SEVEN ROOMS.
CHAPITRE UN. WAKE ME UP.
C'était dans la nuit du 20 au 21 septembre 2012 que le temps jusque là très chaud s'était mis à la pluie et qu'un vent, froid pour la saison, souffla sur le commissariat de Kala Langur et remonta le long du fleuve qui longeait la ville. Tout l'été, des orages violents, parfois accompagnés de grêles, avaient inquiétés les habitants. L'année s'annonçait médiocre, aussi bien du point de vue météorologique que professionnel. 21 heures sonnèrent à l'horloge du commissariat Kurosu, au moment où Shinji traversait le grand hall pour s'avancer vers un garde, qui se tenait debout devant la porte menant au département de police, penché sur la vitre du bureau d'acceuil occupé par un collègue, pas vraiment occupés ni l'un ni l'autre à leur fonction première, qui était de contrôler les allées et venus dans le commissariat. Une telle sécurité n'était pas réellement nécessaire, Kala Langur était une très petite ville, perdue dans cette immense forêt que peu de monde connaissait - mis à part les habitants de la ville elle-même. La raison en était la position de cette forêt, perdue au fin fond de la Hongrie, à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie. Il fallait deux jours de route avant d'atteindre la prochaine ville, mais c'était juste une estimation, puisque personne n'avait jamais quitté Kala Langur.
Shinji s'arrêta devant le garde qui surveillait les entrées, et tira son sac de ses épaules pour y prendre son badge. Il manqua de renverser tout son contenu sur le sol quand ses gestes devinrent plus frénétiques à mesure qu'il cherchait son badge sans le trouver. Sa patience fragile le poussa à jeter toutes ses affaires au sol au moment où il se rendit compte qu'il l'avait oublié. « Et merde. » Quand il se redressa pour s'adresser au garde, celui-ci s'était déjà penché pour ramasser son sac, le visage intrigué et légèrement inquiet de la démonstration de comportement irascible devant lui.
- Excusez-moi, j'ai l'impression que j'ai oublié mon badge. Vous pouvez me laisser passer, vous devez déjà m'avoir vu, je travaille en tant qu'officier ici.
Shinji prit le sac que lui tendait le garde et quand il leva la tête pour rencontrer son regard, il y lu de la surprise et de l'incrédulité encore plus approfondit. À en juger par la façon dont il le regardait, il ne l'avait encore jamais vu, ce qui était étrange vu la taille du commissariat. Tout le monde se connaissait presque, et le garde en question avait l'air d'avoir de l'expérience dans le métier, au vu de son âge. Il était presque impossible qu'il ne l'ait jamais aperçu.
- Officier ? Je suis désolé, mais si vous n'avez pas votre badge, vous ne pouvez pas passer.
Shinji retint de justesse une insulte de traverser ses lèvres face à la rigidité de son collègue. Le temps où les flics se soutenaient inconditionnellement était révolu depuis longtemps, pourtant dans une si petite ville, on aurait pu croire que la police était toute puissante, et que peu de questions étaient posées. Aujourd'hui pourtant, plus que n'importe quel jour, Shinji devait absolument entrer dans ce commissariat et en ressortir le plus vite possible, il n'avait juste pas eu de chance de tomber sur quelqu'un d'aussi peu coopératif. Il se détourna du garde et traversa à nouveau le hall pour pousser la porte du commissariat violemment, les battants claquant derrière lui dans un grand bruit. Il n'était que 21 heures et pourtant la nuit était déjà complétement tombée, la lune d'une rondeur parfaite éclairant clairement la route qui se dessinait maintenant devant lui, entourée d'arbres à perte de vue. Le commissariat était séparé de la ville par quelques kilomètres, mais heureusement pour Shinji, il y avait une cabine téléphonique juste devant le bâtiment. Quand il prit le combiné et composa le numéro de son supérieur, personne ne répondit et le téléphone sonna dans le vide. « Mais merde, ça s'arrête jamais ». Avec humeur, Shinji fit claquer la porte d'entrée à nouveau et se planta devant le même garde, qui recula en le voyant arriver, comme s'il s'attendait à subir son tempérament.
- Je m'appelle Shinji Hirako, appelez le capitaine, il vous dira que je suis officier et vous pourrez me laisser passer.
Cette lueur d'incrédulité traversa le visage du garde une fois de plus. Shinji se demanda une seconde pourquoi ça semblait si difficile pour lui de croire qu'il travaillait dans ce commissariat, mais, même si c'était avec réticence, le garde se pencha une fois de plus sur le bureau d'accueil et murmura quelque-chose à son collège, qui prit le combiné. En faisant ce geste, il couvrit la partit de la vitre qui était ouverte vers l'extérieur, de façon à ce qu'il ne puisse pas entendre ce qu'ils disaient. Un troisième homme arriva derrière lui, les bras remplis de dossiers qu'il semblait avoir du mal à porter sans tout faire tomber, au moment où l'agent d'accueil retira sa main pour s'adresser à eux.
- Je suis désolé, mais il n'y aucun Shinji Hirako qui travaille dans ce service.
Cette fois, c'était au tour de Shinji de rester debout les bras ballants, incrédule. Il leur avait pourtant dit d'appeler le capitaine, pourquoi il n'aurait pas reconnu son nom, ça faisait des années qu'il travaillait ici ? L'agent d'accueil reposa le combiné et adressa à Shinji un regard rempli de méfiance, mais il resta poli malgré sa flagrante envie de le mettre dehors.
- Écoutez, vous pouvez toujours rentrer chez vous et aller chercher votre badge.
À ce stade, Shinji ne répliqua pas de manière cynique, ni ne fit de remarque sur leur manque de flexibilité. Il se contenta de ressortir du bâtiment sans leur adresser un regard et passa la porte en tirant vers lui son sac pour prendre ses clefs. Heureusement, elles étaient là. À cause de l'absence de son badge, il avait eu la peur irrationnelle que ses clefs aient disparues aussi, même s'il était venu jusqu'au commissariat en voiture, comme toujours, et qu'il était impossible qu'elles se soient envolées. Il se dirigea alors d'un pas plus confiant jusqu'au parking à côté du commissariat, mais sentit son souffle se couper littéralement quand il s'arrêta devant un parking vide. Sa voiture n'était plus là, pourtant il était sûr qu'elle était juste devant le panneau « réservé au personnel ». Il la garait toujours au même endroit. Quand il entendit des pas derrière lui, il se retourna pour faire face au garde qui avait dû sortir pour vérifier ce qu'il faisait.
- Putain, je me suis fait voler ma voiture !
Dans un geste traduisant parfaitement son état d'esprit, il jeta son sac violemment qui alla s'écraser au sol et éparpilla ironiquement son contenu un peu partout, arrêtant net le garde qui avait commencé à s'avancer vers lui. Il avait dû deviner que Shinji était du genre sur les nerfs en ce moment, et ça devait être la raison pour laquelle il était sortit après lui. Il avait peut-être même prévu de le suivre, qui sait, il le prenait peut-être pour un terroriste. Avec cette idée en tête, Shinji se tourna vers le garde, projetant de lui balancer ce qu'il pensait au visage, lui faisant remarquer quel genre de commissariat c'était pour qu'une voiture se fasse voler sous leurs yeux, mais l'homme en question le devança.
- Je peux vous conduire chez vous, on va récupérer votre badge et vous pourrez aller travailler.
Pour illustrer ses mots, le garde se baissa une fois de plus pour ramasser le sac tandis que Shinji, ne sachant pas trop comment réagir face à une telle disponibilité, l'imita pour récupérer ses affaires éparpillées sur le sol, qui étaient étonnamment peu nombreuses, en majorité des papiers, des clefs ou des boites de chewin-gums. Il prit le sac que lui tendait le garde et commença à ranger ses affaires avant de se rendre compte que le geste de son interlocuteur avait été suspendu dans l'air, immobile, et qu'il n'avait pas réagit. Il leva alors la tête vers lui pour remarquer qu'il regardait maintenant tous les papiers et semblait chercher quelque-chose, qu'il ne trouvait visiblement pas.
- Vous n'avez pas de permis de conduire ?
À ces mots, Shinji baissa la tête vers le sol, et remarqua qu'en effet, il y avait de nombreux papiers officiels, mais son permis de conduire était aux abonnés absents. Exactement comme son badge, c'était comme si un imbécile s'était amusé à lui prendre tout ce qui étaient en rapport avec son travail ou son identité, mais lui avait laissé ses clefs et ses documents officiels qu'il gardait toujours sur lui par précaution. Peut-être que c'était Hiyori, il l'avait vu prendre des bonbons dans son sac le matin même, il l'avait ensuite quitté des yeux, mais elle avait peut-être prit son badge et son permis de conduire. Décidément un boulet. En omettant de répondre, Shinji reprit d'un geste assez brutal une pile de papiers que tenait le garde, qui semblait très occupé à les lire et relire, pour une raison quelconque. Quand Shinji se releva, il attendit que son collègue fasse de même et ne dit rien quand il repartit dans le commissariat. Il devait sans doute assigner quelqu'un d'autre à son poste qu'il allait quitter temporairement. Quand il revint cela dit, il n'était pas seul, l'agent d'accueil l'accompagnait. « Un de plus un de moins, quelle importance. »
La route avait été courte, et la voiture plongée dans le silence. Shinji était de ces personnes que les silences rendent mal-à-l'aise, alors habituellement, il aurait été très inconfortable pour lui de passer 20 minutes en compagnie de deux policiers aussi peu loquaces, mais s'ils avaient parlé, il aurait pu dire des choses qu'il aurait regretté. Tout ça ne serait pas arrivé en premier lieu s'ils avaient eu l'obligeance de se montrer un peu plus souples et l'avaient laissé passer, alors qu'il était déjà très pressé et qu'il voulait juste entrer dix minutes et ressortir sans faire d'histoire. Quand ils arrivèrent à l'adresse que leur avait indiqué Shinji, il descendit de la voiture et claqua la porte sans attendre les deux autres policiers. Il prit ses clefs dans son sac, qui elles aussi étaient heureusement toujours là, et les glissa dans la serrure. Quand il poussa la porte cela dit, elle ne s'ouvrit pas, et il remarqua à cet instant que la clef ne passait pas bien dans la serrure, et qu'il ne pouvait pas l'enfoncer à fond pour déverrouiller. Surpris, il retira les clefs et tenta une nouvelle fois d'ouvrir. Il ne se souvenait même pas avoir verrouiller la porte, il y avait toujours quelqu'un chez lui alors il ne fermait réellement que la nuit. Il frappa à la porte au moment où les deux policiers, alertés par le bruit qu'il faisait, l'avaient rejoint. Shinji resta comme pétrifié quand une femme dont il ignorait totalement l'identité ouvrit la porte.
- Putain, mais vous êtes qui vous ?
Étrangement, la femme ne réagit pas à l'agressivité de son « invité » et l'ignora, adressant un signe de tête aux officiers qui, eux aussi, semblaient très calme dans cette situation. Elle sembla même les interroger du regard, comme pour demander ce qu'une boule de nerfs pouvait bien faire devant sa porte à une heure aussi tardive.
- C'est pas à eux que vous devez vous adresser, je vous demande ce que vous faites chez moi !
Si les policiers en uniformes n'avaient pas été là, il était sûr qu'elle lui aurait fermé au nez, là, avec sa propre porte. Shinji se tourna vers ses collèges, leur lançant un regard qu'ils manquèrent, l'agent d'accueil avait même l'air d'en avoir marre, comme si toute cette situation lui faisait réellement chier.
- Écoutez ma fille vit ici, je vous demande de virer cette femme de chez moi !
- Votre fille, bien sûr...
C'était l'agent d'accueil. Il s'était avancé et attrapa le bras de Shinji fermement, prévenant probablement un quelconque geste violent ou quelque-soit ce qu'il prévoyait d'arriver. Shinji tenta de se dégager, mais à la seconde où cette pensée lui traversa l'esprit, il sentit quelque-chose de froid et métallique sur sa peau. Quand il baissa la tête, il se rendit compte que c'était le contact des menottes que lui passait l'agent qu'il sentait sur ses poignets. À cet instant, il entendit des brides de la voix du garde : « Nous avons un homme perturbé devant Cassandra Street... ». Quand il tourna la tête vers lui, il se rendit compte qu'il s'était éloigné, il était maintenant penché dans la voiture, la radio de police à la main. Quand à l'agent d'accueil, il adressait un sourire d'excuse à la femme.
Ichigo se réveilla brusquement. Ou plutôt, il avait eu l'impression de se réveiller, comme s'il émergeait d'un sommeil long et profond, mais il était assit, et sa respiration était rapide et lourde, comme s'il avait courut. Perdu, il regarda autour de lui pour se rendre compte qu'il n'était pas chez lui, mais dans une pièce entièrement blanche et vide, excepté le lit sur lequel il était assit, placé au beau milieu de la pièce. Il baissa les yeux, et se rendit compte avec stupéfaction qu'il était attaché : ses chevilles et ses poignets étaient reliés par des sangles au lit, celles des poignets étaient assez souples et longues pour qu'il puisse s'assoir, mais pas assez pour qu'il se lève. Ichigo tenta de se rappeler la raison pour laquelle il serait ici, mais le dernier souvenir qu'il avait, était qu'il était revenu des cours plus tôt, qu'il était rentré chez lui et qu'Orihime l'attendait. Prit d'un soudain tournis, il commença à tirer sur les cordes pour se libérer au moment où la porte en face du lit s'ouvrit, laissant entrer un homme. À la seconde où il ouvrit la porte, un bruit continu pénétra dans la pièce, comme des chaises qu'on bouge, ou des voix. Et quand l'homme referma la porte, le silence retomba à nouveau. Dans son léger brouillard, Ichigo mit du temps à réaliser que la pièce devait être insonorisée. Le bruit qu'il avait entendu l'avait un peu rassuré, de même que la présence de l'homme qui s'était avancé et était maintenant assit sur le lit près de lui. Il était très beau, et bêtement, c'était quelque chose qui le mettait légèrement plus à l'aise.
- Qu'est-ce que je fais là ? Qui êtes-vous ?
Quand il prononça ces mots, l'homme en face de lui parut profondément déçu, et même peut-être un peu triste. Il se leva et fit quelques pas en contournant le lit.
- Je m'appelle Umesh Pandey, et je suis psychiatre. Ici, vous êtes dans un hôpital, un institut spécialisé.
Encore légèrement dans le vague, Ichigo mit du temps à traiter l'information. Un institut. C'était comme si les mots de l'homme étaient trop compliqués et trop rapides, et qu'il devait réfléchir avant de comprendre ce qu'il disait. Un goût de bile envahit sa bouche quand il commença à comprendre. Un hôpital ? Un institut spécialisé ? La chambre blanche, et les sangles... Il ne pouvait qu'être dans un hôpital psychiatrique, mais pourquoi ? La dernière chose dont il se souvenait, c'était être rentré chez lui et trouver Orihime... L'homme interrompit ses pensées, quand il se plaça à nouveau en face de lui et se pencha pour attirer son regard.
- Ne vous inquiétez pas, je vais vous enlever ces sangles, on vous les a mises parce que vous étiez agité. Vous êtes dans la Stamina View, on y place les patients pour qu'ils se calment. Si vous promettez d'être sage, je vous détache et je pourrais vous emmener dans votre chambre.
Le brouillard dans sa tête se dissipait peu à peu, et Ichigo eu moins de mal à comprendre cette dernière phrase de l'homme. Il réalisa seulement que l'homme, un docteur, lui avait dit son nom. Umesh. C'était comme si maintenant qu'il savait ça, il le voyait à nouveau. Il voyait l'éclat sombre et brun de sa peau, et ses cheveux mi-longs, dont quelques boucles noirs corbeaux lui tombaient devant les yeux. C'est comme s'il n'avait vu qu'un masque de chair, et que maintenant qu'il connaissait son nom, il pouvait vraiment voir son visage.
Le docteur prit son mutisme comme une réponse positive et s'avança, entreprenant de détacher les sangles qui l'entravaient. Quand elles furent toutes enlevées, Ichigo se leva brusquement, comme soudainement réveillé, et le docteur se plaça vivement devant lui, bloquant toute tentative. Se rendant compte que son geste pouvait être prit comme un comportement violent, Ichigo s'arrêta immédiatement. Le brouillard dans son esprit avait disparut, et il était maintenant en bonne possession de ses capacités mentales, assez pour savoir qu'il était dans un hôpital psychiatrique et que pour le moment, on ne lui avait pas encore expliqué clairement ce qu'il y faisait. Et la simple idée de se retrouver dans un tel institut était intimidant, surtout sans savoir la raison de sa présence ici. C'est quand le docteur lui fit signe de le suivre hors de la chambre qu'il se rappela clairement, comme des flashs devant ses yeux. Quand il était rentré du lycée, il avait trouvé Orihime allongée sur le lit, dans une position qui laissait presque penser qu'elle était morte, une seringue plantée dans chaque bras, même dans les veines du pied. Ils avaient l'habitude de fumer quelques fois, lui ne prenait que des drogues légères, mais il savait qu'Inoue supportait la pression des cours et de ses examens en prenant quelque-chose de plus lourd. Quand il était rentré, peut-être qu'elle l'avait fait prendre quelque-chose avec elle, quelque-chose de plus fort. Ça devait être la raison pour laquelle il était là, et dans ce cas Orihime devait y être aussi. La simple idée d'avoir quelqu'un qu'il connaissait avec lui rendait la situation légèrement moins oppressante, et Ichigo revint à la réalité au moment où le docteur s'arrêta en plein milieu du couloir, devant une porte portant le numéro 12.
- C'est votre chambre à partir de maintenant, contrairement aux autres fois, vous la partagerez avec un autre patient. Je viendrai vous chercher demain.
Le docteur illustra ses mots en ouvrant la porte, et Ichigo entra dans la pièce machinalement, même s'il n'avait pas vraiment fait attention à ce qu'il disait. Les mots « autres fois » restaient gravés dans sa tête. Qu'est-ce qu'il avait voulu dire ? Une voix de femme le tira de ses pensées.
- Alors tu es mon nouveau roommate. J'espère que je suis pas tombée sur un psychopathe.
Ichigo leva les yeux vers cette voix. Il remarqua à cet instant qu'il n'était pas seul dans la chambre, une femme était assise sur l'un des lits. Sa maigreur frappa Ichigo comme un coup de poings. La femme qui se tenait sur le lit était déjà très petite, sûrement moins d'1m50, une taille qu'il pouvait presque deviner grâce à l'intraveineuse relié à son bras, qui glissait aux côtés de son lit au moindre mouvement de sa part. Sa corpulence si fragile soulignait davantage sa petite taille. Quand elle sentit son regard, elle leva les yeux de ses ongles, qu'elle était en train de vernir. Ses yeux étaient saisissants, sombres comme la nuit. Elle avait l'air de ces personnes qui ont le parfait contrôle d'eux-mêmes, malgré les cernes profondes et violacées qui entouraient ses yeux, et son teint pâle, qui traduisait sûrement un manque de sommeil chronique. Elle s'était levée et se tenait maintenant devant Ichigo, à une distance de sécurité, comme si elle craignait qu'il ne pique une crise et délire, ce qui était une crainte compréhensible. Une méfiance partagée.
- Je m'appelle Rukia, et je te rassure, je ne suis pas une malade mentale. Je ne vais pas t'éventrer pendant ton sommeil.
Ichigo suivit Rukia des yeux pendant qu'elle retournait sur son lit et rangea son vernis à ongles dans ses tiroirs, à moitié rassuré. Elle avait beau dire qu'elle n'était pas folle, la plupart des patients devaient dire la même chose, ça ne voulait pas dire qu'elle ne l'était pas. De toute façon, il ne resterait sûrement pas longtemps, il devait avoir été amené ici pour désintoxication, ce qui ne devrait pas lui prendre bien longtemps puisqu'il n'avait prit que quelques doses, et sûrement peu, puisqu'il ne s'en souvenait pas. Ou peut-être que ce manque de souvenirs prouvait justement l'inverse. En tout cas, il ne sentait aucun effet de manque, du moins pour l'instant.
- Appelle-moi Ichigo. Et ne t'inquiètes pas toi non plus, je vais pas rester longtemps. J'ai rien à faire ici.
Ichigo se laissa tomber assit sur son lit, geste qui le poussa à faire face à Rukia, assise en face de lui. Elle semblait le dévisager, comme si elle cherchait des signes de dégénération mentale sur son visage. Quelque-soit ce qu'elle cherchait, elle sembla satisfaite de ce qu'elle vit, parce qu'elle se détendit, et Ichigo entendit ce qu'elle murmura. « C'est vrai que tu as l'air inoffensif, vu de près... »
En une seconde, Rukia s'était levé du lit et était maintenant assise à ses côtés, oubliant la distance de sécurité qu'elle s'était donné initialement. Ichigo tourna les yeux vers elle et soutint son regard, un geste qu'elle dû percevoir comme un encouragement, parce qu'elle appuya ses mains sur sa poitrine pour le renverser en arrière, et se pencha sur lui avec des objectifs très claires. Il ne fallu pas longtemps à Ichigo pour réagir et, d'un geste vif, il repoussa Rukia qui bascula sur le côté et tomba du lit dans un bruit sourd. Elle devait s'être fait mal, mais elle se redressa et lui adressa un regard blessé, et Ichigo fut surpris de l'expression qui planait maintenant sur son visage, qu'il n'arriva pas à déchiffrer.
- Tu me trouves grosse ?
Surpris, Ichigo ne répondit pas tout de suite, et Rukia se leva précipitamment pour se diriger vers son lit, tirant dans son mouvement un lourd rideau qui servait apparemment à séparer la chambre en deux, qu'il ne remarqua que maintenant. Il n'arrivait pas à comprendre l'expression qui s'était affiché sur son visage. Peut-être que c'était ça, le regard des fous.
Ah oui, j'allais oublier. Comme c'est la première fanfiction que je publie sur ce site, j'accueillerai toute critique avec la plus grande gratitude. Je prends l'écriture très au sérieux, comme vous pouvez le constater avec ce premier chapitre qui annonce assez clairement que plot et mystery seront au premier plan. J'ai l'intention de m'améliorer autant que possible et pour ça, des commentaires constructifs seraient très appréciés. À part ça, j'espère que vous aimez. Faîtes-moi savoir, d'accord ? Prochain chapitre dans une semaine !
