Cette fiction est destinée à toutes les filles qui -comme nous- sont perdues, heureuses, malheureuses, amoureuses, incertaines, fofolles, parfois ridicules; mais qui sont toujours là l'une pour l'autre.

C'est l'histoire de cinq amies de 17 ans qui vivent leur dernière année de lycée. La dernière année, avant de partir vers le monde adulte, où rien ne sera plus comme avant. Elles se cherchent, goûtent aux premières histoires amoureuses, se questionnent sur le sens qu'à la vie, rigolent de tout, profitent.

Elles le savent toutes au fond d'elles: cette année sera différente des autres. Parce que, au fond, on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans...


On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans

The phone rings in the middle of the night,
My father yells "What you gonna do with your life?"
Oh, daddy, dear,
You know you're still number one,
But girls,
They wanna have fun,
Oh, girls, just wanna have
That's all they really want:
Some fun...


Prologue

- Allez Emma, grouille, on va être en retard !

Cela faisait bien un quart d'heure que j'attendais Emma, qui, comme à son habitude, était en retard. Aujourd'hui, c'est la rentrée. Je dois dire que c'est un exploit que nous soyons toutes les cinq arrivées en Terminale après six ans de scolarité et d'adolescence confondus.

- Oui ça va je trouvais plus mon foulard !

- Dis plutôt que tu veux retarder le moment de croiser tu-sais-qui, dis-je moqueuse.

- No comment.

Emma avait jonglé entre plusieurs garçons cet été, après s'être faite larguée comme une moins que rien par son ex-copain dont elle avait été folle amoureuse pendant un an et demi. Elle avait seulement voulu oublier, ce que je comprenais parfaitement, mais je la sentais réticente à revoir Clément. Me sortant de mes pensées, Cassandra se précipita dans mes bras.

- Juliaaaaaaa ! Tu m'as trop manqué ma puce. Alors ce mois d'août en Australie ?

- Oh oui raconte nous tous les détails, même les plus croustillants ! Y avait des mecs canons je parie ? Tu vas tout nous dire !, intervint sa soeur jumelle Bérénice en m'embrassant.

Cassandra et Bérénice sont sans doute mes plus vieilles amies. Nous nous sommes rencontrées au collège, et après on ne s'est plus jamais quittées. Elles se ressemblent comme deux gouttes d'eau, ce qui est logique pour des jumelles, mais ont des caractères différents. Cassandra a un penchant pour les garçons plus vieux, elle est très extravertie. Tandis que Bérénice peut se montrer réservée et ne s'intéresse pas vraiment aux histoires d'amour ni aux garçons en général.

- Promis les filles, je n'omettrai rien, mais il faut d'abord qu'on aille voir les listes ! J'espère qu'on est toutes ensemble cette année. Au fait, elle est où Juliette ?

Juliette est la cinquième fille de la bande. Avec ses yeux verts, son teint légèrement hâlé, et ses origines de sicilienne, elle en ferait craquer plus d'un. Seulement c'est une réaliste qui a les pieds sur terre, et même si elle rêve de l'amour parfait -comme nous toutes- elle ne se sert pas de son physique pour plaire car elle favorise l'intellect. Tout le contraire d'Emma qui, elle, a conscience de son physique avantageux, de ses yeux noisettes ourlés de cils à n'en plus finir et de son sourire ravageur qui la mettent en première place dans les idéaux des garçons; et qui en joue, car elle est comme ça.

- Elle arrive, je crois qu'il y a seulement quelques embouteillages, me précise Bérénice.

- Ok les filles je peux plus attendre, allons voir la liste !, sautille Emma.

La liste c'est celle qui, à chaque rentrée, nous annonce avec quelles personnes nous allons partager notre année. Elle est cruciale, primordiale, vitale. Car cette année nous comptons bien évidemment être toutes ensembles avec les filles.

- Julia Berry, Emma Ilade, Juliette Prati, Bérénice Vilard, Cassandra Vilard... Les filles, on est toutes ensemble ! Terminale 2 !, s'écrie Cassandra, surexcitée.

- Qu'est-ce que j'ai manqué mes chéries ?

- Juliette!

Nous lui sautons toutes dans les bras. Cela faisait un mois que Juliette et moi ne nous étions pas vues et n'avions pas vu les filles. Pendant que j'étais en Australie, partie apprendre l'anglais et profiter du soleil et de la vague, Juliette était retournée en Italie afin de célébrer le mariage de sa soeur; et avait décidé d'allonger son séjour. Emma avait quant-à-elle travaillé dans l'entreprise familial pour gagner de l'argent, et les jumelles étaient restées en ville, s'alimentant du soleil qui régnait.

- Ça fait tellement plaisir que l'on soit enfin réunies les filles. Et je pense qu'on a beaucoup de choses à se raconter, chuchotai-je avec un clin d'oeil.

- Attendez, mais qui c'est ce Arthur Bartoli ?, dit Emma en observant la liste.

- C'est moi., nous surpris une voix rauque dans notre dos.

Je me retournai, pour faire face à un jeune homme qui me mettait deux têtes, aux cheveux bruns en bataille, comme s'il venait à peine de se réveiller. Il avait les yeux verts assez foncés, qui me rappelaient un océan déchainé. Son corps, à première vue bien modelé, était moulé dans un pull noir qui laissait entrevoir sa peau bronzé de l'été. Il nous fit un grand sourire dévoilant des dents éclatantes. Je dois dire qu'il était plutôt pas mal, mais comme tout garçon potable dans cette école, je savais que tôt ou tard il serait alpagué par les Sirènes. Les quatre filles appelées les Sirènes pourraient être définies comme les mannequins du lycée. Elles sont grandes, minces, toujours à la pointe de tout, elles possèdent aussi une chevelure longue et parfaite et un visage de poupée. Bref, ce sont les reines des abeilles. Je ne dirais pas qu'elles font leur loi au lycée, mais lorsqu'une occasion se présente -ici, un nouvel élève- elles l'entraînent dans leurs filées, telle une sirène tentant les pêcheurs avec son chant. Pour en revenir au petit nouveau, Emma avait l'air de le trouver à son goût et, la connaissant par coeur, nous l'avons compris assez vite.

- Salut beau gosse, je m'appelle Emma, enchantée..., lui fit-elle de son plus beau sourire.

Les filles et moi avons explosé de rire tandis qu'elle pressait Arthur contre elle pour lui faire la bise. Emma était comme ça, toujours très dynamique. Pendant ce temps, je me tournais vers les filles pour discuter un peu.

- Bon Juliette, raconte nous tout pour ce fameux italien qu'on surnomme H ?

- Figure-toi que c'est le neveu du mari d'Anna ! Qui aurait cru que le mariage de ma grande soeur me ferait rencontrer quelqu'un. On a sympathisé, puis on a bu, dansé, j'étais bien avec lui, et quand il m'a entraîné dans un coin éloigné du jardin j'ai bien cru que j'allais passer à l'acte.

- Dans un jardin ?!, s'écria Bérénice à la limite de l'apoplexie.

- Je sais pas Béré, franchement d'habitude j'aurais trouvé ça limite mais avec lui j'aurais pu bravé tous les interdits tu vois, enfin j'avais l'impression d'être moi même...

- Continue !, dit Cassandra.

- Bref, finalement nous nous sommes juste embrassés et -bon j'avoue- un peu peloté, c'était si bon. Il a des mains parfaites. -elle sourit- Après ça, on a passé le reste du mois ensemble, on ne se quittait plus. Il m'a fait visité l'Italie, on courait dans les vignes, on se baignait dans les sources d'eau chaude, on était juste heureux. Il savait que j'étais vierge, et lui non, mais il voulait attendre pour que ma première fois soit parfaite.

- Et pourquoi on l'appelle H alors ?, demandai-je, avide des détails.

- En fait, malgré ce que je vous raconte, on ne peut pas dire que ça a toujours été l'homme de rêve. Il faisait des courses à moto avant, totalement dangereuses et illégales, où il a perdu son meilleur ami. C'était lui qui lui avait donné ce surnom, et il n'a plus voulu qu'on l'appelle autrement.

- Attend une seconde, toi ? Toi avec un motard à moitié fou qui fait des trucs illégaux ?! Wow Juliette je te reconnais plus !, plaisanta Cassandra.

- Je vous dis les filles, il m'a changé. Il m'a montré qu'il y avait autre chose que les plans, qu'il fallait aussi profiter de la vie, que-...

- Et toi, c'est quoi ton nom ?, s'exclama quelqu'un derrière moi.

Je fis volte face, et se tenait devant moi Arthur, avec un grand sourire.

- Alors ?

- Hmm?

- C'est quoi ton nom ?, ria-t-il.

Et soudain, il m'insupportait.

- Excuse moi, tu vois pas qu'on était entrain de parler ?, dis-je avec irritabilité.

- Excuse moi, tu vois pas que je te demande comment tu t'appelles ?, répondit-il du tac au tac.

Emma décida d'intervenir:

- No stress Julia, il veut juste te connaître un peu mieux.

- Ouais, no stress, Julia. -dit-il en insistant sur mon prénom- T'as tes règles ou quoi ?

- Vas te faire foutre.


- C'était quoi, ça ?, me demanda Cass, qui accourait derrière moi, suivie des filles.

- Pour qui il se prend celui-là ? On est entrain de discuter et il vient faire son petit numéro de dragueur à deux balles, très peu pour moi.

- Oh allez Juju, me dit pas que tu ne l'as pas trouvé sexy quand même ?, me titilla Emma.

- Non, absolument pas. Et de toute façon, à quoi bon, dans deux jours il sera avec les Sirènes.

- Elle a pas tort, dit Juliette.

J'allais continuer à m'énerver contre ce petit prétentieux d'Arthur, quand je vis quelque chose qui me glaça le sang. En me retournant vers Emma, je remarquai qu'elle avait vu la même chose. En une seconde, sa bonne humeur disparut.

- Emma, vient on se casse avant que...

Trop tard.

- Hé, Emma ! Alors, tu dis pas bonjour ?, railla le garçon à qui j'avais envie d'arracher la tête depuis des mois.

Clément. En plus d'avoir largué une de mes meilleures amies comme un lâche, il se pointait devant elle, avec à son bras une des sirènes, Alix. Elle gloussa en apercevant Emma et chuchota quelque chose à l'oreille de Clément qui eut un petit rire sadique.

- Alors Clément, on a perdu toute estime de soi au point de se taper une fille à 3 de QI ? -Il faut dire que les Sirènes n'étaient pas réputées pour leur intelligence-, le toisa Bérénice.

- Ou alors tu cherches quelqu'un qui pourra enfin comprendre tes délires sexuels liés à Matrix ?, continua Juliette.

- Toujours aussi aimables à ce que je vois. Emma, faudra qu'on se parle tous les deux. Viens me trouver à la pause. Tchao.

- C'est ça, casse toi., dis-je en lui lançant mon regard le plus noir possible.

Il repartit bras dessus bras dessous avec Alix. Emma ne voulait pas le montrer mais elle allait s'effondrer d'une minute à l'autre. Clément l'avait tellement fait souffrir qu'elle avait encore du mal à s'en remettre. Nous ne le supportions pas avec les filles.
La sonnerie retentit avant que nous puissions en parler, signifiant le début des cours. La journée commençait bien.