Une guerre, des morts et des pleurs.
Voilà ce qu'il a résulté du retour de Voldemort dans le monde sorcier, mais aujourd'hui, cette tragédie appartient au passé. Même si elle a laissé des traces...
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*°* Chapitre 1 : Une surprenante découverte
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[POV Draco]
Elle était recroquevillée dans le fauteuil de leur salle commune et serrait sa baguette contre elle. Ses yeux étaient gonflés et rouges, comme si elle avait pleuré pendant de longues heures, mais à présent elle dormait paisiblement. Draco décida donc de passer son chemin lorsqu'il entendit de légères plaintes s'échapper de la bouche de Granger. Piqué par la curiosité, le Serpentard revint lentement sur ses pas et la regarda fixement. Qu'est-ce qui lui prenait ? Alors qu'elle était si calme quelques secondes auparavant, son sommeil semblait être devenu plus agité. Elle semblait lutter contre quelque chose, un ennemi invisible, qui ne cessait de la tourmenter. Les bribes de mots qu'elle chuchotait jusqu'à présent devinrent alors plus claires.
« Non... Non... Pitié, laissez-moi... Non... »
Son corps était parcouru de tremblement et sa tête balançait d'un coté puis de l'autre.
Soudainement paniqué à l'idée que quelqu'un entende tout cela et ne pense que c'était de sa faute, le jeune homme s'approcha de la Gryffondor pour tenter de la réveiller.
« Granger ! Oh, Granger ! » l'appela t-il en la poussant du bout des doigts, comme s'il n'osait pas vraiment la toucher.
Des larmes se mirent à rouler sur les joues de la jeune fille alors qu'elle continuait à cauchemarder. Le désespoir se lisait sur ses traits à un point tel que même Draco ressentit la détresse de la lionne. Que pouvait-il faire ? Il fallait qu'il la réveille, qu'il la ramène dans la réalité ! Pour son bien mais un peu pour le sien aussi. On allait encore l'accuser de torturer les autres étudiants et ce serait mauvais pour son dossier scolaire ainsi que pour son avenir à Poudlard. C'était sa dernière année d'étude et il serait ensuite débarrassé du château et de tous ceux qui l'accusaient en permanence d'être ce qu'il était. Il ne savait pas encore ce qu'il allait faire de son futur : la guerre était finie, le Lord vaincu et ses plans d'avenir disparus, mais il trouverait bien...
Néanmoins s'il y avait une chose qu'il savait en ce moment, c'était que sa piteuse tentative de réveiller Granger avait échouée. Magistralement échoué.
Il se rapprocha alors un peu plus d'elle et la saisit par les épaules, non sans avoir hésité quelques secondes auparavant. Malheureusement, au lieu de calmer la lionne, celle-ci se débattit de plus belle en essayant de se libérer de l'étreinte qui lui était imposée. Surpris, le Serpentard commença à la secouer légèrement puis de plus en plus fort. Merlin elle n'allait jamais revenir à elle ?
Peu à peu, les prières du jeune homme furent toutefois exaucées et elle ouvrit les yeux. Elle ne sembla pas comprendre la situation dans laquelle elle se trouvait : Elle était en larmes et Draco la tenait dans ses bras au milieu de la salle commune des Préfets en chef. Pourtant, malgré cela, elle ne chercha pas à fuir et s'effondra en pleurs contre le torse de son ancien ennemi.
Celui-ci était totalement déstabilisé. Bien entendu il avait évolué depuis son entrée à Poudlard et ses opinions sur les... sorciers-qui-n'étaient-pas-de-sang-pur étaient beaucoup moins tranchées, surtout maintenant que la guerre était terminée. Il avait adhéré à cette idée pour suivre son père et le rendre fier, mais il s'était rendu compte des failles et des exceptions à cette règle au cours de sa scolarité. Pourtant, il avait du mal à ne pas se sentir supérieur aux autres, mais c'était là un souci principalement dû à sa fierté naturelle ainsi qu'à son ego, qui refusaient de lâcher prise. C'est pour cela qu'avoir Granger nichée au creux de ses bras n'était pas non plus une torture, même s'il n'appréciait pas d'être pris pour un mouchoir géant. On n'effaçait pas des années de mésentente, de disputes et de rivalités comme ça non plus. Il n'était pas le personnage clé d'une comédie romantique, il ne fallait pas exagérer non plus...
Ils restèrent ainsi de longues minutes avant que Granger ne parvienne enfin à se calmer.
« Je... Je suis désolée... J'ai... J'ai mouillée toute... Toute ta chemise... » hoqueta la Gryffondor en relevant lentement la tête d'un air qui faisait pitié à voir.
« Bof, ça séchera. » lui répondit simplement le Serpentard en haussant les épaules, ravalant les piques qui auraient voulu franchir ses lèvres.
Elle s'écarta un peu de lui et s'appuya sur le fauteuil pour se relever. Elle avait vraiment l'air fatiguée. Ce n'était pas la première fois que Draco se faisait cette remarque. Depuis la fin de la guerre et de la grande bataille, la jeune fille était distraite, elle ne levait plus la main en permanence pour étaler sa science, ses traits étaient tirés, ses yeux comme éteints et elle manquait très régulièrement les repas dans la grande salle. Non pas qu'il fasse spécialement attention à elle.
« Est-ce que ça va mieux ? » demanda t-il sur un ton qui se voulait détaché.
« Oui, oui... » lui répondit la Gryffondor en se dirigeant lentement vers la salle de bain.
Elle entra alors dans la pièce et ferma doucement la porte derrière elle.
Draco soupira. Elle était vraiment étrange en ce moment... Mais après tout, pourquoi devrait-il s'en soucier ? Ce n'était pas son amie.
Il s'apprêtait à rejoindre sa chambre pour tenter de finir son devoir de métamorphose lorsqu'il entendit un bruit sourd. Décidément, il n'allait pas pouvoir être tranquille ce soir... Granger avait besoin d'un surveillant permanent ou quoi ? En tout cas, même s'il voulait bien faire des efforts, il n'allait pas non plus devenir son ange gardien personnel ! Il fit quelques pas mais rebroussa finalement chemin vers l'endroit où la Gryffondor était allée. On ne savait jamais... Il soupira en s'approchant de la porte et posant sa main sur la poignée.
Rien ne l'avait préparé au spectacle qu'il découvrit en poussant la porte.
La rouge et or était allongée sur le sol, dos à l'entrée et apparemment inconsciente. Les yeux de Draco détaillèrent alors le corps de la jeune femme, ou plutôt ce qu'il en restait. Les os de ses cotes, de sa colonne vertébrale, et de ses jambes saillaient à travers sa peau, qui paraissait transparente tant elle était devenue claire et fine. Ses articulations paraissaient énormes comparées à la finesse de ses membres. Granger n'était plus qu'un corps décharné. Depuis quand était-elle comme ça ? Comment avait-elle réussit à berner tout son entourage ? Et Saint Potty ? Et Weasmoche ? Ils n'avaient rien vu ? Pourquoi était-elle comme cela ? Elle ne ressemblait pourtant pas à ça deux minutes auparavant...
Tant de questions surgirent et se bousculèrent dans la tête du Serpentard qu'il en eu presque le tournis. Il ne pouvait pas rester là, immobile, en pleine contemplation d'une scène d'horreur. Il fallait qu'il fasse quelque chose, lui disait une petite voix au fond de lui, il fallait qu'il agisse. Il était resté tant de fois passif face à des événements qui auraient mérité une réaction. Il devait changer. Lutter contre cette lâcheté qui lui avait si souvent collé à la peau...
Doucement, il avança de quelques pas hésitants et se baissa vers la jeune fille. Il attrapa au passage une épaisse serviette de bain rouge et l'enveloppa délicatement dedans. Chaque geste était mesuré, réfléchi, précautionneux, comme s'il avait peur de la briser en la touchant. Draco la souleva ensuite sans aucun effort. Elle ne devait pas peser plus d'une trentaine de kilos à présent. La fragilité et la vulnérabilité de la Gryffondor s'imposèrent alors à lui de manière flagrante avec ses joues émaciées. Elle devait utiliser un sort de dissimulation puissant pour masquer à ce point ce à quoi elle ressemblait désormais. Même s'il ne l'avouerait jamais par la suite, c'est à ce moment qu'il réalisa que derrière la sorcière et l'héroïne miss-je-sais-tout, il y avait aussi une jeune fille qui avait des failles et qu'ils se rejoignaient peut-être dans leurs tourments. C'est à cet instant que la qualité du sang qui coulait dans ses veines n'eut plus l'influence d'il y a quelques années.
Arrivés dans la chambre de la préfète, il la déposa sur son lit avec tout le soin dont il était capable puis la recouvrit avec l'imposant édredon car quelques frissons parcouraient ses bras. Il prit ensuite place sur une chaise qu'il rapprocha d'elle. Il avait décidé d'attendre son réveil, de lui demander "pourquoi". S'il était sûr d'une chose, c'est qu'il devait la sauver. Après tout, plusieurs fois durant la Grande bataille elle l'avait épargné... Maintenant, c'était à son tour, il devait payer sa dette, et s'il avait bien horreur d'une chose, c'était d'être redevable.
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Me revoilà (enfin) avec une nouvelle histoire qui sera sans doute plus courte que la précédente !
