La nuit commençait à tomber. La joie que le dernier combat soit terminé, si difficile fut-il, continuait encore mais la fatigue des derniers événements commençait également à se faire sentir.

Chacun s'embrassait, se sautait dans les bras, s'interpellait en étant heureux de se retrouver, sain et sauf. Les blessés étaient soignés. D'autres cherchaient encore leurs amis. Les ennemis d'autrefois étaient désormais des alliés, des amis...

Gajeel s'était un peu éloigné, le temps de retrouver ces esprits quelques minutes. Il regarda ses bras, son torse et se rendit soudainement compte des blessures qu'ils avaient. Cela ne lui avait pas fait mal jusqu'à présent. Prenant peu à peu conscience de son corps, il sentait désormais que chacun de ses muscles était endolori et se sentait plus fatigué que jamais.

« Pas de blessure grave », pensa-t-il. « Mais je risque de mettre quelques semaines à m'en remettre quand-même ».

Lily était parti chercher de l'eau et de la nourriture pour lui et il lui était reconnaissant de l'avoir laisser un peu seul. L'exceed avait rapidement compris ce besoin.

C'était étrange : ce sentiment d'être si heureux que le combat soit terminé et de retrouver ses amis mêlé à un besoin intense d'être seul quelques instants. Il avait pensé y rester cette fois-ci. Il avait ressenti pendant quelques heures que ce combat serait peut-être le dernier pour lui et qu'il fallait qu'il donne tout ce qu'il avait... au moins pour la sauver... elle.

« Levy... », chuchota-t-il.

Le souvenir de ce sentiment qu'il puisse la perdre à jamais lui revint d'un coup et il grimaçât au souvenir que cela aurait pu se réaliser.

Lorsqu'il avait repris connaissance auprès de Zera, il était persuadé d'être mort. Le seul fait d'imaginer qu'il pourrait la revoir et que les espoirs et rêves qu'il avait les concernant tous les deux puissent se réaliser l'avait, certes, effrayé quelques instants mais, très vite, l'impatience de lui confirmer toutes ses attentes et ses espoirs avait repris le dessus et il attendait désormais de pouvoir se retrouver seul, avec elle.

Afin d'éloigner ses pensées négatives et un peu plus ce sentiment qu'il avait failli ne plus jamais la revoir, il jeta un coup d'œil vers elle. Juste pour se rassurer de nouveau et être sûr qu'il ne rêvait pas.

Elle se trouvait un peu plus loin, dans les bras de Lucy. Elle avait été blessée lors du combat, ses habits étaient déchirés à plusieurs endroits et son visage semblait marqué par les événements des jours précédents, comme si elle avait trop pleuré. Mais, malgré cela, elle était rayonnante et étonnamment, il la trouva plus belle et plus attirante que jamais.

Il resta encore quelques minutes à la fixer, de loin, ne prêtant pas attention aux cris de joie et aux embrassades autour de lui, comme s'il avait besoin de ce temps pour prendre réellement conscience que ce qui était arrivé précédemment était vrai et qu'il était bien de retour, pour un moment il espérait. Il soupira de soulagement.

Comme si elle avait senti le poids de son regard sur elle, elle se tourna soudain vers lui.

Plusieurs dizaines de mètres les séparaient et la foule autour d'eux se faisait de plus en plus dense mais elle ne détourna pas le regard un seul instant. Elle lui sourit. Son visage était rayonnant et la tristesse ou la fatigue qui étaient présentes sur ce dernier quelques instants auparavant, disparurent subitement.

Gajeel eut l'impression de recevoir un coup de poing dans la poitrine. Ce sourire, ce regard plein de bonheur tourné vers lui. Une immense chaleur l'envahit et il se sentit soudainement très lourd. Les paroles qu'il avait prononcé pour elle au moment où il était persuadé qu'il allait mourir lui revinrent soudainement. Il pensait tellement toutes ces choses qu'il avait dite à ce moment mais elles avaient été prononcées avec le désespoir qu'elles ne se réaliseraient sûrement jamais. Maintenant, ces phrases lui revenaient à l'esprit avec la possibilité, même infime, que ses rêves pourraient se réaliser, qu'il pourrait continuer de la voir tous les jours, lui parler, sentir son parfum lorsqu'elle approchait de lui, voir son sourire lorsqu'elle lui parlait.

Le seul fait d'imaginer qu'il pourrait à nouveau lui prendre la main, essayer de faire encore des efforts pour qu'elle l'accepte malgré son passé ou les erreurs qu'il avait commise précédemment... Tout cela lui paraissait soudain comme le plus beau cadeau que la vie pouvait lui faire. Il lui sembla, un instant, qu'il ne le méritait pas.

Tout en continuant de la regarder dans les yeux, il lui fait la promesse de continuer à faire des efforts, de chercher à se rapprocher de l'homme qui pourrait la rendre heureuse et la chérir, tous les jours, de se faire pardonner pour tout le mal qu'il avait pu lui faire ou dire autrefois.

Comme si elle avait compris ce qu'il se passait dans la tête de Gajeel, Levy s'approcha de lui sans arrêter de le regarder.

Une fois la distance entre eux réduite, et sans prononcer aucune parole, elle le pris dans les bras avec une intensité et une force qu'il ne lui connaissait pas. Elle paraissait si heureuse de l'avoir retrouvé.

Ce fut comme un barrage qui cédait d'un seul coup et le flot des émotions qui l'envahit lui coupa le souffle un instant.

Il la serra à son tour dans les bras et la chaleur de son corps et de sa présence lui procura des sensations nouvelles et un apaisement très soudain. Il avait envie que ce moment dure encore et que ce sentiment perdure pour toujours. Il se sentait serein et rassuré comme si le fait qu'elle le touche pouvait le soigner de tous ses maux.

Elle releva la tête et leurs regards se croisèrent de nouveau.

Son visage contrastait tellement avec celui qu'elle avait eu quelques heures plus tôt au moment où il était sur le point de mourir. Il avait tout tenter pour la rassurer sur le fait que ce n'était de la mort dont il avait peur mais du fait qu'il ne la revoit plus jamais mais elle avait eu l'air tout autant désespérée que lui en cet instant.

Et maintenant... Elle était tellement belle, son corps serré contre le sien, ses frêles bras entourant son torse avec toute la force qu'elle pouvait avoir après des jours de combat intense, les larmes de joie et de fatigue qui coulaient sur son visage, ses grands yeux noisette qui brillaient à la lumière du crépuscule...

« Levy... », souffla-t-il ;

Elle ne répondit pas mais sourit encore davantage.

Il fut pris d'une envie irrépressible de la serrer encore davantage dans ses bras et de l'embrasser, tout de suite, sans attendre.

Mais il y avait beaucoup de monde autour d'eux et il ne voulait partager ces moments qu'avec elle.

Il lui prit la main et l'entraîna un peu à l'écart de la foule, derrière un bâtiment presque en ruine.

Surprise par ce geste, Levy s'adossa au mur de pierre et lui jeta un regard à la fois interrogateur et inquiet. Il était rare qu'il prenne autant d'initiative.

Et maintenant qu'il était seul avec elle... que faire ? Il n'avait pas d'expérience en la matière et se sentit soudainement mal à l'aise, malgré l'envie qui le tenaillait toujours.

Levy le regardait avec un grande intensité, presque avec impatience.

Il plaça sa main droite contre sa joue. Le contact était doux et chaud malgré le gant qu'il portait. Il inspira et sentit son parfum. Un parfum qu'il connaissait au combien et le lui faisait battre le cœur très fort chaque fois qu'il le sentait. Cela lui donna le courage d'aller au bout du geste qu'il allait faire.

Il se pencha et approcha doucement son visage du sien. Il sentit son souffle près de sa bouche et eut une seconde d'hésitation. Après tout, en avait-elle envie autant que lui ?

Le regard déterminé et peut-être lasse de ses hésitations, Levy enlaça soudainement son cou et prit finalement l'initiative la première.

Dès que ses lèvres touchèrent les siennes et que leurs souffles furent mêlés, il fut certain que plus rien ne serait jamais pareil.

Si le début de leur baiser fut hésitant, ce dernier devint rapidement plus fougueux. Il sentit qu'elle entrouvrait légèrement sa bouche et il passa alors sa langue sur ses lèvres. Elle ouvrit encore davantage sa bouche et leurs langues se mêlèrent l'une à l'autre.

« Que c'est bon... », pensa-t-il.

Emporté par ce baiser tant attendu, il déplaça la main restant contra sa joue sur son cou et l'autre descendit vers sa taille.

Elle plaça ses mains dans ses cheveux, essayant de réduire encore davantage la distance se trouvant entre eux.

Souhaitant la même chose, il la souleva alors contre le mur pour que leurs visages soient encore plus prêts et que leur baiser dure encore davantage.

Gémissant de surprise et d'impatience, Levy enroula ses jambes autour de sa taille.

« Elle ne pèse vraiment rien », pensa-t-il.

Au bout de quelques instants, il s'écarta d'elle pour la regarder dans les yeux. Elle avait les joues et la bouche encore rouges de ce baiser intense et semblait parfaitement comblée.

Elle lui sourit.

« Si tu savais depuis combien de temps je rêve de ça », souffla-t-elle, un peu timide, en détournant les yeux.

Lui aussi. Il avait simplement essayé de ne pas y penser. Depuis qu'il était rentré dans la guilde, qu'elle lui avait parlé et s'était comportée avec lui comme si rien ne s'était passé, cette idée s'était peu à peu immiscée en lui.

Elle était brillante, intelligente, gentille, douce... Si bonne avec tout le monde. Comment aurait-il pu envisager un instant qu'elle pense à lui comme ça ? Lui qui avait vécu toutes ces années dans la violence et la haine des autres mais également de soi.

Progressivement, elle avait réussi à faire en sorte qu'il s'aime à nouveau et qu'il envisage un avenir serein et sans peur.

Sa bonté et son pardon l'avaient sauvé.

Il se demanda alors si elle en avait ne serait-ce qu'un peu conscience.

Elle était toujours contre lui et il sentait son cœur battre très fort. Est-ce que le sien battait également si fort ?Ses mains étaient désormais placées sous ses cuisses, de sorte à la retenir contre lui et les jambes de Levy étaient toujours enroulées autour de sa taille.

Prenant soudainement conscience de cette position équivoque, ils se mirent à rougir tous les deux. Il la posa délicatement sur le sol.

Avait-elle conscience de l'effet qu'elle produisait sur lui ?

Il eut envie de lui faire connaître toutes les choses qu'il avait dans son esprit et il avait envie de lui faire partager ses sentiments qui le troublaient depuis quelques temps déjà.

Cela faisait désormais plusieurs mois qu'il ne la regardait plus de la même manière. Il se surprenait à respirer son parfum quand il était près d'elle, à l'observer quand elle ne le regardait pas... Son cœur battait la chamade lorsqu'elle approchait de lui ou lorsqu'il l'entendait rire.

Cette année au conseil et leur travail commun n'avait fait que renforcer ces sentiments, leur proximité et leur complicité se faisant de plus en plus grande, le temps passant.

Il aurait tué pour elle. Il avait tué pour elle.

« Levy... Je... », commença-t-il.

Il ne savait pas comment lui dire combien elle était importante pour lui, ni par où commencer. Dans sa tête, tout sonnait juste et tout paraissait clair. Maintenant qu'elle le regardait dans les yeux, il se sentait idiot.

« Gajeel... Je voulais juste te dire... Tout ce que tu m'as dit quand... enfin tu sais, quand j'ai cru que j'allais te perdre pour toujours... », dit-elle, la tête baissée.

Les phrases qu'il avait prononcées à ce moment-là lui revinrent à l'esprit. Cela lui avait alors paru très facile de dire ce qu'il ressentait car il n'y avait pas de retour possible. Il n'attendait rien de sa part en retour. Il avait juste besoin de la rassurer et de se rassurer avant une mort certaine. Il voulait simplement qu'elle sache avant qu'il ne disparaisse à jamais. Il voulait qu'elle ait une vie heureuse, même sans lui.

A ce souvenir, il sentit qu'il rougissait encore plus.

« Est-ce que tu le pensais vraiment ? Je veux dire... Est-ce que tu as dit tout ça seulement pour que je ne vienne pas avec toi ? », demanda-t-elle.

Il fut surpris. Est-ce qu'elle doutait des sentiments qu'il avait pour elle ? Est-ce que, ne serait-ce qu'un moment, il aurait pu lui faire comprendre le contraire ?

Il s'écarta d'elle, incrédule.

« Quoi ? Tu crois... Tu crois vraiment que j'aurais pu te dire des choses pareilles sans les penser réellement ? ».

Il secoua la tête et se renfrogna. Elle le connaissait si mal que ça ?

Elle paraissait ennuyée d'avoir posé cette question.

« Levy... Tu crois vraiment, me connaissant, que je serai capable de mentir sur les sentiments que j'éprouve pour toi? Tu crois que je pourrais dire à la fille dont je suis fou amoureux des choses capables de la blesser ? », ajouta-t-il, légèrement plus agressif.

Il se rendit alors compte des mots qu'il venait de prononcer. Levy écarquilla les yeux.

« Dont je suis fou amoureux ? » répéta-t-elle dans un souffle.

Il détourna le regard. Jamais il n'avait autant dévoilé ce qu'il pensait ou ce qu'il ressentait à une personne. Jamais il ne s'était ouvert à un autre être humain que depuis ces dernières vingt-quatre heures. Cela le rendait très vulnérable et lui faisait peur.

Levy pris son visage en coupe entre ses mains et le força à la regarder de nouveau.

« Gajeel... Je suis tellement heureuse. »

Des larmes coulaient de nouveau le long de ses joues.

« Tu ne sais donc pas ? Je t'aime aussi », ajouta-t-elle, la voix tremblante. « Tellement... ».

Alors, elle l'aimait aussi ? De la même manière que lui ?

Heureux comme jamais, il sourit et enfouit son visage dans son cou et la serra aussi fort qu'il le pouvait sans la blesser.

Il ne pouvait rien ajouter tant l'émotion pour lui était intense. Ses jambes et ses mains tremblaient, comme si tout son corps relâchait une pression accumulée depuis si longtemps.

Pourquoi avait-il eu peur de ces sentiments auparavant ? C'était si bon de se savoir aimer et d'aimer en retour.

« Merci » chuchota-t-il dans ses cheveux.

« Idiot » lui répondit-elle contre son cou.

Ils restèrent un moment comme ça, ne sachant pas si cela avait duré quelques minutes ou des heures.

Quand ils firent de nouveau attention à ce qui les entouraient, la nuit était complètement tombée et beaucoup de leurs amis étaient partis dormir, prendre une douche ou encore fêter la victoire.

Il lui prit la main, ce qui lui parut alors le geste le plus naturel du monde.

« Viens. Allons fêter cette victoire ensemble avec nos amis, nous aussi », lui dit-il, le plus sérieusement possible.

Elle le regarda, lui sourit et n'ajouta rien. Ce moment était parfait, comme dans un rêve. Ils avaient désormais leu vie devant eux et elle en était sûre : ils la passeraient désormais côte à côte et pour toujours en connaissant les sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre.