NdA : Ce oneshot a été écrit comme cadeau de noël pour Starck29 dans le cadre du Secret Santa. J'espère qu'il vous plaira aussi.

Joyeux noël à tous et à toutes !

Histoires de Weasley

Mrs Weasley se tortilla les mains, regrettant de ne pas avoir emmené son tricot pour occuper ses mains nerveuses. Elle reposa son regard sur sa fille, qui dormait dans le lit d'hôpital à côté d'elle.

Quand Minerva les avait appelé, Arthur et elle, Mrs Weasley avait été terrifiée. Ils étaient arrivés à Poudlard presque en même temps que Dumbledore, mais le vieux directeur avait avoué ignorer où se trouvait la Chambre des Secrets, détruisant son seul espoir de revoir sa fille en vie. Pire encore, le message sur le mur lui assurait qu'elle n'aurait même pas de corps à enterrer.

Elle n'avait pas éprouvé une telle agonie depuis la mort de ses frères, Fabian et Gideon, et après la défaite de Voldemort par Harry Potter elle avait été convaincue qu'elle avait eu son lot de malheur. Que désormais, elle pourrait élevé ses enfants dans un monde qui, sans être parfait, avait au moins le mérite d'être en paix.

A chaque grossesse, elle avait toujours vécu une terrible période de doute. Était-ce raisonnable d'avoir un enfant pendant une guerre ? Serait-elle obligée de les voir se faire torturer ou tuer par des Mangemorts un jour, en représailles d'un duel contre l'Ordre du Phénix, ou simplement parce que ces psychopathes s'étaient réveillés avec l'envie de malmener des innocents ? Chaque fois, Arthur, Gideon ou Fabian l'avait consolée et rassurée. Lui avait dit que cette guerre finirait un jour, et qu'elle ne pouvait pas laisser Tu-Sais-Qui la priver de la famille qu'elle avait toujours voulu avoir.

Et voilà que ce monde en paix avait failli lui voler sa fille – son plus jeune enfant. Ou peut-être qu'elle avait eu tort de croire que le monde sorcier avait retrouvé la paix, car Dumbledore avait affirmé que Tu-Sais-Qui était responsable de l'ouverture de la Chambre. Elle n'avait pas eu le courage de rester écouter les détails de ce récit, préférant escorter sa fille à l'infirmerie après avoir remercié Harry. Le peu qu'elle avait entendu lui avait suffi pour comprendre l'essentiel.

Elle avait échoué.

Le rôle premier d'une mère était de protéger et conseiller ses enfants, et elle avait échoué.

Ginny avait écrit plusieurs fois au cours de l'année. Chaque fois, Molly avait décelé une certaine tristesse dans ses lettres, mais elle ne s'en était pas préoccupée excessivement. Elle savait que Ginny pouvait parfois être timide avec les gens qu'elle ne connaissait pas, et elle se souvenait de sa propre première année. Quel enfant de onze ans ne serait pas triste d'être loin de chez lui ?

Elle se tordit les mains et étouffa un sanglot. Ginny avait besoin de repos, elle ne pouvait pas la réveiller.

Lorsque Harry avait sorti le journal de Jedusor, une part d'elle avait été soulagée. Arthur avait souvent mis en garde leurs enfants contre de tels objets obscurs. Ginny n'avait pas écouté son père, ce qui était arrivé était sa faute. Cette même part avait voulu rejeter le blâme sur ses autres enfants. Ginny avait quatre frères à Poudlard, pourquoi ne l'avaient-ils pas mieux entourée ?

Et elle se détestait pour ces pensées. Quel genre de mère accusait ses enfants alors qu'ils souffraient ? Quel genre de mère ignorait la tristesse de sa fille, au point qu'elle finissait par se confier à un journal ensorcelé ? Quel genre de mère reprochait à des adolescents, occupés par leurs études, de ne pas avoir fait ce qu'elle-même a échoué à faire ?

Elle sursauta en sentant une main se poser sur son épaule.

« Comment va-t-elle ? » demanda Arthur en s'asseyant sur la chaise vide à côté d'elle.

Elle haussa les épaules d'un air impuissant.

« Elle n'a rien dit. Elle a juste pleuré, puis elle s'est endormie. Comment vont les garçons ?

– Ils sont soulagés de savoir que leur sœur est saine et sauve. Je leur ai dit d'aller dormir. On verra dans quel état ils seront demain. Je ne crois pas qu'ils aient vraiment compris tout ce qui a été dit ce soir. Ils vont avoir besoin de temps pour comprendre, et pour se pardonner. Dit-il doucement.

– Je vais avoir besoin de temps aussi.

– Nous allons tous en avoir besoin. Et Ginny encore plus. »

Molly failli se lever, mais Arthur la retint.

« Ce n'est pas sa faute ! S'insurgea-t-elle. Elle n'est qu'une enfant ! C'est nous qui aurions dû mieux veiller sur elle !

– Je suis d'accord Molly. Mais plusieurs enfants ont été pétrifié, et Ginny a été l'instrument. Il va lui falloir un moment pour comprendre qu'elle n'était que la baguette, et que le seul coupable est le sorcier qui lance le maléfice. »

Ginny gémit dans son sommeil et les deux adultes se figèrent, mais la jeune fille se contenta de remuer pendant quelques secondes avant de pousser un profond soupir et de se calmer.

« Mme Pomfrey lui a donné une potion pour cette nuit. Elle ne fera pas de cauchemar. Expliqua Molly.

– Cette nuit, sans doute. Mais cet été ? Elle ne pourra pas prendre cette potion indéfiniment, il y a trop d'effets secondaires à long terme. Et puis, ce n'est qu'un pis-aller. Lâcha Arthur.

– Je sais. Mais j'ai eu des cauchemars affreux après la mort de… de Fabian et de Gideon. Et je n'étais même pas quand c'est arrivé. Je ne veux même pas imaginer les horreurs qui vont hanter ses rêves… dit Mrs Weasley en tremblant.

– Je pensais… »

Mr Weasley se redressa sur son siège.

« Je pensais à ces économies que nous avons faites dans notre deuxième coffre à Gringotts. Pour aider les enfants quand ils quitteront la maison. Bill et Charlie ont refusé leurs parts, et depuis toutes ces années on a réussi à accumuler pas mal de gallions. On devrait peut-être en dépenser une partie. »

Il s'interrompit et regarda alternativement sa femme et sa fille.

« Ce n'est pas que Ginny qui a besoin de guérir, c'est toute notre famille. Individuellement, mais aussi ensemble. Bill a toujours été très mature, et Ginny l'admire depuis toujours. Ron et les jumeaux aussi. Même Percy, bien qu'il ne l'avouera pas aussi facilement. Et surtout, il n'a pas été mêlé à toute cette histoire, et il connaît mieux ces ensorcellements que quiconque. »

Il hocha la tête puis se passa la main dans les cheveux.

« En tant que père, j'ai un peu honte de suggérer de m'appuyer autant sur mon propre fils, mais je pense qu'un voyage en Égypte nous ferait à tous le plus grand bien. »

Molly sourit tristement.

« Je suis d'accord. Mais, ça m'ennuie de prendre dans ces économies. Il y a pas mal de gallions, c'est vrai, mais il nous reste encore cinq enfants qui n'ont pas fini Poudlard. Et s'ils en ont besoin un jour ? Hésita-t-elle.

– Percy a encore un an d'école, les jumeaux trois ans, Ron cinq et Ginny six ans. Ça nous laisse un peu de temps pour économiser à nouveau. Et j'ai confiance en eux – ils sont débrouillards, cet argent est juste là pour leur donner un coup de pouce. Je suis sûr qu'ils s'en sortiront sans si le pire devait arriver. »

Molly accepta ce raisonnement et reprit sa garde silencieuse tandis qu'Arthur attrapait la Gazette pour s'occuper. Un encart attira son attention et il le montra à son épouse.

« La Gazette du Sorcier organise une loterie, avec pas mal de gallions en premier prix. Je vais envoyer un bulletin. Le destin nous aidera peut-être. » Dit-il en souriant.

Molly regarda Ginny dont le sommeil était à nouveau agité, malgré la potion.

« Il nous doit bien ça. »