Le dortoir des jeunes recrues était parfaitement calme et silencieux d'habitude.

En même temps, vu le couvre feu imposé et les journées éreintantes il était rare que les éclats de voix puissent durer jusqu'à tard dans la nuit. Leurs occupants se dépensaient assez comme ça lors des entrainements et des heures de repas. Les rares moments où les nerfs pouvaient se relâcher, et ils en avaient tous bien besoin. Des jeunes gens qui si tôt avaient embrassé la carrière de soldats, lourde tache qui reposait sur leurs épaules encore fragiles. Car les efforts de chacun pour sauver l'humanité face aux titans comptaient dans ces temps dangereux...

Mais il était bon de laisser de coté un moment ce genre de pensées hélas trop réalistes, qui maltraitaient leurs esprits déjà fatigués qu'on leur rabâche cet ordre tous les jours depuis leur arrivée comme jeune recrues il y a déjà plus d'un an.

Les nuits de repos étaient un des rares moments où les corps et les esprits pouvaient se relâcher et souffler quelques heures loin de tout cela. Loin de l'oppressant quotidien. Au moins sur ce point tous les occupants étaient d'accord et faisaient preuve d'un minimum de calme.

Pourtant cette soirée allait être différente. Il pouvait suffire d'une personne tirée de son sommeil pour que beaucoup de choses soient changées, ou tout simplement vues d'une toute autre façon. Le genre de secret bien gardé qui se retrouvait étalé, éclatant au plein jour. Mais ce genre de détails, les concernés le savent souvent bien plus tard...

La nuit était bien avancée quand un bruit qui semblait jusqu'ici être inconnu dans cette pièce, et pour lui surtout, le tira de son demi sommeil. Tout de suite alerté, Armin se redressa brusquement sur un coude et tendit l'oreille, aux aguets.

Non, il n'avait pas rêvé et avait bien entendu un bruit suspect. Une sorte de plainte, peut être même un gémissement.

Sûrement un des jeunes soldats qui n'avait pas supporté l'entrainement avec les coups durs lors des combats rapprochés et qui souffrait de ses nouvelles blessures et courbatures. Rien de grave donc, la rengaine malheureusement habituelle. Le jeune homme était prêt à se recoucher l'esprit tranquille mais peiné pour son compagnon, quand un son allait achever de retenir à nouveau son attention.

C'était bien un gémissement, étouffé mais des plus audible quand on tendait l'oreille et Armin avait un sens assez développé au niveau de l'audition. Soit grâce à son passé où il était bien utile de savoir guetter le moindre bruit de pas si jamais c'était encore ces gamins sans cœur qui s'acharnaient sur lui, ou alors une acquisition gagnée avec son talent de tacticien... Ou un mélange des deux tout simplement.

Dans tous les cas, la situation actuelle le questionnait de plus en plus. Son coté juste et son moral de soldat intègre le forçait à ne pas se rendormir et faire comme si il n'avait rien entendu. C'était trop facile, et lâche surtout.

Il fallait toujours être là pour soutenir ses compagnons, s'ils souffraient ou étaient attaqués. Et les aider pendant les moments de tristesse également. Bien que le son des larmes ne s'était pas encore fait entendre mais cela ne saurait tarder si il ne faisait rien. Du moins c'est ce que Armin s'était mis en tête. Il était du genre obstiné dans ces cas là.

Malgré l'obscurité, le blond balaya la pièce du regard pour essayer de discerner d'où venait la source de ces bruits sourds. Ses yeux commençaient à bien s'habituer à l'obscurité, en plus des rayons de Lune qui baignaient la pièce d'une douce et discrète lumière pâle. Et par chance, même si Armin ne savait pas encore si c'en était une, une manifestation un peu plus prononcée se fit entendre et surtout pouvant ainsi terminer de le guider dans sa discrète mais minutieuse recherche.

Le détective de fortune l'avait trouvé, et en était quasiment certain maintenant. C'était proche en plus. Le lit voisin au sien, il n'avait eu qu'à tourner la tête et plisser les yeux pour mieux discerner cette première piste.

Plus surprenant était de constater qu'il s'agissait du lit double que partageait Jean avec Marco. Deux amis, qu'on pouvait qualifier de meilleurs amis, vus très souvent ensemble bien que leurs caractères soient assez opposés. Et qui là semblaient tout sauf opposés...

Armin avait presque envie de se pincer pour vérifier si il ne rêvait pas. C'était le genre de nouvelle qui laissait dans un premier temps totalement bouche bée. Bien qu'il aurait presque dû s'en douter, en plus il était ami et apprécié par Marco. Celui ci était comme lui, attentif et sérieux dans son travail si bien qu'ils s'entraidaient souvent en cours théoriques. Réfléchi et attentif aux autres, des qualités que Armin lui enviait, il le voyait parfois comme une sorte de modèle. Une relation amicale et complice s'était ainsi liée entre Armin et Marco. Et de fil en aiguille, le jeune homme avait noté que Marco était différent en présence de Jean ou quand il était question de son ami. Presque gêné ou dissimulant un doux sourire, comme si Jean lui évoquait plus d'émotions qu'il voulait le laisser croire.

Innocemment Armin n'y avait pas prêté grande attention, se disant que c'était son meilleur ami et que Marco était juste sensible ou tout bonnement de l'admiration qu'il avait pour son ami proche.

Là tout était soudain bien plus clair sur ceux qu'on pointait généralement du doigt comme un exemple d'amitié. Ne faisant aucune référence à une amitié qui se muait en amour. Mais comment y croire quand en temps normal ils ne laissait rien paraître, et là pas plus tard que quelques heures avant.

Au moment d'aller dormir Jean et Marco étaient déjà tous les deux installés côte à côte, et le plus naturellement du monde ils discutaient entre eux. Rien d'anormal donc. Faisant ensuite comme leurs compagnons au moment où tout s'éteignait et signe qu'il était temps de prendre un repos bien mérité vu les éreintantes journées, tous les soldats s'endormaient vite comme des masses.

Pourtant deux d'entre eux profitaient de cet instant de paix pour se retrouver malgré leur fatigue. Ils en avait tellement peu des moments d'intimité et de tranquillité. Sans devoir se cacher aux yeux des autres surtout. Attendant avec prudence que plus aucun bruit se manifestait, à part les bruits naturels de ronflements, ce duo que tout le monde voyait habituellement comme des amis commençait à profiter de leur petit jeu clandestin. Terme peut être un peu fort mais comment pouvait faire autrement un couple de deux hommes dans un milieu pareil. L'armée n'était pas l'atmosphère idéale pour une romance... La moindre marque de tendresse devenait une prise de risques pour ces deux là qui commençaient à découvrir l'amour et leurs sentiments communs.

Comme cette nuit où ils avaient pourtant commencé de façon très chaste, à gentiment se serrer l'un contre l'autre. Un discret rituel qu'ils se laissait franchir. Puis Jean avait fini par prendre Marco dans ses bras, le voir si proche de lui en était devenu que trop tentant.

Dans le dortoir il était plus prudent de ne pas aller trop loin, même s'embrasser était devenu risqué en raison de comment cette approche pouvait déraper.

Mais c'était tellement dur de se fixer de telle limite... Et ce soir encore cette limite avait été dépassée. Marco qui avait momentanément oublié cette fameuse interdiction, avait gratifié Jean d'un innocent baiser, par surprise surtout. Sa victime était restée brièvement touchée au point d'en rougir jusqu'aux oreilles, se disant d'ailleurs mentalement que c'était une bénédiction que la pièce soit assez sombre pour ne pas voir précisément la jolie teinte cramoisie que venait de prendre son visage.

Toujours troublé mais bien décidé à lui répondre à sa manière, Jean avait déjà posé ses lèvres sur celles de sa moitié en accentuant bien vite avec sa langue pour lui aussi le faire réagir. Un peu maladroitement mais passionnément leurs langues se rejoignaient avec assez d'envie et d'engouement pour que les esprits s'échauffent, et que la couverture passe au dessus de leurs têtes pour cacher les caresses et les contacts plus explicites qui allaient suivre. Tous les deux dissimulés dans l'obscurité totale, mais riant doucement de cette nouvelle étreinte secrète aux yeux de tous qu'ils s'autorisaient une fois de plus. Une fois de trop peut être puisque cette fois ils allaient avoir un spectateur.

Mais ces jeunes gens étaient loin de s'en douter et d'y prêter attention. Il n'y avait jamais eu de malentendu ou même de curieux qui avait percé à jour leur secret. Peut être que la chance agissait même là... Une autre raison de continuer.

En plus Marco était d'humeur joueuse ce soir en attaquant déjà avec de légers suçons le cou de son partenaire, à l'en faire gémir doucement. Encore des risques puisqu'il savait très bien que Jean ne pouvait pas lui résister malgré les craintes qu'il avait eu au début. Une peur surtout, d'être découverts et voir tous les regards choqués et outrés de leurs coéquipiers rivés sur eux alors qu'ils étaient en plein dans le feu de l'action... Et subir gravement les conséquences ensuite, de quoi rapidement calmer la moindre envie. Mais c'était vite de l'histoire ancienne. Et dans un moment pareil ils perdaient presque tout contact avec la réalité.

Jean restait toujours fidèle à lui même et montrait combien il n'aimait pas perdre même face à ce genre de contacts rapprochés. Et ne voulant pas se montrer vaincu si vite il prenait sa revanche en se redressant brusquement pour se retrouver au dessus de Marco, le dominant de tout son poids. Leurs regards et leurs souffles se croisaient immédiatement puisqu'ils savaient très bien ce que cette position allait entraîner. Une fois encore il allait falloir faire preuve de toujours plus de retenu, plus facile à dire qu'à faire... Étouffer leurs gémissements, mordre l'oreiller pour que aucun sons ne soient perceptibles, se faire le plus discrets possible quitte à ressentir un peu moins de plaisir.

Mais leur décision était déjà prise. Surtout du coté de Jean qui ne pouvait pas se satisfaire de juste le toucher cette fois. Le jeune homme avait passé la journée à observer Marco pendant l'entrainement, ayant souvent du mal à ne pas lui envoyer de regards trop insistants pour répondre à ses doux sourires discrets. Plus les jours passaient et plus son attirance était évidente. Maintenant sans passer des heures à avant se demander si il préférait les hommes ou les femmes, et comment les autres allaient le voir si jamais ils apprenaient que celui qui se vantait tant fantasmait sur un homme. Il aimait et était attiré par Marco, point final. Le repousser était inimaginable.

D'ailleurs au point où il en était Jean ne se posait plus de questions, son corps réagissait en accord avec celui de son coéquipier qui se frottait lentement à lui, en quémandant davantage. Il faut dire que Marco n'était pas en reste non plus. Se disant que cette fois encore ce n'était plus du fantasme, Jean le touchait vraiment et le voulait autant que lui le désirait. Cette obscurité étouffante ne facilitait pas les choses, mais ce détail était loin de déranger Jean. Il connaissait presque le corps de Marco par cœur sachant où se trouvait chaque endroits sensibles, plus précisément des parties parsemées de tâches de rousseur. Comme ses épaules qu'il mordait doucement pendant que ses mains descendaient plus bas, très bas entre ses jambes où se trouvaient d'autres tâches de rousseur placées un peu plus intimement.

La réaction de Marco ne se faisait bien sûr pas attendre. S'agrippant littéralement au cou de Jean pour étouffer un gémissement plus fort et sentir au passage le doux parfum de musc de son amant. Sentir également de façon plus intense des mains audacieuses et impatientes qui parcouraient de façon impudique son corps. Jean prenait déjà ses libertés en le touchant sur chaque parcelle de peau nue et surtout sensible. Une main s'amusait à chatouiller son ventre pendant qu'avec l'autre il pinçait doucement un téton. Faisant inévitablement frémir Marco et étant le seul à entendre ses gémissements qui le rendait fou lui aussi.

L'obscurité complice lui faisait oublier toute honte, doute ou peur... Mais en fait c'était plutôt Marco qui lui faisait tout oublier. Les horreurs qu'il voyait tous les jours, les entraînements parfois presque inhumains, les piques que lui envoyait Eren, ses doutes quant à l'avenir, et tellement d'autres éléments qui pouvait faire chuter son moral et le mettre hors de lui. Heureusement qu'il avait cette personne qui l'aimait, le réconfortait et le rendait plus fort car lui au moins voyait ce qu'il était vraiment. Cette même personne avec qui il voulait s'unir une fois de plus physiquement. Seuls ces moments savaient les apaiser, ce contact à la fois violent, intense mais paradoxalement tout en douceur. Avec leurs souffles déjà brûlants à se mélanger entre des baisers rendus maladroits à cause de l'impatience et de leurs mains hasardeuses.

De son coté leur spectateur reprenait ses esprits, comprenant surtout qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. Le blond dû étouffer un petit cri de surprise. De choc peut être aussi. Les deux mains bloquées sur sa bouche il sentait ses joues s'empourprer et chauffer jusqu'à puiser dans ses réserves de self control. Car maintenant Armin comprenait très bien la nature exacte de ces soit disant plaintes. Qui étaient loin d'être des gémissements de douleur bien au contraire...

Forcément c'était quelque chose de plus intense. Et là le jeune homme le devinait très vite. Pas besoin de chercher longtemps et de rejouer au détective ou d'échafauder des plans. Malgré son apparence pure et innocente, Armin connaissait un peu les ficelles et fonctionnements de l'amour et des relations physiques qui allaient avec. Enfin, juste en théorie comme il avait tout appris avec les livres. Comme toujours.

Et jamais concrétisé, à la différence de ces deux là qu'il avait bien vu cette fois, non sans être troublé...

Presque incognito cachés tous les deux sous une de leur couverture, ayant fait fi de la distance et partageant illégalement le même matelas. On pouvait même discerner avec la faible lumière naturelle que l'un était sur l'autre en le dominant par cette position, au lieu de dormir chacun de leur coté comme d'habitude.

Position plus qu'évocatrice en somme. Ponctuée par de légers mouvements, mais tout en discrétion puisqu'ils n'étaient pas seuls. Il y en avait bien sûr à dormir autour d'eux qui auraient pu entendre le lit grincer. Ou bien leurs voisins à l'étage au dessus de leur lit qui auraient vite remarqué que leur matelas tanguait frénétiquement. Et oui, aussi osé soit-il les deux complices s'étaient laissés guidés par les ondes du désir qui les parcouraient.

Cet coté interdis et caché de leur relation rendait l'acte encore plus excitant bien qu'un peu laborieux quand il s'agissait de s'envoyer en l'air en faisant le moins de bruit possible et étant cachés sous une couverture. Rajouté au fait qu'ils étaient plutôt novices en la matière, et ce n'était pas la peine de penser demander conseil à un de leurs amis au risque que l'un d'eux flairent quelque chose de louche. C'était assez compliqué comme ça de devoir camoufler des marques de suçons suite à leurs échanges quelque peu rapprochés.

Et ardents, comme pouvaient le témoigner actuellement les gémissements étouffés qui s'échappaient et des bruissements de draps provoqués par leurs mouvements qui devenaient plus prononcés. Ils n'avaient pas hésité longtemps en fait...

Et dire qu'au début être si proche d'un homme l'aurait rebuté, voir dégoûté. Jean en était à l'opposé cet état d'esprit à présent. Ses mouvements étant de plus en plus passionnés en traversant le corps de celui qu'il aimait et qui le lui rendait bien en lui caressant le torse avec une émotion qui ne faisait qu'accroitre. Si il avait déjà été sensible et secrètement amoureux de celui qui était initialement son ami, Marco ne pouvait que l'aimer davantage en découvrant Jean sous cet autre jour. Avec ce même coté direct mais tout de suite beaucoup plus sensible, Jean masquait rarement ses émotions dans ces moments là et il y avait de quoi retomber amoureux.

Bien qu'il fallait tout de même admettre qu'ils savaient se faire discrets malgré leur ébat. Armin concluait très vite, avec un peu de gêne que cela ne devait pas être la première fois qu'ils partageaient ce genre de contacts. Qu'ils concrétisaient ainsi leurs fantasmes et leurs manques. Ou alors plutôt de vrais sentiments... Et c'était sûrement de vrais sentiments. Armin le connaissait, et Marco ne pourrait jamais accepter ce genre de chose si c'était juste pour soulager un quelconque manque sexuel. Il était trop pur à sa manière, et avec des principes pour se laisser embobiner et détourner du droit chemin si facilement. Même par Jean de qui il était le meilleur ami. Et ami proche, bien plus qu'il le laissait penser.

Tellement proche qu'il y était un peu trop sensible à son ami fauteur de trouble comme pouvait le témoigner ce gémissement plus fort, que Armin identifiait tout de suite comme étant de la part de Marco et accompagné d'un chuchotement réprobateur de son partenaire.

Leur spectateur devait se retenir de rire doucement en remarquant que même dans un moment pareil ils ne changeaient pas ces deux là. C'en était à la fois drôle et attendrissant.

Bien que les romances entre deux personnes de même sexe était un point encore assez flou pour Armin. Même dans les livres ce genre de relations amoureuses étaient peu abordées, et de façon évasive quand c'était le cas. Il fallait être réaliste, l'homosexualité n'était pas le problème principal de ce monde, mais était plutôt un sujet tabou et caché aux yeux de la population. Il y avait bien assez à faire comme ça avec les titans comme disait beaucoup. Seules les personnes haut placé pouvaient se permettre ces fantaisies. Sinon, en général, dans ce genre de relation les concernés se devaient de rester discrets. Pas vraiment par peur mais plus par crainte du qu'en dira t-on. Bien souvent quand on était différent les représailles ne se faisaient pas attendre. Les gens étaient devenus si méfiants que peu de chose pouvait échauffer les esprits et les rendre violents. L'ami d'enfance de Eren en savait quelque chose, lui qui comme ce dernier avait nourrit des rêves de voyages et des pensées dites hérétiques si peu bien vues par certain...

Quoiqu'il en soit Armin n'avait pas d'idées reçues surtout s'il s'agissait de ses amis. Il faut dire aussi qu'il avait des légers doutes sur eux deux. Toujours ensemble, en moins d'un an en plus. Ils s'étaient bien trouvés. Ajouté au fait non négligeable que Marco était le seul à pouvoir calmer et apaiser Jean durant ses disputes plus ou moins violentes avec Eren ou d'autres adversaires.

Il y avait bel et bien un lien entre eux. Un lien fort mais aussi fragile. En sachant qu'à tout instant la mort guettait et quel genre de destin se préparait à ces jeunes recrues, comment pouvoir imaginer une vie paisible de couple. Difficile de réfléchir calmement et précisément dans ces cas là, quand la fatalité guettait... Mais là en fait Armin était surtout trop troublé pour penser de façon posée comme il avait l'habitude de le faire en temps normal en fin stratège qu'il était.

Car malgré son calme apparent, le rouge lui était bel et bien monté aux joues, de se dire que dans la même pièce et très proche de lui il avait droit à un tel coup de théâtre. Sans même savoir si c'était un coup bas de son imagination si le jeune homme avait l'impression d'entendre leur respiration qui devenait de plus en plus forte à cause du plaisir qui montait. En plus il devait faire très chaud sous cette couverture, la tache en devait être que plus délicate pour convenablement se donner du plaisir mutuellement... Et Armin préférait ne plus penser à des choses aussi troublantes que de les imaginer avant que ses joues virent au rouge vif. C'en était aussi déroutant que gênant et il espérait sincèrement pour eux que personne n'était réveillé. Ou avait été réveillé comme le lit avait fait malgré tout légèrement du bruit.

À première vue personne d'autre à part Armin n'était réveillé. Ce dernier s'était d'ailleurs vite installé à nouveau dans son lit pour tenter de chasser de son esprit ce qu'il venait d'entendre et d'imaginer. Bien que tout ses efforts ne l'empêchaient pas de porter son regard sur ses cibles, toujours intéressé malgré tout.

Et oui, il était curieux de nouvelles découvertes, surtout là quand l'occasion se présentait presque devant ses yeux. En plus l'amour était resté un sujet assez mystérieux pour lui, ne sachant pas très bien si entre Mikasa et Eren il était question de sentiments amoureux ou fraternels. Mikasa était toujours attachée et offrait à Eren une relation privilégiée de frère et sœur adoptifs, même parfois de trop à le suivre partout et contrôler tout ce qu'il faisait et disait. Ils n'avaient vraiment pas l'air d'un couple, malgré leurs sentiments forts d'attachement. Et là maintenant qu'il avait à coté de lui à première vue un vrai couple, des tas de questions se bousculaient dans sa tête.

Depuis combien de temps ils étaient ensemble, comment les choses se passaient dans un couple avec deux personnes de même sexe, si certains étaient au courant de leur relation dite interdite, si ils comptaient officialiser leur romance un jour,...

Et surtout là plus précisément, quel dilemme de ne pas savoir s'il fallait être scandalisé et outré qu'un psedo-couple ose copuler en cachette sous une couverture comme si de rien était, alors que toute l'équipe se reposait paisiblement. Ou bien laisser passer et se rendormir comme si il n'avait rien entendu et leur souhaiter tout ses vœux de bonheur le lendemain matin.

Impossible d'avance... Déjà que Armin se demandait comment il allait les regarder les prochains jours sans rougir en les voyant et se rappelant de ce secret qu'ils avaient maintenant en commun. Ces gémissements et autres détails du même type allaient le hanter pendant longtemps, peut être même à chaque fois qu'il allait poser ses yeux sur Jean ou Marco.

Et pour repasser à ces deux énergumènes qui s'étaient laissés dominer par leurs pulsions, cet échange brûlant devenait des plus ardus à camoufler comme le plaisir commençait à atteindre son apogée. Leurs corps qui en venaient à trembler fébrilement, se recherchant encore plus durant ces derniers instants avant cette forte et intense libération.

Le souffle court, Marco accentuait l'étreinte de ses jambes avec lesquelles il avait agréablement emprisonné son amant. Le jeune homme voulait le sentir encore plus profondément en lui, tout comme il sentait son cœur battre à n'en plus finir contre sa peau humide et brûlante se frottant à la sienne. Signes qu'ils n'allaient pas encore tenir très longtemps, en plus cette atmosphère étouffante mais chaleureuse ne faisait qu'amplifier la chose.

Ce n'était en effet pas la première fois qu'ils faisaient ça en plein pendant les heures de sommeil puisque presque instinctivement, par habitude et prudence, ils collaient chacun leur visage contre l'épaule de l'autre pour étouffer des derniers gémissements plus forts et perdus dans des faibles murmures dictés par leurs sens. Tout cela dans une discrétion forcée, qui pouvait certes un peu brider le plaisir mais cet orgasme restait fort et enflammé. Assez pour leur faire oublier encore quelques minutes la réalité toujours tous les deux collés étroitement et en revenant amèrement à la réalité, malheureusement, car cette jouissance était aussi synonyme de trêve. Forcée elle aussi.

Ils se séparaient toujours à regret, ces moments passaient hélas tellement vite que tout était bon pour les rallonger un peu. En restant encore un petit moment dans les bras l'un de l'autre à reprendre leurs souffles et leurs esprits. Et par la même occasion repoussant légèrement la couverture pour regagner de l'oxygène. Silencieusement mais apaisés. Jean avait calé sa tête contre l'épaule de Marco qui le gardait serré contre lui en caressant doucement ses cheveux. Mais ils ne pouvaient pas rester beaucoup de temps sans se regarder, et croiser leurs regards encore dilatés par leur récent orgasme. Des regards aussi intenses que ce moment d'amour, si bien qu'en y repensant Jean ne pouvait s'empêcher d'avancer sa main pour caresser le visage de celui qu'il aimait timidement mais sincèrement. Ce visage un brin naïf, qui inspirait la confiance mais surtout qui était incroyablement doux et attirant. Et que Jean adorait caresser, en particulier ses tâches de rousseur encore une fois car il savait très bien que cela mettait Marco dans tout ses états. Ce dernier était surtout plus touché que gêné pour la simple et bonne raison que c'était dans ces moments là que le jeune homme pouvait être un des seuls à affirmer que, malgré les apparences, Jean était une personne qui pouvait faire preuve de beaucoup de sensibilité et de douceur.

Il n'était plus cette personne égoïste, immature et impulsive. À bien trop souvent chercher Eren jusqu'à en venir aux mains, ou se vanter de façon un peu exagérée sur ses aptitudes au combat. Mais c'est bien qu'avec Marco que Jean avait montré son vrai visage, s'ouvrant petit à petit à lui malgré le fait que le jeune homme restait un peu trop fidèle à ses mauvaises habitudes, surtout en public.

Détails que son compagnon ne lui tenait pas trop en rigueur. Surtout lorsque après avoir déblatéré sur telle ou telle technique des manœuvres tridimensionnelles que Jean se disait maîtriser à la perfection, cet incorrigible vantard faisait discrètement glisser une de ses mains sous la table pour chercher et tenir celle de Marco. La serrer tendrement, puis malheureusement la lâcher aussi vite pour ne pas se faire repérer. Un précieux et inattendu moment qui pouvait durer quelques minutes tout au plus mais qui voulait dire tant de choses pour Marco. Car concernant ses sentiments amoureux, Jean était loin d'être très à l'aise et aussi direct que quand il faisait des commentaires bien sentit à Eren. Bien sûr la première fois qu'il l'avait dit à l'intéressé, celui ci mis en colère. C'était prévisible... Prétextant que Marco divaguait à cause de ses émotions et de son idéalisme tellement innocent. Jean coupait souvent court à ce genre de discutions même si ces paroles étaient très vraies. Pourquoi est ce qu'il serait si touché et ému comme en ce moment sinon.

Et en réponse à son geste de tendresse, Marco lui embrassa chastement la main... Passant un peu moins innocemment sa langue sur ses doigts en soutenant le regard de Jean non sans moins d'émotions. Ce qui enchaîna un unième baiser, se voulant un peu plus sage quoique c'était peine perdu. Ce n'était pas faute d'avoir essayé mais Jean avait autre chose en tête lui aussi.

Puisqu'il était trop tard pour filer aux douches il voulait se charger lui même de nettoyer son partenaire du résultat de ce plaisant petit moment, en passant sensuellement et avidement sa langue sur le torse de Marco. Celui ci, déjà sensible, mordait l'oreiller pour n'émettre aucun bruit car ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Loin de là, surtout en sentant une langue joueuse frôler un téton, et mordre doucement l'autre ensuite. Et Jean n'en avait pas terminé, surtout en sentant son amant se cambrer sous cette douce torture. Cela lui facilitait l'accès pour lécher son ventre, pas le moins de monde dégoûté.

Si les autres le voyait ou le savait qu'il prenait du plaisir à toucher et être caressé par un homme qu'il l'aimait au point de lui faire l'amour. Pratique que certain iraient déjà qualifier de dégradante surtout entre deux hommes. Mais Jean n'y pensait plus, pour rien au monde Marco le répugnait. Il irait encore moins rater le magnifique et saisissant spectacle qu'il avait là dans la pénombre avec son compagnon encore tremblant de plaisir et le fixant avec autant d'intensité.

Jean ne le disait pas mais pensait tant de choses, et le lui faisait comprendre en l'embrassant encore. Marco lui répondait avec la même passion à son baiser, et en disait aussi long sur ses envies en faisant dériver ses mains plus bas dans le dos de son partenaire. Celui ci en frémissait de plaisir comprenant tout de suite ses intentions, et aussi étrange que cela puisse paraître il ne repoussait jamais Marco quand ce dernier voulait inverser les rôles. Bien que au début très peu réceptif à se faire dominer, et même une fois la chose faite et doublement appréciée Jean restait très vague à ce sujet quoique son corps et ses émotions le trahissaient toujours. Des détails que Marco trouvait particulièrement adorables... Hélas pour eux la nuit n'était pas infinie, et la réalité était tout aussi dure cruelle que la journée qui s'annonçait dans plusieurs heures. Pas vraiment de gaieté de cœur et déjà sous la frustration mais contraints par le temps, ils devaient se séparer et retourner à leur place respectives comme si il ne s'était rien passé. Après avoir remit mutuellement leurs vêtements, les deux complices reprenaient tristement leurs places en même temps que leur rôle de meilleurs amis.

Enfin presque, car sous la couverture ils se tenaient toujours la main. Une autre habitude que tous les deux avaient conclut naturellement, et un bon moyen pour s'endormir paisiblement faute de pouvoir se serrer l'un contre l'autre. Et se laissant guider par le sommeil en sachant d'avance que le lendemain malgré le réveil à l'aube leur premier réflexe allait être de serrer à nouveau leurs mains. De quoi motiver assez face à n'importe quelle situation difficile.

Si ce couple caché avait trouvé le sommeil sans trop de difficultés, ce n'était pas le cas de leur spectateur. Mort de gêne, de honte, à se torturer l'esprit en repensant à ce qu'il avait vu dans la pénombre et surtout entendu malgré les efforts de discrétion. Mais il en fallait plus pour effacer et calmer face à une telle découverte.

Jean et Marco étaient donc ensemble. Voir même plus ils s'adonnaient à certaines activités plus que troublantes au seul moment où le calme et le repos était le mot d'ordre, et avaient sûrement réussi à offrir une nuit blanche à Armin qui était toujours sous le choc. Loin d'être en colère, mais à la fois sous l'effet de la surprise et de l'excitation. Mélangé à l'appréhension, déjà. Comme si suivre les entraînements n'était pas assez difficile, il allait devoir faire bonne figure devant les concernés et ses autres amis le lendemains et tous les jours à suivre. En ne rougissant pas à l'évocation de deux personnes en particulier, tout en s'appliquant dans son rôle de soldat...

Armin craignait tellement le moment du réveil que cela se relevait presque du miracle qu'il soit finalement tombé dans les bras de Morphée.