Toutes les histoires de la série Scientia sont bâties comme des épisodes de la série télévisée. Chaque épisode est une histoire à part entière avec une intrigue secondaire centrée sur le développement des personnages. Il y a une évolution d'une histoire à l'autre, mais chaque histoire peut être lue seule.
Pour les autres histoires, voici la chronologie :
1. Le privilège du grade
2. Douze
3. Faction
4. Les forces d'attraction
Cette histoire se passe dans l'univers de The Next Generation, environ 15 ans après la série et l'histoire est liée à l'épisode virtuel "Douze".
Épisode 5: L'élu
«À ma première épouse Loana,
J'espère que tout va bien de ton côté. Il y a longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles mais je comprends que ton travail et nos deux filles te tiennent passablement occupée.
Je suis aussi très occupé de mon côté. Mes responsabilités à bord du USS Hawking sont multiples. Comme tu le sais déjà, le rôle d'un conseiller est d'offrir un soutien psychologique à l'équipage d'abord et à ceux que nous rencontrons, que ce soit des rescapés que nous recueillons ou des prisonniers. Je dois aussi prendre le pouls de l'équipage, vérifier que leur moral est bon, en particuliers dans des situations stressantes, comme après un combat par exemple. Je dois apporter un soutien au capitaine dans nos contacts avec d'autres peuples que ce soit pour un premier contact, des négociations diplomatiques ou de l'arbitrage.
Cependant, dans un vaisseau comme le Hawking, ça ne peut pas s'arrêter à ça. C'est un vaisseau scientifique et moi aussi, je suis un chercheur. Mes recherches se concentrent sur l'esprit et je ne parle pas seulement des cultures que nous pouvons rencontrer. Il y a assez de matériel à bord pour pousser ces recherches aussi loin que je le veux.
Les humains sont toujours un sujet de recherche fascinant. Je sais que tu ne l'as jamais compris, mais laisse-moi essayer de te l'expliquer, une fois de plus.
En quelques siècles seulement, ils ont su mettre derrière eux, une histoire remplie de guerres et de violences pour se lancer dans la conquête spatiale. Ils sont su canaliser cette énergie qu'ils gaspillaient dans des conflits inutiles pour quelque chose de beaucoup plus pacifique et ce, pour la simple curiosité de découvrir ce qu'il y a au-delà de leur horizon.
Il y a aussi à bord d'autres espèces, toutes aussi fascinante. Notre OPS, par exemple est une jeune Bajoranne qui n'a pas connue l'occupation cardassienne, alors, son caractère est plus doux et plus jovial que la majorité des Bajorans que j'ai rencontrés. Cependant, je sens que sa vraie personnalité reste enfouie, comme si elle craignait qu'en découvrant qui elle est, on se détourne d'elle.
Il y a aussi cet étrange pilote, Douze-cent-trois, le premier Trentien dans Starfleet. C'est un jeune homme extrêmement enthousiaste qui aime profondément ce qu'il fait. Il a été génétiquement créé pour être dans Starfleet. Bien sûr, tu vas me dire que l'ingénierie génétique est interdite dans la Fédération, mais le cas des Trentiens est exceptionnel, parce que cela se fait de façon naturelle depuis des millions d'année sur leur planète. L'ingénierie génétique se fait par un troisième genre qu'ils appellent le progénien. Celui-ci fournit un élément qui se greffe à la chaîne d'ADN du fœtus en formation et le modèle.
J'aimerais apprendre à le connaître plus. Est-il un Trentien typique ou si tous les Trentiens sont, à leur façon, atypiques? Dans cette optique, je suis allé m'asseoir avec lui pour discuter au mess et je dois dire que ce fut une expérience tout à fait rafraîchissante.»
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Dans le mess, Douze remarqua le Dénobulien, assis au comptoir et discutant avec le commandeur Parksan. Il alla s'asseoir seul à une table près de la baie vitrée. C'était l'heure précédent le début du quart et le mess était rempli d'officiers qui avaient préféré manger en groupe plutôt que dans leur quartier. Douze chercha Giona Rhéa du regard, mais il ne la trouva pas. Elle ne venait pas à tous les matins, mais il aimait bien discuter avec la Bajoranne quand elle venait. Il alla s'asseoir seul à une table vide et se commanda des œufs et du bacon. Comme les spécialités trentiennes avaient tardé à être programmée dans les réplicateurs quand il était à l'académie, il s'était habitué à la nourriture terrienne et il y avait pris goût.
À ce moment, le chef ingénieur se leva et partit. Riyax regarda dans sa direction, se leva, pris son assiette et marcha jusqu'à sa table.
- Est-ce que la place est prise, enseigne?
- Non, vous pouvez vous asseoir. Comment allez-vous conseiller?
- Je vais bien et vous?
- Ça ne pourrait pas aller mieux, dit le jeune homme en souriant.
- Vous me semblez toujours positifs, enseigne, est-ce qu'il vous arrive d'avoir de mauvais jours?
Le Trentien prit la peine de réfléchir comme s'il cherchait dans ses souvenirs.
- Non, je ne crois pas.
- Sérieusement? Quand vous étiez à l'académie, vous ne vous êtes jamais sentis isolé parce que vous étiez différents?
- Oui, mais ces moments ne duraient pas toute la journée.
Le Dénobulien trouva la remarque amusante.
- Vous avez donc parfois de mauvais moments.
- Bien sûr, mais ça ne dure jamais une journée. Quoi qu'il se passe, il y a toujours, dans une journée, un bon moment pour en éclipser un mauvais.
- J'en connais beaucoup qui serait en désaccord.
- Je comprends ce que vous voulez dire, les humains ont parfois tendance à s'accrocher à un mauvais sentiment et à le faire durer.
Le conseiller sembla surpris par la justesse de cette remarque.
- Et comment réagissent les Trentiens?
- Pour nous, les sentiments sont comme de l'énergie. Si nous restons accroché à un mauvais sentiment, nous concentrons cette énergie dans la mauvaise direction et elle nous épuise plutôt que de nous faire avancer. C'est pourquoi nous apprenons à ne pas nous y accrocher.
- Y a-t-il des Trentiens qui ne savent pas décrocher des émotions négatives?
- Oui, surtout les enfants, mais ils l'apprennent avec le temps.
- Si je vivais sur votre planète, j'aurais de la difficulté à pratiquer mon métier, dit-il en souriant.
- Mais il existe des psychologues sur Trente, s'insurgea Douze. Les malheurs nous arrivent aussi, les petits comme les grands.
- J'aimerais bien rencontrer un de mes collègues trentien. J'aurais sûrement beaucoup de chose à apprendre.
- Passerelle à Douze, dit la voix de Giona.
Il activa son communicateur.
- Ici Douze-cent-trois.
- Vous avez reçu un message prioritaire de Trente.
Douze se tourna vers le conseiller.
- Je dois y aller. On pourrait remettre cette conversation à plus tard, conseiller.
- J'apprécierais. Bonne journée, enseigne.
Il s'éloigna d'un pas rapide.
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« J'ignorais à ce moment qu'un membre de sa famille venait de mourir et qu'il avait été rappelé sur Trente pour les funérailles. Comme le Hawking était dans les environs, le capitaine Roberge proposa de l'y déposer et si les autorités de Trente étaient d'accord, de donner une permission à l'équipage pour leur permettre de visiter la planète. C'était pour moi l'occasion d'aller rencontrer un collègue trentien et j'envoyai une demande aux autorités en place pour qu'on me mette en relation avec un psychologue trentien. Je fus contacter par un certain Sept-cent-huit qui semblait avoir, lui-aussi, beaucoup de question à me poser et nous primes rendez-vous.
Cependant, je n'oubliais pas mes devoirs : un membre de l'équipage était en deuil et je devais m'assurer qu'il allait bien. »
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L'enseigne Douze-cent-trois se préparait pour un court séjour sur Trente. Il avait hâte de revoir sa famille, ses parents et son frère. Il regrettait que ce ne soit pas la bonne saison pour assister aux deux aurores, c'est bien ce qui lui manquait le plus de son monde d'origine.
Il s'affairait à remplir une petite valise quand retentit la sonnerie de sa porte.
- Entrez, dit-il.
Le conseiller Riyax entra. Douze se tourna vers lui en souriant.
- Que me vaut le plaisir de votre visite, conseiller?
Le conseiller resta surpris par sa bonne humeur.
- Je croyais que vous aviez perdu quelqu'un, enseigne.
- Et vous veniez m'aider à traverser cette épreuve, c'est gentil.
- C'est mon travail, dit-il toujours aussi perplexe.
- Je comprends votre confusion. Voyez-vous : c'est mon progénien qui est décédé.
- Ce n'est pas un membre de votre famille.
- C'est compliqué pour les espèces bisexuées de comprendre ce que ça signifie. Cent-dix était mon troisième parent, mais je ne l'ai jamais rencontré.
- Alors où est l'importance de vous rendre à ses funérailles?
- C'est très important, ça fait partie de la vie d'un Trentien. Les progéniens font partie de la classe dirigeante et ce n'est pas tous les Trentiens qui en ont. Quand on a cette chance, on a aussi un devoir envers lui et c'est particulièrement important, surtout en ce moment.
- S'il est si important dans votre vie, pourquoi ne l'avoir jamais rencontré?
- Par respect pour lui. Les progéniens n'ont pas le droit à une famille, alors rencontrer leurs descendants amène un risque d'attachement et s'ils s'attachent, ils favoriseraient certains de ses descendants.
- Et ce serait inapproprié?
- Exactement. Cent-dix a vécu une vie longue et prospère, nous sommes au moins des dizaines de milliers à avoir bénéficié de ses talents. Imaginez si nous allions tous frapper à sa porte par envie de le connaître.
Riyax était de plus en plus intéressé par les structures de la société trentienne, il lui tardait de rencontrer son collègue.
- Si je comprends bien, ça fait partie de vos obligations, en tant que Trentien, de rendre un dernier hommage à votre progénien.
- C'est exact.
- Et vous n'avez pas besoin de moi pour traverser ce deuil.
- Non, mais vous pouvez venir aux funérailles si vous voulez.
- C'est permis?
- Bien sûr, quand un progéniens meurt, on lui organise des funérailles nationales. Tout le monde est bienvenu.
- Dans ce cas, j'accepte avec plaisir.
