Le temps d'une vie

Naraku est mort depuis longtemps. Chacun a reprit le cours de sa vie. Les années passent, les saisons se succèdent. Un jour que Rin et Kagome se sont éloignées du village, elles sont attaquées par un youkai. Sur le point de mourir, le démon use d'un maléfice inconnu pour se venger. Il fait alors disparaître les deux mikos.

NB : Cette fanfiction fait suite à ma première histoire : « L'alliance ». Il n'est pas nécessaire de l'avoir lue pour comprendre cette histoire, juste de connaître les personnages.

NB2 : Les personnages d'Inuyasha ne m'appartiennent pas excepté la nouvelle génération. Les enfants de Miroku et Sango existent, je leur ai juste donné noms et caractères. En revanche ceux de Kagome et Inuyasha sont inventés.


Chapitre 1

Show must go on

Kagome ouvrit les yeux. Il faisait noir, comme toujours dans cet endroit, ce sol qu'elle avait foulé des dizaines de fois. Elle leva la tête et aperçut un carré de ciel bleu, l'après midi était déjà bien avancé. La jeune fille passa sa main sur le sol, réflexe habituel, bien qu'elle ait abandonnée depuis longtemps l'espérance de passer à nouveau dans l'autre monde.

Ce n'était pas la première fois qu'elle venait s'asseoir ainsi, au fond du puits, depuis qu'elle était revenue définitivement dans le Japon féodal. C'était d'ailleurs plutôt stupide, si un youkai venait à l'attaquer, elle ne pourrait pas s'enfuir ou esquiver une attaque.

Mais elle était bien, dans cet endroit rassurant car familier. Elle avait quitté définitivement sa famille depuis une semaine à présent, et c'était encore difficile à accepter, un deuil qu'elle n'avait pas encore su admettre. Elle restait persuadée d'avoir fait le bon choix. Sa vie ici lui convenait, elle aimait ce monde dans lequel vivaient démons et humains, où cohabitaient magie et légendes.

Ici, elle avait sa place, auprès de ceux qui comptaient pour elle, et pour qui elle comptait. Mais elle était restée surtout pour lui. Inuyasha. Aucun retour en arrière n'avait été possible. La découverte du Sengoku Jidai, puis de celui qui était devenu son compagnon, avait déséquilibré la balance. Ses allers-retours entre deux mondes avaient chamboulé sa vie si bien rangée. Elle ne voulait plus vivre dans le futur. Elle aimait cette situation féodale, cette harmonie qui l'entourait, cette assurance que dans l'avenir elle aurait une place utile, et quelqu'un auprès d'elle qu'elle aimait passionnément.

Dans son monde, Inuyasha n'existait pas. Cela signifiait qu'il était mort, puisqu'il ne vieillissait pas. Elle ne voulait pas d'un monde qui portait la mort de celui qu'elle aimait.

Néanmoins elle avait abandonné tout ce qui avait été sa vie. Sa famille tout d'abord, l'endroit où elle était née, et qui l'avait vu grandir, son époque. Elle avait peur qu'en choisissant de demeurer dans le Japon féodal elle n'ait modifié son futur. Et Kagome n'avait aucune envie que Sôta soit fils unique. Car cela signifierait qu'il ne reviendrait jamais. Elle avait bouleversé la marche du temps, en changeant d'époque. Peut être qu'à l'heure actuelle, dans le monde moderne, son frère ne la connaissait plus, n'avait aucun souvenir de ce qu'ils avaient partagé.

Elle ne retint pas ses larmes et appuya sa tête contre ses genoux repliés. Ici, personne ne pouvait lui reprocher la tristesse qu'elle tentait de dissimuler au quotidien. L'absence des siens ternissait le bonheur qu'elle avait grâce à ses amis et à Inuyasha.

Kagome ne voulait pas qu'il la voie triste, car il trouverait le moyen de se reprocher les choses. Et il aurait tord. Elle avait besoin de lui, et s'en voulait quand elle voyait la tristesse dans ses yeux ambre, lorsque parfois il la surprenait à essuyer une larme ou à soupirer en détournant les yeux. Il ne fallait pas qu'il soit malheureux.

Elle ignorait combien de temps elle resta ainsi, elle ne vit pas le ciel qui s'obscurcissait progressivement, ni le visage qui la regarda quelques instants silencieusement avant de descendre à ses côtés.

Inuyasha vint s'asseoir en face d'elle. Kagome leva les yeux. Malgré la pénombre, elle distinguait ses deux yeux ambre, si rassurants. Il ne disait rien, mais il était peiné.

Le demi-démon avait conscience que celle qu'il aimait souffrait, mais il ne savait pas comment la soulager. La jeune fille avait renoncé à tout pour eux, pour lui surtout, d'après ce qu'elle lui avait dit. Il l'avait fait souffrir pendant plusieurs années, et elle avait tout donné pour le rejoindre. Il savait la chance qu'il avait d'avoir pu retenir une jeune fille comme elle. Mais il ne savait pas comment la consoler, comment l'aider à supporter la perte des siens, perte qu'il avait affronté seul, pendant de nombreuses années.

Elle le regardait sans rien dire, tâchant de contrôler ses pleurs.

- Je suis désolée.

Une excuse pour ces larmes qu'elle n'arrivait pas à arrêter.

Il prit sa main dans la sienne et l'attira contre lui, plaçant sa joue sous son visage. D'une main, il la maintenait le plus fort possible contre lui, de l'autre il caressait ses cheveux, geste très tendre qu'il se permettait uniquement parce qu'il savait qu'il n'essuierait pas de refus, et que dans la pénombre elle ne le verrait pas rougir.

Kagome lui était reconnaissante d'être là, au moment où elle avait le plus besoin de lui. Alors elle lui raconta tout… Ce qui l'effrayait, ce qui la blessait, mais surtout cette assurance qu'elle avait d'avoir fait ce qu'il fallait… Puisqu'elle ne désirait pas vivre dans un monde où il n'existerait pas.

Inuyasha murmura tout bas ce qu'il pensait depuis longtemps mais qu'il avait besoin qu'elle sache. Il savait qu'elle avait besoin de croire en lui.

- Je serai là Kagome. Aussi longtemps que tu le voudras. Quand tu seras triste, quand tu seras joyeuse… Lorsque nous combattions Naraku, chaque fois que j'allais mal, tu étais là. C'est à mon tour maintenant.

Elle acquiesça.

- Je t'aime.

Inuyasha avait murmuré ces quelques mots comme une musique. Jamais il n'avait dit « je t'aime » à Kikyo. Peut être parce que le temps leur avait manqué, ou parce qu'il n'en était pas capable à l'époque. C'était la seconde fois qu'il avouait aussi directement ses sentiments à Kagome. La première fois, c'était pour la convaincre de rester auprès de lui, quelques jours auparavant, près du puits. Egoïstement, il n'avait pas supporté l'idée de devoir vivre encore des dizaines d'années sans celle qu'il aimait, même si une voix au fond de lui avait rétorqué que c'était le mieux pour elle.

Ils restèrent ainsi jusqu'à ce que les pleurs de Kagome se tarissent. Lorsque ce moment arriva, elle releva la tête, embrassa tout doucement Inuyasha, et lui annonça qu'elle était prête à retourner au village. C'était vrai, grâce à lui et à tous ceux qu'elle aimait, elle serait capable de continuer à vivre malgré l'absence de sa famille. Elle se sentait déjà mieux, car c'était la toute première fois qu'elle partageait sa peine avec quelqu'un, ce qu'elle n'aurait fait avec personne d'autre qu'Inuyasha, et elle sentait que grâce à lui, cette douleur qui aujourd'hui lui semblait définitive, ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir.


Inuyasha ouvrit paresseusement les yeux. Il regarda par la fenêtre de la hutte : il faisait encore nuit. Ses sens de youkais lui permettaient cependant de voir aussi bien qu'en plein jour. Tout était calme, paisible, silencieux. Seul le bruit du vent contre le bois de la hutte et la respiration régulière de Kagome rompait le silence. Il se tourna vers elle.

Elle dormait à son côté, comme toujours depuis maintenant un an, date à laquelle Kaede leur avait attribué cette hutte à l'entrée du village, peu de temps après la mort de Naraku. Cela convenait parfaitement à Inuyasha. Ils vivaient ainsi un peu à l'écart du reste du village car, même si le hanyô avait prouvé à plusieurs reprises qu'il ne leur ferait aucun mal, du moins tant que Kagome ne le lui demanderait pas, la plupart des villageois restaient méfiants et… Prudents. Inuyasha sourit à cette idée. Sans doute était-il un peu trop soupe au lait.

Il écarta doucement une mèche de cheveux qui tombait sur le visage de Kagome. Elle ressemblait énormément à Kikyo, bien plus lorsqu'elle était endormie, à ceci près qu'elle semblait paisible, rassurée, alors que Kikyo n'avait jamais pu se départir de son air tourmenté. La crainte probablement de se faire attaquer, même dans son sommeil. C'est probablement une des choses qu'ils avaient (eu) en commun, cette méfiance permanente.

Longtemps il n'avait pu se départir de l'idée selon laquelle Kagome n'était qu'un double de Kikyo. Un clone fade, une réplique, toujours en dessous du modèle original. Lorsqu'il l'avait connu, son cœur était à une autre, et empli de haine et de désir envers cette personne disparue.

Longtemps, il avait souffert rien qu'en la regardant. Kagome était la preuve vivante de son erreur.

Et pourtant… C'est elle qui lui avait tout appris. L'amour qu'il avait pour elle était venu petit à petit, et il semblait continuer de prendre de l'ampleur au fil des jours. La femme qu'il avait aimée ne souhaitait que sa mort, quand cette jeune fille du futur s'était trop souvent abstenue d'écouter ses désirs, ne pensant qu'à satisfaire ceux de celui qui la blessait trop souvent.

Elle le connaissait mieux que quiconque. Souvent alors qu'il était perdu dans de sombres pensées, elle lui avait adressé un sourire timide, mais dés qu'ils avaient été seuls, elle l'avait fait parler, le forçant à dire ce qui le tourmentait.

C'est ainsi qu'un jour, quelques mois auparavant, il lui avait avoué qu'il ne voulait pas continuer à vivre sans elle, et que son désir serait de vieillir à ses côtés. C'était la vérité ; la vision de son corps froid et sans vie le hanterait toujours, cela lui ferait une blessure de plus, et il ne le voulait pas. Elle n'avait pas retenu ses larmes et s'était jetée à son cou.

Et grâce aux pouvoirs combinés de Kagome, Rin et Kaede, qui possédait elle aussi des pouvoirs de mikos, il avait perdu son immortalité. Lui restaient aujourd'hui son apparence, ses griffes et ses oreilles (au grand plaisir de Kagome) néanmoins il savait qu'il vieillirait à présent en même temps qu'elle. Il ne savait même plus au juste s'il était encore hanyô, mais cela n'avait aucune importance, la seule chose qui comptait, c'était de rester auprès d'elle.

C'est cela qui avait convaincu définitivement Kagome qu'elle n'aurait pu faire un meilleur choix. Inuyasha l'aimait autant qu'elle l'aimait, et rien ne changerait cela.

Un courant d'air passa par la fenêtre ouverte. Un temps frais, pour un soir d'été. La voyant frissonner, il la prit contre lui, la protégeant du froid. Elle ouvrit les yeux à son tour, il les voyait comme s'il faisait jour. Chocolat, nimbé d'or parfois, lorsqu'il faisait beau. Elle se pencha en avant et vint poser ses lèvres sur les siennes.

Jamais ils n'étaient allés jusqu'au bout de leur relation. Inuyasha avait vécu des dizaines d'années, seul, et seulement quelques mois avec Kikyo, leur relation ayant dû finir avant même d'avoir réellement commencé. Et malgré l'amour et la complicité qu'il avait pour Kagome, il s'était refusé à aller plus loin tant qu'elle ne l'aurait pas demandé. Mais depuis quelques temps, Kagome se sentait prête. Prête à aimer Inuyasha comme elle l'avait toujours voulu. Il semblait ressentir la même chose, ses mains en apparence si dures se faisaient tendres chaque fois qu'il la touchait.

Il la rapprocha de lui, laissant les mains de la jeune fille passer dans ses cheveux, caresser son visage. Il enleva doucement le kimono qu'elle portait, avec un semblant d'hésitation, craignant un refus. Elle l'embrassa plus intensément, tandis que les doigts de la jeune fille découvraient doucement son cou, ses épaules, ses bras.

Inuyasha sourit contre ses lèvres en la sentant rougir. Il faisait peut être nuit, mais la peau de la jeune fille s'enflammait, et il le sentait. Elle sourit à son tour. Il n'y avait pas de gêne, pas de crainte, ni d'appréhension. Le demi-démon était extrêmement tendre. Leur confiance réciproque effaçait la tension crée par cette découverte d'une chose que, finalement, il ne connaissait ni l'un ni l'autre.

Ils ne s'endormirent qu'au petit matin.


C'est Shippô qui fut désigné pour les réveiller, le jour était déjà bien avancé. Il passa la tête par la fenêtre… Et vira au rouge pivoine. Malgré le kimono rouge d'Inuyasha qui les recouvrait, la manière dont ils étaient enlacés en disait plus long que leur soudain manque de sommeil. Shippô descendit de la fenêtre, inspira profondément et…

- Kagome et Inuyasha ils dorment maintenant parce qu'ils ont pas dormi cette nuit ! Kaedeeeeeeee !

Les deux concernés s'éveillèrent en sursaut en entendant le petit renard crier d'une voix visiblement indignée.

- Oh mon Dieu… Soupira Kagome.

Inuyasha ne put retenir un éclat de rire auquel elle se finit par se joindre. Ils n'étaient pas gênés, juste heureux. Ils se rhabillèrent en vitesse pour rattraper Shippô avant qu'il n'ameute tout le village avec ses accents furieux. Il était à présent trop loin pour qu'ils entendent son discours, à l'exception de quelques mots que le renardeau criait plus fort que les autres, à savoir « Une honte », « Pourquoi moi » ou encore « pas pu fermer la fenêtre ».

Ils tombèrent sur Sango et Miroku qui ne purent s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles. Ils allaient bien ensemble ces deux là ! Sango avait les mains posées sur son ventre arrondi. Enceinte d'environ six mois, elle passait son temps à rabrouer Kohaku qui lui recommandait vivement du repos. Tellement vivement d'ailleurs qu'elle avait fini par sortir en cachette, avant qu'il ne la rattrape. Il avait beau être plus jeune, il se comportait comme un père.

Parfois, lorsqu'elle regardait le jeune frère de Sango, Kagome ne pouvait s'empêcher de penser à Sôta, là-bas, de l'autre côté du puits. Elle ne pouvait pas demander à sa famille de la rejoindre. Les youkais, la magie, le Japon féodal, c'était trop pour eux. Son frère avait besoin de grandir dans un monde « sécurisé », même si il était très dur pour Kagome de ne plus le voir, de ne plus entendre son rire… Elle pouvait presque imaginer comment il aurait réagi, s'il avait été à la place de Shippô.

Elle sentit la main d'Inuyasha dans la sienne. Si elle était capable de deviner lorsqu'il allait mal, l'inverse était vrai également, il venait de le prouver. Elle le regarda en souriant : rien ne devait gâcher cette journée, elle avait choisi sa vie, et jamais il ne le lui ferait regretter.


Kagome était devenue la miko protectrice du village de Kaede. Maintenant qu'elle avait définitivement choisi son monde, elle pouvait se concentrer davantage sur le contrôle de ses pouvoirs. Elle ne serait jamais une miko aussi puissante que Kikyo ou même que Rin, qui montrait déjà des prédispositions certaines, en revanche Kagome était devenue une excellente archer, ce qui était bien utile.

Kaede lui avait proposé de reprendre l'arc de Kikyo, mais elle avait refusé. Elle avait commencé une nouvelle vie, et ne voulait pas marcher dans les pas de son aïeule. Elle n'avait conservé d'elle que le pendentif désormais inutile mais qu'elle gardait en permanence autour de son cou.

Inuyasha la surveillait souvent à son insu, autant par crainte qu'il ne lui arrive quelque chose que par le désir qu'il avait de rester auprès d'elle. De plus la disparition de la perle ne mettait pas pour autant à l'abri des démons, il n'était pas rare que les youkais attaquent le village : la présence de trois mikos représentaient une menace non négligeable.

Le demi-démon observait celle qu'il aimait à son insu et se questionnait parfois sur ce qu'elle désirait. Il voyait Miroku se réjouir de la naissance prochaine de son enfant. Inuyasha ne s'imaginait pas père, ou plutôt, il craignait de décevoir Kagome. Il n'avait pas connu son père, et ne savait pas comment il devait prendre ce rôle. La jeune miko découvrait à peine sa nouvelle vie, et guérissait doucement de l'ancienne. Elle ne désirait pas fonder une famille pour l'instant, mais lorsque, un jour, elle demanderait à Inuyasha s'il y avait déjà songé, que lui répondrait-il ? Qu'il avait peur de la décevoir, puis de la perdre ?

Le hanyô sortit de ses pensées en croisant un regard plein de tendresse de Kagome. Il devait profiter du temps présent, pour le reste… Eh bien pour le reste on verrait plus tard.


Rin était revenue au village, afin d'apprendre auprès de Kaede mais aussi parfois auprès de Kagome, à contrôler ses pouvoirs, bien qu'elle soit étonnamment précoce. Rin et Shippô étaient vite devenus de très bons amis. Chacun avait trouvé chez l'autre le frère ou la sœur qu'il n'avait plus. Ces deux enfants devenus orphelins avaient déjoué le sort : on leur avait prit leur famille, ils s'en étaient crée une nouvelle.

Seshommaru ne venait jamais jusqu'au village, se contentant de rester aux alentours, veillant sur Rin à distance, même si il refusait de l'admettre. La trêve entre lui et son frère était maintenu, et il se forçait à supporter Kagome, non pas pour Inuyasha, mais pour Rin qui tenait à cette miko arrogante, sentiment qu'il ne partageait ni ne comprenait. Il est vrai que Kagome avait tendance à se laisser emporter, en particulier lorsque Seshommaru tournait en ridicule le sacrifice de Kikyo.

Rin avait à présent onze ans. Elle et Shippô avaient grandi et s'étaient assagis. Au contact du kitsune, la petite fille s'était ouverte, sociable même si elle conservait encore ce qu'elle ressentait pour elle, probablement un trait de caractère qu'elle avait « hérité » de Seshommaru.


Kohaku vivait chez Miroku et Sango. Il considérait le moine comme un frère, presque un père de substitution. Il continuait à s'entraîner et était devenu un partenaire très utile en cas d'attaque. En ce moment, il remplaçait même Sango car sa grossesse lui interdisait ce genre « d'activités ».

Shippô commençait à perdre son apparence d'enfant. Ses pouvoirs de youkais devenaient plus importants. Il vivait chez Kaede, conscient que ses amis avaient vesoin d'intimité, et depuis la surprise que lui avait donné Kagome et Inuyasha, il s'en félicitait. Même si il est vrai qu'il se battait toujours contre Inuyasha, Le demi-démon le provoquait moins souvent car au cours de ces batailles, le kitsune était capable non seulement de se défendre, mais de riposter et de faire payer chèrement à Inuyasha ses plaisanteries.


Du haut de la colline qui surplombait le village se tenait Seshommaru, témoin des changements que le temps apportait aux uns comme aux autres. La vie des humains était pour lui dépourvue de sens. Ils grandissaient puis vieillissaient si vite ! Apprendre, aimer, comprendre, pour au final disparaître sans laisser la moindre trace, quelle existence vaine. Cela lui semblait plus court qu'un battement de cœur, pour lui qui avaient vu les époques se succéder, sans jamais voir ressenti d'attachement pour quiconque.

Jaken observait sans mot dire son maître. Il avait changé. La première preuve était ce brusque retour au village lorsque Seshommaru avait surprit les regards tristes de Rin. Il était revenu uniquement pour elle, sans même qu'elle en ait exprimé le souhait. Jamais, quelques années auparavant, le seigneur des Terres de l'Ouest n'aurait ne serait-ce qu'épargné une faible humaine. Rin ignorait, volontairement peut être, que le taiyoukai avait été quelqu'un d'insensible, égoïste, méprisant les humains autant que les youkais qui lui étaient inférieurs. Aujourd'hui encore, il inspirait la crainte à bien des personnes, youkais ou humaines.

Seshommaru sentait cette évolution, tout en se refusant à l'admettre. Il restait très distant extérieurement mais il se surprenait parfois à s'inquiéter pour Rin, à moins dédaigner la présence des humains, à l'exception de la miko de son frère qu'il trouvait absolument insupportable.

Seuls Jaken et Rin avaient conscience de ce changement imperceptible pour les autres, mais ils avaient la présence d'esprit de le garder pour eux : Jaken parce qu'il connaissait assez bien son maître pour savoir qu'il encourait une correction exemplaire, Rin parce qu'elle n'était pas hostile à ce changement, bien au contraire.

Seshommaru avisa alors près de lui un bouquet de fleurs. Rin avait beau passer le plus clair de son temps au village durant les mois d'étés, elle ne l'oubliait pas. Jamais il ne l'avait remercié, jamais il n'avait prêté attention à ses cadeaux, se contentant de demander à Jaken de prendre les bouquets ou les couronnes de fleurs de la petite fille.

La présence de Rin était devenue comme une évidence, et il le ressentait lorsqu'elle était absente. Le temps passait sur elle comme sur eux tous. Pour la première fois de sa vie, Seshommaru aurait souhaité que les jours ralentissent leur course, que la situation actuelle se maintienne. Le taiyoukai s'aperçut non sans étonnement qu'il avait machinalement ramassé le bouquet de la petite fille.


- Kagome.

Il savait qu'elle ne dormait pas, malgré la nuit qui les avait recouverts depuis longtemps. Allongé près de lui dans leur hutte, elle ne trouvait pas le sommeil. Et il savait qu'elle ne dormirait pas sans…

- Inuyasha, pourquoi n'as-tu pas tué Kikyo la première fois que tu l'as rencontré ? Avant même de tomber amoureux d'elle ?

… Réponse à ses questions.

Il n'était pas rare que la jeune fille s'interroge ainsi sur le passé de celui qui partageait sa vie. Lorsqu'Inuyasha l'avait connu, il avait tenté de la tuer, ce qui serait arrivé sans le collier enchanté qu'il gardait en permanence autour du cou depuis lors. Collier dont elle hésitait à le libérer. Elle avait l'impression qu'il créait une sorte de lien entre eux. Assurance stupide depuis maintenant un an qu'ils étaient ensemble, elle n'avait plus de crainte fondée à avoir sur ce sujet. Inuyasha ne lui en parlait pas, se contentant de pester lorsqu'elle utilisait l' « Osuwari », ce qui arrivait de plus en plus rarement.

Le demi-démon ne s'étonna pas d'une telle question. Kagome avait besoin de réponses en rapport à sa relation avec Kikyo, et il avait besoin qu'elle sache, même si il était difficile pour lui de confier ce qu'il s'était efforcé d'oublier depuis si longtemps : les douleurs de son passé.

- Lorsque ma mère est décédée, on m'a chassé du village où elle vivait. J'étais un hanyô, un bâtard. Ils ne m'avaient toléré que parce que ma mère avait grandi parmi eux, et que l'abandonner aurait été odieux. Mais j'étais la preuve de sa trahison, non de son amour, comme elle s'évertuait à me le dire. Je me suis retrouvé seul, pour la première fois. Dans la forêt, j'ai été attaqué par un youkai, c'est une miko qui m'a sauvé. Elle m'a expliqué que tout irait mieux lorsque je grandirais. Que je devais être patient. Kikyo était la première, après cette jeune femme, que je rencontrais. Un vieux souvenir m'empêchait de lui faire du mal, d'autant que Kikyo était elle aussi tenu à l'écart de ceux de son… Espèce. Mais comment faire confiance aux humains après ce que j'avais vécu enfant ?

Question purement rhétorique.

Kagome s'obligea à dissimuler son étonnement. Elle obtenait parfois des réponses, des confidences du demi-démon sur son passé. Jamais en revanche il n'avait évoqué la disparition de sa mère, la seule personne qui lui ait donné de l'affection, à cet âge où il devenait un homme.

- Tu te souviens d'elle ? Cette miko qui t'as sauvé ?

- Non. J'ai oublié son visage. Cela remonte à très loin. J'ignore ce qu'elle est devenue.

Kagome se rapprocha de lui. Inuyasha se livrait peu, et lorsque cela arrivait, elle savait que c'était une marque de confiance, et d'amour. Il passa ses bras autour d'elle et s'endormit peu à peu. Cette nuit-là, pour la première fois depuis des dizaines d'années, il rêva de lui enfant. Le visage de cette mystérieuse miko ne lui revînt pas.


Bonjour tout le monde ! (Enfin bonjour à ceux qui arriveront jusqu'ici ^^)

Comme je l'avais dit, je me suis décidée à poster une suite.

En même temps depuis le temps que je la peaufine, il était temps qu'elle sorte -.-"

Sinon toujours comme dans ma première fiction, le fil de l'histoire risque de paraître lent à certains… La véritable action arrive néanmoins (si je vous assure, il y en a une)

Enfin bon je suis ouverte à toutes les critiques, positives ou négatives, donc n'hésitez pas. Après tout, si je poste mes écrits ici, c'est surtout pour avoir des avis ^^

Je poste en général un chapitre par semaine, et je compte essayer de m'y tenir, donc théoriquement la suite devrait arriver rapidement.

Cassegrain-MIB