Titre : Sweet, sweet Love

Paring : Edward et Bella

Genre : Bad Romance

Rating : M

Chanson : Everything about you ( I hate ) _ Three Days Grace


Note :

Bonsoir, bonsoir ou bonjour, bonjour.

Certains vont être surpris en allant sur aujourd'hui. " Quoi ? Elles sont enfin de retour ? " ou mieux " Quoi ? Une autre histoire ? C'est quoi cette embrouille ? " Alors bien sûr, j'ai - Mush ;) - des réponses à toutes vos questions.

Tout d'abord : où est la suite de A Fleur De ? Dans nos têtes. Non, désolée mais rien n'a encore été tapé. Pourquoi ? La raison est très simple : j'ai été littéralement figé en relisant notre dernier chapitre je l'ai trouvé plus que merdique et vu que j'adorais cette histoire, qu'on y a passé du temps, qu'on a essayé de creuser la psychologie des persos, franchement, là, j'ai été vraiment refroidi. C'est un des pires trucs qu'on a écrit selon mon point de vue et ma muse, dès que j'essayais de lui parler de A Fleur De elle se rebiffait sévère, alors je me suis dit qu'on allait laisser les choses passer un peu et réfléchir posément à comment rattraper le coup pour l'épilogue.

Ensuite, il y a eu une baisse de morale, des tonnes et des tonnes de devoirs, la fac, c'est vraiment pas rigolo tous les jours et comme hélas, on est pas payé à écrire des fictions, des fois, il faut savoir mettre le plaisir de côté et... bosser! T.T Perso, j'arrête pas depuis début Novembre, j'ai pas eu de vacances à la Toussaint, ect... Bref, je ne vais pas raconter ma vie mais j'ai été quelque peu overbookée et Effexor aussi.

Oui mais pourquoi cette histoire alors ?

Cette histoire, c'est pour me débarrasser de mes vieux démons, ça nous arrive à tous je pense, un jour ou l'autre de se dire " Putain, j'aimerais ne plus y penser " eh bien moi, j'ai proposé à Effexor une mini fic. En cinq étapes. Je ne vous en dis pas plus, sauf que rassurez-vous elle est pratiquement achevée mais pour nous laisser de la marge, on ne vous postera le deuxième chapitre que dans 15 jours et on essaiera d'achever entre temps A Fleur De.

Mille excuses. Mais après tout, nous sommes tous humains et nous avons tous nos faiblesses et nos défauts ;)

PS : Joyeuse Année en avance !


Dédicace :

A toi, spécialement Voodoooo'.

Je te l'avais promis il y a trèèèèèèès longtemps et je tiens à régler cette dette en espérant que ça te fera plaisir et que tu aimeras toujours autant, je te souhaite de passer une très bonne fin de fêtes et - il me semble - te souhaite un bon anniversaire avec quelques jours d'avance ! Bizouxxxx ! Et surtout, continue à écrire : il y en a qui ont le talent et tu en fais indéniablement partie ;)


Parce qu'on a tous connu quelqu'un trop tôt ou trop tard dans notre vie...


Sweet, sweet Love

Chapitre I : Grognasse au cul d'enfer VS Ducon à l'ego surdimentionné - POV Edward.

Thanksgiving 2006

Je bifurquai sur la droite, m'engageant sur une petite route non éclairée et me risquai à regarder l'heure. Puis soupirai.

J'étais en retard.

J'étais foutrement en retard.

Et pas pour la raison que j'avais laissée sur le répondeur de ma mère près d'une heure plus tôt : un retard de vol. Si seulement ça avait pu être le cas…

J'avais promis à Carmen d'être là pour 18 heures, maximum 18 h 30. Mais Jessica Stanley m'avait rendu une visite... inattendue.

En règle générale, je ne recouchais jamais avec mes ex.

Question de principe.

Question d'ego aussi.

Mais surtout, question de changement. J'avais toujours eu horreur de la routine dans une relation. Surtout physique.

Mais en règle générale, elles ne m'attendaient pas, étendues sur mon lit dans une pose lascive, en déshabillé rouge sang.

Un frisson me parcourut l'échine malgré moi et je grognai de dépit. Mes frères avaient raison ; je n'étais qu'un mec faible incapable de résister à une paire de seins ou un cul bien galbé. Et Jessica Stanley avait malheureusement pour moi les deux...

Depuis l'âge de douze ans, les filles étaient tout mon univers.

Au collège, j'étais la belle gueule d'ange aux yeux un peu trop verts qui fascinait.

Au lycée, j'étais le roi avec qui elles voulaient toutes coucher.

A la fac, j'étais devenu le grand méchant loup qu'il fallait à tout prix éviter mais qu'elles approchaient quand même, comme des crèves la faim attirées par le plus succulent des gâteaux.

J'étais la friandise qu'on ne pouvait se refuser.

La montagne de chantilly sur le chocolat viennois.

J'étais celui dont elles se souviendraient toute leur vie.

En étais-je fier ? Oui.

En étais-je désabusé ? Oui.

Allais-je m'arrêter pour autant ? Non. Sûrement pas.

Mon portable vibra sur le siège passager alors que j'accélérai un peu plus. Je le saisis brusquement, ne regardant même pas le nom sur l'écran tactile.

" Oui ? Marmonnai-je, concentré sur la route.

_ Oh, petit couillon ! T'es où ? Ca fait une heure que tu devrais être là ! Maman et Carmen commencent à s'inquiéter."

Emmett. Mon frère aîné.

Surnommé Goliath par les intimes et plus particulièrement par mon autre aîné, Jasper.

Il était du genre à arriver deux heures à l'avance chez Carmen pour profiter tranquillement de son écran plasma et pour accessoirement être traité comme un petit prince.

" J'ai eu un... contretemps. Répliquai-je lentement.

_ Qui s'appelle ? Ricana-t-il.

_ Retard d'avion. M'agaçai-je, peu désireux d'évoquer Stanley avec lui.

_ Tu feras peut-être gober ça à Maman mais pas à moi. Jaz m'a envoyé un sms il y a environ deux heures. Il est passé devant la maison et il y avait deux voitures. Dont la tienne. Alors... Blonde ou brune ?

_ Emmett, je... serai là dans pas longtemps. " Fis-je en lui raccrochant au nez, mon regard soudain attiré par une grosse camionnette sur le bas côté de la route, les warnings allumés.

Je la ralentissais en passant devant et allasi m'arrêter quelques mètres devant.

Pas que je sois serviable. Même si j'avais reçu une bonne éducation. Mais par curiosité. J'avais rarement vu quelqu'un sur cette route isolée que les gens empruntaient seulement pour accéder aux sentiers de randonnées. Or, je connaissais à peu près tous les randonneurs du coin, notamment à cause de ma mère et de Carmen qui adoraient tout ce qui était « balade en forêt et bénéfique à l'organisme ». Et celle-ci était inconnue à mon bataillon.

Je regardai dans le rétroviseur intérieur et un rictus déforma ma bouche en voyant une fille penchée sous le capot, lampe torche brandit dans une main, portable dans l'autre. Et à la façon dont elle s'agitait, elle avait l'air plutôt anxieuse. Ou encore mieux : énervée.

Parfait.

C'était les yeux brillants et les joues échauffées que je les préférais.

Qui avait dit que la curiosité était un vilain défaut ?... Pour moi, c'était l'une des plus pieuses vertus. Surtout en la circonstance.

Je coupai le contact et passai une main dans mes cheveux. Mes lèvres étaient encore rouges et légèrement gonflées. J'eus un très léger sourire : qui aurait cru qu'un jour, je serai reconnaissant envers Jessica Stanley et sa faim dévorante pour les baisers ?

Je rajustai le col de ma chemise noire et en déboutonnai les deux premiers boutons. C'était comme ça qu'elles me préféraient.

Je descendis de mon coupé sport et me dirigeai vers elle en observant d'un œil connaisseur sa silhouette que la lumière vive de ses phares dissimulait en partie. Et les jambes fuselées que je voyais me mettaient déjà en appétit.

" Putain, Jake ! Je t'ai dit que ce n'était pas ces merdes de bougies ! J'ai tout fait comme tu me l'as expliqué ! " Rageait-elle, excédée; d'une voix légèrement aiguë.

Je m'approchai sans bruit, de plus en plus amusé et appréciai la rondeur de ses fesses lorsqu'elle se pencha à nouveau sous le capot. Elle était bien partie pour un honnête 15 sur 20…

Elle ne semblait pas m'avoir entendu.

Je n'étais même pas sûr qu'elle ait fait attention au moment où j'étais passé devant elle en voiture.

Elle marmonna quelque chose en se mettant sur la pointe des pieds, la lampe torche en avant, les fesses légèrement en arrière. Mon sourire s'accentua et mon sang s'échauffa alors que je faisais les derniers pas qui me séparaient de ces fesses divines.

" Salut. " Soufflai-je dans son dos d'une voix veloutée.

Elle émit un couinement, se cogna la tête au capot et se tourna violemment vers moi, m'aveuglant avec sa foutue lampe. Elle brandit alors violemment son portable et pianota ensuite précipitamment sur le clavier avant que je puisse comprendre ce qu'elle faisait.

" Mon père et mon meilleur ami savent où je suis et ont une photo de toi au cas où tu ne serais pas net. " Débita-t-elle à toute vitesse, sa lampe toujours en avant comme si elle me tenait en joue.

Je l'écartai d'un geste agacé, la faisant à nouveau sursauter, toute once de séduction disparue.

Je bénissais celui qui avait dit que la curiosité était un vilain défaut et me fustigeais mentalement pour ne pas l'avoir écouté. Pour qui elle se prenait celle-là ?

" C'est comme ça que tu remercies ton futur chevalier servant ? En le prenant pour un détraqué ? " Lui dis-je en m'approchant de son capot ouvert.

_ Mon quoi ? T'es mécanicien peut-être ? " Tiqua-t-elle.

Je maudis mentalement ma mère et ses gènes serviables et essayai de me convaincre de regagner ma voiture sans un regard en arrière.

" Mon frère aîné m'a appris quelques trucs. " Lâchai-je d'une voix abrupte.

Apparemment non. Je ne pouvais pas regagner tranquillement ma voiture et continuer mon chemin.

Je me forçai à jeter un coup d'œil à son moteur. Que je ne voyais pas parce qu'elle tenait sa lampe torche oscillante au bout de son bras.

Elle eut un ricanement presque moqueur et je me tournai clairement agacé vers elle.

Je ne voyais pas son visage. A peine ses contours. Je ne savais pas si elle percevait le mien. Et ça me frustrait plus que de raison. J'apercevais son jean noir qui la moulait comme une seconde peau, ses ballerines de la même couleur et le petit gilet en laine de petite fille sage brodé de petites perles, dans le genre intello, première de la classe, fièrement boutonnée jusqu'à la base du cou. Le genre de filles que j'avais beaucoup de mal à voir. Même en peinture.

Elle trembla légèrement.

Sans doute de froid et d'appréhension. Comme si j'étais du genre à me taper une gourde coincée sans doute encore vierge et naïve.

Je remarquais qu'elle n'était pas grande. Elle m'arrivait à peine à l'épaule. Et qu'elle était assez menue.

Le genre de détails complètement cons qui me sautaient aux yeux lorsque j'approchais une éventuelle victime. Et celle-là n'allait certainement pas avoir l'honneur de raconter à ses copines qu'elle faisait partie de mon palmarès.

Elle arrangea une mèche de ses cheveux et une odeur de fraise m'envahit aussitôt les narines. Et en plus, même son gel douche était celui des petites filles sages.

Elle fit un léger pas en arrière et referma sa main sur la lampe torche, me faisant clairement comprendre qu'elle ne me faisait absolument pas confiance.

" Mais si tu veux rester dans la merde, le noir et le froid avec ton tas de ferraille qui a sans doute rendu l'âme, grand bien te fasse. " Ne pus-je m'empêcher de lui dire, espérant qu'elle se rapproche et qu'elle me montre enfin son visage.

On pouvait toujours espérer un miracle.

Mais elle ne bougea pas.

Elle n'eut même aucune réaction.

Je soupirai et me dirigeai vers ma voiture.

Foutue curiosité !

A peine fus-je installé derrière le volant que je la vis, à travers le rétroviseur, reporter son portable à son oreille et se repencher sous le capot.

" Non, mais je rêve. " Sifflai-je entre mes dents en remettant le contact.

J'enclenchai la marche arrière et me retrouvai rapidement à son hauteur. Elle se figea un peu alors que j'appuyai sur le bouton de la fenêtre électrique. Une fois de plus, je distinguai à peine les contours de son profil. Mais je savais que j'avais toute son attention.

" Au fait, raillai-je, joli cul. Dommage que ce soit celui d'une grognasse coincée. "

Elle se figea encore un peu plus sous l'insulte, étirant mes lèvres en un sourire satisfait et l'envie saugrenue de la voir rougir me prit. J'écartai aussitôt l'idée de mon esprit : cette fille ne valait vraiment pas la peine que je m'intéresse à elle.

" C'est ça ! Joyeux Thanksgiving à toi aussi ! Et va te faire foutre !... Chevalier servant, mon œil ! " S'insurgea-t-elle.

Mon sourire satisfait se transforma en rictus méprisant lorsque je remontai la vitre sans la quitter des yeux. Je me remis en route, m'obligeant à ne pas regarder une dernière fois dans le rétro et mon portable revibra à côté de moi, m'arrachant un grognement excédé. Je jetai cette fois un coup d'oeil à l'écran de mon Smartphone : Jasper.

" Il paraît que je risque d'arriver avant toi. Ricana-t-il.

_ Avec ta Mustang ? Rêve. Marmonnai-je, agacé.

_ C'est pas parce que sa Majesté a une voiture européenne qu'il va arriver en premier. Je suis à même pas une demi-heure. De la maison jusqu'à chez Carmen, il y a pratiquement 50 minutes.

_ Je suis à même pas 10 minutes. J'ai eu un... contretemps.

_ Blonde ou brune ? Ricana-t-il à nouveau.

_ Rouge et toute rouillée. Grognai-je.

_ J'ai toujours dit à Papa que tu finirais par t'attaquer au service de gériatrie.

_ Jasper ! Grimaçai-je.

_ Tout le monde sait que tu t'es tapé la prof de Bio au lycée. Elle avait au moins 40 ans.

_ 38. Marmonnai-je en passant une nouvelle vitesse.

_ T'en avais 17. T'as eu de la chance que Papa et Maman aient " passé l'éponge " sur cette histoire.

_ Elle a été muté à l'autre bout du pays. " Fis-je après un moment de silence.

Je n'aimais pas trop parler de cette histoire.

Ca avait été une erreur.

Je l'avais su au moment même où j'avais posé mes lèvres sur les siennes. Mais le goût de l'interdit, de l'impossible, m'avait toujours attiré. A l'époque pour moi, ça avait été un peu comme Roméo et Juliette. Amour impossible, interdit et licencieux.

" C'est toujours mieux que de perdre son job. " Continua-t-il.

J'eus malgré moi une forme de sourire : il blablatait. Il essayait sans doute de prendre de l'avance, croyant que j'allais ralentir pour discuter avec lui. Mais j'accélérai au contraire.

" J'arrive sur le chemin de chez Carmen. Fis-je avec un rictus en bifurquant soudain sur la gauche dans un virage serré.

_ Merde... Je suis entré sur la 107 il y a presque 10 minutes. Je veux ma revanche. "

Un rire moqueur s'échappa de ma gorge et je décidai de ne pas relever.

" Au fait… Si tu vois une camionnette sur le bas-côté... T'arrêtes pas. Lui dis-je en ralentissant.

_ Pourquoi ? S'étonna-t-il.

_ T'arrêtes pas. Me contentai-je de répondre.

_ ... OK. Au fait, préparez-vous à une grande révélation avec Goliath.

_ Ah ? Fis-je, ennuyé.

_ Ouais... Je suis amoureux. Et cette fois, c'est la bonne. "

oOo

A peine eus-je coupé le contact devant l'imposante villa blanche que la porte d'entrée s'ouvrit à la volée sur Carmen, rayonnante, qui resserra une grand châle de couleur écru autour de ses épaules.

" Edward ! Enfin ! Va te garer devant le garage à côté de la Jeep d'Emmett, nous avons des invités supplémentaires cette année ! " Me cria-t-elle en me faisant signe vers le côté gauche de la maison.

Je haussai un sourcil : des invités supplémentaires ? C'était bien la première fois.

Sans poser de questions, j'obéis et me retrouvai devant elle quelques secondes plus tard. Elle me prit quelques instants dans ses bras avec un sourire attendri.

" Nous nous inquiétons avec ta mère. Tu as été tellement vague sur ton message. Où étais-tu ? Des problèmes à l'aéroport ? C'est toujours la panique pour Thanksgiving, j'avais dit à tes parents de te recommander de venir plus tôt dans la semaine, mais ta mère est très à cheval sur ta scolarité. Elle tient à ce que tu réussisses avec un sans faute tes études supérieures. Comment vas-tu ? Tu es splendide. Encore plus que d'habitude. Tu dois en faire tourner des têtes. Et pas que celles des filles... Et à Juneau ? Ca se passe bien ? Je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas voulu suivre les traces de tes parents et aller à Dartmouth. Tu en avais tellement les capacités. Plus que tes frères. Attention, je n'ai pas dit qu'ils étaient moins intelligents, ne nous méprenons pas ! Mais tu es tellement plus disposé à faire de grandes choses. Je te voyais si bien en médecine. Ou en droit ! Beaucoup de sénateurs ont fait du droit avant de s'impliquer dans la politique. Mais non ! Monsieur veut être journaliste ! Monsieur veut voir le monde ! Tu sais, en entrant dans les grandes institutions internationales...

_ Carmen ! Laisse-le au moins entrer. " Fit une voix derrière elle.

Elle sursauta et se tourna vers son mari qui nous observait du pas de la porte, les mains dans les poches.

Elle me fit face à nouveau, un sourire d'excuse aux lèvres, rossissante.

" Bienvenu. " Me dit-elle simplement en me faisant signe vers l'entrée.

Je lui rendis légèrement son sourire et m'avançai vers Eléazar qui m'enlaça brièvement à son tour.

" Bonsoir, Edward. Entre, je t'en prie. "

Je pénétrai dans le grand salon blanc à l'ambiance zen que ma mère avait toujours apprécié et ne pus m'empêcher de sourire vraiment cette fois, comme si j'étais rentré chez moi alors que je ne franchissais le seuil de cette maison que deux ou trois fois par an.

Emmett était affalé sur le grand canapé en cuir rouge presque bordeaux, devant un énorme écran plasma, un tout aussi énorme bol de chips à moitié vide sur les genoux.

" Mais faute ! C'est quoi cet arbitre, encore ? On lui a payé une pute pour qu'il ferme les yeux ou quoi ? Ragea-t-il.

_ Emmett ! Surveille ton langage, s'il te plaît. T'es pas à la maison ! " Dit la voix étouffée de ma mère.

Il marmonna quelque chose et enfourna une poignée de chips.

" Tu veux boire quelque chose ? Me demanda Eléazar.

_ Bien sûr, qu'il veut boire quelque chose ! Répliqua Carmen en se dirigeant vers le mini bar sur la droite à pas précipités.

_ Un Coca, s'il te plaît. Répondis-je avec un léger sourire.

_ Avec un doigt de Whisky ? Me dit-elle en sortant la bouteille.

_ Euh, non merci. Je conduis après.

_ Ton frère a déjà pris la chambre avec la grande baie vitrée qui donne sur le lac, derrière. Me souffla Eléazar.

_ Mais oui ! Vous dormirez ici, cette nuit ! Je suis certaine que Jasper acceptera avec plaisir ! Enchaîna Carmen en remplissant généreusement mon verre.

_ Pas si Emmett a pris la chambre qui donne sur le lac. Fis-je remarquer.

_ Premier arrivé, premier servi. Il n'avait qu'à être là un peu plus tôt. Répondit Emmett sans quitter l'écran des yeux.

_ Il reste la chambre avec la bibliothèque... Dit Carmen.

_ Je prends la chambre avec la bibliothèque. Répliquai-je.

_ Dans ce cas, il lui reste celle qui donne sur la forêt ou celle avec le balcon sur le devant de la maison. On a de la place pour tout le monde, ne vous inquiétez pas. Même les filles pourront rester si elles le souhaitent. Enchaîna Eléazar.

_ Les filles ? Répétai-je, surpris.

_ Chair fraîche pour le grand méchant loup ! Ricana Emmett.

_ Emmett... Souffla ma mère depuis la cuisine.

_ Vous serez gentils avec elles, j'espère. Elles allaient passer Thanksgiving toutes seules, les pauvres chéries. Soupira Carmen en m'apportant mon verre.

_ Des orphelines ? "Lui demandai-je après l'avoir remercié.

Emmett ricana de plus belle.

" Oh non ! La fille du shérif et celle de l'homme d'affaires qui a racheté la grande villa des Leighton en allant vers la réserve. Sa femme a d'ailleurs fait un jardin magnifique, Esmée. Tu devrais aller voir. Ca vaut le coup d'œil. Dit Carmen.

_ La grande villa en bois rouge avec le jardin zen ? Je l'ai entraperçu il y a une dizaine de jours. Ca avait l'air très reposant. Répondit ma mère.

_ Somptueux. " Renchérit Carmen.

Sur le canapé, je vis Emmett jeter un drôle de regard à Carmen et reporter son attention sur le match de football, les sourcils légèrement froncés et la mémoire me revint.

La grande villa en bois rouge… Des Hale ?

" Quelqu'un a t-il des nouvelles de Jasper ? Nous demanda soudain Eléazar, m'arrachant à mes réflexions.

_ Il devrait être là. " Fis-je en consultant ma montre.

Oh non, ne me dîtes pas qu'il s'est arrêté pour aider la grognasse...

" Il a dû rater le chemin, comme d'habitude. Soupira ma mère.

_ C'est vrai que la route n'est pas bien éclairée. J'espère que les filles ne se perdront pas malgré le plan que je leur ai fait. Isabella devrait être là, d'ailleurs. S'inquiéta Carmen en allant se poster devant la baie vitrée qui donnait sur le chemin.

_ Isabella ? Sourcillai-je.

_ La fille du shérif. M'expliqua Eléazar.

_ Je ne savais pas que ce vieux Swan avait des enfants. Ricanai-je.

_ Une fille unique. Elle a emménagé fin Septembre. Elle poursuit ses études supérieures dans la région. Avant, elle vivait en Arizona, avec sa mère d'après ce qu'on a su.

_ Elle est venue se refroidir. Ricanai-je à nouveau.

_ Ou renouer avec ses racines. Sourit-il.

_ Ah ! Je vois des phares. Cabriolet rouge. Ce doit être Rosalie. " Fit soudain Carmen.

C'était bien la grande villa en bois rouge des Hale.

Je jetai un coup d'œil vers Emmett et le vis tout à coup tendu comme un arc. Et aux vues de l'expression de son visage figé, il allait falloir beaucoup de Whisky Coca, de bols de chips et de football américain, ce soir.

Carmen resserra une nouvelle fois son châle autour de ses épaules et ouvrit la porte d'entrée, envahissant l'espace d'une autre vague de froid.

" Rosalie ! Ma chérie ! " Dit-elle chaleureusement.

Je ne quittai pas mon frère des yeux. Attendant une quelconque réaction. Serrement des mâchoires, des poings, regard haineux, désespéré, n'importe quoi. Ni Carmen ni Eléazar ne semblaient avoir remarqué son soudain changement d'attitude. Et un Emmett silencieux équivalait à un Emmett dangereux.

" Bonsoir, Carmen. On a un problème avec la camionnette de Bella. Ca fait près de deux heures qu'elle poireaute au bord de la route dans le noir. Un connard s'est arrêté et l'a même pas aidée. Impossible de joindre un dépanneur. J'ai essayé de jeter un coup d'oeil au moteur mais avec une simple lampe torche c'est impossible. En plus, je l'ai laissée toute seule avec un type que j'ai dû forcer à s'arrêter, il passait à côté de nous sans même ralentir. Ca doit être la soirée des connards. Il a une super Mustang noire, par contre... Fit une voix légèrement rauque.

_ C'est celle de Jasper. » La coupa avec enthousiasme Carmen.

Je me figeai à mon tour instantanément on a un problème avec quoi ? C'était une blague, non ? Je n'allais tout de même pas passer Thanksgiving avec… elle ?

« Euh... Oui. Je crois qu'il a dit qu'il s'appelait comme ça. On peut avoir confiance alors ? J'envoie un texto à Bella...

_ Oh oui ! Jasper est très gentil. Tout comme ses frères. Lui assura Carmen.

_ Justement, il en a évoqué un qui s'y connaîtrait en mécanique... Répondit-elle.

_ Emmett ! Fit Carmen, toujours débordante d'enthousiasme.

_ Emmett ? " Répéta Rosalie d'une voix soudain glaciale.

C'était bien la Rosalie que je redoutais.

Emmett balança tout à coup le bol de chips sur la table et augmenta le volume de l'écran plasma alors que je priais tous les dieux que je connaissais pour tomber soudainement malade.

" Un problème ? S'étonna Carmen, ses yeux faisant aller retour entre mon frère et l'extérieur de la maison.

_ ... Aucun. " Répliqua Rosalie, toujours glaciale. " Mon cabriolet est trop petit pour tracter la camionnette. La Mustang n'est pas assez puissante...

_ Emmett et Edward vont venir vous aider. " Lui assura Carmen.

Ca, sûrement pas !

" Qu'elle aille au Diable ! " Eructa Emmett.

J'allais le dire !

" Emmett, ça ne va pas ? " Demanda Carmen avec hésitation.

Des pas précipités sur les gravillons indiquèrent que Rosalie s'approchait de la maison et quelques secondes plus tard, elle se tenait dans toute sa splendeur en face de moi, fusillant de son regard améthyste mon frère qui fixait toujours l'écran, les sens en alerte, me déconnectant un moment de la réalité.

Blonde, svelte, pulpeuse, une peau légèrement halée, parfaite, elle incarnait le fantasme de beaucoup de mecs en ville depuis qu'elle avait débarqué à Forks près de trois ans auparavant. Même moi, je m'étais retrouvé comme un poisson hors de l'eau la première fois que je l'avais vue. Mais Emmett avait été foudroyé.

Je n'avais jamais cru au coup de foudre romanesque auquel la plupart des filles aspiraient. Jusqu'à ce que je le voie en face de cette fille à qui je n'avais jamais directement parlé à cause de lui.

Il avait quitté la sœur aînée de Lauren Mallory avec la quelle il était depuis cinq ans pour elle.

Il avait dissuadé tous les mecs qui lui tournaient autour de s'approcher de trop près.

Il s'était intéressé à ses activités.

Il avait essayé de s'intégrer à sa vie de la façon la plus subtile possible.

Il avait fini par la draguer avec plus ou moins de tact parce qu'elle ne semblait pas s'intéresser à lui.

Et elle l'avait renvoyé sur les roses.

Elle lui avait clairement fait comprendre qu'il ne l'intéressait pas.

Et puis un soir, il l'avait vue avec un Indien de la réserve...

" Cullen... Ton frère - d'après ce que j'ai compris - est en train de se geler les miches à quelques kilomètres de là... Commença-t-elle lentement d'une voix impersonnelle. Comme si ça lui coûtait de s'adresser directement à lui.

_ Et ta copine - d'après ce que j'ai compris - est dans la merde. " Répliqua-t-il sur le même ton sans quitter l'écran des yeux.

Elle inspira profondément.

Sans doute pour s'intimer au calme.

Et expira en resserrant ses mâchoires.

Sans doute pour ne pas être obligée de lui dire ce qu'elle devait penser de lui devant Carmen et Eléazar.

" Ma cousine !… Avec ta Jeep, on serait de retour dans 20 minutes. Répliqua-t-elle.

_ Si on doit atteler, j'en doute. "

Sa cousine ? Cette fille avait des liens du sang avec cette bombe ?…

Je ne savais pas grand-chose sur ce qui s'était passé ce soir-là, à la Réserve.

Jaz non plus.

Je ne savais même pas ce qu'il y foutait exactement.

La chose dont j'étais certain, c'était que la situation avait vite dégénéré. C'était même parti en sucette.

Et depuis, il n'avait plus jamais fait mention d'elle.

Il y avait un an de ça.

" Fais ta B.A. Soupira-t-elle.

_ Pour toi ? Hors de question. "

Elle finit par taper du pied. Ce qui ne devait pas être bon signe. Et elle se dirigea vers lui, une expression résolue sur son visage parfait.

Il se redressa légèrement ; je savais qu'il avait laissé de côté le match depuis que Carmen avait fait mention d'un cabriolet rouge.

Arrivée à sa hauteur, elle se pencha sur lui, approchant une main parfaitement manucurée des poches de son jean.

A la place de mon frère, je lui aurais jeté un regard brûlant. Mais lui, la glaça littéralement.

Il lui saisit rapidement le poignet, la figeant instantanément.

" Qu'est-ce que tu fais ? Siffla-t-il.

_ C'est pas parce que je porte des talons hauts que je ne sais pas conduire une Jeep. Répondit-elle sur le même ton.

_ Dégage ! " Cracha-t-il en la repoussant.

Elle prit la télécommande sur la table basse et éteignit l'écran avant qu'il n'aie pu réagir.

" Mais c'est pas vrai ! Qu'est-ce qu'elle veut encore, celle-là ? " Ragea-t-il en bondissant sur ses pieds.

Elle ne recula même et releva à peine les yeux.

Ils étaient à quelques centimètres l'un de l'autre se fusillant mutuellement du regard.

Le silence devenait oppressant et je me disais qu'il allait falloir intervenir avant que ça ne dégénère une nouvelle fois. Ou il fallait que ça dégénère, histoire que je passe le moins de temps possible avec Grognasse coincée du cul.

" Carmen voudrait savoir s'il n'y a pas un problème. " Me souffla une voix à côté de moi.

Je tournai vivement la tête vers Eléazar dont le regard paraissait légèrement inquiet.

" Si on veut... Je crois qu'il est amoureux. Murmurai-je en me retournant nonchalamment vers Emmett et Rosalie.

_ C'est évident. " Acquiesça-t-il.

Qui ne le serait pas de cette fille, en vérité ?

Elle pourrait même convertir un homosexuel.

« Edward, tu la prends avec toi. Je ne la veux pas dans ma voiture. » Finit par dire mon frère d'un ton sourd en se détournant du regard améthyste.

Non ! Je ne veux pas aller chercher cette fille et sa poubelle mécanique !

« Et pourquoi ça serait forcément lui qui conduirait ? " S'écria-t-elle dans son dos en l'observant partir.

Il ne répondit pas.

Ne ralentit pas.

Ne prit même pas sa veste à capuche que Carmen lui tendit légèrement tremblante lorsqu'il passa à côté d'elle.

Puis il sortit.

Carmen nous regarda, mal à l'aise, semblant consciente qu'elle avait fait une énorme bourde.

" Je vais aider Esmée. Ne tardez pas les enfants. " Finit-elle par dire en prenant son mari par le bras pour l'entraîner jusqu'à la cuisine.

Dehors, le moteur de la Jeep rugit.

" Réflexion faite, tu montes avec lui. Je ne veux pas de Cullen dans mon cabriolet. " Me dit-elle en me regardant vaguement de haut en bas, une moue presque dégoûtée sur ses lèvres rouges.

Puis elle ressortit dans le froid de la nuit, raide comme la justice.

Un claquement de portière et les crissements de pneus sur les graviers me sortirent de ma torpeur.

La soirée s'annonçait... intéressante si on se basait de leur point de vue.

Je finis par sortir à mon tour, de très mauvaise foi, et refermai la porte d'entrée derrière moi en prenant tout mon temps. Manquerait plus que Emmett soit au courant que j'avais abandonné une fille sur le bord de la route dans le froid parce qu'elle avait semblé être « insensible » à mon charme.

Rosalie s'était déjà réengagée sur le chemin sinueux.

Je fis rapidement le tour de la Jeep et montai sur le siège passager. Emmett appuya un peu trop brusquement sur l'accélérateur et fit patiner la voiture avant de s'engager à son tour.

" Laisse-moi deviner. Elle ne veut pas de Cullen dans son espace vital ? Marmonna-t-il, le visage fermé en enclenchant une nouvelle vitesse.

_ Je ne crois pas qu'il soit utile qu'on se tue pour la rattraper. "

Et surtout, qu'il soit utile qu'on se tue pour dépanner Grognasse.

Un rire méprisant lui échappa alors que ses mains se resserraient sur le volant parfois, il pouvait être vraiment inquiétant.

" Sa cousine a intérêt d'être bandante. " Enchaîna-t-il en accélérant encore.

A mon tour, un ricanement sortit de ma gorge les rêves, c'était la nuit au chaud dans un lit qu'on les faisait, pas éveillé en chemin pour un dépannage.

Nous rejoignîmes la route déserte alors que j'essayais toujours de me convaincre que Grognasse coincée au cul d'enfer n'allait pas me pourrir ma soirée quand Emmett pila soudainement, me donnant l'impression furtive que j'allais passer à travers le pare-brise.

" Putain, elle me fait rater la deuxième mi-temps des quarts de finale pour ça ? On est à même pas un quart d'heure de chez Carmen ! " Ragea-t-il.

Il mit le frein à main et sortit en claquant violemment la portière, puis passa sans s'arrêter devant la vieille camionnette où Jasper et Grognasse discutaient.

J'étais vraiment maudit mon frère semblait l'avoir prise en sympathie.

Résolu, je m'obligeai à quitter des yeux sa silhouette fantomatique et descendis à mon tour en me dirigeant vers eux à pas lents, l'air impassible.

" Tu crois que parce que t'es à tomber par terre, tu peux dicter ta loi comme ça ? " Hurlait Emmett.

Jasper haussa un sourcil et jeta un coup d'œil par dessus son épaule tandis que Rosalie lui répondait avec la même verve. Moi, j'essayais d'être aussi vivace qu'une statue de marbre.

" Euh... Y a un problème ? Demanda timidement Grognasse.

_ Tension sexuelle. Je t'expliquerai ce que c'est plus tard dans la soirée. " Répliquai-je en me tournant vers elle, d'une voix railleuse et surtout très ironique.

Jasper ricana en secouant la tête.

" Pourquoi pas. C'est pas aujourd'hui que je risque d'en ressentir. Répondit-elle avec un sourire appuyé.

_ Ouh, Edward ! T'as jeté ton dévolu sur une tigresse ! Fit mon frère.

_ Pour avoir jeté mon dévolu, il faudrait qu'elle ait quelque chose d'autre de potable que son cul. Et maintenant que je vois son visage, t'aurais vraiment dû m'écouter et ne pas t'arrêter. " Enchaînai-je sur un ton ennuyé.

Je ne me privais pas cependant de la dévisager ouvertement, contredisant presque mes paroles.

Elle n'était pas aussi belle que Rosalie Hale.

Elle n'avait ni son assurance, ni son charisme et encore moins ses formes.

Ses traits étaient réguliers mais quelconques.

Ses cheveux cascadaient un peu à leur guise sur ses épaules.

Elle n'avait pas beaucoup de poitrine.

En définitive, elle était très loin de mon idéal féminin.

Mais il y eut soudain cette étincelle dans ses yeux chocolat. Celle-là même qui me poussa à la regarder avec presque de l'attention.

" Tout le monde n'a pas ta générosité. Fit-elle, impassible.

_ Edward est très généreux avec les filles. " Lui assura Jasper. " J'allais tracer ma route vu qu'une autre voiture était aussi arrêtée. Je me suis dit qu'une âme charitable avait eu pitié d'elle quand j'ai vue une blonde se jeter pratiquement sous mes roues pour que je m'arrête à mon tour.

_ Eh bien t'as qu'à partir ! Qu'est-ce que tu fais encore là à pourrir mon oxygène ? " Cria à nouveau Emmett.

Jasper soupira, s'excusa et contourna à son tour la camionnette, me laissant seule avec Grognasse.

La garce avait un certain aplomb lorsqu'on la dévisageait.

" J'en doute pas. Ca tiendrait qu'à lui, je serais repartie en dépanneuse et ne me farcirais pas une soirée en sa compagnie. Répondit-elle avant de se détourner.

_ Tu peux m'adresser directement la parole, tu sais. Je doute qu'il t'aie entendue. Fis-je d'un ton plat et monotone.

_ Il me semble que tu préfères t'intéresser à mon cul qu'à ce que je peux dire. "

Cette fille avait le don incroyable de m'irriter dès qu'elle ouvrait la bouche.

Plus je la regardais, plus je la trouvais quelconque et plus j'avais envie de l'enrager.

De mon point de vue, les filles n'étaient pas toutes baisables.

Il y avait les coups d'un soir, celles avec les quelles on couchait pour leur physique, celles qui avaient leur propre charme et celles aux quelles on ne faisait pas attention, trop dénuées d'intérêt.

Et elle faisait partie de cette dernière catégorie à mes yeux. Elle m'exacerbait trop pour que j'arrive à lui trouver un charme quelconque. Elle était trop… naturelle. Beaucoup trop… coincée.

" C'est pour tes parents que je dis ça. Ne donne pas une mauvaise image d'eux en sous-entendant qu'ils t'ont donnée une mauvaise éducation. Repris-je.

_ C'est marrant, tu pourrais t'appliquer ce conseil. Mais c'est douloureux de me dire que nous avons un point commun. " Répondit-elle, toujours impassible. Et toujours sans me regarder.

Jasper revint à ce moment-là, suivi de près par Emmett qui était encore renfermé qu'à notre arrivée.

" Je crois que je vais rentrer à la maison. " Marmonna-t-il.

C'était justement ce que j'étais en train de me dire...

" Bonne idée ! Je pourrais peut-être passer une agréable soirée. " Répliqua Rosalie, acide, derrière lui.

Il ouvrit la bouche pour répliquer mais Jasper l'en empêcha en parlant le premier.

" Sauf que Carmen sera déçue alors vous allez agir en adultes que je croyais que vous étiez et tout se passera bien.

_ Dixit le collectionneur de figurines de mangas japonais. Fit Emmett.

_ Il va être 21 heures. Pas que je me les gèle, mais... je me les gèle. " Répliquai-je, agacé.

Emmett marmonna quelque chose et se figea au moment où Rosalie passait à côté de lui en la regardant froidement de biais. Puis il se tourna vers Grognasse de façon abrupte.

" Qu'est-ce qui s'est passé ? Lui demanda-t-il en lui montrant le capot ouvert d'un signe vague du menton.

_ Elle est caractérielle. Répondit-elle en haussant des épaules.

_ Traduction pour la mononeuronne : que s'est-il passé avant qu'elle câle ? " Dis-je, de plus en plus agacé.

Jasper esquissa un sourire moqueur que je décidai de ne pas remarquer.

" Traduction pour ceux qui n'en ont pas : mon garagiste me le dira, allons-y. " Dit-elle.

Je lui lançai un regard glaçant et rempli de colère.

" C'est à moi que tu parles ? Sifflai-je.

_ Attelons. Elle n'a sans doute pas envie de savoir qu'elle va peut-être devoir emmener cette vieille dame à la casse demain. Dit Jasper en emmenant Emmett vers la Jeep pour l'éviter à se tourner vers Rosalie.

Je fusillai toujours du regard Grognasse quand ils revirent quelques instants plus tard avec des sangles. Etait-ce possible de vouloir gifler quelqu'un parce qu'il se trouvait simplement en face de vous ?

« T'as besoin de t'en assurer ? » Répliqua-t-elle, goguenarde.

La réponse était assurément oui.

« Pour qui tu te prends ? Sifflai-je à nouveau.

_ Commencez pas, vous deux. Marmonna Emmett en attachant les sangles.

_ On t'a pas sonné. Répondit aussitôt Rosalie.

_ Je prends les filles. On se rejoint chez Carmen. Fit Jasper en les saisissant par les coudes.

_ Hors de question qu'un de ces cons conduisent ma voiture. Siffla la blonde.

_ Merde. On pourra pour la pousser dans un ravin. " Ironisa Emmett.

Jasper me lança les clés de sa Mustang que j'attrapai au vol par réflexe et reprit les filles par le coude.

" Ne bouge pas le siège. J'ai toujours du mal à le remettre en place, après. " Me dit-il avant de s'éloigner vers le cabriolet.

Je les suivis des yeux jusqu'à ce qu'ils disparaissent de mon champ de vision, les nerfs en boule.

Quelques instants plus tard, la Mercédès nous dépassa rapidement.

Emmett vérifia les sangles et se dirigea vers la Jeep pour faire demi-tour et finir d'atteler.

" Dis-toi que c'est un cauchemar, petit frère. La pilule passera sans doute mieux. " Me dit-il quand il fut prêt à partir.

Une fois de plus, je restai immobile et le regardai s'éloigner à son tour, me laissant seul dans le noir et le froid.

Petit frère.

Depuis quand ne m'avait-il pas appelé comme ça ?...

oOo

" ... Et là, j'entends derrière moi: " Excuse-moi mais où est-ce que tu as acheté ton jean si ce n'est pas indiscret ? La coupe est vraiment impeccable. " Disait Jasper, assis comme un pacha sur le canapé, entouré par Rosalie et Grognasse lorsque je pénétrai dans la maison près de 20 minutes plus tard.

_ Sous-entendu " t'as des fesses d'enfer " Rit Rosalie en avalant une gorgée de jus d'orange.

_ Peut-être... " Sourit Jasper. " Alors je me retourne, et là...

_ Coup de foudre ! Le coupa à nouveau Rosalie.

_ Ou alors, c'était une grand-mère lubrique. " Suggérai-je.

Les deux filles se figèrent et me lancèrent un regard plein de morgue.

Apparemment, elles ne m'avaient pas entendu arriver.

Seul Jasper sourit, habitué à mon sens de l'humour un peu particulier.

" Elle est parfaite. Murmura-t-il, le regard dans le vide.

_ Qui est parfaite ? Demanda Emmett en entrant derrière moi, les mains pleines de graisse de moteur.

_ Alice. Souffla Jasper.

_ Brandon ? S'étonna Rosalie.

_ Tu la connais ? S'étonna-t-il à son tour.

_ Oui. Enfin, vaguement. Disons qu'elle est sortie quelques temps avec un ami de mon copain. "

A ce moment-là, Emmett passa devant moi et se dirigea vers le mini bar.

" Et elle n'a personne, en ce moment ? S'enquit Jasper.

_ Pas que je sache.

_ Parce qu'elle est...

_ Parfaite. Soupirâmes-nous d'une même voix avec Emmett.

_ Pitié. Marmonnai-je.

_ On a déjà entendu ça pour Maria... Enchaîna Emmett en remplissant un verre.

_ Victoria... Complétai-je.

_ Leah...

_ Et même Lauren.

_ Oui, mais là, c'est... Contre-attaqua Jasper.

_ Différent. Elle t'a regardé, tu l'as regardée et t'as senti une sorte d'alchimie passer entre vous... On a déjà entendu ça pour...Le coupa Emmett.

_ Victoria. Terminai-je.

_ Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Carmen en sortant de la cuisine.

_ Jasper a eu un coup de foudre ! S'excita Rosalie.

_ Pour la centième fois de sa vie. " Ricanai-je.

Elle alla répliquer mais Carmen la coupa d'un geste de la main.

" Ne t'inquiètes pas, ma chérie. Edward a toujours été pessimiste. Alors Jasper ?... Raconte-moi tout ! Comment elle s'appelle ?... Où tu l'as rencontrée ? " Dit-elle en s'asseyant à côté de Grognasse.

Emmett émit un grognement et alla dans la cuisine.

Je me décidai pour ma part à aller jeter un coup d'oeil à la bibliothèque qui trônait à côté du mini bar. Eléazar avait toujours été féru de littérature et complétait régulièrement sa collection.

" ... Et quand est-ce que tu vas la revoir ? Lui demanda Carmen, aussi excitée que Rosalie.

_ Demain, normalement. On a rendez-vous dans un bar de Port Angeles. Apparemment, elle travaille là-bas. Répondit Jasper.

_ Si elle a flashé sur ton jean, c'est dans la poche. Lui assura Rosalie.

_ Tu as vu le dernier Jim Harrison ? "

Mon cœur rata un battement lorsque je croisai le regard étrangement ambré d'Eléazar. Il avait la fâcheuse tendance à approcher sans faire de bruit, à la manière d'un prédateur.

" Euh... Non. mais j'en ai entendu parler. " Marmonnai-je.

Il observa un instant les étagères et saisit un des nombreux livres qui s'y trouvaient.

" Ca se lit vite. Tu me diras ce que tu en penses. Il y a deux ou trois petites nouveautés là haut aussi, si tu veux. Me dit-il.

_ Toujours avec vos livres ! Vous ne pouvez pas vous joindre à nous, pour une fois ?... Edward ! Viens par ici discuter un peu avec Rosalie et Isabella... Me dit Carmen.

_ Bella... " Rectifia timidement l'intéressée.

Moi, j'aurais dit " Grognasse ". Ca lui va beaucoup mieux.

" Excuse-moi, ma chérie... Je suis sûre les filles, que vous n'avez pas souvent vu un garçon aussi beau...

_ Personnellement, j'ai déjà vu beaucoup mieux. " Répliqua Rosalie d'un ton dédaigneux.

Jasper se racla la gorge, sans doute pour masquer son rire alors que je me renfrognai.

" Naturellement. Edward mériterait le surnom de... plaisir rétinien. Répliqua Grognasse sur un ton angélique qui sonna faux alors que Eléazar, imperturbable, me mettait un deuxième livre entre les mains.

_ Je ne peux pas te retourner le compliment, désolé. Sifflai-je.

_ Edward ! Me réprimanda Carmen en fronçant les sourcils.

_ J'en ai le coeur fendu. " Enchaîna Grognasse, ennuyée.

A ce moment-là, on frappa à la porte d'entrée et mon père apparut sur le seuil.

" Carlisle ! Enfin ! Nous commencions à nous inquiéter ! " S'exclama Carmen en se levant d'un bond.

Eléazar se détourna de la bibliothèque en me mettant deux autres livres entre les mains et se dirigea à son tour vers mon père.

" Emmett ! Tu as de grosses tâches d'huile de moteur dans le dos ! " Dit ma mère depuis la cuisine.

Je me tournai vers mon frère qui regarda par dessus son épaule, à l'instar de Jasper et des deux filles.

" Ca se voit pas. Marmonna-t-il.

_ Moi, je le vois. Va te changer s'il te plaît. Et laisse-moi ton pull que je le mette à tremper.

_ Maman... Commença-t-il, les mâchoires serrées.

_ Ne discute pas ! " Le coupa-t-elle sèchement, loin de se laisser impressionner.

Il inspira profondément, passa son pull par dessus sa tête en même temps que son t-shirt, se retrouvant torse nu sur le seuil du salon et les lui lança.

" Je suppose que le t-shirt aussi est sale. " Ironisa-t-il avant de se diriger à pas lourds vers l'escalier en colimaçon qui menait à l'étage.

Les deux filles le suivirent " discrètement " des yeux et je remarquai les joues teintées de rouge de Grognasse et l'air crispé de Rosalie.

Elle croyait quoi, celle-là ? Qu'elle allait mettre le grappin sur mon frère ?

" Celui-là ! Tous les prétextes sont bons pour se donner en spectacle ! Rit Carmen, arrachant Rosalie à la contemplation de l'escalier.

_ Qu'est-ce qu'il a ? Demanda ma mère qui sortit de la cuisine pour la première fois de la soirée, un tablier rouge autour de la taille, spatule et vêtements d'Emmett à la main.

_ C'est rien. Répliquâmes-nous d'une même voix avec Jasper.

_ Je vois bien que quelque chose ne va pas ! " Insista-t-elle.

Cette chose, c'était l'Amour avec son putain de grand A.

" Si tu arrêtais d'être toujours sur son dos. Tu as toujours eu cette manie avec lui. Plus qu'avec Jasper ou Edward. " Lui dit mon père avec un sourire taquin.

Elle rougit légèrement, marmonna quelque chose - sans doute qu'elle n'était pas mère poule à ce point - et retourna à la cuisine.

" Laisse-moi te débarrasser, Carlisle. Que veux-tu boire ? Ta journée s'est bien passée ? Combien de vies as-tu sauvées, aujourd'hui ? Lui demanda Carmen en lui prenant son manteau.

_ Je veux bien un verre de vin rouge, s'il te plaît. Ma journée s'est bien passée et j'ai sauvé trois pieds foulés et une fracture de la clavicule gauche. C'était la journée sportive interscolaire aujourd'hui. Maintenant, si je peux aller embrasser mon fils... Ça fait quelques semaines que je ne l'ai pas vu. Répondit-il avec un sourire.

_ Oh oui ! Bien sûr, Carlisle. Désolée. Mais on se voit si rarement... Dit-elle en allant à pas pressés vers le mini bar après avoir déposé les affaires de mon père sur le portemanteaux

_ Comment vas-tu ? Me demanda-t-il après m'avoir brièvement enlacé.

_ Ça va. Souris-je.

_ Ton vol ?

_ Quelques perturbations, rien de sérieux. Enchaînai-je avec un rictus contrit.

_ Bien. Pas trop de travail ?

_ Je gère. "

Il acquiesça d'un vague signe de tête, souriant à son tour. Mon père avait toujours aimé ce genre de phrases courtes qui résumaient tout et bien.

" Tu nous as ramené personne ? " Me demanda-t-il avec un léger rictus.

Malgré moi, je sentis un certain mal aise m'envahir. Parler de ces choses-là avec mes frères était un fait, avec mon père, ça en était un autre.

Un ricanement moqueur se fit entendre et je jetai un regard polaire vers Grognasse qui sirotait tranquillement son verre.

Pourquoi, oui pourquoi les gens autour de moi étaient dotés de gênes serviables ? Ça devenait une véritable tare.

" Non. Mais je peux toujours appeler quelqu'un si tu tiens tant que ça à avoir de véritables... filles ce soir. " Répliquai-je, mes yeux rivés sur le dos de la brune.

Et l'effet à ma pique ne se fit pas attendre : Rosalie me fusilla du regard, et l'autre se figea quelque peu sur le canapé. Je me détournai, satisfait.

" Il ne peut pas toutes les ramener. Maman n'accepterait pas un harem à la maison. Fit Emmett en descendant l'escalier, vêtu d'un t-shirt violet sombre.

_ Edward n'a jamais eu de harem, il ne faut tout de même pas exagérer. Bon... C'est prêt. On passe à table quand vous voulez. Soupira ma mère en réapparaissant dans la pièce.

_ Oh, nous avons le temps... On va se détendre un peu, d'abord... Esmée... Un kir royal ? " Lui proposa Carmen en sortant la bouteille de sous le bar.

oOo

" Pour le dessert, vous avez le choix entre un fondant au chocolat, de la tarte aux pommes, de la tarte aux poires ou de la bûche glacée. " Énuméra Carmen en se levant.

Rosalie, qui était assise en face de moi, émit un petit gémissement en grimaçant. Apparemment, Miss Perfect aurait préféré aimer manger une asperge, ce soir.

" Apporte le tout ! " Lui dit Emmett en finissant les restes de la dinde à ma droite.

Ma mère eut un sourire mi-attendri mi-dégoûté en le regardant. Mais au moins, avec de la nourriture sous le nez, il ne pensait pas à finir les bouteilles sur la table en louchant de temps à autre sur le décolleté plongeant de Rosalie que j'avais moi-même beaucoup de mal à ne pas regarder pour m'occuper l'esprit.

J'avais passé la plus grande partie du repas dans le silence, échangeant quelques paroles avec Eléazar assis à ma gauche, en bout de table, essayant de ne pas faire attention au rire trop aigu à mon opposé en direction de Jasper qui faisait le pitre pour amuser la galerie et accessoirement Grognasse qui semblait être sa plus grande fan. Je n'avais plus qu'une envie : aller me coucher et tout oublier.

De Stanley à mon estomac rempli à ras bord en passant par une camionnette rouge toute rouillée et sa propriétaire qui dérangeait même mes tympans.

" Alors, Rosalie. Comment vont tes parents ? Lui demanda mon père alors que Carmen et ma mère débarrassaient.

_ Non, ma chérie. Tu es invitée ce soir. Mais merci pour ton aide. "

Je tournai légèrement la tête vers Grognasse qui se rassit en lâchant son assiette, le rouge aux joues et déviai mon regard quand il croisa le sien. Manquerait plus qu'elle croit que je m'intéresse un peu trop à elle.

" Ca va. Papa est à Osaka pour une semaine et Maman rentre après-demain de Chicago. Répliqua la blonde.

_ Carmen nous a dit que tu étais toute seule pour Thanksgiving. Enchaîna-t-il.

_ En effet. Si elle n'avait pas autant insisté, je l'aurais passé avec mon copain. Mais comme Bella venait aussi, je n'ai pas eu le cœur à la laisser toute seule... "

C'est vrai qu'elle aurait pu se faire agresser, pensai-je alors que Emmett tendait son bras pour attraper la bouteille de vin rouge en face de moi.

Je le regardai se servir généreusement et croisai le regard de Jasper en bout de table qui semblait penser la même chose que moi : elle avait intérêt à ne pas s'épancher sur sa vie amoureuse si on ne voulait pas le voir écroulé et ronflant sur le canapé dans une demie heure.

" Oh, tu as un copain. Dit mon père avec un léger sourire, aucunement conscient que son aîné était en train de se bourrer la gueule à cause de la tournure de la conversation.

_ Oui. Si on veut... Depuis quelques semaines. C'est d'ailleurs le meilleur ami de Bella. Jacob Black. Dit-elle en regardant Emmett les sourcils froncés avant de se détourner.

_ Le fils de Billy ?

_ Exact. Vous le connaissez ?

_ Je me suis occupé de son père après son accident. Il a eu beaucoup de chance.

_ C'est ce que je ne cesse de lui répéter. Acquiesça-t-elle.

_ Jacob est un brave garçon.

_ C'est vrai. En plus d'être beau, il est gentil, serviable, drôle et surtout pas jaloux. Dit-elle d'une voix soudain un peu crispée.

_ Il ne lui manque plus que le cheval blanc. " Ironisa Emmett en vidant le fond de son verre.

Elle lui lança un regard glacial mais ne répliqua pas.

" Et toi, Isabella ? Lui demanda mon père.

_ Bella... Personne. Bredouilla-t-elle.

_ On se demande pourquoi. " Ricanai-je.

Ce fut à mon père ne me lancer un regard noir que j'ignorai royalement tout comme elle le fit avec moi.

Quelques minutes plus tard, après m'être servi avec Jasper de la bûche glacée aux trois chocolats pendant qu'il discutait par textos avec la nouvelle femme de sa vie sous le regard réprobateur de ma mère, les discussions tournèrent autour de Noël, m'endormant à moitié.

" J'ai commencé mon repérage le mois dernier. Je ne pensais pas qu'on pouvait trouver autant de choses sur Internet. Dit Carmen entre deux bouchées de tarte aux poires.

_ On achète pratiquement plus que comme ça, nous. Lui répondit ma mère en prenant un bout de fondant au chocolat.

_ Excusez-moi... "

Je tournai la tête vers Grognasse qui se levait, son portable vibrant dans sa main, soudain réveillé et la suivis des yeux alors qu'elle se dirigeait à pas précipités vers la porte d'entrée.

" La véranda de derrière est ouverte, ma chérie, au lieu d'aller prendre froid dehors. " Lui dit Carmen en lui faisant signe vers la gauche.

Inconsciemment, je la suivis des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision, les sourcils froncés. Qu'avait donc cette fille pour m'énerver autant alors que nous avions échangé à peine que quelques phrases dans la soirée ?

" Ça fait mal à l'orgueil, hein ? " Fit alors Rosalie.

Je plongeai mon regard dans le sien en levant un sourcil.

" Je l'aurais croisée dans la rue, je ne me serais même pas retourné. Répliquai-je en soupirant d'un air ennuyé.

_ C'est pour ça que tu l'as regardée toute la soirée.

_ Erreur. Je regardais les plantes vertes derrière elle. J'ai toujours été botaniste dans l'âme. "

Emmett ricana et Eléazar se leva pour suivre mon père à la bibliothèque.

Oui... Il était grand temps que cette soirée se termine et que cette fille sorte de ma vie aussi vite qu'elle y était entrée.

" C'est bien la seule fille que tu n'auras jamais. En dehors de moi, évidemment mais je ne pense pas qu'il soit utile de le préciser. " Dit-elle avec dédain.

Je la dévisageai avec un rictus.

" Ne parie pas là dessus. " Murmurai-je.

Elle fronça les sourcils alors que je me levai comme si elle se demandait si elle n'avait pas trop parlé pour ce coup.

Avec nonchalance, je me dirigeai vers la véranda, voulant lui faire ravaler sa verve ; elles étaient aussi infectes l'une que l'autre. Ça devait être de famille...

Voulant faire croire à Rosalie que j'allais m'entretenir avec sa chère cousine, je me glissai par la baie vitrée et refermai derrière moi. J'attendrais quelques instants et reviendrais avant Grognasse, l'air satisfait sans pour autant lui avoir parlé. Autant éviter une fin de soirée désastreuse.

" Non... Non, ne t'inquiètes pas, je m'arrangerai avec Rose. Oui... Bonne soirée à toi aussi, Papa. " Dit-elle à l'autre bout de la pièce, parmi les dizaines de plantes entreposées.

Je grimaçai devant tant de mièvreries qui me poussèrent à répliquer :

" Que c'est mignon. " Fis-je d'une voix railleuse.

Elle se retourna vers moi, agacée et je sentis mon cœur battre d'anticipation sans savoir exactement pourquoi.

Rosalie Hale, ton arrogance te perdra...

" Tu parles encore de mon cul ? Ou tu ne peux pas t'empêcher de critiquer quiconque est capable de sentiment pour quelqu'un d'autre que... toi !" Fit-elle, acide.

Un rictus naquit sur mes lèvres alors que je m'approchai machinalement d'elle, impassible, les mains dans les poches.

Toujours prête à combattre : finalement, je lui avais presque trouvé un semblant de charme.

" Oh mais tu en éprouves pour moi... " Lui dis-je en m'arrêtant en face d'elle.

La lueur de ses yeux me fascina quelques secondes ; qu'est-ce que je foutais là ?

" Sentiments, oui. Positifs, non. Répliqua-t-elle en haussant un sourcil.

_ Ce sont les meilleurs. Encore faut-il qu'il y ait du désir pour que ce soit vraiment intéressant.

_ Dommage.

_ Surtout pour toi. Rosalie pense que je ne t'aurai jamais. Dis-je en la regardant pensivement.

_ Oh mais quand on veut on peut. » Répondit-elle en soutenant mon regard, presque menaçante.

Un sourire carnassier étira mes lèvres.

Elle n'était pas mon genre.

Trop simple.

Trop effacée.

Et pourtant... Cette étincelle dans ses yeux.

« T'es pas mon genre. Soufflai-je en m'avançant inconsciemment vers elle.

_ Dans ce cas, le problème est réglé. » Dit-elle avec un sourire froid avant de me contourner pour s'en aller.

Touchée ?…

En passant à côté de moi, son bras nu frôla le mien en même temps que sa main que je saisis par réflexe pour la ramener devant moi.

Ses sourcils se froncèrent imperceptiblement.

Mes doigts frôlèrent rapidement son épiderme jusqu'à sa nuque où ils s'accrochèrent puis mes lèvres s'écrasèrent sur les siennes.

Sans que je sache pourquoi.

Sa nuque chaude se raidit sous mes doigts.

Nos corps ne se touchaient pas.

Je ne ressentais rien…

Et mes lèvres s'ancrèrent un peu plus dans les siennes.

Mes doigts se crispèrent.

Puis l'éloignèrent.

Sans que je sache pourquoi.

Nos yeux se vrillèrent, se fouillèrent et s'affrontèrent.

Elle était dénuée d'expression, tout comme je devais l'être, comme inertes. Puis, cette étincelle et je décidais de me reculer, comme pour me préserver.

« Au déplaisir... Et tu avais raison : quand on veut, on peut. » Finis-je par lâcher.

Et sans lui laisser le temps de réagir, je tournai les talons et rejoignis les autres, les lèvres me piquant étrangement.

Pouvait-on embrasser sans vraiment y penser ?

A suivre...