B'soir! Je me suis amusée à développer un peu encore mon arc personnel. Il y a donc des références aux deux fics précédentes, pour les comprendre parfaitement, mieux vaut les lire^^
Comment le groupe a-t-il découvert la relation de Jack et Ianto? Ce premier chapitre se penche sur Owen, et indirectement Tosh. Il est dédié à chrismazz :) Merci à ma bêta evalyre pour son aide!
Disclaimer: Rien ne m'appartient. Sik.
Ces détails qui ont leur importance
Chapitre 1
Un rire venu de l'étage tira Owen de l'analyse du flacon dans laquelle il était plongé. Relevant la tête, il tourna les yeux vers le bureau de Jack, d'où provenaient d'autres sons identiques. La porte s'ouvrit, et il distingua un «Dans tes rêves, Harkness!» avant qu'une autre voix masculine ne rétorque «Nan, dans mes rêves, tu..». Owen n'eut jamais l'occasion de savoir ce que l'imagination délirante de son chef lui avait encore procuré comme idée lubrique -à son grand soulagement, merci bien- car la porte se referma vivement. Le silence tomba pendant quelques minutes, puis Ianto émergea du bureau, les lèvres légèrement rougies et les yeux brillants.
Le médecin roula des yeux et, ignorant volontairement ce détail, se replongea dans son travail -certains étaient des professionnels. Il entendit donc sans le voir le jeune homme descendre allégrement les marches et se diriger vers les ordinateurs.
«Café, Tosh?
-Oh oui, merci!»
Les pas reprirent, se dirigeant cette fois vers lui.
«Owen?»
Celui-ci releva la tête pour rencontrer le visage souriant du Gallois, accoudé à la balustrade entourant la zone médicale. Une vision toujours étrange et déplacée pour lui qui se souvenait d'un Ianto fermé et sombre, mais clairement agréable. Avant qu'il ne s'en rende compte, un sourire vint étirer ses propres lèvres et il répliqua :
«Yep! Bien noir, ce sang est une saloperie!»
S'il fut surpris de la réponse inhabituellement polie de son collègue, Ianto n'en montra rien, et c'est presque en gambadant qu'il fit demi-tour, se dirigeant vers la cuisine. Owen le regarda faire, avant de secouer la tête. Si on lui avait dit qu'un jour, il serait heureux de savoir que deux de ses collègues fricotaient ensemble... Mais quand on voyait la dépression dans laquelle le gamin était tombé, il n'y avait pas encore si longtemps, le changement était plus qu'appréciable, et tant pis si cela rendait le médecin ridiculement paternaliste; il préférait un Jones rieur et clairement heureux de vivre, au robot qu'il était devenu après la mort de Lisa.
Owen avait des sentiments mitigés à ce sujet: il avait haï Ianto en découvrant sa trahison, le souvenir du charnier de Canary Wharf toujours gravé dans sa mémoire des mois après la bataille. Lorsque la cyberwoman était sortie des combles, il commençait tout juste à cesser d'avoir des cauchemars au sujet de cadavres et de corps à moitié transformés et mutilés. Il en avait abattu tant… Leurs cris hantaient encore ses oreilles. Et voilà qu'il découvrait une de ces horreurs dans le Hub, amenée par un de ses collègues – quelqu'un sensé être de toute confiance, bordel!
Suzie aussi, lui souffla une petite voix vicieuse qu'il repoussa immédiatement, refusant de penser à la jeune femme.
Ce n'était pas pareil. Elle avait agi par cupidité, sans se soucier du mal provoqué. Jones avait voulu sauver sa fiancée, et cela, Owen pouvait le comprendre mieux que tout le monde dans l'équipe. Il aurait donné n'importe quoi pour aider Katherine, même s'allier avec le diable. Alors oui, il en voulait toujours à Ianto pour avoir abusé de leur confiance et les avoir mis en danger mortel, mais il comprenait. Et cela apaisait un peu sa rage. Cela, et le désespoir profond dans lequel Ianto était tombé les mois suivant ce qu'Owen appelait intérieurement la «débâcle cyberwoman». En tant que médecin, il n'avait pas eu de mal à reconnaître les signes de dépression: le silence dans lequel son collègue s'était enfermé, ses regards vides, ou hantés quand il pensait qu'on ne le regardait pas, les traces de larmes séchées, les cernes noires sous les yeux… Sa maigreur, aussi. Déjà qu'il n'était pas bien gros à la base, Jones avait viré fil de fer à un moment, au point qu'Owen avait envisagé d'avertir Jack.
Mais il n'en avait pas eu besoin, justement grâce à ce dernier: le docteur ne savait pas quand et comment, mais quelque chose s'était passé, changeant radicalement l'attitude de leur chef vis-à-vis du plus jeune des employés. De distant, il était devenu protecteur, voire carrément mère poule. Un sourire amusé éclaira le visage d'Owen: il n'était pas sûr que l'intéressé apprécierait la comparaison, mais elle était réelle. Harkness avait pris le petit sous son aile, le cajolant, le laissant s'appuyer sur lui pour se remettre lentement et essayer, si c'était possible, de guérir. Et à sa grande surprise, cela avait marché, en témoignait la scène à laquelle il venait d'assister.
«Owen?»
Ce dernier sursauta, tiré de ses pensées par justement leur objet qui lui tendait sa tasse fumante. Hochant la tête, il la saisit, et vint humer le doux fumet qui s'en échappait. Un grognement appréciateur s'échappa de sa gorge. Amusé, Ianto secoua la tête avant de se diriger vers Tosh. A la réflexion, songea Owen en le regardant faire, cela avait commencé après Mary, peut-être bien ce matin où il avait trouvé les restes d'un petit-déjeuner commun dans la cuisine. Cela l'avait intrigué, mais il n'y avait pas prêté attention, trop occupé à déguster sa tasse de café matinale. C'était aussi à cette période que Ianto avait commencé à sortir de ses archives pour passer plus de temps avec eux; enfin, surtout avec Jack au départ, le rejoignant souvent dans son bureau. Il avait repris du poids, et quelques pales sourires étaient apparus de temps en temps sur son visage jusqu'alors toujours fermé. Ils étaient encore forcés, comme ceux que l'on donne pendant une convalescence difficile, mais ils étaient bien là.
Et puis, il y avait eu sa possession. Avec malaise, Owen se remémora cette chasse mémorable d'un alien capable de prendre contrôle de corps afin de se nourrir de la colère de leurs propriétaires. Ianto avait été une de ses victimes; les mots qu'il avait hurlés ce jour-là, dans la boutique, le médecin ne les oublierait jamais. La fureur et la douleur qui avaient alors émanées de lui avaient été terrifiantes, lui d'ordinaire toujours si discret. L'équipe avait réussi à vaincre l'alien, mais le jeune homme s'était effondré au sol dans le processus, et c'était Jack qui l'avait récupéré. La façon dont il l'avait tenu contre lui… La douceur de ses mains alors qu'il le calait contre son torse, le visage posé avec précaution contre son épaule.. Les chuchotements qu'ils avaient échangés, et la manière dont la main de Ianto s'était agrippée à sa chemise.. Owen s'était senti atrocement de trop face à cet échange clairement privé. Il savait que Tosh aussi, et d'ailleurs aucun des deux ne l'avait commenté. Gwen ne l'avait pas analysé de la même manière, voyant là un geste de soutien envers un ami, mais Owen n'avait pas les yeux aveuglés par le désir pour leur capitaine et avait vu plus loin.
Parce que sérieusement, qui pensaient-ils leurrer en dehors de la Galloise? Ni lui, ni Tosh n'étaient stupides. Ils n'avaient pas besoin qu'on leur hurle que quelque chose se passait pour le comprendre. Si l'échange à la boutique n'était pas assez clair, il suffisait de prêter attention à tous ces petits détails quotidiens: la manière dont ils se souriaient discrètement, du moins ils le pensaient; leurs mains qui s'effleuraient parfois; les chuchotements et pouffements dignes de deux adolescents (c'était sûrement le pire, ça, les entendre rigoler comme des gosses); la cravate pas si bien remise de Ianto alors qu'il sortait du bureau de Jack.. Le temps incroyablement élevé qu'il y passait, dans ce bureau, le Ianto ! Et pitié, qu'on ne lui parle pas de rapports ou de finances ! Owen n'était pas dupe. Leurs très nombreuses chasses au Weevils un peu trop longues pour être réalistes, aussi. Ou le fait que le si élégant réceptionniste portait parfois deux jours de suite le même costume – Oh ! Scandale! -
Bref. Il n'était pas né de la dernière pluie. Quoique ce soit, un jeu ou plus (et il avait tellement de mal à imaginer plus, tellement cela semblait impossible et inconcevable et non il ne s'engagerait pas sur ce terrain), il en avait vu les signes. Et cela lui évitait de se faire brûler les yeux parce qu'il était tombé au mauvais endroit au mauvais moment. Un frisson d'horreur le parcourut à cette pensée. Il ne manquerait plus que ça, tiens! C'était déjà suffisant de savoir que les deux autres s'envoyaient en l'air, et bien souvent pendant que eux bossaient, il n'avait pas besoin d'y rajouter des preuves visuelles. Sa santé mentale était dans l'état qu'elle était, mais il tenait aux quelques lambeaux qui lui restaient, merci bien !
La porte de la cuisine grinça, et Owen eut juste le temps de relever les yeux pour apercevoir Jack la refermer derrière lui, un sourire grivois aux lèvres alors qu'il rejoignait Ianto. Le docteur gémit. Est-ce que boire au travail était considéré comme une faute si grave à Torchwood, finalement?
A mon avis non.. *tend une bouteille à Owen*
Alors, vos avis? Oui je sais, ce n'est pas le cynique habituel, mais on sait tous que ce n'est qu'une apparence qu'il se donne. Sans être un bisounours, ce n'est pas non plus une enflure. Et j'avais envie de mettre un peu le médecin en lui en avant :), c'est fait, j'espère avec justesse!
