Au lendemain du nouvel épisode de la nouvelle saison (clairement déjà bien plus sympa que toute la saison précédente) et de la mort de Scott Wilson qui jouait Hershel (RIP u_u), voici ma dernière mini-fic sur WD avant que je ne m'attaque d'ici peu à mes trois bien plus longues histoires qui attendent patiemment leur tour. ^-^

S'agissant à l'origine d'une One Shot qui s'est un peu trop étendue, l'histoire ne fera que 5 petites parties.

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Après l'hiver vient le printemps


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Partie 1

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C'est après avoir couru des heures durant dans la nuit noire et glaciale, au cœur d'une campagne infestée de Marcheurs, que Beth trouva finalement refuge dans le grenier d'une grange abandonnée juste avant qu'elle ne soit totalement prise d'assaut par les Morts. Une fois grimpée l'échelle menant à l'étage où étaient stockées les bottes de paille, elle tira non sans mal ladite échelle jusqu'à elle. Ainsi, personne de mort ou vivant ne pourrait plus monter. Si les lieux n'étaient pas parfaits, elle ne pouvait s'empêcher de remercier le ciel de les avoir atteints à temps. Déjà plus d'une heure que la douleur déchirante des contractions la ralentissait dans sa course pour échapper au troupeau la poursuivant.

Elle avait parfaitement compris dès la toute première qu'elle ne tarderait pas à accoucher.

Et elle était paniquée !

Par le troupeau de Marcheurs qui l'avait flairé et depuis poursuivit, bien sûr. Mais surtout du fait qu'elle pensait avoir un bon mois d'avance dans la date de son accouchement. Le bébé s'apprêtait à venir trop tôt. Mais comment s'en étonner, quand elle ne cessait de courir depuis des semaines !

Apeurée qu'elle ne puisse donner naissance à un nouveau-né vivant, elle tâcha de prendre sur elle, serrant les dents pour ne pas crier et attirer plus d'âmes voraces. Mais la douleur devint si intense, qu'elle ne s'en soucia très vite plus.

Une heure. Il lui fallut dès lors une heure sous le bruit incessant des grognements présents à ses pieds, pour enfin perdre les eaux. Au moins avait-elle profité de ce laps de temps pour confectionner de son mieux une petite alcôve en U avec des bottes de paille, vouée à les protéger du vent. En son centre, elle fixa une paillasse suffisamment épaisse pour s'y calfeutrer le moment venu avec son bébé. Une chance que sa poche n'ait pas éclaté à cet endroit, lui évitant ainsi de devoir tout recommencer.

Les contractions s'accélérant, elle n'eut plus à attendre longtemps avant de pouvoir expulser son bébé hors d'elle. Finissant accroupie, si son ventre l'empêchait de voir quoi que ce soit, ses mains sentirent la tête de l'enfant. Regroupant alors toutes ses forces, elle poussa de nouveau longuement par deux fois, pour libérer les épaules et enfin se saisir du nouveau-né.

Un petit homme. Elle venait d'avoir un fils !

Épuisée, les larmes aux yeux à ne pas l'entendre pleurer, Beth dégagea de son mieux ses voies respiratoires, souffla dans sa bouche sanglante... avant de le secouer par les pieds, dans un dernier recours, comme elle avait pu le voir faire plus jeune dans un film diffusé au lycée. Soudain, enfin, un cri perçant se fit entendre.

Elle avait réussi ! Il était vivant !

Éclatant en sanglots, elle serra le petit corps gigotant contre elle, ignorant combien de sang et liquide amniotique l'imbibaient par ce geste. Alors seulement, elle réagit au froid les entourant, voyant combien les cris du bébé comme ses propres souffles dégageaient un nuage de vapeur. Le nourrisson allait geler, si elle ne s'en occupait pas très vite. Clampant le cordon ombilical avec l'une de ses barrettes, elle coupa ce dernier de son couteau de chasse. Après quoi, sacrifiant la moitié d'une des deux bouteilles d'eau stockée dans son sac à dos, elle lava de son mieux le bébé avant de l'emmitoufler dans une serviette éponge qu'elle avait conservée à cette fin. Aussitôt, elle le blottit dans un nid de paille dont elle le couvrit en partie - seul moyen de le garder au chaud à cet instant.

Ceci fait, la jeune femme ne combattit plus les nouvelles contractions, poussant de nouveau pour expulser le placenta. Tout son corps était agité d'intenses tremblements induits par la peur et le froid glacial. Usant du reste de sa bouteille pour se laver au mieux, au terme de cette délivrance. Elle s'enquit ensuite de se rhabiller avec le restant de ses vêtements chauds, un pantalon de jogging et une chemise en laine. Elle était là heureuse d'avoir déniché pour cette occasion des protections intimes adaptées, quelques semaines plus tôt, et depuis précieusement stockées au fond de son sac.

Groupant tout son linge sale, elle l'utilisa pour essuyer la place où elle venait d'accoucher, avant de jeter le tout aux Marcheurs et couvrir le reste de fluide d'une botte de paille éclatée. Elle espérait que cela suffise à atténuer l'odeur du sang d'ici les prochaines heures.

Après quoi, elle rampa dans la paillasse confectionnée plus tôt, pour s'y blottir avec son bébé. Les couvrant tous deux de sa couverture et cette dernière d'une nouvelle couche de paille, Beth fut soulagée de sentir très vite la chaleur se rependre en elle. Percevant son fils mal à l'aise et agité, elle le présenta naturellement au sein, infiniment rassurée qu'il s'y accroche aussitôt.

Alors seulement, elle se permit d'éclater en sanglots. Demain, elle savait qu'elle devrait faire face aux Marcheurs gémissant sous ses pieds, à la présence du nouveau-né, et trouver de quoi les faire vivre - bien qu'elle ne se sente plus capable du moindre mouvement. Mais à cet instant, elle s'abandonna tout entière à la tristesse et la peur d'avoir été abandonnée.

Bien sûr, Daryl ne l'avait pas laissé volontairement. Ils avaient été séparés par un ensemble de Morts et d'humains en voulant après eux. Elle n'était pas même sûre qu'il ait pu en réchapper. Après la déroute de la prison, et toutes ces épreuves affrontées à deux, il avait encore fallu que le pire leur arrive. Ne pouvaient-ils donc pas profiter un jour d'une accalmie ?

S'il avait survécu, elle supposait sans mal que Daryl pense qu'elle et leur enfant étaient en revanche bien morts à ce jour. Après tout, elle avait été emportée par un troupeau, tandis que lui faisait face à des hommes désireux de les dépouiller. Déjà deux mois qu'ils avaient ainsi été arrachés l'un à l'autre. Si elle n'était alors enceinte que de 6 mois, son ventre était déjà bien visible. Daryl avait été fou quand trois mois plus tôt, ils avaient compris ce qui lui arrivait. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir toujours fait l'amour couvert. Mais il fallait croire que les dates de péremption des préservatifs n'étaient pas là que pour le décorum. Si seulement elle avait trouvé plus tôt des pilules contraceptives...

Depuis leur séparation, elle avait pu s'infiltrer dans deux pharmacies. Son objectif avait été d'y trouver des fournitures pour se préparer à assumer au mieux la future naissance. Des protections, un mouche bébé pour libérer ses voies respiratoires qui lui avait bel et bien été salvateur, un premier paquet de couches pour les premiers jours, de nouvelles vitamines pré et post-natales pour tenir six bons mois, en plus de quelques analgésiques faibles pour elle.

Dans ses recherches, elle avait aussi fini par trouver par hasard, dans un placard de la première boutique, les pilules, implants et stérilets contraceptifs. Elle n'avait alors pas hésité. Se saisissant d'une trousse, elle l'avait remplie du matériel permettant l'insertion et le retrait d'un implant, emportant avec, une vingtaine d'entre-deux. Une fois le bébé né, elle comptait bien les utiliser. Sachant que cela fonctionnait 3ans, si elle ne perdait pas son sac, elle en aurait pour au-delà de sa vie.

Pas qu'elle prévoit d'avoir à nouveau des relations sexuelles avec quiconque. Mais en ces nouveaux temps, elle n'était pas à l'abri du viol. Sans compter que ces derniers couperaient court de façon définitive et salvatrice à son flux menstruel. Oui, il n'y aurait que de l'intérêt à les utiliser. Et si cela était réputé pour faire grossir. Là encore, en ces temps de disette, il ne serait pas inutile qu'une maigre portion lui soit plus calorique et nourrissante qu'auparavant.

En attendant, la fatigue dut à la course, l'accouchement, ses hormones en fusion, et ses larmes finirent par l'entraîner dans un profond sommeil.

Une poignée d'heures plus tard, à la lueur du soleil, le réveil s'avéra difficile, sous les chouinements de son enfant. Craignant qu'il alerte les alentours, Beth l'avait au plus vite nourri, puis changé, avant de l'habiller d'une des deux seules grenouillères qu'elle possédait. Elle compléta sa tenue d'une combinaison d'extérieur. Cette dernière était encore bien trop grande pour un si petit nourrisson. Mais au moins cela couvrait efficacement ses pieds et ses membres. Alors seulement, elle l'avait reposé dans un trou de paille suffisamment longtemps pour se nourrir à son tour et refaire son sac. Elle en extrait le dernier élément trouvé des jours plus tôt dans l'une des pharmacies visitées : une écharpe de portage. Analysant la notice qu'elle avait aussi emportée, elle fit quelques essais avec la bouteille d'eau encore pleine, avant d'être suffisamment satisfaite pour enfin y placer le nouveau-né. Heureuse de le voir bien portant, plutôt silencieux et clairement satisfait de cette proximité extrême avec sa mère, Beth soupira de soulagement. En le portant ainsi, sa veste d'hiver pourrait compléter de le protéger, tandis qu'elle pourrait conserver son sac à dos et garder ses mains libres pour les défendre.

Une hache glissée à sa ceinture, un couteau à la cheville, et une arme fixée à la cuisse, elle était tout aussi fin prête à les défendre. Alors enfin, elle se préoccupa de leur voisinage malveillant. Observant sous ses pieds, elle eut la surprise de découvrir qu'il ne restait plus qu'une poignée de marcheurs esseulés. À l'évidence, pendant qu'elle et son petit dormaient, d'autres bruits ou odeurs les avaient attirés plus loin. Enfin une bonne fortune pour eux !

WD

Deux semaines qu'elle avait accouché. Deux semaines surtout qu'elle n'avait su trouver quoi que ce soit de durable pour les protéger. Or si l'automne s'était montré froid et pluvieux, l'hiver se préparait à devenir glacial. Elle devait donc absolument leur trouver un abri pour passer les prochains mois ou l'un comme l'autre n'y survivrait pas.

Beth errait pour l'instant de son mieux aux tréfonds d'un bois, seule source de nourriture en la zone dépeuplée où elle s'était retrouvée, pour ne pas dire perdue.

Elle avait trouvé plus tôt une rivière pour y remplir ses deux bouteilles d'eau et venait de cuire un lapin piégé aux alentours. Si la température était froide en cette fin de journée, elle n'en avait pas moins déjà stoppé son feu. Le bruit des flammes camouflait trop ceux des pas des Marcheurs. Or elle ne pouvait prendre aucun risque avec le bébé. Elle terminait finalement de dévorer sa proie sans en garder un seul morceau de coté, donner le sein prenant toute son énergie, quand des bruits certes encore lointains la surpris.

Elle comprendrait quelques minutes plus tard que le vent portant l'avait sauvé du pire.

Ne voulant prendre aucun risque, elle délaissa aussitôt le reste de son dîner et enfila son sac pour fuir. Elle savait que seule avec un bébé pouvant pleurer à tout instant, elle ne pourrait combattre qui que ce soit. Aussi était-elle toujours prête au départ. Jamais elle ne sortait quoi que ce soit de son sac, sans l'y ranger et refermer tout aussitôt. Comme jamais, en dehors des changements de couches, elle ne libérait son bébé de l'écharpe portée en permanence, même pour dormir. Ainsi ne lui fallut-il qu'une demi-minute pour reprendre la route.

Une sauvegarde improbable, quand à peine camouflée, elle les entendit déjà approcher.

- Je t'avais bien dit que j'avais vu un feu dans le coin, y'a 20 minutes !

- Hum... le foyer est encore chaud, bien que clairement éteint depuis un moment.

- Elle ne doit pas être loin.

- Je vous le dis, je suis le premier qui me la fait !

- Et qui te dit que c'est une femme ?

- Regardez !

Observant tous, ce qu'il restait d'un vieux tee-shirt, il était aisé de comprendre à quoi il venait de servir.

- Putain ! Elle a un chiard avec elle.

- Chier. Si elle vient d'accoucher, sa chatte sera encore dilatée.

- Hé... y'a toujours sa bouche ou son cul.

- Et à plusieurs y'a toujours moyen de combler les vastes chattes.

- Clair.

- Sans compter qu'en prenant le bébé en otage, elle fera tout ce qu'on veut sans se révolter.

- Pourquoi le garder ? Moi j'ai jamais tété une poitrine qui donne du lait. Mieux vaut l'épargner pour nous.

- On la poursuit ?

- Il fait déjà presque nuit. On va rester ici. Si ça se trouve, elle est juste partie pisser.

- A priori, elle avait terminé de manger. Je pense plutôt qu'elle est déjà loin.

- T'inquiète... À son rythme, on n'aura aucun mal à la rattraper d'ici demain soir.

Tremblant à l'écoute de ce qui les attendrait s'ils mettaient la main sur eux, Beth n'eut plus aucun mal à trouver la force et conviction de marcher la nuit durant et toute la journée qui s'en suivit, ne s'arrêtant que pour nourrir et changer son bébé. Sauf qu'à ce rythme, sous un froid toujours extrême, et sujette à l'anémie depuis sa grossesse de par une importante perte de sang qui s'était à peine stoppée, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Tâchant de fuir vers la première ville enfin croisée, seul moyen de camoufler ses traces et échapper une bonne fois pour toutes à ses traqueurs. Beth savait qu'à l'inverse, elle devrait là bas prendre garde à un surplus de Marcheurs. Mais à bien y réfléchir, elle les préférait de loin à toute rencontre humaine.

Quand la jeune femme se retrouva soudainement coincée dans un square, elle en tua plusieurs pour s'en protéger, quand une idée farfelue lui vient en tête. Le dernier mort, une femme en forte décomposition, portait toujours son sac à main en bandoulière. S'en saisissant, frénétique, Beth le fouilla pour y trouver un trousseau de clefs et des tas de papiers. Supposant que la femme habitait dans cette ville-ci, elle décida de se rendre à l'adresse inscrite sur les courriers et la carte d'identité ainsi dénichés. Pour cela, elle commença par se rendre à un abribus affichant une carte de la ville. Y repérer l'adresse cherchée ne fut pas chose facile. Mais avec un peu de patience, elle finit par découvrir que ce n'était pas si loin. Trois miles tout au plus.

En approchant enfin l'immeuble composé de deux entrées, et dont l'entourage paraissait pour l'instant désert, Beth se glissa avec précaution dans le premier hall. Là, en scrutant les boîtes aux lettres, elle découvrit que sa victime avait vécu au deuxième étage de cette structure moyenne de cinq étages. Elle tua plutôt facilement quelques marcheurs errant dans les couloirs jusqu'à atteindre la porte menant aux escaliers. L'angoisse d'une zone noire fut alors difficile à franchir. Mais avec le restant d'énergie d'une lampe à pile, elle s'y engouffra. Quand elle atteint enfin l'étage et plus exactement une porte blindée, l'espoir revint. Jamais personne n'aurait pu l'ouvrir sans les clefs. À moins d'être serrurier ou vouloir se faire entendre de tous les Marcheurs de la ville en s'y prenant comme un bourrin.

Ouvrant délicatement la porte, une odeur forte de pourriture la prit à la gorge...

S'infiltrant plus avant, Beth vérifia chaque pièce, comprenant aussitôt d'où venait l'odeur. Il y avait là un mort allongé sur un lit, totalement putréfié, et un frigo resté ouvert dont le contenu s'était tout autant décomposé. Satisfaite que les lieux soient surtout vides de toute vie, elle referma la porte sur elle et en boucla le verrou.

Par ce seul geste, pour la première fois depuis la chute de la prison, un an plus tôt, et plus encore depuis sa séparation d'avec Daryl, Bethany Green se sentit enfin en totale sécurité !

Personne ne pouvait deviner qu'elle se trouvait en ces lieux. Personne ne pourrait en ouvrir la porte sans les clefs. Et situé à un étage correctement élevé, personne ne penserait à venir casser une vitre pour s'y infiltrer de l'extérieur. C'était parfait pour profiter enfin d'une pause.

Elle ôta tout d'abord son sac quasiment vide. À peine avait-elle encore une moitié de bouteille d'eau qu'elle se retreignait jusqu'alors à boire, et quelques derniers changes pour le bébé. Depuis le lapin dévoré en forêt, deux jours plus tôt, elle n'avait plus rien à manger, se limitant à fuir le groupe d'hommes la poursuivant et nourrir son enfant.

Elle était épuisée, affamée, tenant à peine plus sur ses jambes. Pourtant, elle prit encore le temps pour gérer ce qu'elle jugea prioritaire.

Abandonnant un instant le bébé sur le sol du salon, entouré de nombreux coussins qu'elle trouva sur un canapé, elle se rendit dans la chambre occupée pour la vider de sa dépouille. Ne faisant pas dans le compliqué, Beth entoura de tous les draps le corps que l'on avait à l'évidence mis à mort, ouvrit la fenêtre, dégagea le balcon et l'y tira pour le jeter par-dessus la balustrade. S'en suivit rapidement, le matelas et tout autre tissu ayant été en contact et/ou pouvant en conserver l'odeur. Elle laissa ensuite la fenêtre grande ouverte pour se débarrasser des relents de pourriture, avant de refermer la porte.

Jouxtant cette chambre, elle entra dans la cuisine où elle agit de même en groupant toute la nourriture gâtée ou vaisselle sale dans un grand sac poubelle avant de jeter le tout, là encore, via le balcon. À nouveau, elle laissa la fenêtre grande ouverte, bien que là aucune porte n'était à fermer.

Heureuse d'avoir surtout découvert des placards toujours pleins de nourriture de toute sorte, elle prit un paquet de gâteaux au chocolat qu'elle dévora, l'accompagnant d'une cannette de soda.

Alors seulement, elle fit le tour des lieux une seconde fois.

Si la cuisine faisait face à l'entrée, et la première chambre se situait à sa gauche, à sa droite, le mur avait été en partie abattu pour permettre d'ouvrir cuisine et entrée sur le salon. Une table à manger et un coin télé le composaient. Sur le mur faisant face à la cuisine, une porte menait à une seconde chambre, suivait une sorte de cagibi, une troisième porte menant aux w.c. et enfin une quatrième s'ouvrant sur une salle de bain dénuée de fenêtre.

Trouvant dans le cagibi au milieu des produits d'entretien l'un de ces désodorisants pour meubles et tapisseries, Beth en vida la moitié dans la chambre la plus imprégnée, une part dans la cuisine et le restant dans les autres pièces de l'appartement, dont elle se résolut à ouvrir toutes les fenêtres malgré le froid extérieur. Un second paquet de biscuits récupéré sur son chemin avalé tout aussi goulûment, et c'est l'estomac enfin contenté qu'elle tenta de prélever de l'eau dans l'évier pour en remplir sa bouteille. La surprise que cela fonctionne la fit pleurer. Nul doute qu'elle provenait a minima du ballon d'eau chaude découvert dans le placard. Avec un peu plus de chance, le système était juste autonome et donc toujours fonctionnel pour l'eau froide.

Satisfaite, elle se rendit dans la seconde chambre restée suffisamment saine de par sa distance avec la chambre occupée. Ne se préoccupant guère de l'état des draps présents sur le lit, elle en referma simplement la fenêtre et la porte avant de s'y blottir tout habillée avec son bébé. Fait majeur, elle ôta toutefois ses bottes qui ne l'avaient pas quittée depuis son accouchement, plus de deux semaines plus tôt. Alors enfin, Beth se permit le luxe de dormir sereinement, bien qu'il fasse encore jour.

Bien sûr, la jeune maman ne manqua pas d'être réveillée 4 heures plus tard par un bébé en mal d'attention. La tétée terminée, elle en profita pour refermer toutes les fenêtres, satisfaite que l'odeur ne soit plus si présente. Elle alluma alors toutes les bougies parfumées trouvées dans un placard de la salle de bain, les plaçant un peu partout dans les différentes pièces. Puis, reparti aussitôt dormir, non sans profiter au préalable d'un nouveau repas composé de biscuits secs et d'une nouvelle cannette.

Dès lors, elle ne répondit plus qu'au rythme des besoins du nourrisson - dormant et mangeant avec lui - deux jours et deux nuits, avant de retrouver suffisamment d'énergie pour s'atteler au nécessaire.

Les bougies s'étant intégralement consumées, Beth avait de nouveau aéré les pièces toute une nuit, obtenant ainsi un léger parfum de jasmin en lieu et place de l'odeur de pourriture. Satisfaite que l'air se soit assaini, elle s'attela au troisième jour à fouiller les lieux de façon plus méthodique. Elle commença par le salon, groupant tout ce qui pourrait lui être utile sur la table à manger. Puis elle passa à la cuisine. Là ce fut simple, elle rangea et lava consciencieusement les lieux en jetant tout ce qui était irrécupérable ou inconsommable de nouveau par la fenêtre. Resta ainsi présent dans les placards, que vaisselles propres et nourriture encore saine. Tandis que le frigo vidé et lavé pourrait à nouveau faire office de placard à défaut de refroidisseur. À cet instant, la pièce ne dégageait plus que la douce odeur du liquide vaisselle parfumée au pamplemousse utilisé.

Quand elle s'attela à l'inventaire de son inattendue et bienvenue réserve alimentaire, la jeune femme comprit vite que si elle pouvait trouver un moyen de chauffer de l'eau pour cuire les paquets de riz et autres pâtes, elle pourrait à elle seule tenir près d'un mois avec ces provisions. Nul doute que les anciens occupants des lieux avaient initialement prévu des réserves pour demeurer en leur appartement durant la crise. Du moins, avant que la mort ne les happe.

Avec l'eau courante se révélant toujours bien fonctionnelle, tout ce qui lui manquait était donc une source de chaleur. Une source qu'elle trouva finalement sous la forme de bonbonnes de gaz destinées au camping et dénichées au fin fond d'un placard de la chambre aujourd'hui vidée d'une partie de son lit. Ledit lit qui était lui en bois... Observant le vaste balcon courant le long de toutes les fenêtres, Beth se dit que quand le gaz ne suffirait plus, les trois bonbonnes trouvées restant petites, elle n'aurait plus qu'à utiliser sa hache. Non plus pour fendre des crânes, mais découper la structure en bois et la brûler dans un simulacre de barbecue. Cela ne serait jamais suffisant pour chauffer les pièces. Mais tout cela lui permettrait en revanche de chauffer un peu d'eau pour la nourrir. Et plus encore pour les laver, elle et son bébé. Depuis sa naissance, déjà près de trois semaines plus tôt, il n'avait encore jamais pu obtenir de bain. Aussi craignait-elle ne jamais réussir à le laver comme il fallait.

Face à ce constant désolant, Beth se retroussa les manches, bien décidée à privilégier à présent leur hygiène si longtemps mise à mal. Remplissant pour moitié la baignoire, elle fit bouillir une marmite d'eau complète sur le camping-gaz. Ainsi mélangée à l'eau froide, elle obtint une température tiède adaptée. Alors elle en préleva une partie dans une grande bassine pour y baigner son bébé avec tout le soin et l'inquiétude d'une jeune maman. Pour autant, cela n'était pas une première pour elle. Après tout, après la naissance de Judith, c'était surtout elle qui en avait pris soin. Le bébé enfin lavé, et a priori heureux d'avoir découvert la joie d'être immergé, elle le nourrit et l'endormi avant de le placer dans une grande boîte en carton qu'elle avait aménagé en niche confortable avec une épaisse couverture. Ce n'était pas le cosy rêvé, mais cela faisait son office. Le nourrisson ainsi endormi sain et resté à ses côtés, elle profita du reste de l'eau du bain pour se décrasser elle-même. Elle craignait avoir contracté une infection postnatale. Aussi prit-elle soin de se laver délicatement, mais surtout consciencieusement. Le bonheur d'avoir à nouveau des cheveux propres n'eut aucune équivalence au terme de cette besogne.

Décrassée, elle changea les draps du lit, puis se confectionna un vrai repas avec un paquet de pâtes entier conjoint à une sauce bolognaise. Un délice qu'elle dévora tout entier, terminant cette bonne fortune de la dernière cannette de soda. Il lui resterait encore quelques bouteilles de jus, soda et un peu de vin. Après quoi, elle aurait toujours accès à l'eau du robinet. Pour l'immédiat, habillée d'un simulacre de pyjama trouvé dans l'une des commodes et de chaussettes épaisses, c'est totalement oublieuse du monde extérieur ou du soleil encore haut que Beth se recoucha en co-dodo avec son bébé. Malgré leur nouvelle situation, elle n'était toujours pas prête à concéder dormir loin de lui.

WD

La jeune maman eut ainsi besoin de deux longues semaines de repos absolu, avant que son épuisement s'amenuise suffisamment pour qu'elle retrouve un semblant de cohésion et puisse réfléchir à la suite à donner. Ses réserves alimentaires lui permettaient de tenir encore une dizaine de jours dans son cocon. Certes, la température y était devenue glaciale, depuis qu'il gelait à l'extérieur. Mais quand elle n'était pas en activité, elle se camouflait sous les couvertures. Un luxe déjà énorme en ces nouveaux temps. Aussi n'avait-elle aucune envie de repartir sur la route faire face aux dangers que représentaient les humains, les Marcheurs et autres éléments météorologiques. Sauf que pour tenir sa position, elle devait absolument trouver plus de fournitures, plus de nourriture.

L'idée lui vint ce jour-là quand elle ouvrit une fenêtre pour renouveler l'air. Sur le balcon, seule une plaque de verre séparait ce dernier de celui de l'appartement voisin. Si elle pouvait la faire tomber, peut-être réussirait-elle à ouvrir une fenêtre et s'infiltrer dans l'autre logement ?

Allant chercher la boîte à outils présente dans le cagibi, Beth s'attela une journée durant à démonter la paroi... sans beaucoup de succès. Un peu dépitée, c'est finalement à la hache et au marteau qu'elle la détruit. Cela fit un bruit certain, aussi rentra-t-elle et se camoufla-t-elle avant de sortir à nouveau le lendemain. Là, elle brisa tout autant une fenêtre pour entrer dans l'appartement voisin. Y trouvant deux morts qu'elle n'eut aucun mal à achever, elle prit ensuite le temps de fouiller ce nouveau 3-pièces, heureuse de découvrir qu'ici aussi, les gens semblaient être partis un matin sans rien prendre avec eux. Vidant les placards de toute leur nourriture, elle s'empara aussi d'une multitude de tee-shirts et draps doux pour en confectionner des couches jetables. Elle n'oublia pas d'emporter les couettes présentes dans chacune des deux chambres. Plus plaisantes et efficaces que des couvertures, elle et son fils allaient pouvoir profiter de nuits un peu plus chaudes grâce à elles.

Confortée que son idée était la plus sûre et ingénieuse, Beth mit deux semaines pour casser toutes les séparations, investir chaque appartement de l'étage et les vider de tout ce qui pourrait lui être utile. En plus du second 3-pièces visité en premier, elle avait ainsi exploré deux 2-pièces et un 4-pièces très vaste et spacieux. Chacun était pour la plupart encore occupé et donc imbibé d'odeur pestilentielle. Aussi pour tous jeta-t-elle les corps putréfiés par-dessus les rambardes avant de prendre tout son temps pour fouiller, trier, puis rapatrier ce qu'elle y récupéra via le couloir intérieur et non plus le balcon extérieur.

Pour ce faire, elle avait avant tout condamné la porte menant aux escaliers avec une lourde armoire qu'elle mit une journée entière à déplacer. Elle bloqua cette dernière d'un bureau glissé entre elle et le mur opposé à la porte, formant ainsi un T. Avec ce système, il n'y avait plus aucun moyen de pousser le battant de la porte et donc d'infiltrer les lieux. Alors assurée d'être seule et en sécurité sur tout l'étage, elle en avait ouvert toutes les portes le temps de sa grande collecte.

Le plus grand appartement, clairement familial, s'avéra être de loin le plus riche. D'abord dans la quantité de ses réserves alimentaires encore exploitables. Ensuite par la présence d'une arme à feu camouflée avec deux boîtes pleines de balles en haut d'une armoire. La chambre de l'adolescent possédait, elle, un arc qu'elle choisit de prendre. Elle tenterait de le maîtriser plus tard. Mais surtout, s'y trouvait une chambre d'enfants en bas âge alors équipée d'un petit lit à barreau ainsi que d'un berceau !

Beth hésita dès lors à se déplacer pour s'y installer. Mais les lieux lui paraissaient trop vastes. Aussi rapatria-t-elle plutôt le berceau dans sa chambre, ainsi qu'une chaise à bascule et le parc à roulette qu'elle plaça dans le salon. À l'évidence, l'enfant des lieux avait dû grandir, car les vêtements les plus petits avaient déjà été empaquetés dans des cartons qu'elle récupéra tout autant. Dans la salle de bain, elle trouva avec soulagement une pharmacologie adaptée aux bébés et femmes enceintes et donc allaitantes, ainsi que des couches bien qu'encore trop grandes pour le nourrisson. Plus surprenant, dans la table de nuit se trouvaient deux boules de Geisha. D'abord atrocement gênée d'une telle découverte. Plus tard, à la lecture du livre de chevet, elle en comprit l'utilité pour resserrer et remuscler son périnée. Aussi décida-t-elle après les avoir aseptisés à l'eau bouillante de les utiliser à son tour.

Elle collecta enfin dans une panière quelques jouets aptes à éveiller son fils. Elle avait conscience que depuis sa naissance, apeurée de faire le moindre bruit, elle avait perdu jusqu'à l'habitude de parler et chanter. À peine avait-elle offert au bébé quelques murmures voués à le réconforter quand il pleurait. Pour dire, depuis sa naissance, elle ne l'avait pas même encore nommé, n'arrivant toujours pas à passer ce cap en absence de son père légitime.

Leur appartement devenant vite encombré de toutes ses trouvailles, Beth vida finalement à l'inverse son lieu de vie de tout ce qui ne lui serait pas utile. Objets personnels des anciens habitants, habits non exploitables... Elle déplaça tout dans le plus grand salon de l'étage. Alors sa chambre ne contint plus que le linge de maison et les vêtements pouvant leur être utiles, quand le salon conserva uniquement ce qu'ils pouvaient utiliser pour les occuper. Ainsi, exit la télé et appareils wifi, au profit de jouets pour le bébé ou livres pour elle. Elle groupa sur la table à manger de quoi composer un nouveau sac de randonnée pour une possible et nécessaire nouvelle fuite. La chambre jouxtant la cuisine fut, elle, nouvellement équipée d'étagères vouées à stocker la nourriture collectée. Auxquels s'ajoutèrent les fournitures utiles, comme des piles et bonbonnes de gaz ou encore le bois à brûler issu des quelques meubles détruits pour la bonne cause. Ne pouvant faire de feu à même l'appartement, elle installa finalement sur le balcon un barbecue trouvé dans les affaires de camping d'un voisin. S'y ajouta un paravent jusqu'alors présent bien plus loin, destiné à la cacher de tout regard quand elle serait dehors pour cuire son alimentation ou chauffer de l'eau pour leur bain.

Son pillage terminé, et l'odeur de pourriture éventée, Beth referma consciencieusement chaque fenêtre, en tira les rideaux, puis referma les portes d'entrée. Elle conserva toutefois précieusement les clefs trouvées chaque fois sur l'un des morts ou dans un sac ou meuble proche des entrées. Ainsi aurait-elle encore moyen de s'y rendre si elle venait à manquer d'un bien qu'elle n'avait pas jugé utile de prendre en plus grande quantité.

En attendant, en l'état de sa nouvelle réserve alimentaire, elle était dorénavant capable de survivre près de six mois supplémentaires en son lieu de vie. De quoi envisager un peu plus sereinement la suite et surtout passer le cœur de l'hiver, si ce n'est au chaud, du moins à l'abri et protégée de quiconque.

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À suivre.

mimi yuy