Disclaimer

Les personnages du Mentalistes ne m'appartiennent pas, je n'en retire aucun bénéfice.

Commentaire

J'aime bien écrire des OS mais le plus frustrant c'est qu'on ne peut jamais remercier celles qui laissent des messages...

Je profite de cette nouvelle aventure pour vous remercier, vous, qui faites partager votre enthousiasme... Merci and come again !

Et nous voilà reparti! Pour où, je vous laisse découvrir...

Je me suis aperçu que je n'arrivais pas écrire en faisant abstraction de tout ce qui précédait... ça donne un semblant d'unité...

d'où, les renvois... désolé...

Enjoy!


Now I know
That I can't make you stay
But where's your heart?
But where's your heart?
But where's your...

La voiture du CBI avalait les kilomètres comme des skittles.

Il ne faudrait pas qu'ils se fassent arrêter par la police routière, sans quoi Lisbon serait bonne pour un de ces stages dont l'Administration avait le secret et qui portaient un de ces noms ridicules comme « prendre ses responsabilités au volant » ou « pour une meilleure communication avec le public ».

Elle avait le pied au plancher.

And I know
There's nothing I can say
To change that part
To change that part
To change...

Un soleil de plomb s'abattait sur la route. Par endroit, l'asphalte fondait en de petites flaques de bitume et sur les abords de la route, une végétation famélique tentait, vainement, de survivre.

La climatisation de la voiture fonctionnait à fond. Elle répandait dans l'habitacle une certaine douceur anesthésiante qu'appréciait Lisbon.

Parfois, une bête – un lézard, un chien errant - traversait la route d'un pas rapide et haché comme si elle marchait sur des charbons ardents.

Le paysage quasi désertique qui entourait la route rendait étrange le voyage qu'elle et Jane avait entrepris. Elle se dit que c'était Highway to Hell d'AC/DC qu'elle aurait dû mettre plutôt que les My Chemical Romance.

Elle battait la mesure sur son volant, derrière ses lunettes de soleil. Les enceintes crachaient les guitares de Famous Last Words.

Concentrée, pas un seul mot ne s'échappait de ses lèvres.

A côté d'elle, Jane regardait par la fenêtre.

Ils en avaient pour huit heures de route jusqu'à San Diego. Ils en avaient déjà quatre derrière eux et ils avaient pris une heure pour faire le plein et manger un morceau.

I am not afraid to keep on living
I am not afraid to walk this world alone
Honey if you stay, I'll be forgiven
Nothing you can say can stop me going home

- C'est finalement pas mal, cette musique d'ado dépressif… fit Jane pour couper la monotonie du voyage… C'est profond comme une bassine…

Lisbon sourit.

- Vous vous ennuyez alors vous essayez de me mettre en rogne, hein ? Vous auriez préféré du Burt Bacharach, peut-être ?

- Avouez que Don't make me over, c'est autre chose… et il commença à fredonner par-dessus le rock passablement énervé qui sortait du lecteur MP3…

« Don´t make me over
Now that I´d do anything for you
Don´t make me over
(dum dum dum duuum – ajouta-t-il d'une voix de stantor)
Now that you know how I adore you

Don´t pick on the things I say, the things I do
Just love me with all my faults, that way that I love you
I´m begging you.

Lisbon quitta la route des yeux une seconde pour regarder Jane. Elle le fixa derrière ses lunettes noires.

- Et bien, Jane ! Vous chantez ?... Rappelez-le-moi la prochaine fois qu'on ira dans un karaoke…

Jane rosit.

- Ah, non ! Je « me suis fait eu » une fois mais c'est terminé… je peux vous l'assurer…

A une occasion, à l'issue d'une enquête, l'équipe avait fini dans un bar karaoke. Il s'en était sorti en prétextant une soudaine extinction de voix (1).

- Mais je vous assure, vous avez un beau brin de voix… ajouta Lisbon.

Tel est pris qui croyait prendre, pensa-t-elle. Il avait cherché à la titiller… Mais il fallait pas pousser Térésa Lisbon !

Jane eut un rire franc.

- Bien joué Lisbon… bien joué… je me rends… échec et mat… Je vous paye un soda à la prochaine station service… A ce propos, il ne faudrait pas que vous rouliez aussi longtemps sans vous arrêter… Sur ces routes interminables… ce n'est pas prudent…

- Hum, hum... Fit Lisbon qui était revenue à la route.

- … Je peux aussi conduire ma part d'itinéraire, vous savez…

- Je préfère pas… fit Lisbon. Ceci, continua-telle avec un petit mouvement circulaire du doigt, est la propriété de l'Etat et donc sous ma responsabilité…

- Oh ! Comme vous y allez… dit Jane… Ne me dites pas que vous n'avez pas confiance…

- J'ai vu comment vous conduisez votre DS… répondit Lisbon.

C'était son tour de titiller son voisin.

- Bon… fit-il, faussement vexé… Ne vous plaignez pas d'être fatiguée...

Il y eut peut-être une minute de silence pendant laquelle le lecteur changea de chanson puis Jane reprit la parole.

- Il est prévu que le reste de l'équipe nous rejoigne à San Diego ?

Le reste de l'équipe ne les rejoindrait pas. En été, les effectifs fondaient comme neige au soleil comme si on considérait que le crime prenait, lui aussi, des vacances après une année studieuse et appliquée.

Hightower avait été très claire sur ses desiderata : les équipes du CBI devaient être réduites au minimum durant les quelques semaines de juillet et d'août, afin qu'elles soient pleinement sur le terrain le reste de l'année.

Cho, Van Pelt et Rigsby avaient été mis en congés plus ou moins d'autorité. De leur groupe, il ne restait donc plus que Lisbon et Jane : il avait réintégré le CBI quelques mois plus tôt – il n'était donc pas prioritaire – et elle avait choisi de rester au bureau et de verser ses congés sur une sorte de bourse qui lui permettrait, le moment venu, de prendre deux mois complets de vacances et de faire, peut-être, un long voyage en Europe.

Les premiers jours avaient été bizarres : les bureaux du CBI étaient quasi-vides, les téléphones presque muets… peut-être qu'en été, le crime se mettait au vert lui aussi après tout.

Lisbon en profitait pour régulariser ses dossiers en retard et Jane lisait sur le canapé.

Hightower arrivait tard, prenait de longues pauses déjeuner et partait tôt.

Il régnait au CBI un air de colonie de vacances : ceux qui avaient été « désignés volontaires » pour rester à Sacramento, s'ils se croisaient à longueur d'année, prenaient maintenant le temps de boire un café ensemble, prenaient le temps de discuter d'autre chose que des affaires en cours et de la probabilité d'un nouveau meurtre sous deux heures.

.

Puis, on leur avait demandé de partir en soutien à San Diego.

Huit heures de route.

Ils avaient quitté Sacramento au petit matin et s'étaient engagés rapidement sur l'Interstate 5, un long ruban de bitume avec, en point de mire, l'horizon.

Le soleil tapait fort, la circulation était fluide, la musique envahissait la voiture et la climatisation ronronnait toujours autant.

C'était la première fois depuis des semaines que Lisbon et Jane se trouvaient ainsi, cloitrés en tête en tête et faisant comme si tout allait bien.

Le groupe Hellogoodbye prit la relève

I like where we are,
When we drive, in your car
I like where we are... Here

Cause our lips, can touch
And our cheeks, can brush
Our lips can touch here

Well you are the one, the one that lies close to me
Whisper's "Hello, I've missed you quite terribly"
(…)

Lisbon regardait droit devant elle. Jane remarqua un petit crispement répété au coin droit des lèvres de son chauffeur. Lisbon recala ses mains sur le volant. Elle parla avec une voix blanche.

- Jane…

- Oui ?

- Pourquoi vous m'en voulez depuis New York (2) ?


(1) Voir Aube Rouge

(2) Voir If I make it there