Ford.

"Tu entends ça, Ford," lance une des filles, celle qui lui a fait des avances. "Fini pour toi, la Maison Blanche !"

Dipper sursaute. Il tourne vivement la tête, sans savoir s'il serait plus choqué par la présence ici du président Gerald Ford ou de son grand-oncle.

Et il réalise seulement à ce moment, par la vertu d'un grand nez et de quelques images vues sur un écran il y a des années, qu'il a voyagé avec Fiddleford McGucket pendant des kilomètres, sans s'en rendre compte.

"Qu'est-ce qui t'arrive ?" demande le garçon qui s'intéressait à Dipper aussi. "Tu as vu un fantôme ?"

"Presque." répond Dipper avec le plus grand sérieux. "Je suis un peu psychique, comme je vous disais avec les élections, et je viens d'avoir une intuition." Il se tourne vers McGucket. "Tes amis de la fac t'appellent Fidds, mais ton meilleur ami t'appelle F."

Il est à peu près certain de sa chronologie. Ford s'est parfois confié à Dipper, lui a raconté les erreurs de son passé, pendant des longues après-midis où chaque seconde laissait Dipper à la fois plus extatique d'avoir la confiance de Ford, et plus déchiré de ne pas pouvoir le rendre heureux et l'aider à se pardonner.

McGucket fait la grimace, et tous les occupants du van éclatent de rire.

"Ok, je commence à te croire," dit la conductrice. "Je jetterai un œil à cette entreprise d'ordinateurs."

Une fois la confusion passée, Fiddleford sourit aussi.

"Je devrais te présenter l'ami en question, d'ailleurs, si tu es nouveau à Backupsmore. Il est fou de tout ce qui est surnaturel."

"Ca serait super !" s'exclame Dipper, maîtrisant les battements de son coeur. Il ne pensait pas que ce serait aussi facile.