Je suis de retour, en français cette fois, pour une dernière histoire qui traînait sur mon ordinateur et que j'avais pas republié ici. Il se peut que quelques jours séparent chaque chapitre, le temps que je les relise, que je les remette en page, et que j'effectue d'autres changements si besoin (j'ai déjà changé pas mal de détails rien que dans ce premier chapitre, dont le titre de mon histoire, ça risque donc d'être le cas pour les autres).

Bonne lecture à tous !

STRANGERS WHEN WE MEET

– Ethan ! cria une jeune fille parcourant à la hâte un couloir presque désert.

L'infirmière qu'elle croisa la réprimanda du regard. La brunette ralentit aussitôt, baissa les yeux, une vague de honte la saisissant, mais se rappela rapidement qu'elle recherchait quelqu'un, et se remit à courir une fois que l'infirmière n'était plus en vue.

Elle continua à regarder tous les coins et recoins de ce couloir, vérifiant chacune des chambres en passant la tête par la porte, mais ne le trouva pas.

Où est ce que ce petit chenapan s'était-il enfui...

Elle fulmina sur place et partit dans une toute autre direction. Cette fois-ci, elle descendit de plusieurs étages et atterrit dans la salle d'attente des urgences, qui était assez remplie pour une après-midi d'été.

Elle parcourut la pièce du regard et le trouva enfin.

Du haut de son mètre 15, Ethan était tranquillement assis sur une chaise, parlant à un inconnu.

Elle reconnut alors le grand carnet rose qu'il avait dans les mains, et se rendit compte qu'elle avait vu juste; c'était bien lui qui lui avait volé son carnet de croquis...

Elle avança vers lui à grands pas, et s'arrêta devant lui, les mains sur les hanches, le regard sévère.

– Ethan ?

Il se rendit finalement compte qu'elle était là. Lorsqu'il leva les yeux vers elle et qu'il la vit, ceux-ci semblèrent sortir de leurs orbites. Il se leva aussitôt, tentant de s'enfuir, mais Brooke, tout en faisant bien attention à ne pas le blesser, l'attrapa par le col de son T shirt et le força à s'asseoir.

– Brooke, j'suis désolé..., murmura-t-il à voix basse.

Oh non, elle n'allait pas tomber dans le panneau. Pas cette fois; le regard de chien battu ne marcherait pas aujourd'hui.

– Ethan, rend moi ce que tu m'as pris.

Il soupira, puis se résigna à lui remettre le carnet. Brooke soupira à son tour, et s'accroupit devant lui, afin d'être à sa hauteur.

– Ethan ? Regarde moi s'il te plaît, dit-elle en retrouvant son calme.

Il obéit; Brooke vit qu'il était effrayé.

– Ethan... Pourquoi est ce que tu t'es enfui comme ça ? Emily est encore à ta recherche dans tout l'hôpital...

Brooke se rappela d'ailleurs de lui envoyer un message pour lui dire d'arrêter ses recherches.

– J'veux pas faire cette piqûre... avoua-t-il en rougissant.

Brooke lui sourit gentiment, et posa une main sur son épaule.

– Mais c'est pour ton bien, et tu le sais. Si tu veux, je pourrai rester à côté de toi ?

– Vraiment ? le petit garçon lui demanda, son regard s'illuminant.

– Pourquoi pas ? Je suis sûre qu'Emily ne dira rien...

– Mais toi aussi t'as peur des piqûres, tu vas pas tomber dans les pommes en voyant mon sang ?

Brooke recula un peu, prise au dépourvu.

– Je..., tenta-t-elle d'expliquer. Je n'ai pas peur de...

– Si, si ! s'exclama Ethan en souriant. C'est Cathy qui me l'a dit ! T'es sortie de la pièce quand ils lui ont fait une piqûre !

– Je n'ai pas..., bafouilla Brooke en rougissant de plus belle.

Un léger rire retentit à côté d'eux. Brooke releva les yeux, et se rappela alors qu'Ethan parlait à quelqu'un avant qu'elle ne vienne le chercher.

Lorsqu'elle posa son regard sur l'inconnu assis à côté d'Ethan, un sentiment étrange l'envahit. Pendant une courte seconde, les mots semblaient s'être bloqués dans le fond de sa gorge, refusant de sortir.

Il était beau, certes, mais ce n'était pas sa beauté qui la déstabilisait, c'était... Une espèce de familiarité dans ses yeux.

Et puis elle se ressaisit, et remarqua que ce jeune homme était dans un piteux état. Avec la lèvre supérieure enflée, un bleu sur la pommette gauche... Sans doute pas quelqu'un de très recommandable pour surveiller Ethan, et encore moins quelqu'un de bien placé pour rire d'elle.

– Ce n'est pas drôle, dit-elle le plus froidement possible.

Il s'arrêta presque aussitôt de rire, mais garda sur ses lèvres un sourire moqueur, qu'elle s'efforça d'ignorer.

– Quant à toi... ajouta-t-elle en se tournant à nouveau vers Ethan. Combien de fois t'a-t-on dit de ne pas parler aux inconnus ? Je te rappelle aussi que tu es censé rester dans ton étage... Si Emily découvre que tu es parti faire un tour aux urgences... dit-elle avant de rajouter, en voyant le regard terrifié du petit garçon, mais je ne lui dirai pas, bien sûr, à condition que ça ne se reproduise pas ?

Il hocha la tête docilement, et marmonna un « c'est promis ».

– Mais tu sais il est très gentil... chuchota Ethan à l'oreille de Brooke.

Brooke devina alors qu'il parlait du gars à côté d'eux. Elle en profita pour le regarder à nouveau; des cheveux blonds cendrés, ce regard qui lui paraissait bien familier... Et pourtant, il lui semblait ne l'avoir jamais vu ici; Tree Hill étant une petite ville, elle ne se trompait sûrement pas en pensant que ce gars était nouveau ici. Il semblait avoir son âge, pas plus ni moins.

– Tu sais que je peux t'entendre ? lui dit le blond en rigolant à moitié.

– Et qu'est ce qui te fait dire ça ? demanda Brooke à Ethan, soupirant. Il t'a donné des bonbons, c'est ça ?

– Non... dit Ethan en souriant. Il a dit que tes dessins étaient trèèèèèès beaux !

Brooke se sentit à nouveau rougir, et ne put s'empêcher de remarquer que l'inconnu avait le regard fixé sur elle, guettant sûrement sa réaction.

– Ah, vraiment ? demanda-t-elle sur le ton le plus désinvolte possible. C'était sûrement pour te faire croire...

– Non, la coupa l'inconnu. Je pensais vraiment ce que j'ai dit. C'est pas tout le monde qui peut faire de tels croquis, crois moi.

– On se tutoie déjà ? répliqua Brooke en arquant un sourcil.

– Quelque chose me dit que tu n'aimes pas les compliments... Ou alors que tu n'y es pas habituée ?

Brooke se releva immédiatement, et prit la main d'Ethan dans la sienne.

– D'accord, ça suffit pour aujourd'hui, murmura-t-elle, les dents serrées. Viens Ethan, il est temps de retourner en pédia.

Il fit une petite moue déçue, mais se rendit bien compte qu'il n'avait pas vraiment le choix, et envoya un dernier regard vers celui qui se tenait encore derrière eux.

Brooke ne prit pas la peine de le regarder une dernière fois; pour qui se prenait-il, pour penser la connaître alors que ce n'était pas du tout le cas !?

– T'es pas en colère, hein ? demanda Ethan alors qu'ils étaient dans l'ascenseur.

– Tu sais bien que non... dit-elle en souriant. Mais tu ne devrais pas piquer les affaires des autres, ce carnet c'est le mien.

– Je sais bien, mais... hésita-t-il. Je voulais juste te montrer qu'il y en a plein qui pensent que c'est joli ce que tu fais.

Cette simple phrase fit fondre le cœur de Brooke, qui se pencha vers lui et l'embrassa affectueusement sur la joue.

– Je suis bien contente d'avoir passé cette dernière journée avec toi, avoua-t-elle en souriant.

Ethan était en effet, de tous les enfants qu'elle avait rencontré récemment, celui qui l'avait touché le plus.

Durant tout son job d'été à l'hôpital de Tree Hill, Brooke avait pu s'occuper d'enfants pendant ces trois semaines, en passant simplement du temps avec eux, en les distrayant au maximum pour qu'ils se soucient le moins possible de leur maladie.

L'idée même qu'Ethan pouvait partir de ce monde d'un instant à l'autre à cause de cette foutue malformation cardiaque la rendait malade...

Brooke raccompagna Ethan jusqu'à sa chambre, où Emily, l'infirmière en chef du service pédiatrie, les attendait. Elle n'était pas méchante, mais avait tendance à, sans le vouloir, faire peur aux enfants, même si Brooke s'évertuait à leur expliquer qu'Emily était en fait une très gentille personne.

Finalement, Brooke resta une heure de plus que prévu à l'hôpital, puisque les enfants lui avaient prévu une petite surprise et s'étaient tous regroupés dans une même chambre pour lui dire un dernier au revoir. Bien sûr, touchée par leur attention, elle leur promit de revenir les voir aussi souvent que possible.

Ce fut le cœur lourd qu'elle rassembla ses affaires pour la dernière fois et qu'elle partit de l'hôpital.

Brooke avait décidé de travailler là pour l'été depuis quelques mois déjà, même si ses parents trouvaient l'idée absolument grotesque.

Son père avait cru que cette décision reflétait une envie d'avoir des enfants... Quand il lui avait dit ça, Brooke s'était fortement retenue de rire. Elle, avoir des enfants à 17 ans ? Non, c'était tout simplement grotesque, et pourtant son père semblait persuadé de ce qu'il avançait... Ou plutôt de ce que le psychologue de son entreprise avançait. Car même si Richard Davis ne voulait pas l'avouer, Brooke savait pertinemment qu'il allait de temps en temps le voir pour lui demander ce qui se cachait derrière telle ou telle action ou décision de sa fille. Bien que cela montrait surtout que même avec 17 ans d'expérience, son père ne savait toujours pas comment s'y prendre avec elle, elle se réconfortait en se disant qu'au moins, à sa façon, il essayait quand même de la comprendre.

Quant à sa mère, elle avait fini par accepter l'idée, en affirmant que de toute manière, au point où elle en était, une erreur de plus ou de moins dans la vie de Brooke n'allait pas changer grand chose.

Même ses amis n'avaient pas compris ses intentions. Bevin avait même suggéré que peut-être, Brooke voulait jouer au lèche bottes le jour de la rentrée en parlant de son expérience d'un mois dans un hôpital. Quant à Rachel, elle avait tout simplement dit que Brooke avait une nouvelle fois un peu trop forcé sur l'alcool.

Brooke arriva sur le parking et allait rejoindre sa voiture, quand elle remarqua que quelqu'un était adossé au mur de la sortie, et semblait l'attendre. Elle le reconnut sans souci, et fut surprise de le voir là.

– Tu devrais pas être parti depuis longtemps ? lui demanda-t-elle.

– Je croyais qu'on ne se tutoyait pas encore ? répondit-il avec un sourire en coin.

Brooke leva les yeux aux ciel, puis s'apprêta à retourner vers sa voiture. Mais il la rattrapa rapidement, et marcha à son rythme.

– Tu m'as l'air bien pressée.

Brooke soupira et ralentit alors son rythme de marche, jusqu'à s'arrêter net. Il l'imita, et se plaça devant elle.

– Qu'est ce que tu me veux ?

– J'ai vu tes croquis. T'es réellement bourrée de talent, dit-il simplement en haussant les épaules.

Brooke rougit de plus belle, et baissa les yeux vers ses pieds, embarrassée.

– Ce n'est pas si... génial, ou même...

Elle l'entendit rire à nouveau, mais pas de façon moqueuse cette fois; il semblait plutôt attendri.

– Et, tu ne fais que dessiner ces vêtements, ou bien...

Brooke releva les yeux vers lui, plissant le regard.

– Pourquoi tu veux savoir ça ? demanda-t-elle, sur ses gardes.

– Parce que c'est un sujet comme un autre de discussion ? dit-il en haussant à nouveau les épaules.

Brooke essaya de s'empêcher de sourire comme une idiote, en vain. C'était plus fort qu'elle; d'habitude, quand un garçon avec un physique pareil essayait de la draguer, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être satisfaite. Mais avec lui... C'était différent. Elle se sentait flattée.

– Et si on allait parler de tout ça autour d'un verre ? ajouta-t-il avec un léger sourire.

Comment était-elle censée lui dire non ?

– Mmh... fit-elle mine de réfléchir. Avant, je pourrais au moins connaître ton nom ?

Le sourire du jeune homme disparut une fraction de secondes, et il parut un court instant embarrassé.

– Bien sûr, répondit-il normalement. C'est John.

– John... ?

– Doe. John Doe.

Il arracha un rire à Brooke, qui s'arrêta en le voyant rester sérieux. John Doe ? Il s'appelait réellement comme ça ? Ça restait tout de même assez louche... Mais mystérieux à la fois; et le mystère chez un homme, elle n'y résistait pas.

– C'est d'accord, John, mais seulement si tu m'invites, répondit-elle en souriant.

C'était totalement surréaliste. Jamais il ne lui arrivait de suivre un inconnu, qui en plus lui mentait sur son nom, sans craindre qu'il ne lui arrive quelque chose. Mais il y avait un truc en ce... John, qui faisait qu'elle avait confiance. Une sorte de sentiment qui lui paraissait familier mais dont elle ne trouvait pas l'origine...

– Et voilà nos boissons ! dit-il en revenant enfin vers elle.

Il ne l'avait quitté en fait que quelques secondes pour aller commander des boissons; Brooke regarda à nouveau autour d'elle, et remarqua que la salle s'était remplie en très peu de temps. Normal, cette nouvelle boîte venait d'ouvrir, et la plupart des jeunes et moins jeunes de Tree Hill étaient curieux de voir ce qu'elle allait donner... Brooke n'était pas déçue; l'ambiance était au rendez-vous, et « John Doe » lui faisait passer une très bonne soirée.

– Je croyais que tu venais d'arriver ici ? demanda-t-elle en arquant un sourcil.

– C'est vrai, dit-il en haussant les épaules, ne voyant pas où elle voulait en venir. Je suis arrivé y a deux jours.

– Et tu savais que cette boîte allait ouvrir, alors que je n'en avais même pas entendu parler ?

– T'as sans doute passé trop de temps avec les enfants... D'ailleurs tu fais souvent ça ?

Brooke fronça les sourcils, légèrement irritée.

– Quoi, ça colle pas à mon personnage, c'est ça ?

Il haussa les sourcils, sûrement surpris de la voir partir au quart de tour.

– Non, je n'ai jamais dit ça... J'étais simplement curieux.

– Oh, murmura-t-elle en baissant les yeux vers son verre. Non, c'était la première fois que je faisais ça pendant les vacances.

– Et... Ça t'a plu ?

Brooke ne put s'empêcher de sourire en repensant à ces semaines passées.

– Oh que oui. Ces enfants sont vraiment géniaux, tu sais. Et tellement... courageux. Bien plus que la plupart des gens d'ici en tout cas. Je crois que je les admire un peu, en fait.

John Doe but une gorgée, puis reposa son verre, un léger sourire se dessinant sur les lèvres; Brooke eut à nouveau cette impression de déjà-vu, qu'elle mit rapidement de côté lorsqu'il l'invita à danser.

Brooke ne but pas une goutte d'alcool cette nuit-là; le bar n'en servait pas, en tout cas pas pour les mineurs, et Brooke n'avait pas sur elle sa fausse carte d'identité. Pourtant elle passa une excellente soirée. Et c'est en étant totalement sobre, qu'elle finit la soirée dans la chambre de John Doe.

Après une bonne heure passée sur la piste de danse, il lui avait demandé si elle voulait un peu de tranquillité. Sans hésiter, elle avait accepté; elle savait que c'était sans doute une mauvaise idée, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir à l'aise, avec lui, alors autant en profiter jusqu'au bout, non ?

Il l'avait alors emmené chez lui. Ils n'avaient fait que parler toute la nuit, et ce fut pourtant une des meilleures nuits de sa vie.

Ils avaient parlé de tout et de rien. De son enfance à elle, de ses croquis, du chien qu'il avait eu quand il était au collège, de la maison qu'il rêvait d'habiter.

A un moment, les choses auraient pu basculer; assis par terre, ils s'étaient embrassés une première fois, rapidement et timidement. Puis une seconde fois, avec plus de fougue cette fois. Brooke s'était alors mis alors à califourchon sur lui, sa main droite tirant ses cheveux en arrière, la gauche passant rapidement sous son t-shirt pour remonter le long de son torse.

A sa grande surprise, c'était lui qui l'avait arrêté. Les cheveux ébourrifés, le souffle court et les joues rosies, il lui avait murmuré avec un léger embarras qu'ils feraient mieux de ne pas aller plus loin. Et il avait eu raison.

Ils avaient continué à parler pendant une longue heure et Brooke s'était endormie sur son lit, allongée à ses côtés.

Lorsqu'elle se réveilla le lendemain, elle vit avec surprise qu'il était toujours là, sur le lit, avec elle. Et qu'il semblait l'observer, d'un regard presque attendri.

– Bien dormi ? demanda-t-il, la voix rauque.

Elle lui sourit malicieusement, et lui offrit un baiser sur la joue en guise de réponse.

– Mmh... Je suppose que ça veut dire oui, dit-il en riant doucement.

– Disons que j'ai bien mieux dormi que si j'étais restée chez moi, avoua-t-elle en souriant. D'ailleurs, je devrais rentrer...

Elle se redressa lentement, étirant ses bras devant elle.

– Pourquoi ? demanda-t-il, presque déçu. Tu pourrais pas rester un peu plus longtemps ?

– Non... Ma mère est à deux doigts de me faire une nouvelle crise, et...

Brooke s'arrêta tout de suite, en se rendant compte qu'elle était en train de déballer sa vie à un inconnu. La bulle dans laquelle ils avaient étaient enfermés la nuit dernière s'était éclatée.

– Enfin bref, il vaut mieux que je rentre, dit-elle avec un regard désolé.

Il se redressa à son tour, enfila un pantalon.

– Dommage... soupira-t-il, comme attristé.

Brooke sourit, et secoua la tête, se doutant bien qu'il exagérait un peu. Lorsqu'elle finit de lacer ses baskets, elle se releva et en profita pour réellement regarder la chambre où elle avait atterri la nuit dernière, chose qu'elle n'avait pas vraiment fait jusque là.

Quelque chose frappa alors Brooke de plein fouet; elle ne savait pas quoi, mais cette chambre... Elle avait l'impression d'y être déjà venue plusieurs fois.

– On ne s'est jamais rencontré avant ? lui demanda-t-elle en haussant les sourcils.

Elle l'entendit étouffer un rire; se retournant, elle le vit avec ce mystérieux sourire qui l'avait fait craquer hier.

– Non, je crois que je m'en serais souvenu si ça avait été le cas.

Brooke plissa les yeux, et regarda à nouveau la chambre. Non, il y avait vraiment quelque chose.

Puis elle comprit enfin quoi.

Comment avait-elle pu ne pas s'en rendre compte !? Bien sûr qu'elle connaissait cette chambre...

Brooke avança vers la fenêtre et l'ouvrit, sous le regard médusé de son confident d'un soir. Elle vit alors la chambre de la maison voisine, qui était située à quelques mètres à peine. Brooke connaissait parfaitement ce papier peint violet, et ce lit kingsize aux draps assortis aux murs, puisque c'étaient les siens.

– Lucas... murmura-t-elle automatiquement, pensive.

– Tu as dit quelque chose ? murmura-t-il à son oreille.

Brooke sursauta, et fit volte-face, ne l'ayant pas entendu se rapprocher d'elle aussi rapidement. Son petit sourire arrogant était encore là, mais il semblait cette fois-ci curieux.

– C'est qui ce Lucas ? Je devrais être jaloux ?

Brooke rigola alors, et fit non de la tête.

– Tu vois cette chambre, juste en face de la tienne ? C'est la mienne. J'en reviens pas... On est voisins ! s'exclama-t-elle.

– Oh... dit-il d'un air embarrassé. Enfin pas vraiment voisins... Je pars demain.

Brooke tomba de haut. Elle ne s'était évidemment pas fait de contes de fées dans sa tête, et ne s'était pas imaginée passer le reste de sa vie avec lui, mais...

Elle recula d'un pas, se heurtant à la fenêtre.

– Comment ça, tu pars ? Tu m'a dit que tu venais d'arriver...

– Hum... Oui, seulement pour les vacances, dit-il avec un mince sourire. Mais je ne regrette pas d'être venu ici, tu sais. J'aurais sans doute du te le dire hier, mais...

– Non, tu crois ? dit-elle sur un ton plein de sarcasme. »

Elle soupira, puis secoua légèrement la tête avant d'ajouter :

– Non, je fais preuve de mauvaise foi, là... Y a aussi des choses que je t'ai pas dites.

– Du genre ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

– Eh bien... dit-elle en se mordant la lèvre d'un air coupable, ce qui le fit étrangement sourire. Je ne suis pas totalement célibataire.

Il plissa le front, confus.

– Pas... totalement ? répéta-t-il.

– Oui, hum... Il y a ce gars, avec qui j'ai une sorte, de...

– Amitié améliorée ?

Le terme fit sourire Brooke.

– On peut appeler ça comme ça, oui. Une relation libre. Mais on ne sort pas ensemble, enfin... C'est assez compliqué, surtout en ce moment.

– Je vois ça... murmura-t-il en reculant vers le lit, et en s'asseyant de dessus.

– Du coup... Je suppose qu'on est quittes niveau cachotteries ?

Il sourit alors, amusé.

– On a qu'à dire ça, oui.

– Et donc... Si tu viens pour les vacances, qui habite ici ? demanda-t-elle en s'asseyant à son tour sur le lit, lui faisant face.

– Hum, ma... tante. Elle m'héberge encore aujourd'hui, et ensuite je repars à Atlanta.

– Wow... Atlanta ! s'exclama-t-elle.

– C'est pas non plus New York, dit-il en souriant.

– Mais c'est déjà mieux que Tree Hill, répondit-elle en haussant les épaules.

Il fronça légèrement les sourcils.

– Tu n'aimes pas cette ville ?

– Ce n'est pas que je ne l'aime pas... Vraiment, j'y suis attachée. Mais disons que personne ne me retient ici.

– Attends... Je croyais que t'avais ce petit ami...

– On ne sort pas ensemble, lui rappela-t-elle.

– Et tes parents ?

– C'est... compliqué.

– Ne me dis pas que tu n'as pas d'amis !

– Ce n'est pas ça, mais... Ce n'est pas comme avant, murmura-t-elle en baissant les yeux.

Il releva délicatement son menton et la força à le regarder.

– Qu'est ce qui n'est plus comme avant ?

– Eh bien... A une époque j'avais de vrais amis, avoua-t-elle, sachant qu'elle ne le verrait plus jamais dans quelques jours. Les meilleurs du monde. Mais l'un d'entre eux est parti... Justement, il habitait ici. Je venais dans cette même chambre presque tout les jours... On se disputait tout le temps, raconta-t-elle, un sourire se formant sur ses lèvres en se remémorant ses souvenirs.

– Comment il s'appelait ?

– Lucas, murmura-t-elle. Il y avait Nathan, Peyton, Haley... et moi. On était... inséparables. Du genre mes parents qui m'engueulaient tous les soirs parce que je passais trop de temps au parc avec eux. Ils n'aimaient surtout pas que je traîne avec Lucas, en fait.

John fronça alors les sourcils, comme irrité.

– Comment ça ?

– Je me battais tout le temps avec lui... En fait, j'étais un vrai garçon manqué.

Il haussa les sourcils, n'en croyant sûrement ni ses yeux, ni ses oreilles.

– Mais je croyais qu'il était ton ami, pourtant...

– Je donne l'impression que je le détestais, je sais, mais... Même s'il ne le savait pas, et même s'il ne ressentait sûrement pas la même chose, je le considérais comme un ami. Il me faisait rire, et il lui arrivait même de me consoler quand j'étais triste.

– Arrête, je vais vraiment finir par être jaloux, dit-il en faisant mine de bouder.

Elle rigola et le tapa sur l'épaule.

– Ce n'était pas comme ça. Surtout pas de son point de vue, j'étais sûrement plus... Une autre de ses victimes.

– Victimes ? répéta-t-il, encore une fois confus.

– Disons que Lucas aimait bien nous martyriser, les autres et moi... sauf que j'étais la seule à vraiment lui tenir tête. Du coup, je pense que c'est pour ça qu'il traînait autant avec moi, ça lui plaisait sûrement d'avoir une... adversaire à sa taille.

– Je vois... murmura-t-il. Et que sont devenus les autres ?

Le regard de Brooke s'assombrit, alors qu'elle haussait les épaules de manière évasive.

– On s'est tous éloignés les uns des autres après que Lucas soit parti... On entrait alors au collège, et... Je ne sais plus à partir de quand, mais on à arrêté de se parler, ou même de se saluer... Je les croise encore au lycée, mais je ne leur dis jamais un mot.

– Pourquoi tu ne...

– Ce n'est pas si simple, soupira-t-elle. Après le départ de Lucas, je suis restée dans ma chambre pendant pas mal de temps... Je lui en voulais beaucoup, surtout qu'il m'avait seulement prévenu la veille de son départ, et que les autres le savaient depuis déjà plusieurs mois. Je leur en voulait à tous, en fait. Et ensuite... Mon père a cru que j'avais un problème sérieux, c'est là qu'il m'a pour la première fois fait voir un psy...Bref, ça a un peu été le bordel à ce moment-là, et Lucas n'était pas là..., elle s'arrêta là, se sentant rougir lorsqu'elle vit qu'il la fixait intensément. Quoi ? demanda-t-elle alors.

– J'ai juste l'impression qu'ils te manquent énormément... Pas seulement Lucas, mais aussi tes autres anciens amis.

Brooke haussa nonchalamment les épaules.

– Pas vraiment. Enfin si, quand même, mais... Si on s'est éloignés, c'est qu'au final, on était pas si proches que ça, non ?

Lucas fronça les sourcils, comme s'il n'était pas convaincu par cette réponse. Embarrassée, elle se leva alors, se rappelant qu'elle devait rentrer chez elle.

– Tu repars ? Pourtant t'habites à côté, non ?

– Ça ne change rien au fait que je risque de me faire allumer par mes parents... dit-elle avec un mince sourire. Mais merci pour cette soirée.

Elle se pencha vers lui et l'embrassa sur la joue. Elle allait reculer quand il prit son visage dans ses mains et l'embrassa à son tour; Brooke répondit à son baiser, mais y mit fin rapidement. Il l'embrassa une dernière fois dans les cheveux avant qu'elle ne s'en aille pour de bon.

– On pourrait encore se voir avant que je parte, non ? l'entendit-elle demander.

Elle ne répondit rien, parcourut ce couloir qu'elle connaissait tant et sortit enfin de la maison. Elle n'en revenait toujours pas qu'il habitait dans la maison de Lucas. Enfin, l'ancienne maison de Lucas. Après qu'il ait déménagé avec sa mère, la maison était restée inhabitée pendant très longtemps... Un couple était venu s'y installer, il y a de cela trois ans, mais ils étaient vite repartis, ce qui n'avait pas déplu à Brooke. Ils avaient été très gentils, mais... C'était, dans son esprit, toujours la maison de Lucas.

Quelques secondes plus tard, elle arrivait devant sa porte; elle hésita longuement à rentrer, en entendant ses parents se disputer dans la maison. Elle soupira, et finalement pénétra chez elle.

Se faisant le plus discrète possible, elle passa devant le salon et arriva aux escaliers, lorsqu'elle entendit sa mère crier son nom.

– Et quant à Brooke ! s'exclama Victoria Davis. Qu'est ce qu'elle fait, hein !? T'es même pas fichu de t'occuper de ta fille, alors...

– C'est aussi la tienne, non !? répliqua Richard Davis. Et ne rejette pas toute la faute sur moi, je ne lui ai jamais demandé de se transformer en...

– En quoi ? demanda Brooke en apparaissant sur le seuil de la porte, les surprenant tous les deux.

Victoria fit volte-face, et s'avança à pas de loup vers Brooke, la fusillant du regard.

– Où est ce que tu étais ?

– Oh, comme si ça t'importait... murmura Brooke.

– Où !? répéta sa mère en haussant la voix.

– Avec... un ami. J'ai dormi chez lui, c'est tout...

– Dormi... On y croit tous, murmura alors son père.

Brooke soupira, et repartit vers sa chambre, malgré les cris de sa mère qui lui ordonnait de revenir les voir.

Elle claqua la porte de sa chambre, se dirigea vers son ordinateur et mit la musique à fond, tentant de couvrir les disputes de ses parents.

Voilà pourquoi elle détestait les deux dernières semaines de vacances. Ses deux parents se retrouvaient en même temps dans la maison, et finissaient toujours par s'engueuler quotidiennement, leur sujet de dispute favori étant Brooke.

Sortant de son sac son carnet à croquis, elle le rangea soigneusement dans son armoire, là où personne ne le verrait. Puis elle vérifia ses mails, remarqua les nombreuses invitations pour différentes fêtes de fin de vacances, et s'allongea sur son lit, fermant les yeux, essayant de se reposer.
Elle allait bientôt reprendre les cours. Plus que 2 jours, 2 petits jours et elle allait devoir retourner au lycée, faire face à Félix... Qu'était-elle censée lui dire ? Il lui avait demandé il y a quelques jours de sortir, sérieusement, avec lui. Il avait même affirmé avoir des sentiments pour elle. Mais elle, en avait-elle ? La réponse semblait évidente, vu qu'elle avait failli passé la nuit dans les bras d'un inconnu. Et pourtant... Une part d'elle aurait voulu croire Félix, et lui faire confiance, mais au fond... Elle savait comment il était. Et elle savait qu'elle ne lui ferait pas confiance s'ils sortaient ensemble.

– Alors, on s'ennuie ? entendit-elle.

Elle ré-ouvrit les yeux, et se redressa vers sa fenêtre, laissée ouverte. Monsieur Mystère était de l'autre côté, dans sa chambre, appuyé sur le rebord de sa fenêtre.

Elle s'avança vers la fenêtre en haussant les épaules.

– Pas vraiment, répondit-elle sans trop de conviction.

Il lui décocha un sourire en coin qui lui fit amèrement regretter d'être partie de chez lui.

– Mon offre est toujours valable. Ça te dirait de me faire visiter la ville ?

Brooke considéra son offre, se tourna vers la porte de sa chambre, où elle pouvait malgré la musique entendre ses parents hurler dans le salon. Des bris de verre lui firent comprendre que sa mère avait encore cassé un autre verre qui devait traîner par là. Ou peut-être une assiette.

– D'accord, répondit-elle en réprimant un sourire. Attends moi dans cinq minutes en bas de chez moi.

Elle l'emmena, comme il le lui avait demandé, faire un tour dans Tree Hill, cette petite ville qu'elle connaissait si bien pour y avoir habité depuis toutes ces années. Elle l'emmena voir le cinéma, le lycée, le parc... Alors qu'ils y faisaient justement une promenade, John Doe s'adossa à un arbre tout en lui parlant. Il remarqua sans doute qu'elle grimaçait, car il arrêta son histoire et la regarda d'un air inquiet.

– Quoi ?

– Non, c'est rien, c'est juste... marmonna-t-elle. C'est rien.

Il s'avança vers elle et la força à le regarder, un petit air concerné sur le visage.

– Ça ne m'a pas l'air d'être rien. Quoi, c'est mon histoire de bagarre au lycée qui ne te plaît pas ?

Elle lui sourit, amusée. Il lui avait en effet avoué qu'il était du genre bagarreur; enfin, il n'était pas non plus violent, mais quand on le cherchait... On le trouvait. C'était d'ailleurs comme ça qu'il s'était retrouvé avec une lèvre enflée et un bleu au visage hier aux urgences; il s'était simplement battu avec un inconnu en ville, et restait d'ailleurs très évasif sur les raisons de son geste.

Elle lui toucha délicatement la lèvre supérieure, encore un peu enflée.

– Non, ce n'est pas ça qui me dérange... dit-elle alors qu'il souriait de soulagement. C'est juste cet arbre. Il...

Elle ne trouva pas les mots pour expliquer, alors elle le lui montra tout simplement. Ses doigts parcoururent l'écorce, alors qu'elle s'agenouillait par terre.

– Regarde.

Il l'imita, et vit qu'elle avait montré des inscriptions.

– On avait gravé ça avec un couteau. Karen... dit Brooke en souriant légèrement en y repensant. La mère de Luke, elle nous avait engueulé pendant plus d'une heure lorsqu'elle avait vu que son fils avait pris un couteau pour ça. Elle disait qu'on aurait pu se blesser.

– Le club des ratés ? lut-il, le front plissé.

– C'était le nom qu'on s'était donné, dit-elle avec un sourire nostalgique. Tu n'as jamais vu ce téléfilm, Ça ? C'est un livre à la base, je crois. On l'avait regardé tous ensemble et dedans il y avait un groupe d'enfants qui combattaient un monstre qui pouvait prendre n'importe quelle forme, souvent celle d'un clown. Ce film avait terrorisé Haley, alors pour la rassurer on s'était donné ce nom, puisqu'ils arrivent à le vaincre à la fin.

– Luke, Hales, Nate, Peyt, Brookie..., lut-il à haute voix. Brookie ? répéta-t-il d'un air amusé.

Elle leva les yeux au ciel, haussant les épaules.

– Je détestais ce surnom, donc Lucas les forçait tous à m'appeler comme ça. Il les a tous traumatisé, tu sais. Mais même s'il nous forçait à faire les quatre cent coups avec lui, au moins... on ne s'ennuyait pas une seconde, avoua-t-elle en souriant.

– Je vois... murmura-t-il. Et donc, qu'est ce qu'ils sont devenus les autres ?

– Aucune idée... soupira Brooke, la mine dépitée. Je veux dire, si, je sais quelques trucs.. Je croise tout le temps Nathan, normal, il est capitaine de l'équipe de basket et je suis celle des cheerleaders, alors...

– Oh, donc vous vous parlez ?

– Ouais, dit-elle en haussant les épaules, mais nos conversations s'arrêtent à Salut et Ca va ?

Brooke parcourut à nouveau des doigts les inscriptions, et s'arrêta sur le nom de Peyton.

– Peyton... Elle travaille dans un journal je crois, ses dessins sont finalement publiés. Elle le mérite, dit-elle avec un sourire. J'ai toujours admiré son talent... Elle avait l'habitude d'être tellement complexée... Tu sais, elle était en surpoids jusqu'au collège, et... Beaucoup de monde se moquait d'elle. Mais on ne les laissait pas faire.

– On ?

– Lucas et moi. On la défendait toujours dès qu'on le pouvait. Mais elle n'a plus besoin de moi. Pendant le collège, elle a perdu beaucoup, beaucoup de kilos, et maintenant... Elle a ses propres amis, elle est populaire, belle, bref, elle se débrouille très bien toute seule. Quant à Haley... Ça a toujours été le petit bébé du groupe, et celle qui avait le plus grand cœur. Je crois que c'est elle qui a le moins changé. Je veux dire... Nathan était un trouillard invétéré qui se cachait toujours derrière Lucas, Peyton était en surpoids, j'étais un véritable garçon manqué, et Haley... bah c'était Haley. Oh, elle a ses amis à elle aussi, mais j'ai l'impression que c'est la seule qui a réussi à rester la même.

Elle s'arrêta un instant, une vague de souvenirs la regagnant subitement.

– Et Lucas ? demanda-t-il d'une voix hésitante. Qu'est ce qu'il est devenu ?

Brooke soupira, secouant légèrement la tête.

– Je n'en ai aucune idée. Il ne m'a jamais envoyé de lettre, ni téléphoné... Je ne sais même pas où il est. Je pourrais toujours le demander à Nathan, vu que ces deux là sont demi-frères, mais...

– Tu ne veux plus entendre parler de lui ?

Brooke haussa les épaules, son regard fixé sur le sol. Ce n'était pas qu'elle ne voulait plus entendre parler de lui, mais... Il lui avait fait du mal, en partant comme ça sans la prévenir, ou presque. Elle qui avait toujours pensé qu'il y avait un lien solide entre eux, il avait attendu le dernier jour pour lui parler de son déménagement. En fin de compte, il ne tenait pas tant que ça à leur amitié, alors pourquoi aurait du-t-elle se torturer pour lui ? Non, la meilleure solution avait été de tout simplement avancer, et de l'oublier.

– On peut dire ça, ouais... murmura-t-elle.

Brooke se ressaisit et se releva, le sourire aux lèvres.

– Mais bon, c'est du passé tout ça ! Et il est temps qu'on aille autre part, non ?

A midi, il l'invita à manger chez lui, et ils passèrent l'après midi à regarder un film; enfin, surtout à parler entre eux. Brooke en arriva même à lui expliquer à quel point sa relation avec Félix était compliquée en ce moment.

– Donc, tu n'es pas sûre qu'il te dise la vérité ? résuma-t-il en une phrase, après l'avoir attentivement écouté.

– Non, j'ai peur de... J'ai peur de lui faire confiance, et de me rendre compte que finalement, il me mentait.

– Si j'étais toi... commença-t-il en se penchant vers elle. Je ne lui ferais pas confiance.

– Pourquoi ? murmura-t-elle en rougissant un peu.

– J'ai juste l'impression que ce mec ne te mérite pas... chuchota-t-il avant de se relever du canapé. J'aurais adoré rester plus longtemps à parler avec toi, mais... Ma tante va arriver, et si elle voit que j'ai ramené une fille à la maison, je suis un homme mort.

Brooke rigola, et se leva à son tour. Son sourire disparut peu à peu alors qu'il la raccompagnait dehors.

– Alors, je suppose que je ne te reverrai plus ? demanda-t-elle à mi-voix.

Ce qui quelque part était une excellente chose vu tout ce qu'elle lui avait confié sur elle.

– Qui sait ? Peut-être qu'avec un peu de chance, je te croiserai un jour..., murmura-t-il en ouvrant la porte. Mais j'ai juste une dernière question... Si j'étais resté ici, t'aurais accepté de sortir avec moi ?

Il lui arracha un dernier sourire, alors qu'elle se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur une joue.

– Non, dit-elle simplement avant de partir, le laissant avec un sourire amusé sur les lèvres.

La maison était heureusement silencieuse lorsqu'elle rentra chez elle. Son père regardait la TV, alors que sa mère était nulle part en vue... Elle était sûrement partie dehors, pour oublier une heure ou deux qu'elle était mariée, et qu'elle avait une fille qu'elle n'avait jamais voulu. Brooke l'avait découvert à l'âge de 5 ans, lors d'une énième dispute de ses parents; son père avait crié que Brooke n'était de toute manière qu'un accident. A l'époque, elle n'avait pas très bien compris ce que cela voulait dire, et était allée demander à sa mère, qui lui avait simplement répondu de se mêler de ses affaires.

Lorsque Brooke arriva dans sa chambre, elle remarqua que son voisin n'était pas dans la sienne; elle tira donc les rideaux, préférant ne plus le voir de la soirée. Elle avait aimé cette journée avec lui; elle l'avait adoré même. Mais à quoi bon s'accrocher quand elle savait qu'il allait partir le lendemain, et ne plus revenir ?

Dimanche, Rachel ne cessa de l'appeler pour savoir ce qu'elle faisait, mais Brooke ne répondit pas. Il lui restait encore une journée avant de retrouver la folie du lycée; elle voulait en profiter. Enfin, en profiter... Elle avait juste passé la journée dans sa chambre, à finir certains croquis et à regarder des films. Rien de très passionnant, mais au moins, elle avait un peu de calme.

Lundi arriva bien trop vite. Brooke se leva difficilement, et redouta le retour au lycée. Elle savait qu'on l'attendrait de pied ferme, qu'on lui poserait une multitude de questions sur ses vacances, et qu'on ne la laisserait pas tranquille une seconde. Tant pis, être populaire avait aussi ses défauts, et cela, elle l'avait bien compris.

Arrivée sur le parking du lycée, elle alla voir sur les tableaux d'affichage sa nouvelle classe. Elle parcourut rapidement la liste des élèves, et vit qu'elle se retrouvait avec Nathan, et Haley... Cette année allait être plus éprouvante qu'elle ne le pensait, avec ces deux là dans sa classe.

C'est avec une boule au ventre qu'elle arriva dans la salle, qui était déjà à moitié remplie. Brooke remarqua tout de suite Haley, qui était assise dans un coin, devant. Celle-ci lui offrit un mince sourire, que Brooke lui rendit. Voilà à quoi s'arrêtait leurs échanges depuis plusieurs années. Des sourires discrets, embarrassés. Rien de plus.

Nathan n'était pas encore là.. Tant mieux. Elle alla au fond, s'asseoir dans un coin où il ne la verrait sûrement pas.

Finalement, Nathan ne vint jamais. Le prof arriva avant eux, se présenta, bien que tout le monde le connaissait déjà, et se mit à faire l'appel. Bizarrement, elle ne l'entendit pas dire le nom de Nathan.

– Oh, et nous avons un nouvel élève, ajouta-t-il en se tournant vers la porte, restée entrouverte. Tu peux entrer.

Brooke, qui était occupée à dessiner de petits cercles sur sa feuille, releva la tête, curieuse de voir la tête du petit nouveau. Sa mâchoire en tomba presque, lorsqu'elle reconnut celui avec qui elle avait passé toute une journée, et qui lui avait certifié qu'il repartait pour Atlanta.

– Messieurs dames, le présenta alors leur prof, une pointe d'humour dans la voix, voici Lucas Scott. Soyez gentil avec lui, surtout, plaisanta-t-il.

Brooke écarquilla les yeux, son cœur se mettant à battre de plus en plus rapidement. Comment avait-il dit qu'il s'appelait !?

Elle le vit se tourner vers elle, et lui faire un sourire en coin qu'elle ne connaissait que trop bien. Oh, comment avait-elle pu ne pas le reconnaître ?

Son pire cauchemar était revenu à Tree Hill.