Disclaimer: Shaman King et ses personnages appartiennent à Hiroyuki Takei.

Le tissu d'âneries que je présente aujourd'hui a été écrit par une nuit d'insomnie et pour me défouler! Et aussi pour laisser libre court aux plus vils instincts de ma plume/de mon clavier. C'est triste, glauque, pervers, sanglant, moche, tarte et ça finira mal. Si vous n'êtes pas trop déprimé et que vous avez le courage d'aller jusqu'au bout, bonne lecture!


Un ordre de l'épouse du futur Shaman King est un ordre absolu, disait Anna.

Mais un ordre du Shaman King en personne l'est encore plus.

La preuve, même elle s'y pliait sans rien dire.

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Rouge comme le feu, la haine et le sang

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I Jeanne

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Elle se sentait heureuse.

Devant elle, les montagnes brunes du Kishû se dressaient en pics effilés, infinies, profondes, sages.

Elle aimait ce paysage acéré, qui s'élevait comme les dents pointues d'une mâchoire de dragon. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle l'aimait.

Peut-être parce qu'elles étaient à l'image du sale caractère de son époux, et que chaque fois qu'elle ouvrait sa fenêtre sur la paysage brumeux des montagnes chinoises, elles lui faisaient toujours penser à lui.

Aussi silencieuses et dures, que bornées. Les montagnes ne rendent pas ce qu'elles prennent, tout bon alpiniste le sait. Et Ren ne renonçait jamais lorsqu'il entreprenait quelque chose, cela, Jeanne le savait aussi.

Mais en un an de mariage, elle connaissait les à-pics de sa tête de mule de mari. Elle savait quels versants étaient les plus dangereux, elle connaissait les crevasses traîtresses, les prises sûres, et celles qu'il valait mieux éviter.

Elle le maniait avec l'aisance d'une funambule dansant pieds nus sur un fil tendu au-dessus d'une vallée.

Un détail dans le paysage d'encre frappa son regard. Au loin, remontant la route pierreuse, une silhouette de profilait à l'horizon.

Une fine silhouette, presque fragile dans le souffle glacé du vent, mais qui se tenait droite, dans un halo de cheveux sombres, et les pans flottants d'un kimono écarlate.

Jeanne fronça les sourcils, troublée et inquiète, en voyant la silhouette étrangère grandir à mesure qu'il approchait, et ses traits se préciser.

Le jeune homme leva alors la tête, comme pour planter son regard dans le sien, bien qu'il soit trop loin pour distinguer son visage, et Jeanne recula dans l'ombre, le cœur battant.

Elle était sûre que ce long regard, comme un clin d'œil échappé, s'adressait à elle, et à elle seule.

Une bouffée de vent, qui lui avait paru si vivifiant quelques minutes plus tôt, la fit frissonner jusqu'aux os, et elle sentit son sang se glacer dans ses veines, et ses cheveux se hérisser sur sa nuque, tandis que l'étau de la peur se resserrait sur ses entrailles.

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Dissimulée dans l'ombre de la cage d'escalier, Jeanne observa avec discrétion la rencontre entre son mari et le Shaman King. Elle aurait tellement aimé s'être trompée!

Ren accueillit son visiteur d'un rapide hochement de tête et le laissa entrer, le visage fermé et tendu. Jeanne aurait parié qu'il calculait le temps qu'il mettrait à s'emparer de son arme et à créer son Over Soul avant que le Roi des Shamans ne passe à l'attaque.

Mais Hao ne semblait pas d'humeur belliqueuse.

Un sourire joyeux éclairait ses traits, qui l'aurait presque fait ressembler à son frère. Ses yeux noirs se posèrent sur Ren, avant de parcourir le hall pour s'arrêter sur la tache d'ombre de l'escalier. Jeanne se figea, horrifiée, en réalisant qu'il savait parfaitement qu'elle se trouvait là, et le regard sombre du jeune homme la transperça de part en part, comme une goutte d'encre de chine traverserait une feuille de papier de riz.

Jeanne attendit que Ren ait conduit Hao dans une autre pièce pour respirer profondément et s'appuyer contre la rampe.

Mais pourquoi tremblait-elle ainsi?

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L'oreille posée contre la paroi du mur, Jeanne tremblait toujours. Un froid glacial s'était emparé de son âme, tandis que les deux hommes discutaient de l'autre côté du mur, sans qu'une seule de leurs paroles ne lui échappe...

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Ren avait fait apporter du thé à son "hôte", et avait longtemps attendu que le Shaman King prenne la parole. Finalement, Hao céda face à son silence borné, et lui sourit largement.

- Toujours aussi fier, hein? Tu veux jouer au jeu de la patience?

- Je ne veux jouer à aucun jeu, grommela Ren. J'attends que tu me dises ce que tu es venu faire ici, point. N'espère pas que je te serre dans mes bras comme un vieil ami, ou que je fasse la conversation. Je ne suis pas Yoh, et je ne te cacherai pas que tu n'es pas le bienvenu. Ni moi, ni Jeanne n'avons rien à faire avec toi.

- Justement, puisque tu en parles, reprit Hao, c'est justement à cause d'elle que je suis venu.

Ren plissa les yeux encore un peu plus, soupçonneux et inquiet.

- Eh bien?

- Vous êtes mariés?

- C'est exact.

Le sourire de crocodile de Hao s'élargit.

- Peu importe. Je suis venu pour la prendre.

Ren le toisa, méprisant.

- Pardon?

- Tu as bien entendu. Je suis venu pour elle, et je ne repartirai qu'avec elle.

Ren éclata de rire. Il y avait de la nervosité dans ce rire, beaucoup de colère et surtout, un mépris teinté de répulsion.

- Tu plaisantes, s'esclaffa-t-il. Tu te pointes ici avec un grand sourire pour me dire que tu vas me prendre ma femme... Tu te figures que je vais marcher? C'est encore un de tes petits jeux de sale pervers?

Hao s'amusait de plus en plus.

- Oui, c'est un jeu. Un simple jeu. Je dirais même un caprice. Mais comme je suis le Shaman King, je peux me le permettre. Je la veux. Et tu n'oseras pas me la refuser.

- Espèce de... de sale enfoiré!

- C'est bon. Je savais qu'on en arriverait là. Peu importe, dans vingt-quatre heures, je quitte la région, et Jeanne partira avec moi. Ne t'inquiète pas, je finirai bien par m'en lasser... et à ce moment-là, je te la rendrai.

D'un geste fulgurant, Hao bloqua le bras de Ren et l'abattit sur la table, pour l'empêcher de tirer son Hôraiken.

- Inutile, chuchota le roi. Décidément, je regrette qu'on ne se comprenne pas un peu mieux, toi et moi. Tu aurais parfaitement ta place parmi mes compagnons... C'est vraiment dommage.

La haine et la colère empêchèrent Ren de parler. Il ne put que lancer un regard meurtrier à Hao, qui se leva.

- Je te laisse méditer. Je repasserai demain, pour chercher Jeanne. Ne fais rien de stupide, d'accord? Comme par exemple la cacher, partir avec elle... ça ne servirait à rien. Et n'oublie pas: c'est la loi qui l'exige. Et tu t'y soumettras, comme Jeanne. Tu ne peux pas me désobéir.

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Le Shaman King s'en fut comme il était venu, les mains dans les poches et le sourire aux lèvres. Il se tourna un bref instant vers le mur contre lequel Jeanne se collait, et salua de sa main l'homme vaincu, impuissant et meurtri qui se laissa lentement glisser sur le sol, lorsque la porte se referma.

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Le visage blanchi de dégoût, les yeux écarquillés, Jeanne pénétra dans la pièce à pas lents.

Les mains serrées sur ses cuisses, Ren se tenait à genoux sur son coussin, la tête baissée, les dents serrées en un rictus de rage. Ses yeux durs rencontrèrent ceux de Jeanne, hagards.

Les deux rubis de la jeune femme se faisaient suppliants, cherchaient les siens.

- Ren...

Il ne put soutenir son regard. C'est tout juste s'il parvint à se relever avec dignité pour quitter la pièce, sans un mot.

- Tu ne me défendras donc pas... murmura-t-elle.

Ren se figea avant d'avoir franchi la porte.

- Et toi, tu ne te déroberas pas, n'est-ce pas?

Elle baissa la tête, sans répondre, et Ren sut qu'il avait définitivement perdu.

Elle resta seule.

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