Dans le gris des souvenirs

Fandom : Harry Potter

Rating : K+

Perso: Mimi Geignarde

Disclaimer : Le personnage de Mimi Geignarde appartient bien sûr à J.K.Rowling et le reste est de ma main.

Notes : Dame Muse est folâtre et bien souvent survient quand on ne l'espère plus... J'espère que ce drabble, plus conséquent que d'habitude, vous plaira autant que j'ai aimé le composer.



Elle a été vivante autrefois. Son cœur battait fermement dans sa poitrine et le sang pulsait dans ses veines, dessinant des ombres bleutées d'aquarelle sous sa peau pâle. Sans doute était-elle semblable à ces autres que parfois elle entend crier et exister par delà le couloir voisin. Elle devait avoir des camarades dont elle médisait comme elles devaient se moquer de ses lunettes épaisses et de ses rougeurs disgracieuses au visage. Sûrement elle avait des rêves petits et mirobolants, monstres d'égoïsme mais après tout, ainsi va la vie.

Et ainsi, elle ne se souvient pas d'avoir jamais été heureuse. Elle se rappelle des formes indistinctes se mouvant en une pantomime grotesque et envers qui elle n'éprouve aucune mélancolie. Aucun visage ne se détache du flou gris de sa mémoire. Elle se rappelle seulement une vie banale, un peu fade et douce-amère, avec ces petites joies mesquines et ces chagrins boudeurs qui composent l'existence humaine.

Elle se rappelle la Voix. Elle l'avait troublée dans un moment de pleurnicheries désespérées. Sur la faïence blême, elle pleurait alors la maladie et la fadeur de la vie, s'inventant des passions éphémères pour tenter d'agiter un instant la monotonie du temps. Lorsqu'elle L'avait entendue, elle avait entrouvert la porte écaillée, et un regard terrible l'avait transpercée, s'était imprimé sur sa rétine comme deux soleils livides. Et après, le froid...

En fait, elle n'est pas très certaine d'avoir existé auparavant. Il lui semble parfois avoir toujours vécu ici, entre les noirs tuyaux sinueux de ces toilettes abandonnées. Les souvenirs anciens se sont ternis comme les couleurs passent sur une image craquelée et jaunie. Seule compte à présent la lune qui croît et décroît par la petite lucarne, bulle exsangue qui rythme ses chagrins. Parfois un importun interrompt le fil de ses pensées, jamais longtemps, elle sait le congédier.

Elle ne frissonne même pas lorsqu'elle traverse les parois froides carrelées d'un blanc usé. Souvent elle pleure, parfois en durs sanglots hystériques, parfois en lentes larmes amères dont elle ne goûte même pas le sel sur ses joues translucides.

Et le temps s'écoule doucement, au rythme lancinant des gouttes froides qui s'égrènent une à une puis éclatent sur le sol froid accrochant des éclats de lumière froide, écho criard et térébrant.


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