« Bordel Clarke pourquoi est-ce que tu n'es pas encore debout ? Je te rappelle qu'on a rendez-vous dans deux heures avec les garçons pour terminer l'aménagement ! »
Quoi de mieux que la voix de ma meilleure amie pour me réveiller de bonne humeur vous me demanderez ? Octavia et moi nous vivions ensemble depuis quelques mois seulement, en colocation. Cela nous avait pris un an plus tôt, quelques mois après la mort de ma mère. Elle m'avait donné un espoir quelque chose à quoi m'accrocher et j'avais donc décidé de me lancer dans ce projet avec elle après avoir eu ma licence de sociologie. Aujourd'hui c'était le grand jour, après quelques mois de recherches intensives nous avions trouvés les locaux parfaits pour ouvrir notre galerie-café. Passionnée d'art pour ma part, Octavia avait souvent parlé d'ouvrir un café ou un bar et on s'était dit qu'on pourrait mélanger un peu tout ça. On avait envie de créer un endroit où les gens se sentiraient libre de s'exprimer, à travers des œuvres, des dessins, des chansons tout en trouvant l'inspiration entre nos murs.
Je poussais un grognement alors qu'elle venait d'ouvrir en grand les volets de ma chambre, laissant ainsi un pan de lumière s'écraser juste dans mes yeux.
« C'est bon, je me lève tu as gagné… »
Je pensais que cette phrase allait suffire pour la voir sortir de ma chambre mais ce n'était que trop mal la connaître. Quelques secondes après, je me retrouvais écrasée sur le sol en parquet de la chambre, le matelas me recouvrant à moitié.
« T'es une grande malade O ! Tu aurais pu me faire hyper mal !
- C'est vrai, mais au moins je sais que tu vas te lever maintenant. Allez debout la marmotte. »
Je m'étirais une dernière fois avant de me lever, les paupières encore lourdes par la courte nuit que j'avais passé. Même si j'essayais de faire croire que je n'étais pas surexcitée par l'acquisition de ce nouveau lieu de travail, c'était tout le contraire et la difficulté que j'avais eu à m'endormir la veille m'avait prouvé que mon excitation était à son comble. Je filais directement sous la douche pour me réveiller un peu mieux et après quelques instants je sortais de la salle de bain vêtue d'un simple jean et d'un pull rouge qui mettais un peu de peps à la vie selon moi. Le sourire qui ornait déjà mes lèvres s'élargit un peu plus quand je remarquais que ma meilleure amie m'avait déjà fait couler mon café, je la remerciais alors tout en récupérant la tasse qu'elle me tendait.
« J'ai la pression O ! Et si ça ne marchait pas ? Parce qu'honnêtement si ce concept n'existe pas c'est peut-être parce que ça ne vaut rien… Tu es sûre qu'on fait bien de se lancer dans l'aventure ? »
A son regard uniquement je compris qu'elle allait être en capacité de me rassurer. Il était rare que je doute de moi mais depuis la mort de ma mère c'était de plus en plus récurrent. Elle était adossée sur l'îlot central de la cuisine et me regardait avec son éternel sourire.
« Tu sais Clarke ? Si le projet n'était pas viable, il n'aurait absolument pas été envisageable pour notre banquier de nous prêter de l'argent. » Elle avait fini sa phrase en éclatant de rire. Un point pour elle, notre prêt n'avait pas été difficile à obtenir, loin de là. Certes j'avais eu un sacré apport mais en plus de ça il y avait pas mal de monde tenté par notre projet. On commençait d'ailleurs avec un vernissage de jeunes artistes le soir de la journée d'ouverture et la liste des jeunes talents qui se sentait d'exposer était vraiment importante.
Finalement, deux heures après mon réveil pour le moins brutal nous étions devant notre futur café, attendant Raven, Finn, Bellamy et Lincoln. Ce dernier était le petit ami d'Octavia depuis quelques semaines et c'est tout naturellement qu'il nous avait proposé son aide. Pour les autres, c'était nos amis depuis l'école maternelle alors ils n'avaient simplement pas eu le choix.
Installer ce café comme il faut avait été un long travail et ce n'est que vers 18h que l'on s'accorda une pause. Ce lieu était tout simplement parfait et j'avais hâte de le voir vivre, d'entendre la sonnette retentir quand les clients passeraient le seuil de la porte.
« Bon, on commande des pizzas, c'est moi qui invite ! Il faut bien vous remercier d'avoir contribuer à être dans les temps pour l'ouverture. »
C'est sans surprise que cette nouvelle fut plus que la bienvenue par nos amis qui avaient travaillés d'arrache-pied. Alors que l'on était en train de manger les pizzas, je me mis à parler avec Lincoln. Ce dernier semblait intéressé de près par le projet et pour cause, une de ses amies était une artiste également, il me demandait alors s'il serait éventuellement possible de lui avoir une petite place sur les murs du café. La liste d'attente était vraiment longue et de ce fait je ne savais pas vraiment si je pouvais me le permettre. Je lui proposais alors de lui demander de venir le lendemain, ainsi on pourrait savoir si oui ou non son talent avait sa place sur les murs de notre établissement. Il me laissa tout de même son nom, par précaution. Lexa Woods. Il fut ensuite accaparé par sa petite amie et je reportais quant à moi mon attention sur mes autres amis qui se trouvaient là également. Tous devaient revenir le lendemain, c'est ce qui était bien avec eux, on se sentait vraiment comme une famille. Peut-être parce que quelque part on avait tous des parents un peu spéciaux ou décédés. C'est ce qui nous avait vraiment soudé en grandissant.
A 22h on se sépara tous, épuisés par cette journée de déménagement. Je rentrais avec Octavia pour ma part et sur le chemin je lui fis par de ma discussion avec Lincoln et elle semblait complètement emballée par l'idée de rencontrer cette fille qui était l'amie de son petit ami. Il fallait avouer que Lincoln était quelqu'un d'assez mystérieux, et si j'étais absolument sûre de l'amour qu'il ressentait pour ma meilleure amie, je me posais quelques questions sur qui il pouvait bien être. Exténuées par cette journée, nous rejoignions directement nos chambres respectives pour nous laisser tomber dans les bras de Morphée. La journée avait été longue et la soirée de demain le serait certainement plus encore. Nous avions pris la décision de n'ouvrir que pour le vernissage étant donné qu'il était samedi le lendemain. En ce qui concernait l'activité « café », nous ne commencerions que le lundi matin, une fois que les potentiels clients auraient découvert le lieu.
La journée du lendemain passa à une vitesse folle, Octavia et moi avions un tas de chose à faire pour finaliser l'ouverture, des coups de fils à passer, les œuvres à accrocher et mettre en valeur mais également du personnel à recruter. En temps qu'organisatrice de l'événement je devais être 100% disponible et O ne pourrait pas assurer le service toute seule. Nous étions en collaboration avec une association de jeunes artistes et ils nous subventionnaient pour les événements tel que celui-ci, ça nous permettrait de trouver quelqu'un pour nous épauler.
18h, il ne restait à présent que quelques minutes avant que les premiers artistes arrivent. La première exposition était un peu particulière dans le sens où il y avait un thème, on leur avait demandé de représenter le café de leur rêve et il y avait des résultats assez impressionnants. Au-delà des toiles, on y trouvait également des photographies, des collages, des poèmes, des descriptions… Toutes les formes d'art étaient représentées. En réalité bien plus qu'un café d'artiste c'était un véritable musée dans lequel on pouvait prendre quelques boissons et s'inspirer. Du moins à l'étage, le bas quant à lui restait un peu plus classique, il nous fallait bien attirer une clientèle plus ou moins fidèle pour fonctionner. Nous étions fin prêtes. Mon regard se posa alors sur ma meilleure amie et au sourire qu'elle me fit je compris qu'elle avait compris ce que je comptais lui dire. Il était temps de retourner la pancarte en position « Open ». Le café « Entre les murs » était officiellement ouvert pour la toute première fois. Nous étions dans un état d'excitation sans pareil, j'étais à la fois hyper stressée mais pleinement heureuse de tout le travail que nous avions accompli.
Il ne fallut que quelques minutes d'attente pour voir les premières personnes arriver. Beaucoup étaient des artistes exposés mais ils étaient là avec leur famille et amis. Nos amis étaient à également, ils nous firent un simple signe de la main et allèrent en direction de la mezzanine, là où se déroulait le vernissage. Une vingtaine de personnes était finalement arrivée quand je pris la décision de rejoindre moi aussi l'étage et ce que je vis fut une réussite sans pareil. Au bar du haut qui n'était ouvert que pour les événements de ce type, le jeune homme que l'on avait embauché s'afférait à faire des cocktails de toute sorte. L'éclairage était parfaitement chaleureux et collait à la perfection avec les briques rouges et les poutres en bois apparentes de la pièce. Bien sûr, j'avais déjà vu cette pièce des dizaines de fois, mais l'animation qu'il y avait avec toutes ses personnes qui discutaient autour des œuvres au mur rendait le lieu encore plus charmant que je l'avais espéré. Je discutais avec diverses personnes, il y avait même la presse locale qui voulait une petite interview ! C'est finalement Octavia qui venait de monter à son tour qui prit le relai. Elle était bien plus bavarde que moi et n'aurait aucun mal à parler de notre projet.
Il y avait au final pas mal de monde, je me faufilais entre la foule afin d'aller discuter avec l'extra embauché pour l'occasion. Il me dit que tout se passait bien pour lui, tant mieux, j'espérais que ça soit le cas pour peut-être le réembaucher en cas de besoin. J'allais quitter le comptoir du bar quand mon regard se posa sur une brune aux yeux verts. Elle paraissait vraiment très mystérieuse et presque renfermée mais la voir comme ça, accoudée sur le comptoir me donna envie de l'aborder. Je n'avais que rarement vu une si belle femme et alors que j'allais finalement lui adresser la parole, Octavia arriva toute joviale.
« Clarkou, tu as vu ça ? On est plein à craquer, les gens adorent le concept ! J'ai enchainé quelques interviews, ça nous fera un maximum de pub. C'est génial, vraiment je t'adore, j'adore ce café, tout est parfait ! Hé Clarke ? Tu m'entends ? Ici ta meilleure amie tu sais ? Celle que tu es toujours censée écouter parler ! »
Ces derniers mots me ramenèrent complètement hors de mes pensées. J'étais totalement subjuguée par la personne que je regardais quelques secondes auparavant alors que je n'avais pas la moindre idée de qui ça pouvait bien être. Je secouai légèrement la tête et reporta mon regard sur Octavia.
« Excuse-moi, j'étais dans mes pensées ! Oui ça marche super bien, tout le monde semble aux anges, on a géré ma belle ! »
C'est pendant que je prononçais ces derniers mots que Lincoln vint prendre doucement Octavia par les hanches et déposa un tendre baiser sur sa tempe avant de me répondre.
« Tu as raison, vous avez géré, mais tant qu'on y est, je vous présente Lexa, c'est elle dont je t'ai parlé hier ! »
Prête à la saluer, je me tournais vers la personne indiquée avant de me rendre compte qu'il s'agissait de la jeune femme que je fixais il y avait quelques minutes seulement. Essayant de ne pas me laisser décontenancer par le sourire qu'elle m'adressait, je le lui rendis tout en tendant la main en sa direction.
« Enchantée Lexa, moi c'est Clarke »
Et alors qu'elle venait tout juste de serrer ma main, je savais que cette rencontre allait très certainement changer ma vie à tout jamais. Je ne savais encore pas comment mais elle allait bouleverser mon quotidien j'en étais certaine.
