Bonjour ! Je suis de retour avec un snarry ! Oui, j'ai un peu écrit cet été... Voici le premier chapitre de ce qui est ma tentative d'un slash humoristique. Exercice délicat... J'ai bien peur que ce soit surtout un slash pathétique. Mais bon, on peut toujours essayer ! Rassurez-vous, ce sera court !
Disclaimer: le monde d'Harry Potter appartient à JK Rowling.
Pairing: HP/SS
Notes: Fic écrite pour la communauté hp-slash-fr (lien sur ma page de profil)
HPHPHP
Potions à consommer avec modération
Pour Harry, la journée s'annonçait sous les meilleurs auspices. Il serait l'assistant de Severus Snape dans la fabrication des potions. Il en faisait des bonds pleins d'allégresse et devait se mordre la langue pour ne pas crier sa joie. Ses amis ne comprendraient pas. Ron le secouerait comme un prunier pour expulser le démon qui s'était emparé de son corps. Hermione chercherait dans toute la bibliothèque le sort qui l'avait frappé. Les jumeaux proposeraient de l'utiliser comme cobaye pour leurs nouvelles inventions (si Harry était perdu, qu'au moins il ne le soit pas pour la science…)
Harry n'avait confessé à personne son attirance croissante pour son ancien professeur. L'objet de son adoration était trop improbable. Lui seul apparemment voyait à quel point l'homme était charismatique, mystérieux, fascinant. Tant mieux. Harry avait horreur de la concurrence.
Il avait trimé comme un fou pour garder le niveau en Potions. Il redoutait que Snape ne l'exclue de son cours pour incompétence notoire. Il avait dit, pour se justifier, qu'il voulait devenir auror, mais ce n'était bien sûr qu'un prétexte minable. Quand on regardait à quoi servaient les aurors, on ne se posait qu'une question : qui pouvait donc avoir envie d'être flic ? Le ministère disait que c'était un métier recherché, pour attirer les gogos… Au prix d'un labeur acharné (planquer ses anti-sèches et les utiliser sans se faire envoyer chez Rusard relevait de la haute-voltige), Harry avait décroché ses ASPIC, grâce notamment à un O en Potions.
O ? Oh ! Mais lors de la remise des diplômes, Snape s'était contenté de le regarder comme si Harry était une mouche venue se noyer dans son porto et avait lâché : « Je suis surpris par votre note en Potion ». Agréablement ou désagréablement surpris ? Harry avait passé la nuit à se le demander, au lieu de faire la nouba avec ses condisciples rescapés des examens. Certes, il ne s'attendait pas à ce que Snape lui donne un gros bisou en lui glissant son numéro de cheminette. Mais cette (absence de) réaction l'avait profondément déçu…
Après l'obtention de ses ASPIC, Harry avait deux mois de vacances bien mérités et il avait décidé de les passer à Poudlard avec l'autorisation de Bubus. Oui, ce diminutif était un poil familier pour le grand sorcier… Mais quand on avait tué ensemble un détraqué à moitié humain, ça créait des liens. Harry avait profité de l'autorisation pour hanter le château, squatter la Grande Salle, rôder dans les cachots et faire le siège de Bubus pour qu'il lui donne une occupation (de préférence à proximité du Maître des Potions).
Frétillant d'impatience, Harry frappa à la porte des cachots. Elle s'ouvrit si prestement qu'il n'eut pas le temps de reculer et se retrouva le nez contre le torse de Snape, malheureusement abrité derrière sa robe.
« Quoi, Potter ? Vous vous êtes trompé de couloir. Les balais de Quidditch ne sont pas ici. »
« Monsieur le directeur m'a dit de vous aider à préparer vos potions. »
« Le directeur vous l'a demandé, à vous ? »
Cette incrédulité était insultante, mais Harry décida de ne pas relever. Il voulait mettre à profit son été à Poudlard pour modifier l'opinion de Snape sur lui, voire le séduire si affinités. Il lui faudrait faire preuve de patience et de tact…
« Oui, monsieur, il me l'a demandé à moi », dit Harry avec le plus grand sang-froid (après l'avoir harcelé pendant trois jours, mais ce n'était pas le sujet).
Snape ne dit rien et s'effaça pour le laisser entrer. Harry fut soulagé. Il existait un risque pour que Snape le haïsse au point de refuser tout net sa présence. Peut-être son intuition, qui lui soufflait que l'homme ne le haïssait pas tant que ça, ne faisait-elle pas fausse route.
« Je refais le stock de potions pour l'infirmerie, dit Snape. Pimentine, Poussos, Sommeil sans rêve, anti-fièvre, etc. Vous ne les connaissez que de nom… »
« Je les connais bien, assura sereinement Harry. Je les ai toutes prises au moins une fois. Si c'est vous qui les faisiez, je m'étonne que vous ne les ayez pas empoisonnées pour que je meure dans d'atroces souffrances… »
Harry avait bien conscience de prendre un risque en taquinant Snape. L'homme n'était pas du genre à être taquiné. Mais Harry ne voulait pas rester un élève muet et déférent. Il entendait bien lui montrer ce qu'il avait dans le ventre. En attendant de lui montrer ce qu'il avait plus bas.
« Le poison m'accuserait trop, répliqua Snape sans sourciller. Préparez les ingrédients et concentrez-vous sur votre travail. »
Bon, ça aurait pu être pire. Comme « fermez ce qui vous sert de dévidoir à sottises et bossez en silence, cloporte ! » Harry aurait eu mauvais gré de se plaindre. Voulant impressionner Snape par son sérieux, il tria, lava, hacha soigneusement tout ce qui était nécessaire, dans le plus grand silence pour ne pas perturber le Maître dans ses œuvres.
Effort méritoire que Snape ne parut même pas remarquer.
Harry se demanda quoi faire. Snape ne se préoccupait pas plus de lui que s'il avait été un meuble de peu d'intérêt. Pour attirer son attention, il ne pouvait pourtant pas se lancer dans un strip-tease !
De toute façon, la luminosité n'était pas assez bonne pour ça.
Alors qu'il se creusait fiévreusement la tête, on frappa à la porte. Snape, penché sur son chaudron, lança avec agacement :
« Entrez ! »
A l'apparition du visiteur, les yeux de Harry jaillirent de leur orbite. C'était Gilderoy Lockhart. Impossible de se tromper, même s'il ne l'avait pas revu depuis sa visite à Sainte-Mangouste. Lockhart ressemblait toujours à un participant de la Gay Pride, avec ses vêtements excentriques et sa coiffure indescriptible. Harry avait entendu dire qu'il avait recouvré la mémoire après un nouveau traitement révolutionnaire. Il se demanda, non sans inquiétude, de quoi l'ex-pire-prof-de-Défense-depuis-longtemps se rappelait exactement…
Mais Lockhart ne l'effleura même pas du regard. Plaquant sur son visage un sourire engageant, il s'approcha de son ancien collègue.
« Severus ! Comme je suis heureux de vous voir ! J'ai absolument besoin de votre science et de vos grands talents. Vous seul pouvez m'aider ! »
« Vous m'en voyez navré », rétorqua Snape avec ennui.
« Je n'ai pas encore exposé mon problème et vous êtes déjà navré pour moi ? Comme c'est aimable à vous ! Voilà. J'aurais besoin de… Disons que j'ai quelque défaillance pour… Je pense que vous avez sûrement une potion pour m'aider à… »
Harry se mordit les lèvres pour réprimer un éclat de rire. Snape prit un air mielleux pour répondre.
« J'ai connu des hippogriffes qui s'exprimaient avec plus de clarté. Je ne comprends pas un traître mot de ce que vous essayez pitoyablement de dire. »
Harry était bien persuadé du contraire, mais c'était irrésistible de voir Lockhart se tortiller avec gêne.
« Pour parler crûment, pour aller droit au but, pour ne pas y aller par quatre chemins… Mon problème est l'exact contraire du priapisme. »
Il remuait la tête, ce qui faisait osciller dangereusement une boucle de cheveux sur son front. Harry se demandait, fasciné, si elle allait se défaire et lui dégringoler sur le nez. Snape leva un sourcil moqueur.
« Voilà qui est savamment exprimé. J'étais loin d'imaginer que vous puissiez connaître l'existence de Priape et de sa mythologique difficulté… »
« Je suis un grand admirateur de la civilisation grecque, dit Lockhart avec emphase. L'exaltation de la beauté masculine, les éphèbes au gymnase, Platon et « Le Banquet ». Je sais que cela vous parle autant qu'à moi, Severus ! »
Pour faire bonne mesure, il lui lança une œillade.
Seul un être aussi infatué de lui-même que Lockhart pouvait avoir le toupet de draguer tout en confessant un souci aussi intime ! Harry en resta soufflé et fusilla l'impudent du regard. Snape toisa Lockhart avec un dédain qui aurait fait rentrer n'importe qui dans un trou de souris… sauf un Lockhart, hélas.
« Que connaissez-vous de la civilisation grecque, hormis l'ouzo que vous sirotez à Mykonos ? »
Lockhart eut l'air ravi.
« J'en étais sûr ! Vous aussi vous fréquentez les boîtes gays de Mykonos ! Nous sommes sur la même longueur d'onde ! »
« Apparemment, c'est vous qui vous avez des soucis de longueur, pas moi. Potter, rapportez-moi la troisième fiole à gauche des yeux de crapauds. »
Harry sursauta et obéit en traînant des pieds jusqu'à la réserve. Ainsi, Lockhart était attiré par le ténébreux professeur de Potions. Pour une surprise ! « Ne joue pas l'étonné, se moqua sa voix intérieure. Tu n'es pas attiré, toi peut-être ? »
Lockhart avait-il des chances de réussir ? A en juger d'après le rictus méprisant de Snape… non. Ceci dit, Lockhart était toujours bel homme. S'il insistait encore… Alarmé, Harry prit le flacon sur l'étagère et revint prestement dans le laboratoire.
Lockhart s'était rapproché pour parler à voix basse dans l'oreille de sa proie. Snape l'écoutait sans mot dire. Harry vint se placer délibérément entre eux, se sentant comme un chien dans un jeu de quilles.
« La potion contre l'impuissance », jeta-t-il avec son tact inné.
Lockhart aurait aimé le changer en gargouille, ça se lisait dans ses yeux.
« Jeune homme, vous interrompez… »
Ce fut lui qui s'interrompit.
« Je vous reconnais ! Vous êtes un de mes anciens élèves ! »
Aïe ! L'heure des accusations sur l'amnésie et des explications embrouillées était venue. Que la fée Morgane patafiole les guérisseurs de Sainte-Mangouste !
« C'est bien vous, continua Lockhart, qui avez crié Ridikkulus à l'épouvantard qui a alors pris mon apparence ? »
« Non, ce n'est pas moi ! » rétorqua Harry, soulagé et un peu envieux envers le farceur inconnu ; la blague était excellente !
« Ah. Si ce n'est pas vous, prenez votre pelle et votre sceau et allez jouer. Je dois parler à Severus. »
Il prononçait son nom de manière particulièrement irritante, en minaudant sur le « s » final. Harry se dit qu'il allait lui sauter à la gorge dans moins de dix secondes, mais par chance Snape le devança.
« Vous allez bien m'écouter, play-boy pour cracmols. Je ne suis pas intéressé le moins du monde par vos charmes douteux. Vous ne semblez pas comprendre quand je fais un effort surhumain pour rester civil, alors je change de registre. Vous êtes un dégénéré blafard, un couard de la pire espèce, une carpette qui n'est bonne qu'à se tordre sur le carrelage. Je préfèrerai la compagnie d'un Scroutt-à-pétard. Ayez la courtoisie d'aller voir à Azkaban si j'y suis, ou je pourrais bien utiliser ma baguette ! »
Lockhart, qui ne s'était pas départi de son sourire niais, écarquilla les yeux.
« Oh, je meurs d'envie que vous utilisiez votre baguette avec moi ! »
Au bord de l'apoplexie, Snape lança :
« Prenez votre potion et allez tester ses effets ailleurs ! »
Harry lui agita le flacon sous le nez et Lockhart, dépité, but le contenu d'un trait. Aussitôt, il émit un curieux gargouillis et lâcha le flacon qui roula au sol. Ses genoux fléchirent. Snape et Harry, qui le regardaient avec intérêt, baissèrent les yeux, de plus en plus bas, alors que l'homme rapetissait, rapetissait…
Le sémillant sorcier avait disparu de la pièce. A sa place se tenait un minuscule gastéropode, que l'on appelle « petit gris » dans les régions humides.
« Potter ! Qu'avez-vous fait ? siffla Snape. Vous n'avez pas pris le flacon avec la corne de rhinocéros ? »
« Non. Celui avec la corne d'escargot, dit tranquillement Harry. Pourquoi, ce n'était pas la bonne ? »
Le visage de Snape se tordit. Il semblait contenir difficilement sa colère… ou son fou rire. Il se baissa et saisit la coquille entre le pouce et l'index.
« Il ne reprendra sa forme initiale que dans vingt-quatre heures. Que voulez-vous que je fasse de cette bestiole répugnante d'ici là ? »
« Mettez-la sur une feuille de laitue, dit Harry, pratique. Ou bien vous pouvez la faire cuire avec de l'ail. Les Français disent que c'est délicieux. »
Snape émit un « Hum » qui ne trahit pas son état d'esprit et ajouta plus clairement :
« Je vous laisse ranger le laboratoire en guise de punition pour votre bévue. Vous reviendrez demain matin à 9 heures : nous avons d'autres potions à préparer donc je supprime vos vacances jusqu'à nouvel ordre. Je dois prévenir le directeur que Lockhart a été changé en escargot baveur. Que dites-vous de cela, Potter ? »
« Youpi, monsieur. »
HPHPHPHP
La journée écoulée laissa Harry plutôt perplexe. Il était heureux de la proximité de Snape, même si celui-ci l'ignorait les trois-quarts du temps et l'enguirlandait le dernier quart. Il considérait comme une bonne chose d'être privé de vacances pour l'aider dans son laboratoire. D'un autre côté, il n'avait fait aucun progrès dans l'estime de Snape. Se tromper à dessein de potion n'était pas le meilleur moyen de prouver sa maturité et son intelligence. Mais il n'avait pu s'en empêcher.
Harry soupira, seul dans le dortoir des Griffondors. Il avait vaincu Voldemort avec l'aide de Snape mais il n'avait jamais eu l'occasion de le remercier, encore moins celle de lui confesser son amour éternel. Peut-être l'été passé à Poudlard lui permettrait de…
Harry s'endormit, rejoignant un monde merveilleux où Severus l'aimait et le lui prouvait avec ardeur sur son bureau.
A 8h45, Harry attendait déjà devant la porte, douché et rasé, rayonnant de jeunesse et de fraîcheur, ou tout du moins il l'espérait. Snape marcha rapidement à sa rencontre. Il leva un sourcil en le voyant mais ne le félicita pas d'être en avance. Du moins ne lui reprocherait-il pas son retard…
Harry passa des heures à trier, laver, émincer, petite main au service du Grand Maître. Ses tentatives de conversation tombaient à plat mais il n'en était pas trop déçu. Severus Snape, professeur de Potions, était haïssable. Maître des Potions, il devenait une toute autre personne. Concentré sur son art, il remuait sa création avec des gestes déliés et gracieux. Son visage intense exprimait seulement l'amour de son travail. Le rictus désagréable disparaissait. Snape semblait perdre plusieurs années et devenait étrangement sexy, comme par magie… Or la magie n'avait rien à voir là-dedans, pour une fois.
Snape se tourna vers Harry.
« Venez remuer. »
« Qu… Quoi ? »
« Terminez la potion. Voyons ce dont vous êtes capable. »
Rouge de plaisir, Harry obéit avec application. Quelle preuve de confiance ! A un moment crucial de la décantation, Snape, penché sur les manœuvres de Harry, retira sa lourde robe et remonta les manches de sa chemise blanche. Harry fut presque hypnotisé. Sans son armure de sorcier inaccessible, Snape redevenait humain, vulnérable, plus attirant que jamais.
Harry avala sa salive avec difficulté. Il devait faire quelque chose, sous peine de nourrir des regrets pour le restant de ses jours. Il devait lui dire…
On frappa à la porte.
(à suivre)
