Sans récits


Tu me tues. Tu me fais du bien.

Marguerite Duras.


Ce fut comme une apparition : elle était assise, au milieu du banc, toute seule ou du moins je ne distinguais personne dans l'éblouissement que m'envoyèrent ses yeux. En même temps que je passais, elle leva la tête, je fléchis involontairement les épaules et, quand je me fut mis plus loin, du même côté, je la regardais.

Elle avait les cheveux blonds et longs qui tombaient en cascade le long de son visage ovale. Son regard était d'un bleu azur. Son nez droit, ses sourcils, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l'air bleu.

Après avoir admiré son visage, j'admirais la splendeur de sa peau blanche et la séduction de sa taille. Elle était parfaite. Jusqu'au dessein de son oreille ou des doigts de sa main. Elle portait une robe de soie bleue nuit.

Elle n'avait pas l'air très grande, mais elle était belle au-delà de la beauté idéale que j'avais pu imaginer. Je ne pouvais en détacher mon regard. La partie rationnelle de mon esprit savait qu'aucune femme ne pouvait atteindre cette perfection, qu'il était absurde de parler de beauté parfaite quand on sait qu'il existe un million de beautés différentes. Mais j'étais incapable de lui résister. Elle était si belle...

Puis, après plusieurs minutes, elle brisa l'enchantement et je la vis se lever lentement et avec souplesse. Elle entra à l'intérieur du hall du château. Je fis de même et lorsque j'entrais, je ne la vis plus.

Et aujourd'hui, bête comme je suis, j'écris dans un journal qu'elle me manque. À moi, Théodore Nott, Serpentard, homme censé ne pas aimer... Elle me manque. C'est atroce, elle me manque tellement. Ce n'est pas par vagues, c'est constant. Tout le temps, sans répits...