C'était la nuit d'un décembre morne. La neige, douce et légère, se faisait désirer devant cette pluie torride, fouettant tout à son passage sans pitié. Tout, même ce visage innocent et enfantin, ces joues rosies de froid et ces lèvres crispées par l'insistante de l'averse. Elle était trompée de la tête aux pieds, mais cela semblait le dernier de ses soucis. En un temps normal, elle aurait courut se réfugier quelque part dans un arrêt de bus ou sous la terrasse d'un café. En un temps normal, elle ne serait même pas la ou elle est, seule, avec seule compagnie, son souffle haltant mais discret, à tel point qu'il n'arrivait pas même à mes oreilles. Mais cette fois, tous les éléments déchaînés ne pourraient parvenir à son monde. Son monde ? Tu tiens vraiment à le connaître ? Tu es prévenu, il n'a rien de ravissant … Tu insistes ? A ton aise. Je vais tout te raconter, depuis le commencement…

T'as vu sa gueule quand tu as pris la lettre sous son nez ?

La pauvre elle allait y passer.

Tout y était même la voix ! T'es la meilleure !

Je sais, je sais … Et ce n'était qu'un échantillon de mon talent !

Des échos de rires retentirent dans le couloir presque vide par cette matinée d'automne et ne cessèrent que lorsque les deux Serpentards se séparèrent pour rejoindre chacun sa classe respective.

Malgré ses seize ans, malgré sa coupe garçon et malgré sa peau de bébé, Bellatrix Black faisait déjà une jeune femme. Physiquement peut-être, mais moralement, elle n'a jamais changé depuis ce jour. Je m'en rappelle aussi bien que si s'était hier…

Elle s'était réveillée ce matin, et s'attendait à entendre cette voix féminine chaleureuse et tendre lui lancer un « Bonjour Bella ! Bien dormie chérie ? », mais fut surprise, effrayée d'être accueillie par des gémissements continus, déchirants. Elle avançait à petits pas, terrifiée par ce qui pourrait l'attendre. Son instinct disait vrai. La tête enfoncée dans les bras, un homme tremblait sur la table de la cuisine, secoué par des sanglots étouffés. Lourdement, il leva des yeux humides et rouges et croisa le regard interrogateur et pétrifié de la jeune fille. Les larmes lui picotaient les yeux mais refusaient de sortir pour une raison qu'elle ne cherchait pas à savoir. Tout ce qu'elle voulait connaître, c'est la cause de la frustration de son père, mais surtout … « Papa ? Où est maman ? »

Depuis ce jour, Bellatrix Black s'est enfermée dans une bulle de solitude, de dépression et de pessimisme horribles. Mais ceux qui connaissent assez Bellatrix comme moi, saurait qu'elle ne laisserait jamais paraître sa faiblesse à qui que ce soit. La mort serait plus douce. Pour les gens, Bella est une fille insensible, voir même sadique, qui n'a nullement été touchée par la mort de sa mère, mais a continué dans la même perfidie, la même duplicité, la même hypocrisie qu'elle avait toujours menées.

DDddDdDdRrRrRRrrrrRriiiIIiiIiiiiIIgGggGg !

Comment s'est passé ton cours d'arithmancie ?

Comme toujours. Prof naze, cours naze. Et toi ? Cette séance de runes ?

Par pitié ! T'appelle ça une séance ? Je dois sérieusement envisager de quitter cette école de racailles.

Tu as bien dis racailles, Black ?

Les cheveux blonds, lisses et tenus en catogan, se tenant on ne peut plus droitement devant la porte que Bella et Narcissa s'apprêtaient à franchir, Lucius Malefoy fusillait les deux filles de ses yeux d'un bleu-gris sans pareil.

-Regadez qui va là ! Lança Bella de son air habituel. Mais c'est MÔsieur le préfet en chef en personne ! Allons Narcissa un peu de tenue quand même. Devant un tel choix de Dumbledor, on ne peut que le mépriser encore plus.

-Toujours de mauvais goût, Black. Et moi qui pensais que ces vacances te ferais ressusciter quelques neurones perdus… Tout le monde sait bien que la jalousie te torture comme… disons… un sort d'Endolo…

Avant qu'il ne pu ajouter un mot de plus, Bellatrix avait déjà mis à terre Lucius, les yeux éjectés de sang et le point en l'air d'un air menaçant.

-Tiens tiens ! Bellatrix Black en colère. J'aimerai bien voir ça !

-Non Bella ne fait pas de bêtises ! Cria une Narcissa alarmée. Bellatrix ne réagit pas, mais non pas par obéissance à sa grande sœur, mais par hésitation entre un coup de poing dans ce bel œil bleu a présent, ou plutôt dans les couilles.

-Quel gâchis dans tous les cas, lança-t-elle en se relevant, un sourire narquois sur les lèvres.

Une fois sur pied, Lucius, la mine aussi jovial que toujours, n'hésita pas à lancer un dernier « au plaisir de vous revoir » accompagné d'une légère inclination de la tête avant de s'éclipser dans le couloir vers les cachots.

-Des fois, je suis prête à tout donner pour savoir ce qui tourne dans ta tête !

-Pas grand-chose, si on oubli de mentionner qu'on est orphelines de mère et qu'il est peut être élémentaire de réagir quand on manque de respect à sa mémoire.

-Peut être qu'il élémentaire aussi de voir que Malefoy essayait de te provoquer et que tu lui a fait tout le plaisir du monde en lui répondant par la scène à laquelle on a eu droit !

-Et si tu arrêtais de faire ta grande pour une fois ? Il m'arrive de te détester des fois !

Narcissa ne su jamais que cette dernière phrase n'était pas destinée à elle. Bellatrix se l'était adressée à elle-même sans trop le sentir. Elle avait laissé sa faiblesse prendre le dessus sur ses actions. Elle s'en voulait à mort d'avoir montré ce coté vulnérable en elle, ce coté qui la montrait telle qu'elle était en vrai. Une fille fragile, sensible frêle et impulsive se cachait si bien derrière cette Bella fière, têtue, rebelle, et indomptable. Les gens ne la voyaient pas autrement et elle vivait le meilleur du monde ainsi. De toute façon, elle n'imaginait pas sa vie autrement. Son caractère faisait tout sans poids et sans lui, elle imaginait mal comment elle pourrait s'imposer dans un monde où le plus fort mangeait le plus faible. Faible. Un mot qui faisait vibrer son influx nerveux dans le plus profond de sa moelle.