De Haut Vol

HieixShuichi


On ne vole pas un voleur.

Ne devrais-tu pas toi-même le savoir Yoko Kurama ? Toi réputé si doué en ce domaine, maître de la dissimulation, des faux-semblants qu'entrainent la trahison sèche et brutale... Combien de fois ton prénom a-t-il été prononcé avec prudence et respect dans le Makaï. Combien d'imbéciles à tes pieds. Combien d'années de règne.

Pour ne devenir plus qu'un misérable ningen aux pouvoirs amoindris qui s'agenouille là où je crache, roi déchu de toute sa splendeur, de toute sa force et qui pourtant semble si bien accepter sa condition, qui sourit de ses faiblesses sans la moindre pudeur. Le moindre regret d'un éphémère souvenir...

On ne vole pas un voleur.

Mais tu l'as oublié. Crois-tu que je n'ai pas remarqué ton manège quand tous détournent le regard ? Cette lueur dans tes yeux que la paix a éveillé prend une toute autre couleur lorsque je suis à tes côtés. Ton sourire trouve une nouvelle douceur lorsqu'il m'est adressé. Même Yoko Kurama plie face à Shuichi, la nuit, quand je dors à tes côtés poussé par tes bons soins. Penses-tu m'effrayer de tes grands yeux dorés ? Veux-tu retrouver cette franchise, cette sincérité si vite égarée sur ton chemin ? Pourquoi ? Ou plutôt....pour qui ?

On ne vole pas un voleur.

Pourtant toutes tes tentatives prouvent le contraire. Quand tu me supplies presque de rester après une de mes longues absences dans le Makaï. Tes bras qui se referment sur moi, tes doigts qui redoutent de me voir t'échapper. Tous ces actes par lesquels tu t'imposes progressivement dans ma vie avec l'espoir d'y rester. Tes démonstrations timides d'affection qui ancrent ton odeur dans mes vêtements. Tes plats qui toujours finissent par m'appâter, disposés soigneusement sur le rebord de ta fenêtre. Cette même fenêtre que tu ne fermes jamais toi qui craint tant la chaleur, qui t'en sert comme prétexte pour m'effleurer. Toujours si fin calculateur dans le seul but de parvenir à me posséder.

On ne vole pas un voleur.

Mais y songeais-tu un seul instant alors que tu te perdais dans ces draps froids et vides de ma présence ? Ton corps s'était cambré alors que ta voix ne cessait de m'appeler. Tes doigts fouillant le lit à la recherche de mon corps à étreindre. Tandis que tu rêvais...rêvais de quoi, rêvais de qui ? De mes cuisses où tu aurais pu t'échouer ? De mes cris suppliants ? Du plaisir tout entier peint sur mon visage qui aurait assombri l'éclat de mes yeux, rougis ma peau et mes lèvres de tes baisers ? De ma présence à la fenêtre en train de te contempler ? Oh Hiei...Hiei ! Mais je ne me suis pas approché. T'ai-je déçu ?

On ne vole pas un voleur.

Cependant tu as craqué, tu t'es résolu enfin. Les mots t'ont échappé et tu m'as avoué que tu m'aimais. Je ne t'ai pas répondu. Après tout je t'ai tellement attendu, dans l'ombre. Des années de silence à te dévorer du regard sans jamais m'approprier ce qui éveillait mon désir, ce trésor qui manquait à ma collection. Le plus précieux de tous.. Et ces autres qui te connaissaient, que tu connaissais... Tous ces autres et leurs sourires ! Alors attend un peu. Attend que je ferme les yeux et que tu puisses agirs.

Un voleur n'est jamais volé que s'il le désire.

Owari


Disclaimer Yoshihiro Togashi

Première fiction Yuyu Hakusho. Enchantée...