Si on pouvait dédier les livres aux morts, alors je dédierais ce livre à mon meilleur ami qui m'a soutenu dans chaque épreuves que j'ai pu traverser, car jamais je n'aurais imaginé le perdre tout comme jamais je n'aurais pu imaginer que nous resterions ainsi encrés dans cette passion qu'on a partagé tant d'années, que l'on resterait aussi inséparables. Jamais je n'aurais pu songer qu'à peine sortie du bac à sable, je serais frappée par un putain de coup de foudre. Un coup de foudre, oui, il n'y a pas d'autres mots, ce terme ne s'emploie pas qu'en amour et pour preuve mon cœur battait plus fort et plus vite que jamais quand j'étais à ses cotés, et je ne parle même pas de cette euphorie qui m'habitait quand j'entendais sa voix ou le voyait sourire...
La rapidité à laquelle un lien s'était tissé entre nous me surprendra toujours, j'ai juste eu à lui dire quelques mots pour que ce lien soit déjà inusable, inébranlable. J'aurais aimé le voir grandir plus que ça, faire encore quatre cents coups avec lui, courir sous la pluie en sous-vêtements, dormir à la belle étoile blottie contre son petit corps tout maigre, et lui caresser sa tignasse rousse pour qu'il arrête de parler dans son sommeil. C'était nous, cette même âme dans deux corps différents. On s'était promis de crever ensemble et je n'ai même pas eu le courage de tenir cette parole, je ne suis bonne qu'à couler peu à peu, à sombrer dans tout ce qu'il m'avait toujours défendu de toucher -drogue, alcool, autodestruction...- J'aimerais tant qu'il soit là, pour me relever et me dire de me bouger le cul, me dire que dans une famille on doit s'entraider, et qu'à chaque rechute, il soit là, plus efficace que n'importe quel fichu antidépresseur.
Tu étais ma drogue, mon antidépresseur, mon frère. Tu étais ma fierté, cette fierté que je ne peux toujours pas contenir dans ma voix quand je parle de toi.
C'était nous. Toi et moi. Une même âme dans deux corps.
