Bonjour! Ou plutôt bonsoir... c'est drôle, mais je poste presque exclusivement la nuit. À croire que je suis définitivement devenue une créature nocture, se repaissant de café et de chocolat en tappant sur son clavier comme une fanatique. Ahêm... ne prêtez pas trop attention à toutes les idioties qui vont suivre (je suppose qu'il y en aura pas mal): il est tard, je suis crevée... ça fait des circonstances atténuantes, non?

Alors... après avoir exploré les sphères de la fanfiction potterienne, tolkienesque (ça existe, ça?!) et vampirique, me voici de retour avec une nouvelle fic! (oui, encore une... alors que je devrais finir les anciennes, je sais... ) Il se trouve qu'il y a quelques semaines, j'ai acheté le dernier volume de God Child, série génialissime de Kaori Yuki (que j'admire... ). Et oui, le dernier numéro, celui qui clôt les aventures du mystérieux Comte des Poisons. Je n'ai pas été déçue, mais plutôt triste. Triste à pleurer... (ben quoi?! tous les personnages que je vénérais sont morts tragiquement... y reste plus que le grand benet d'Oscar et sa chère Mary... tu parles d'une fin!)

Pour chasser la mélancolie (et la folie meurtrière) qui menaçait de m'emporter, je me suis mise à écrire... Et le résultat, le voici. Une petite historiette en la mineur, à la fois triste et pathétique, sur un personnage que j'aimais tout particulièrement... Mais chuuuut... je ne vous en dirais pas plus: ce ne serait pas du jeu. À vous de découvrir de qui il s'agit! Un jeu d'enfant pour vous, j'en suis sûre...

J'espère que ce petit récit vous plaira... Bonne lecture!


° DÉCHÉANCE °

Scène I :

Une déchéance... oui, c'était bien cela. Une sorte de descente aux Enfers, commencée il y a bien longtemps.

Dire que je n'ai rien fait pour empêcher tout cela... rien. Je n'étais qu'un gamin et je l'aimais.

Il tenait mon cœur entre ses mains ; il l'a broyé sans pitié.

Je ne pouvais pas le trahir...

Des pas dans le couloir désert. Je me retourne... ce n'est que toi. En me voyant, tu t'es arrêté. Un soupir m'échappe : soulagement ou peine ? Un instant j'avais cru... J'aurais voulu que ce soit lui. Qu'il vienne me trouver, me parler. Me réconforter, peut-être. Mais mes rêves sont vains : chimères idiotes, illusions absurdes, elles me bercent chaque soir, avant de m'abandonner à un sommeil amer.

Ma souffrance lui est étrangère ; il n'y attache aucune importance. Et toi ? Tu ne me l'as jamais dit, et pourtant ton regard pèse sur ma nuque, comme si tu savais. Je ne veux pas de ta pitié : à quoi me servirait-elle ? Je ne veux que son amour, et jamais il ne me l'accordera.

Je te croise en essayant de ne pas te frôler. Je ne veux pas lever les yeux, car je devrais affronter tes reproches. Tu sais que je ne le quitterai jamais : pourquoi m'implorer, alors ? C'est un sacrifice impossible que tu me demandes. N'insiste pas, s'il te plait : tes prières ne parviendront qu'à me détruire. Visiblement, ta mission a été vite accomplie ; je ne m'attendais pas à te voir rentrer si tôt. Lorsque je te dépasse, je ne me retourne pas, et, d'une voix blanche :

- Il faudra... que tu viennes me faire ton rapport. J'espère que tu n'as pas eu trop de peine avec...

Je m'arrête. Comme il est dur de résister ! Je voudrais faire volte-face et courir vers toi. Pleurer mon chagrin contre ton cœur, cracher ma rancœur, vomir ma solitude... Tu me prendrais dans tes bras et pendant un instant, je pourrais imaginer que c'est lui qui me berce. Je poserais ma tête sur ton épaule et tu caresserais doucement mes cheveux...

Laisse-moi déverser le poison de ma peine dans le calice de ton âme.

Mais je me retiens : je ne peux pas ; nous n'avons pas le droit. Mon cœur n'est enchaîné qu'à une seule potence et c'est sous le couperet de son indifférence que je périrais. Sa guillotine méprisante achèvera de m'ôter toute envie de vivre.

Je te sens incliner la tête, sans vraiment te voir. Malgré la hiérarchie sévère qui nous sépare, nous nous connaissons bien. Je t'ai livré mes secrets, bien plus que je n'aurais dû, et tu as su en prendre soin. Ce qu'il n'a jamais fait...

Enfin tu murmures :

- Non, il n'y a pas eu de difficulté. Je vous retrouverais dans vos appartements.

C'est à mon tour de hocher la tête. Je déglutis, la gorge serrée.

- Bien. Je t'y attendrai.

Et je pars, sans te regarder.

Parce que si je le faisais, ce serait le trahir.

oOoOoOoOoOoOoOo

- Tu ne devrais pas accorder autant d'importance à une simple carte...

Il fait jouer entre ses doigts un verre de vin. Le cristal divise la lumière des chandelles ; le liquide rubis danse joliment. Comme du sang... Dans un éclair, des visions macabres m'assaillent : cadavres, entrailles, blessures... Et au milieu du massacre sanglant, les yeux tant convoités ; les yeux au regard maudit...

Je lui jette un coup d'œil de biais. Assis dans un fauteuil, chemise de soie blanche, gilet de brocard vert sombre, bottes cirées... Exemple parfait du gentleman. Racé, maniéré, puissant et... riche. Ses pupilles grises luisent d'un éclat méprisant ; un sourire amusé s'accroche à ses lèvres. Il savoure son bordeaux, à petites gorgées. Il me fait horreur.

- J'ai vu la façon dont tu le regardais.

Dos à lui, je m'adosse au bureau. Par la fenêtre, les lumières de Londres étincellent. Une myriade d'étoiles vacillant dans le smog de la Tamise. Au loin, Big Ben sonne. Onze heures. En soupirant, je réponds d'un ton absent :

- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler...

Un rire ; je me mors la lèvre pour ne pas sortir immédiatement de la pièce. Ses yeux pèsent sur moi, me caressent du regard.

- Oh... ne fais donc pas l'innocent...

Froissement de tissu ; il est derrière moi, une main posée sur la mienne. Son souffle frissonne à mon oreille. Pour ne pas m'enfuir, je me fais violence. Me dérober ne servira à rien.

- J'ai vu la peine dans tes yeux quand tu le regardais, et je sais qu'il la comprend.

Son murmure est un serpent. J'essaie de le repousser, mais il se glisse en moi, sournoisement. Sa main droite remonte le long de mon bras ; la gauche me caresse la joue. Je frissonne. Curieux de voir comme une chose si répugnante peut être à la fois si agréable... Ses lèvres dansent contre mon cou. Je me contrains à fixer la Tamise, droit devant moi.

- Si le CardMaster l'apprenait... Il n'est pas bon, tu sais, d'entretenir de telles relations avec son subordonné...

- Je ne...

Ma voix tremble. Moi aussi. Je fais brusquement volte-face. Il recule.

- Je n'entretiens aucune relation avec... avec lui.

Il a un sourire satisfait, comme si mon hésitation confirmait ses dires. La haine palpite en moi. Dans ma poche, le scalpel attend avidement : il a soif de sang... Il faut que je me ressaisisse, ou tout ça finira mal. Le ton plus assuré, je le défie du regard en remontant d'un doigt mes lunettes :

- Cassian n'est qu'une simple carte et je n'ai aucune relation avec lui. De plus, le CardMaster sait qu'il peut compter sur mon entière fidélité.

Mon cœur se serre à ces mots : est-ce bien vrai... ?

Je traverse la pièce. Ma respiration se calme peu à peu, malgré son air sarcastique.

- Bien sûr, bien sûr... où donc avais-je la tête ? Chacun sait que tu es dévoué corps et âme à Delilah et à son maître. Après tout, n'es-tu pas son fils adoptif ?

L'accentuation du dernier mot ne m'a pas échappé : il fait vibrer la corde sensible. À nouveau, ce même pincement au cœur. Abandon, détresse, solitude, haine. Cet homme me connaît plus que ce que je pensais...

Il ne s'arrête pas là :

- Mais tout de même... ne souhaiterais-tu pas qu'il t'accorde un peu plus d'attention ? Tes efforts sont... exceptionnels, je dois le reconnaître. Tu as fais bien plus pour l'organisation que bien des Arcanes Majeurs. Si cela ne tenait qu'à moi...

Haussement d'épaules :

- Hélas, nous savons tout deux que je n'ai pas –ou peu- mon mot à dire. Le CardMaster aime décider seul et il nous sait gré de ne pas contester ses ordres. Mais il pourrait au moins t'accorder ce que tu souhaites...

Immobile devant la porte, je ne réponds rien. Rester impassible, surtout, ne rien dire... Mes mains tremblent toutes seules. Tout ce qu'il dit est vrai ; je ne peux pas le nier. J'aimerais tellement que... La tête me tourne, je ne l'entends même pas s'approcher. Il m'ouvre la porte en souriant. Le tigre fixant la biche... Une main posée sur mon épaule et :

- Il n'est pas bon de courir après des chimères. Moi... je peux t'offrir ce que tu souhaites... et ce sera bien réel.

Aucune réponse : les mots sont collés sur ma langue. C'est tout juste si j'arrive à lever la tête et à croiser son regard brûlant. Il se penche vers moi, son souffle sur mes lèvres :

- Pense-y. Qu'a-t-il jamais fait pour toi... ?

Je secoue la tête, les larmes aux yeux.

- Je... je...

Une caresse sur ma joue ; sa bouche si proche... Un instant, j'hésite. J'aimerais... j'ai tant besoin de chaleur, tant besoin...

- Réfléchis. Il se peut que tu viennes me trouver bien plus vite que tu ne le crois...

Une autre caresse me fait frissonner. Ses doigts me brûlent et me glacent en même temps. Horreur et adoration. Cet homme est un serpent, et il m'hypnotise. Je le désire autant que je le hais.

Soudain, je sursaute. Pensées absurdes, trahison. Je fais volte-face et m'enfuis le long du couloir. Mes pas résonnent sur les dalles de marbre, et je ne vois pas son sourire carnassier qui disparaît dans l'ombre...


Alors...?Ce début vous a-t-il plu? Je suppose que vous savez maintenant qui est le héros de cette histoire... Un petit mot, un commentaire? Laissez-moi vos impressions... le prochain chapitre viendra bientôt...

En attendant... bonne nuit à tous et toutes... !