Rose aimait lire. Comme sa mère. Elle aimait leur odeur, leur poussière. Elle aimait tourner les pages, se sentir submergée par les mots qui découlaient, au fil des pages tournées.

Au fil des mots, Rose vivait, et vivait différentes vies. Une vie de vampire un jour, celle d'une amoureuse déprimée l'autre jour. Et entre-temps, elle était Rose, lorsqu'elle ne lisait pas. Elle était Rose, alors que la minute précédente, elle pouvait être Léa, Méo, Julien, Agathe.

Rose aimait lire. Elle pouvait être qui elle voulait. Vivre d'aventures, confortablement assise.

Pour Rose, il n'existait d'existence plus pure que celle de la lecture. Tout était si frais, si doux. Elle laissait les mots l'effleurer, la caresser. Et lorsqu'un passage était plus difficile, Rose fermait les yeux. Elle fermait les yeux, se laissant imaginer cette dure réalité. Puis, une fois immergée, elle continuait.

Elle n'avait que quinze ans, et déjà, ses mains étaient sèches. Elle n'avait que quinze ans, mais elle pouvait en avoir trente, cinquante, trois, quatre-vingt-huit.

Elle avait vécu des milliers de vies, des milliers d'aventures, avait voyagé par monts et par vaux, par le confort de mots qui faisaient rêver, par le biais de phrases qui faisaient transporter.

Rose aimait lire. Comme sa mère. Elle aimait leur odeur, leur poussière. Elle aimait tourner les pages, se sentir submergée par les mots qui découlaient, au fil des pages tournées. Pour voyager, pour rêver.

Car lire, pour Rose, c'était bien plus intéressant que la réalité.