Nom : Daughter.
Auteur : April.
Disclaimer : Pff… Tout le monde le connaît, ce stupide refrain… "Pas à moi, etc..."
Genre : À définir.
Note aux lecteurs : Cette fiction est une petite (et longue) histoire, venue tout juste au moment de l'écrire. Un semblant de scénario sur fond de live complet. (- . -) Premier chap' plutôt court, on verra pour la suite...
Enjoy.
I
« Vous avez trois nouveaux messages. »
Et aucune envie d'en écouter un seul. Tss, salope. Ta voix de crécelle, tu peux te la garder.
Si je reste chez moi, c'est pour être tranquille. Si je ne réponds pas, c'est par manque d'envie. Les concepteurs de téléphones sont-ils à ce point stupides ? Si les gens ne décrochent pas, c'est tout simplement parce qu'ils ne veulent pas recevoir de message. Et puis leurs 'bip' m'agacent. Qu'ils cinglent donc ailleurs.
« Miyavi, c'est Ruki… »
Tout sauf lui… Sale traître.
« Que notre rupture te blesse, ça, je m'en fous… (C'est ça, mon grand, ricane.) Je ne fréquente pas les putes, mais je suppose que tu le sais. »
Oh oui, pauvre con. Maintenant je sais.
« Seulement voilà, ton manager me saoule, à piquer des crises tous les quarts d'heure, à annuler date sur date et à me harceler dans les couloirs… Ca me fout déjà la gerbe d'entendre parler de toi, alors vingt fois par jour, non merci, pas moyen… T'as intérêt à revenir très vite, sans quoi tout Gazette débarque pour défoncer ta porte. T'es prévenu, à demain. »
C'est ça ; à jamais.
« Miyavi, c'est ton manager qui te parle, alors sors de chez toi tout de suite ! Tu viens déjà de louper une émission télé, et puis… »
Et puis rien, débile. À la flotte, le téléphone. Apprécions le silence.
Je l'avoue, je ne sors plus. Ne bouge pas, ne travaille plus. Ma guitare prend la poussière depuis près de cinq jours. Je ne décroche plus le combiné téléphonique. Je suis devenu un de fantôme de chair. Quelque chose d'intuitif, une poupée vivante. Je passe mes journées à ne rien faire, sinon la regarder.
Elle marche, cette fois-ci. Enfin, vous me direz, elle a déjà six ans. Mais elle ne bougeait pratiquement pas, la dernière fois. Elle n'avait qui trois mois et ne lisait jamais.
Aujourd'hui elle traîne, assise en tailleur, sue ce vieux canapé qui semble désormais être l'un de ses précieux refuges. Un manga sur les genoux, elle se concentre. Absorbée.
C'est mignon, à cet âge, car cela ne sait pas encore que vivre est un supplice. Néanmoins cela connaît les goûters de quatre heures.
« Dis… »
Pas la peine, je connais. Chocolat chaud et gâteaux sans sucre.
La cuisine est dans un état épouvantable, depuis que la gamine en a proprement fait son espace personnel. Poupées et rubans stagnent sur la table. Le maquillage qu'elle a sorti aura bel et bien servi. Enfin, sur les murs. L'immaculée blancheur de cette pièce est aujourd'hui couverte de noir, de rose, de rouge. Une horreur ; son plaisir.
Je m'assoie sur une chaise en attendant que le lait chauffe. Comment peut-elle rester aussi calme, la petite ? Ca ne fait même pas une semaine que sa maman est morte, pourtant je ne l'ai même pas vue pleurer. La force ou la honte, peut-être. De toute manière elle parle très peu, et ne connaît même pas mon nom. C'est toujours des monosyllabes, des : « Dis », « Euh », « Oui », « Non » et autres petits signes de tête. Je ne suis même pas sûr qu'elle parle notre langue.
En même temps sa mère l'avait emmenée en Amérique. Et elle ne me serait jamais revenue sans accident.
Elle est là, contre la porte. Elle m'observe, attentive. Je lui souris un peu, pour la rassurer. Mais le cri de la sonnette de l'entrée la pousse à rejoindre son canapé chéri.
Merry s'y met aussi, visiblement. Gara est flanqué là, dans le couloir. Sans même lui ouvrir ma piaule, je lui persifle :
« Toi aussi, tu me harcèles ?
- Mais c'est qu'il serait devenu paranoïaque, en plus… Aller, cinq minutes. Je ne suis pas là pour te faire la morale, juste venu voir si les rumeurs étaient fondées.
- Quelles rumeurs ?
- T'as eu un gosse, toi ? »
Et m…, hein. Ceci dit, je savais bien que mon arrivée à l'aéroport, six jours plus tôt, n'allait pas se faire sans journaliste de garde, bien que j'eus espéré le contraire. Et bah youpi, hein. Défaite.
Mieux vaut laisser Gara entrer.
« Oulà, Miyou... Si tu voyais ta tête… »
Je l'imagine d'ici – et cela me fait peur. Le chanteur me sourit, regarde à droite et à gauche.
« Alors, fait-il, où est donc passé le Miyavi miniature ?
- C'est une fille, triple imbécile.
- Oh, tu sais, t'es pas bien masculin. »
File en Enfer. Mais avant attends.
« Il faut que je t'explique…
- Si c'est elle, elle est mignonne. Le hic c'est que le patron te demande de la virer.
- Le 'hic', comme tu dis, c'est que je n'ai aucun patron. »
Et qu'elle est ma fille. À moi.
Gara sourit, passe un bras autour de mes épaules. Il est rassurant, comme type. Le genre à qui on peut se confier facilement. Comme ce soir, en somme.
« Aller, fait-il. Ne perdons pas de temps et raconte-moi tout ça… Tu veux bien ? »
J'acquiesce. Let's go.
To be continued.
