Playlist (Yesterday to Nowadays):

1. Smells like Teen Spirit - Nirvana

2. Gloria - Patti Smith

3. Comfortably numb - The Pink Floyd

4. Jesus of Suburbia - Green Day

(5. Wasting my young years - London Grammar)


Ils étaient tous les mêmes. Vautrés sur leurs lits aux draps douteux, les clopes et la bouteille de Jack Daniels planqué dans un coin de la chambre. Volées dans le sac de leur mère, piquée dans la réserve de leur père. Posters de rock star, de voiture ou de blondes au regard mauvais épinglés aux murs. Ils se sentaient stupides. Hautement contagieux. Occupés à laisser leur tête vide, leurs corps vibrants d'une énergie refoulée. Toxique. Des abrutis, des ahuris, des pauvres crétins, braillards, grande gueule. De la sale engeance, fils de personne et de tout le monde, ceux dont les grandes tantes médisent dans leurs salons encombrés de bibelots ringards. Qu'en avaient-ils à faire ? Ils se foutaient de tout, riaient en s'étranglant, crachant sur le sol. Ils trainaient dans les mêmes endroits et s'emmerdaient ensemble. Ils portaient tous des chaussures défoncés, les mêmes fringues tâchées. Ils aimaient Nirvana et Joy Division, leur devise c'était Nevermind, rien à foutre.

Une petite ville sinistre de Grande-Bretagne, le genre minier, vieille industrie et relent de charbon. Le genre qu'on fuit dès qu'on peut.

Il y avait James Potter, vantard, arrogant prêt à n'importe quelle connerie, caricature de l'ado inconscient, il se disait "immortel, mon gars". Sirius Black, héritier d'une famille soit-disant aristocratique et complètement dégénérée, beau gosse bipolaire, tour à tour nonchalant et agressif, à la vanne acerbe. Remus Lupin, la part raisonnable du groupe, toujours posé, si conciliateur et si fatigué de vivre, les yeux constamment cernés et le sourire un peu cynique. Restait Peter Pettigrow. Moins beau que James ou Sirius, moins intelligent que Remus, il était le bon public qui riait fort à toutes leurs blagues douteuses et faisait des pieds et des mains pour piquer de l'alcool à son père, grand alcoolo devant l'éternel.

Un groupe d'adolescents sans but. Leur ville en avait déjà vu passer, ils n'étaient pas les premiers et sûrement pas les derniers. Bagarreurs, menteurs, voleurs, bons à rien, apathiques et furieux contre tout. Ils traînaient dans les usines désaffectées et les hangars, hurlaient en jouant d'une guitare immatérielle, head bang et riffs grinçants. Il était loin le temps de leurs jeux d'enfants, le temps où ils jouaient à la magie et aux sorciers. La réalité les avait rattrapé.