Felicity

Je repose le téléphone sur la table basse pour la cinquième fois, je n'y arrive pas et pourtant je le dois, je n'ai plus le choix, j'ai repoussé l'échéance trop longtemps mais si je veux avoir une chance de retrouver mon frère je dois le contacter. Je tourne en rond dans son appartement, retourne faire des recherches sur l'ordinateur tentant en vain de trouver un petit quelque chose qui me permettrait de remonter jusqu'à mon frère mais rien... Déjà un mois qu'il m'a contacté pour me dire qu'il avait de graves ennuis, je n'ai pas eu le temps de lui demander ce qu'il se passait. La seule chose que j'ai entendu ce sont ses cris suppliant je ne sais qui de lui rendre son téléphone. J'ai hurlé comme une folle pour qu'il m'offre la chance de lui parler mais, tout ce que j'ai obtenu c'est le bruit d'un fracas et la ligne a été coupé. Depuis ce jour je ne cesse de le chercher et depuis un mois je n'ai rien. Je pousse un soupir, je n'ai plus le choix, j'ai vraiment besoin d'aide, de son aide. Je reprends le téléphone compose le numéro avec difficultés, je suis parcourue de tremblement et mon cœur bat à mille l'heure.

Lorsqu'il décroche mon cœur rate un battement, sa voix n'a pas changé, elle est toujours aussi grave et sensuelle et malgré les cinq années qui viennent de s'écouler loin de lui, mon corps ne l'a pas oublié, ni mon cœur, ni ma tête ni rien...

- Allo ? Qui est à l'appareil ?

- Oliver... C'est moi...

- Felicity... Que se passe-t-il ? Dis-moi que tout va bien, que tu vas bien...

Et là, je ne sais pas pourquoi, ni comment mais, je fonds en larme... Probablement parce qu'il est toujours aussi inquiet pour moi, parce qu'il me materne comme il l'a toujours fait enfin jusqu'à ce fameux soir où entre nous tout a été totalement différent. Oliver m'a enfin vu comme une femme et non comme la sœur de son meilleur ami et ce soir là à été la plus belle soirée de ma vie, mais il a fallu qu'il gâche tout parce qu'il avait peur de la réaction de mon frère. Il a fait la seule chose qu'il sache faire dans ces cas là. Il a posé ses lèvres sur mon front, m'a dit combien il regrettait et il est parti me laissant seule du haut de mes dix huit ans avec un chagrin intarissable et cinq ans plus tard, la plaie est toujours là, rien a cicatrisé, rien a changé, je suis toujours éprise d'Oliver Queen.

- Felicity, tu es toujours là ?

J'inspire un grand coup, essuie les larmes qui ne cessent de couler et lui répond un « oui » à peine audible.

- Parle-moi Felicity !

- C'est mon frère... Il a des ennuis.

Je l'entends inspirer profondément, avant de me demander de patienter deux petites minutes. J'entends des bruits de pas comme s'il marchait, puis je l'entends discuter avec une personne.

- Désolé, c'était ma sœur... Felicity où es tu ?

- Chez John...

Il raccroche sans me dire quoi que se soit, je regarde le téléphone interloqué, alors c'est tout ? Mon frère, son meilleur ami a des ennuis et il ne me demande rien, il me raccroche juste au nez sans demander ce qu'il se passe, sans prendre la moindre information ? Mais bon sang que s'est-il passé pour qu'il réagisse ainsi ? J'avoue ne pas comprendre, l'un comme l'autre auraient échangé leur vie pour sauver l'autre et là, Queen raccroche. Je pose le téléphone sur la table et je sens les larmes poindre de nouveau mais ce ne sont pas de larmes de tristesse non se sont des larmes de colère.

Je retourne sur l'ordinateur de John et je fouille dans ses photos, j'ouvre enfin le dossier que je m'étais interdite d'ouvrir durant le mois qui s'est écoulé. Je double clic sur le fichier nommé « mon frère de cœur » et je fais défiler les quinze années d'amitié unissant Queen et John. Pas de doute possible ces deux la semblaient encore en très bon terme ces derniers temps, j'agrandis la dernière photo d'eux, ils tiennent chacun un verre qu'ils entrechoquent et se sourient comme deux gamins. C'était apparemment lors de la soirée d'inauguration de la discothèque de Thea. Je ferme le tout et m'affale contre le dossier sans rien comprendre.

Oliver

C'est déjà la quinzième fois que je tente d'appeler John et il ne répond toujours pas alors qu'il était censé rentrer aujourd'hui. Il m'agace par moment mais je ne lui en veux pas pour son silence, il a passé un mois auprès de sa sœur qui vit maintenant loin de Starling, enfin c'est ce qu'il m'a dit... J'étais super heureux de savoir qu'après tout ce temps ils avaient renoué le contact... Felicity... Rien que de penser à elle mon cœur bat la chamade, je l'aime cette fille et pas simplement comme la sœur de John non je l'aime comme ce n'est pas permis. Si John l'apprenait il me tuerait, il a été très clair lorsqu'il me l'a présenté ce fameux soir d'automne. Felicity et lui venaient de perdre leurs parents dans un tragique accident de voiture, enfin Dig n'a perdu que sa mère tandis qu'elle, elle a tout perdu ce soir là. Je me rappelle cette première fois où j'ai posé le regard sur elle, elle était recroquevillée sur elle même installée sur le canapé de Dig, elle avait les yeux bouffis, le teint blafard et les cheveux retenus dans une queue, quelques mèches s'échappaient de l'ensemble lui donnant l'air encore plus malheureuse qu'elle ne l'était déjà. Elle n'avait que quinze ans à l'époque et portait sur ses épaules toute la misère du monde.

Ce soir là, elle ne m'a pas accordé un seul regard mais moi, je l'ai détaillé, d'une parce qu'elle ne ressemblait vraiment pas à Dig, et de deux parce que malgré nos six ans de différences je la trouvais très jolie.

Les années ont passé et Felicity s'est ouvert au monde et plus le temps filé plus j'en tombais amoureux, je n'avais d'yeux que pour elle mais je ne pouvais en aucun cas le montrer, je faisais le maximum pour garder mes sentiments pour moi enfin jusqu'à ce fameux soir. La veille de son départ pour intégrer une très grande université j'ai craqué. Nous avons passé la soirée tous ensemble dans une discothèque et comme John semblait s'amuser avec une jolie jeune fille il m'a demandé de raccompagner Felicity, je n'ai pas refusé au contraire j'étais heureux de partager un moment en tête à tête avec elle avant qu'elle ne parte pour de bon. Rien que d'y penser ça m'a brisé le cœur. Nous nous sommes installés dans la voiture et durant tout le trajet nous avons échangé sur ce qui l'attendait à l'université, j'avoue que je ne lui ai pas été d'un grand secours, l'école et moi nous n'étions pas très amis, moi ce qui m'intéressait c'était la bagarre et j'étais plutôt doué dans cette discipline, je passais mon temps à me battre, pas dans les rues, sur un ring.

Le trajet à été court, je suis descendu rapidement pour lui ouvrir la portière, j'ai saisi sa main et comme chaque fois lorsque nous nous touchions, je sentais ce petit courant électrique me parcourir le corps et les frissons effleurer ma peau. C'était un sentiment super agréable quand j'y repense et je donnerai n'importe quoi pour le ressentir de nouveau.

Je l'ai raccompagné sur le pas de sa porte et pris d'une impulsion j'ai posé mes lèvres sur les siennes, et tout deux nous nous sommes perdus dans un baiser enflammé. J'ai passé mes mains sous ses cuisses de façon à pouvoir la porter, je me suis avancée dans l'appartement qu'elle partageait avec son frère et l'ai emmené dans sa chambre. Je l'ai posé délicatement sur le lit sans que nos lèvres ne se détachent et ensuite tout s'est passé comme dans un rêve, nous nous sommes déshabillés lentement, j'ai embrassé chaque parcelle de son corps en prenant mon temps, je lui montrais par des caresses et des baisers combien elle était belle, elle m'a rendu la pareille. Ce soir là, nous avons fait l'amour avec passion, puis une seconde fois avec tout l'amour qui nous consumait, nous avons atteint des sommets. Lorsque nous sommes revenus à nous, j'ai serré Felicity contre moi, j'ai posé mes lèvres sur sa joue puis je me suis rhabillé, elle s'est vêtue d'un peignoir en satin qu'elle a noué grossièrement avant de venir se lover dans mes bras. J'ai posé la tête sur le sommet de son crane tout en la serrant contre moi. J'ai laissé une larme s'échapper, je me suis reculé doucement, je lui ai dit que je l'aimais. J'ai posé mes lèvres sur son front et l'ai embrassé avec tendresse avant de tourner les talons et de quitter l'appartement dévasté. Je venais de commettre l'irréparable, j'avais couché avec la sœur de mon meilleur ami, je l'avais aimé comme jamais je n'avais aimé mais j'avais fait une promesse et malgré les sentiments que nous avions je ne pouvais pas trahir mon ami. Je suis monté dans ma voiture, j'ai sorti mon téléphone et je lui ai envoyé un message « je suis désolé, c'était une erreur ».

Je me dirige vers la sortie du manoir lorsque je sens mon téléphone vibrer, je regarde l'écran et ne connaissant pas le numéro j'hésite à répondre, c'est vrai j'en ai marre de toute ces personnes qui ne cesse de me questionner sur la relation qu'entretient ma sœur avec ce gars qui vit dans les Glades. Ce ne sont pas leurs affaires après tout, si ma sœur l'aime je ne vois pas en quoi ça les intéresse.

Je décroche tout de même, après tout ça pourrait être un gamin qui a besoin de moi, depuis quelques temps je les entraîne sur le ring et je dois avouer que quelques uns ne sont pas mauvais.

Je réponds assez sèchement, je n'ai pas vraiment de temps à perdre d'autant plus que je tiens le bar ce soir, je l'ai promis à Thea et je ne voudrai pas être en retard. Lorsque la personne prononce mon prénom, mon corps réagi instinctivement... Felicity, bon sang ça fait cinq ans que je n'ai pas entendu le son de sa voix, ni vue, ni sentit son parfum. De suite je lui demande si elle va bien, je sais que son appelle n'est pas anodin, elle ne me répond pas, elle reste silencieuse, seul le bruit de sa respiration me permet de savoir qu'elle est toujours en ligne. Je tente de la faire parler et enfin elle le fait, elle va bien c'est John qui a des ennuis. Merde comment j'ai fait pour ne pas m'en rendre compte ?

J'entends Thea qui arrive près de moi, elle pause une main sur mon épaule, je me retourne et elle me montre sa montre tout en me disant que je vais être en retard. Je souris et lui promet que je n'en aurais pas pour longtemps. Je reprends ensuite la communication avec Felicity lui demandant où elle se trouve. Je raccroche à sa réponse... Chez John bon sang elle est chez John ! Je n'arrive pas à y croire elle est près de moi. Je décroche mon téléphone et contact Curtis un ami du club de boxe qui aime me rendre service et ce soir je vais avoir besoin de lui. Il répond rapidement et me promet qu'il sera derrière le bar dans les temps. J'enfile mon casque de moto et je roule comme un fou dans les rues de Starling en direction de l'appartement de mon meilleur ami en ne pensant qu'à elle.