Disclaimer : Hetalia ne m'appartient pas.
Ce texte, je l'imaginais court, 5 000 mots. Un truc rapide. Ce texte est rapidement devenu mon headcanon. Il est passé à 8 000 mots. Puis 11 000. Au final, 14 345. J'ai suivis le conseil de Meriwether A. Hyde, qui l'a corrigé, et je l'ai divisé en trois parties. D'ailleurs, encore merci pour le boulot Meri~
Dans mon headcanon, les Genderbend sont les Frères et Sœurs des Nations. Ainsi, Brandebourg est Fem!Prussia.
Donc, enjoy~
Les lois et les règles ne sont pas propres aux humains. Les Nations, ces êtres parfaits et supérieurs, immortels et immuables, y sont aussi soumis.
Ces lois ne sont pas des textes écrits et approuvés, pour la plupart. Mais des accords tacites respectés et enseignés, à demi-mot, aux jeunes Nations naissantes.
Une de ces lois a été énoncée au quinzième siècle. Après la mort de Jeanne D'Arc.
Le désespoir de France avait été tel, que le plus important de ces accords avait été décidé.
Il était désormais interdit d'aimer un humain.
Prusse se souvenait des sanglots, des pleurs, des plaintes de la Grande France. De la haine qu'il avait ressentit envers Angleterre. De ses longs recueillements sur sa tombe. De sa douleur, pour quelque chose qui serait forcément arrivé un jour.
Les humains meurent. Les Nations restent.
Prusse savait tout ça. C'est avec ce même regard mélancolique et rougeoyant, qu'aujourd'hui encore il regarde Allemagne et Italie se tourner autour. Plein de jalousie, aussi.
Prusse avait joué son rôle de meilleur ami. Il utilisait, depuis des années, son épaule comme d'une éponge pour les larmes de France. Ce stupide France. Quel besoin de s'enticher d'une humaine ? Il le savait, pourtant. Un jour ou l'autre, elle serait partie. Et même avant. Elle aurait grandit, vieillit. Il serait resté le même.
Prusse était morose. Pourquoi ? Pourquoi son meilleur ami était tombé amoureux d'une humaine ? Tant de souffrance et de douleur pour un être qui ne vivrait que quelques années.
C'est dans cet état d'âme qu'il se rendit au bal donné par il ne savait quel noble de Brandebourg. Sa sœur l'y avait convié et, il avait beau ne rien pouvoir lui refuser, il avait horreur des bals. Il dansait bien –il avait eu quelques siècles pour s'y faire-, mais ces derniers temps, ces Humanistes et leurs stupides idées révolutionnaires les gâchaient quelque peu. Ils étaient de plus en plus nombreux, à parler avec béatitude à propos du Nouveau Monde, du pacifisme, de l'éducation, ou, pire que tout, de l'amour. Il avait halluciné la première fois qu'il avait entendu ces Humanistes parler de sentiments avec tant de facilité. Mince, ils étaient des nobles ou haut dignitaires de Prusse, pas une bande de lavettes transies d'amour et incapables de se battre !
Ca lui faisait vraiment peur. Si ses humains étaient comme ça, il allait finir de la même façon.
-Seigneur Prusse ! Quelle joie de vous voir ici !
Ah. C'était « il ne savait quel noble ». Il ne prenait pas la peine de se souvenir des humains, mis à part ceux pour qui il avait un tant soit peu de respect, ce qui se limitait donc à ses militaires. Là, visiblement, il s'agissait de l'hôte. Une tête qui ne lui revenait pas. Pourquoi il était venu, encore ? Ah, oui, se changer les idées. France l'avait encore rendu de mauvaise humeur, à se lamenter toute la journée.
Prusse salua donc l'hôte d'un léger hochement de tête, et celui-ci sembla ravi.
-Je suis vraiment heureux de vous savoir dans mon humble demeure, seigneur Prusse…
Humble demeure ? Elle était au moins deux fois plus grande que le manoir de Prusse, et encore plus richement décoré.
-J'en suis vraiment flatté, dit la Nation. Cependant, je préfèrerais que vous m'appeliez ici par mes noms civils. J'aimerais tout autant ne pas attirer l'attention sur moi peu de gens sont au courant de notre existence.
-Oh, oui, bien sûr, excusez moi, seigneur Weilschmidt.
-Appelez-moi Jochen.
L'hôte esquissa encore quelques mots et parti saluer d'autres arrivants. Prusse en profita pour s'éloigner discrètement, à la recherche d'une quelconque femme à inviter à danser.
Il sollicita rapidement plusieurs femmes à l'accompagner, accompagnant ses demandes d'un petit sourire charmeur. Les dames gloussaient, et acceptaient avec plaisir. Il avait donc une volte prévue avec la comtesse d'Il-Ne-Savait-Où, un menuet avec la Fille-De-Quelqu'un-D'important, un autre avec La-Nièce-Du-Compte-De-Très-Très-Loin, et quelques autres qu'il avait oubliées. Mais les femmes viendraient lui rappeler ses promesses de danses en temps voulu. Il avait donc de quoi occuper toute la première partie de la soirée et puis, il aviserait la seconde.
-Hey bien, Bruder, tu as trouvé de quoi remplir ta soirée ? fit une voix nasillarde derrière lui.
Prusse se retourna pour voir Brandebourg, ayant pour une fois élégamment coiffé ses cheveux blancs et vêtue d'une robe rouge clair mettant en avant ses yeux.
-Et toi donc ? Tu as vraiment enfilé un de ses corsets qui te terrifiaient tant ?
Sa sœur roula des yeux en soupirant.
-Buda… Enfin, Ődőn est là ce soir, non ? demanda Prusse en riant.
-Tss… Jochen, va danser et laisse-moi, râla Brandebourg en s'éloignant, énervée.
-Bis bald, Hedwig !
La musique emplissait doucement la salle, et la première danse débuta. Prusse prit le bras de sa première cavalière, une marquise entre deux âges d'une réelle beauté, et l'emmena sur la piste de danse.
Les danses se succédaient, les unes après les autres. Prusse aimait profiter de ces soirées pour séduire une humaine ou deux ces nuits dénuées de sentiments était tout ce qu'il demandait. Bien entendu, les maris ou pères de ses amantes étaient toujours loin d'être ravis quand ils découvraient le pot aux roses. Quand ils le découvraient.
La musique annonça la première volte. S'il y avait une danse que Prusse n'appréciait pas, c'était bien la volte. Il la trouvait encore plus compliquée que la bourrée, et il se retrouvait toujours avec des femmes peu aguichantes pour cette danse de couple.
Visiblement, cette fois, il avait plus de chance. Sa cavalière était la jeune fille d'un compte influent, officier de renom. Elle était élégante, avec son chignon châtain savamment coiffé et sa robe bordeaux richement décorée. Elle marchait d'un pas assuré, et avait un sourire audacieux. La confiance de la jeunesse elle n'était sûrement pas encore mariée, et se fiait au « Carpe Diem » adoré de ces satanés Humanistes.
Prusse la salua d'une petite révérence, les yeux toujours fixé sur elle. C'est elle qui finirait dans son lit, ce soir. Il la gratifia d'un sourire en coin en se redressant. Sourire qu'elle lui rendit avec véhémence.
Les premiers pas se faisaient éloignés. Prusse en profitait pour jauger d'un sourire frondeur l'allure de sa demoiselle, qui soutenait son regard avec insistance.
Prusse aimait ces jeux de regards.
Leurs pas se rapprochaient, et Prusse pu enfin tenir la taille de sa cavalière. Son corset n'était pas très serré. Visiblement, elle préférait respirer plutôt que d'être belle.
-Quel est votre nom ? demanda Prusse, avec un sourire qu'il voulait séducteur.
-Anne Binder. Et le vôtre ?
-Tentez de deviner.
Anne fit la moue quelques instants, et annonça, d'un ton clair et sûr :
-Gilbert. Vous ne pouvez vous appeler que Gilbert.
C'est faux, le nom qu'il utilisait en présence d'humains était Jochen. Mais il n'allait pas commencer à la froisser, il tentait de la séduire.
-Bien joué. Mon nom est Gilbert Weilschmidt.
-Oh ! D'habitude, j'ai assez de mal à deviner les prénoms. C'est la première fois que je trouve, cher Gilbert !
Gilbert. Quel nom horrible. Vivement demain matin. Que plus personne ne l'appelle jamais comme ça. En attendant, il devait savoir si sa conquête de la soirée était une de ses Humanistes. Ca l'intéressait toujours de savoir. Ca lui donnait une raison de déprimer.
-Vous dansez étonnamment bien la volte, Anne.
-Bien entendu ! Je connais mes danses, c'est le minimum.
-Vous vous contentez de connaître des danses ?
-Non. Vous savez, certains hommes n'aiment pas ça, mais bien que je sois une femme, j'ai reçu un enseignement complet humaniste. Vous en connaissez, vous, de ces hommes ?
Lui-même, par exemple.
-Oui, j'en connais quelques-uns. Mais je ne pense pas comme eux, vous savez pour moi, une femme mérite tout autant qu'un homme l'enseignement juste et rigoureux des philosophes.
Ce qu'il ne ferait pas pour l'avoir dans son lit.
-Ces hommes devraient brûler en Enfer, un siècle ou deux, pour comprendre ça, rit Anne, en s'éloignant de Prusse en suivant les pas de la danse.
-Les Humanistes n'enseignent pas l'amabilité et la courtoisie ? fit Prusse en se rapprochant de nouveau.
-Oh, si. J'avais oublié, l'espace d'un instant. N'en prenez pas compte.
-Vous savez, je ne suis pas un modèle de savoir-vivre non plus…
Anne lui fit un autre de ses sourires en coins. Il en profita pour l'observer un peu plus. Elle était plutôt jolie. Elle n'était pas aussi belle que la marquise avec laquelle il avait dansé toute à l'heure, mais elle avait quelque chose dans sa façon d'être qui la rendait tout aussi élégante.
-Que faites-vous, la seconde partie de la soirée ? somma Prusse.
-Oh ? Je n'ai rien de prévu. Je crois que mon fiancé avait l'intention de danser avec moi, mais si vous voulez mon avis, je préfèrerais tout autant glisser dans les escaliers pour échapper à cette corvée.
La Nation rit à cette idée, et lui demanda, avec un sourire aguicheur :
-Vous préfèrerez peut-être passer le reste de la soirée avec moi ? J'apprécie énormément votre compagnie, vous savez…
-Mmh… Si vous le désirez. Mais dans ce cas, ne restons pas ici. Si je suis avec vous toute la soirée, les mondaines auront de quoi jaser.
Les dernières notes de la volte se firent entendre. Prusse fit un baisemain à Anne, et lui glissa sensuellement à l'oreille en s'éloignant :
-Rendez-vous tout à l'heure sur le balcon.
De dos, il pouvait presque entendre Anne rougir. Il aurait de quoi s'amuser ce soir.
Dieu qu'il aimait séduire les femmes.
Les deux dernières danses passaient bien trop lentement pour Prusse. Enfin, il pu s'éclipser, ayant remplit toutes ses obligations, et se diriger vers la terrasse. Anne l'y attendait déjà.
L'atmosphère calme de l'extérieur tranchait agréablement avec le bruit et la musique de l'intérieur. Ces moments durant lesquels ont passait d'un monde à un autre étaient sacrés pour la Nation. Que ce soit le fait de changer d'entourage, de salle ou même le moment où, sur le champ de bataille, il baissait le bras pour faire s'élancer ses hommes, ces secondes semblaient s'écouler avec lenteur et calme, et le monde entier se concentrer sur lui.
Il s'approcha avec un sourire de la jeune femme, qui regardait le jardin en contrebas, accoudée à la rambarde.
-Regardez, Gilbert, dit-elle en le sentant arriver, sans se retourner. Mon fiancé est partit dans les jardins avec une baronne.
La Nation s'appuya sur le balcon pour tenter de voir dans la nuit ce que Anne lui montrait.
-Ca m'agace ! Je lui dois bien plus fidélité que lui ne me la doit ! S'il se fait voir, personne ne dira rien. Si j'osais le tromper, je serais répudiée.
Prusse haussa les épaules. Il suffisait de ne pas se faire attraper…
Anne remarqua le geste de Prusse et lui sourit.
-Il suffit d'être discrets, non ? dit-elle d'un ton narquois.
Prusse ne put qu'approuver, et l'emmena avec joie se promener dans le parc.
La Nation s'attendait à devoir essuyer sans rien dire les leçons de morale d'une Précieuse toute la soirée pour tenter de la ramener chez lui pour la nuit, mais il n'en fut rien.
Anne était vraiment d'excellente compagnie. Prusse se surprit à apprécier plus qu'il ne le penser de discuter avec elle, sur tous les sujets leurs passant par la tête. La jeune femme avait dix-huit ans, et était fiancée à un haut gradé de l'armée de Brandebourg. Elle jouait du piano, de l'alto, elle parlait français, tchèque, grec, chaldéen et latin en plus de l'allemand. Elle était amatrice de poésie, notamment la poésie française, et elle avait peur de voyager, aimant trop son entourage pour cela.
Ils visitèrent le jardin de fond en comble. Admirèrent les fontaines, critiquèrent les gens qui passaient, commentaient leurs propres vies, cueillirent discrètement quelques fleurs qu'ils se nouèrent autour des poignets.
Des jardins, ils entendirent les cloches sonner. Prusse ne savait pas vraiment quelle heure il était. Il n'était concentré que sur les yeux d'Anne, lui disant au revoir, et le remerciant pour cette soirée, qu'elle aurait aimé qu'elle dure plus longtemps, mais qu'elle devait y aller, ils avaient convenu de cette heure avec son père.
Prusse ne l'écoutait plus vraiment. C'était sur ses yeux, qu'il était concentré. Ses beaux yeux bruns.
-Et bien, dans ce cas, au revoir, la coupa la Nation sans s'en rendre réellement compte. C'était une magnifique soirée.
Et il se pencha pour poser ses lèvres sur les siennes.
Ce n'était pas la chose la plus douce, la chose la plus magnifique ou un moment magique. C'était ce que c'était.
Ils restèrent quelques instants comme ça, puis se séparèrent. Anne sourit, puis monta les marches vers la terrasse, pour rentrer dans la salle de bal.
Prusse resta là, faisant la moue, se balançant debout au milieu de l'allée en jouant avec les fleurs autour de son poignet.
Mauvaise soirée. Il allait la terminer seul.
Prusse avait l'impression de passer plus de temps chez Brandebourg que chez lui, ces derniers temps. Sa volcanique sœur n'était pas de très bonne humeur. Buda, qu'elle avait invité tout spécialement à la soirée, était venu, mais accompagné. Par Vienne. Et s'il y avait une chose parmi toutes que Prusse et Brandebourg partageaient, c'était le mélange de jalousie et de haine qu'ils avaient pour Autriche et Vienne, à cause que l'importance que Hongrie et Buda leur accordait.
Et Hongrie et son frère Buda étaient de ces choses inaccessibles que Prusse et Brandebourg voulaient. Comme des enfants gâtés, ils ne désiraient que ce qu'ils ne pouvaient pas avoir ou ce qu'on leur avait refusé, puis s'en lassaient dès qu'ils y ont eu accès.
-Et toi, Bruder, avec qui tu as passé la soirée ? cracha Brandebourg, quand ils furent tous deux rentrés dans le manoir de celle-ci à la fin du bal, tard dans la nuit.
-Jeune comtesse, Anne Binder. Fiancée à un haut gradé dans ton armée, exposa Prusse en s'asseyant sur un fauteuil, exténué.
Brandebourg ne lui répondit pas tout de suite, occupée à jouer avec les rubans de sa robe qu'elle avait froissée en se vautrant sur le canapé.
-Je connais son père… Son fiancé aussi, d'ailleurs, divagua la jeune fille, prise par la fatigue. Des gens charmants.
-Elle aussi l'était…
-Jusqu'où vous êtes allés ? demanda avec sarcasme Brandebourg.
-Un baiser, rien de plus. Ca me suffit amplement, c'était une excellente soirée en excellente compagnie. On n'est pas chanceux à tous les coups.
Sa sœur cassa un ruban à trop tirer dessus. Elle le jeta au feu, qui brûlait paresseusement dans la cheminée à quelques pas d'elle.
-Sauf que tu n'es pas le genre de personne à te contenter de ce que l'on te donne.
Prusse retourna dans le manoir de Brandebourg, quelques jours plus tard. Sa sœur l'avait invité, et il devait bien avouer que ça l'arrangeait. Il aimait beaucoup être avec Brandebourg, et ça l'empêcherait de broyer du noir. Ces derniers temps, il était de très mauvaise humeur.
La Nation demanda à une servante qui passait où se trouvait sa sœur. Dans le bureau, lui dit-elle. Mais ça faisait quelques temps qu'elle l'y avait vue, peut-être était-elle autre par maintenant.
Il ouvrit la lourde porte du bureau. Brandebourg y était, accompagnée. Elle discutait avec deux hommes d'une trentaine d'années. Commandant, et lieutenant à la vue de leurs uniformes.
En voyant son frère arriver, Brandebourg se leva de la chaise pour le prendre dans ses bras.
-Prusse ! Tu es en retard !
-Désolé.
-Je voulais que tu arrives avant eux, lui chuchota-t-elle à l'oreille. Maintenant, tant pis.
Elle le lâcha ensuite, et prit la parole à voix haute :
-Tu tombes bien, Bruder, nous avions justement finit de parler affaires. Je te présente le commandant August Kaufmann et le lieutenant Conrad Heinzchen. Commandant, lieutenant, je vous présente mon frère, Prusse.
Prusse salua les deux hommes, qui lui sourirent chaleureusement. Kaufmann était trapu, brun et moustachu, et Heinzchen plus grand et sec.
-Tu connais la fiancée du commandant, expliqua Brandebourg pendant que Prusse lui serrait la main. Anne Binder elle était au bal de la semaine dernière.
Le sourire de Prusse devint forcé, et, sans s'en rendre compte, sa poigne plus agressive. Maintenant, il détestait Kaufmann.
Brandebourg les dirigea vers le salon, où ils s'assirent pour discuter un peu. Parler de l'armée, de la guerre, de la paix, de leurs femmes. Brandebourg animait la conversation avec maîtrise. Ils allaient exactement où elle le désirait, elle changeait de sujet avec une facilité déconcertante. Elle fit parler d'Anne à Kaufmann pendant de longues minutes. Le commandant était fier de sa fiancée : intelligente, polie, fidèle, cultivée. Il ne tarissait pas d'éloges à son sujet. Il contait avec joie l'incroyable fidélité qu'elle lui vouait, et le nombre de prétendants qu'elle avait mit en déroute. Il expliquait avec conformité les préparatifs du mariage, dans deux mois.
Quand Kaufmann et Heinzchen partirent, Brandebourg avait parfaitement réussit à faire réaliser à Prusse ce qu'elle voulait.
-Alors, un baiser te contente ? dit-elle à son frère pendant qu'ils regardaient les deux militaires partir par la fenêtre.
Oh que non. Un baiser ne lui suffisait plus. Il en voulait plus. Il voulait l'inaccessible fiancée de Kaufmann, en entier, et rien que pour lui.
Brandebourg fit un sourire en coin en voyant son frère froncer les sourcils. Encore une fois, elle avait fait de lui ce qu'elle voulait. Elle allait encore s'amuser, ces quelques jours.
Le souper fut silencieux. Prusse était concentré sur son repas, et Brandebourg n'aimait pas parler seule. Le jeune homme ne décocha pas un mot de la soirée, jusqu'à ce qu'il aille voir Brandebourg dans sa chambre, juste avant qu'elle n'aille se coucher. Elle était occupée se coiffer, assise devant le miroir, grimaçant à chaque nœud.
Son frère vint derrière elle, et prit la brosse. Il coiffa les longs cheveux d'un blond presque blanc de sa sœur pendant de longues minutes, avant qu'il ne repose la brosse sur la table.
-Son adresse.
Brandebourg sourit en regardant son frère dans le miroir. Il avait l'air peiné, mais déterminé. Mais elle était décidée à rire, aujourd'hui.
-Pardon ? fit-elle, toujours aussi souriante.
-Son adresse. Tu dois la connaître, non ? Tu connais son fiancé, tu connais son père, donc peut-être que…
-J'y gagnerais quoi ?
Prusse mâcha sa lèvre. Il ne savait pas vraiment quoi répondre…
-Eloigne Vienne de Buda au prochain bal.
-Je le ferais.
-Tu auras l'adresse quand ça sera fait.
-Je la veux maintenant.
Brandebourg continua de regarder son frère dans le miroir. Cette fois-ci, il avait un regard bien plus désespéré.
-Elle habite dans le quartier Sud de la ville, dans un des manoirs cossus. Je n'ai pas l'adresse exacte sur moi, va voir dans mon bureau.
Le regard de Prusse devint reconnaissant. Brandebourg sourit.
-Bonne chance, Jochen.
-Merci, répondit simplement Prusse en quittant la chambre.
Prusse a toujours été du genre impulsif. Couplé avec son habitude de vouloir ce que les autres avaient, cela pouvait donner quelque chose d'un peu trop irréfléchi.
Il était près de minuit, il pleuvassait, et il était dans la cour d'un des beaux manoirs. Il n'avait pas de veste, pas lacé ses bottes, et absolument aucune idée d'où se trouvait la chambre d'Anne. Il avait escaladé les barrières pour rentrer, et avait, en vain, fait trois fois le tour de la bâtisse, mais n'avait toujours aucune idée d'où était la femme qu'il cherchait.
Misérable, il s'assit sur un banc des jardins, abrité sous un arbre. Il se moquait de se faire prendre, maintenant. La moitié des lumières étaient allumées, et les baies vitrées laissaient passer la chaleureuse lumière. Il voyait, en ombres chinoises, quelques servants s'afférer dans les différentes pièces. Quelqu'un s'asseoir à un fauteuil. Une femme dénouer ses longs cheveux.
Prusse regarda quelques temps l'ombre de cette femme se coiffer, au premier étage. La pièce avait un balcon, et paraissait grande. C'était peut-être la chambre d'Anne. De toute façon, il n'avait plus rien à perdre. Sans vraiment s'en rendre compte, il s'était levé et s'était dirigé sous les fenêtres. Une énorme vigne serpentait tout le long du mur. Prusse l'empoigna, et commença à grimper. En deux minutes, il était sur le balcon, bien qu'il eu failli glisser à cause du crachin.
Donc, il était debout, devant la baie vitrée de la chambre. Il ne savait pas vraiment quoi faire. La jeune femme ne l'avait pas remarqué, et venait visiblement de terminer de se brosser les cheveux. Prusse la regarda plus attentivement. D'ici, il voyait bien les longues boucles châtain d'Anne, ses mains inégales mais suaves, sa taille large par le corset bordeaux à peine serré, les jambes couvertes par le confortable pantalon blanc qui lui servait de sous-vêtements.
Il s'entendit toquer à la fenêtre. Quatre coups.
Anne sursauta et se retourna, les mains posées sur son corset. La jeune femme se mit à chercher d'où venait le bruit, et écarquilla ses yeux bruns, en voyant Prusse de l'autre côté de la fenêtre. Elle cligna plusieurs fois des yeux avant que Prusse ne lui fasse signe de lui ouvrir.
Anne se dépêcha vers la porte-fenêtre, et l'ouvrit pour laisser rentrer la Nation. Prusse fit quelques pas dans la chambre, gêné, et gouttant un peu.
-Oh mon Dieu, Gilbert, qu'est-ce que vous faites ici ? demanda Anne en cherchant de quoi sécher Prusse dans une armoire.
-Je…
Un « Je suis ici pour avoir ce que je n'ai pas pu avoir la dernière fois. À poil. » ne lui paraissait pas une bonne idée. S'il voulait Anne, la femme fidèle et aimante que Kaufmann avait décrite, il devait être subtil et attentionné, pour toucher là où il avait une chance.
Je n'ai cessé de penser à vous depuis le bal, Anne. Vous... vous occupiez mes pensées. Je devais vous revoir. Absolument.
Les mots sortaient, naturellement. Il lui contait cette semaine, loin d'elle, et Anne s'approcha. Elle lui tenait les mains pendant qu'il racontait le bonheur qu'il avait ressenti après leur baiser, le désespoir sincère d'après son départ. Il lui raconta qu'il avait harcelé sa sœur pour avoir son adresse. Il lui raconta qu'il avait grimpé la barrière, et cherché pendant un temps qui lui semblait interminable l'endroit où elle était. Il lui raconta qu'il avait grimpé la vigne sous la pluie juste pour la revoir. Il lui raconta que maintenant, il était le plus heureux des hommes.
Mais il ne lui raconta pas qu'en fait, il ne mentait pas tellement que ça.
Prusse rentra chez sa sœur à l'aube. Il continuait de pluvioter. Il détestait ce temps, entre la pluie et le beau temps, cette averse qui n'en était pas une. Le ciel était entre deux états. Un peu comme lui.
Il jeta ses chaussures trempées quelque part dans le hall. Quelqu'un s'en occuperait. En attendant, il alla s'asseoir dans le salon, près du feu. Sa sœur ne devrait pas tarder à se lever, il espérait. Pendant cinq minutes, il tritura ses doigts dans tous les sens, avant de prendre le livre sur la table du salon. Il ne savait pas vraiment de quoi ça parlait, peut-être que ce n'était même pas une langue qu'il comprenait, mais regarder les pages et les mots, un à un, le calmait un peu.
Une servante vint lui demander s'il désirait quelque chose. Il lui demanda un verre d'alcool bien fort, qu'il s'enfila d'un trait, se moquant du fait que le soleil venait juste de se lever.
-Depuis combien de temps tu es là ?
Prusse sursauta en entendant sa sœur derrière lui. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte, et avait déjà enfilé son uniforme militaire et arrangé ses cheveux.
-Depuis l'aube ?
-Ouh, ça fait deux bonnes heures, souffla Brandebourg. Tu aurais pu fermer la porte de mon bureau, en allant chercher l'adresse. Et ranger le boxon que tu as fait.
-Désolé, j'irais le faire…
-J'espère bien. Et, alors ? demanda la jeune fille. Hier soir ?
Son frère eu quelques secondes de latence.
-J'ai eu ce que je voulais.
Brandebourg soupira de mécontentement.
-Quoi ? Pouah… J'espérais m'amuser avec toi un peu plus longtemps… Enfin, tu as eu ta nuit dans son lit, c'est ce qui compte, non ?
Prusse ne répondit pas de suite, absorbé par sa contemplation du feu brûlant dans l'âtre.
-Oui. C'est ce qui compte.
Quatre coups. Prusse ne savait pas pourquoi il était revenu. Il était parti marcher pour profiter du calme de la nuit, et ses pas l'avaient ramené à cette fenêtre. La Nation ne s'était rendu compte de ce qu'il avait fait qu'une fois les quatre coups frappés à la baie vitrée. C'était assez terrifiant. Il venait de traverser la ville, d'escalader une barrière et un mur sans rien remarquer.
Anne lui ouvrit la fenêtre en se frottant les yeux.
-Gilbert ?
Prusse sourit, un peu honteux, en se grattant la nuque. Anne lui rendit son sourire avec verve et le laissa rentrer dans sa chambre. La Nation la gratifia d'un baisemain pendant qu'elle lui demanda, visiblement irritée :
-Je peux savoir si vous avez l'intention de venir tous les soirs ?
-Ca vous dérange ? répondit Prusse en éloignant la main de ses lèvres, tentant de prendre un regard triste.
Anne le regarda quelques instants et laissa ses lèvres s'étirer.
-Pas le moins du monde.
History Time, Biches !
La ville de Budapest, en Hongrie, a été crée au XIXème siècle par la fusion des villes de Buda... Et de Pest. Et de Óbuda accessoirement. Donc, Male!Hungary ne s'appelle encore que Buda.
J'espère que ce début vous plaît~ C'est pas du tout le même genre que mon autre fic, mais j'aime toucher à tout. En parlant de mon autre fic, il faudrait que je poste un jour.
