Cet OS a été écrit dans le cadre des Nuits du fof, sur le thème « pendule ». Pour plus d'informations sur les Nuits ou sur le fof, n'hésitez pas à m'envoyer un petit message !
Ultima necat
Il y a longtemps – bien longtemps, lorsqu'elle était enfant – Katarina avait passé de longues minutes à fixer la pendule qui ornait la cheminée du salon familial, dans la maison de Dresden où elle avait grandi. Elle aimait le dessin du bois et l'engourdissement qui naissait quand on suivait le balancier de gauche à droite à gauche un peu trop longtemps. Mais surtout, elle aimait la phrase gravée au fronton de l'objet, dans une langue qu'elle ne connaissait pas.
Elle avait fini par demander une explication à son père. Elle devait avoir huit ou neuf ans à l'époque, peut-être sept. Qu'importe. C'était du latin, avait-il répondu. La deuxième partie d'une vieille inscription, qu'on retrouve traditionnellement sur les horloges et les pendules, pour rappeler aux hommes qu'ils ne peuvent échapper au temps qui passe.
Vulnerant omnes, ultima necat.
Quand elle s'était lancée dans la physique quantique, elle ne pensait pas que ça la mènerait là, à travailler sur le temps qui passe et qui se déroule. Elle avait appris bien sûr la théorie – les théories, sur le passage du temps, mais envisager de le faire vraiment, de trouver effectivement un moyen de revenir en arrière et de changer les évènements… Non, jamais elle n'avait vraiment cru que ce serait possible.
Jusqu'à ce que ça devienne nécessaire et vital, une obsession dont elle avait fait l'œuvre de sa vie, et qui avait effectivement révolutionné la science. Non pas qu'elle ait la moindre chance de gagner un prix Nobel. Non pas qu'elle l'ait fait pour la science.
Et, regardant Cole revenir de sa première mission, avec du sang sur les mains et le visage hanté, la mission accomplie mais le passé intact… Le souvenir entêtant de la vieille pendule et de la voix de son père était revenu s'incruster dans sa mémoire.
Toutes blessent, la dernière tue.
- Toutes qui, Papa ?
- Les heures, Katarina.
Devant les missions qui s'enchainaient et les informations qui changeaient, éloignant toujours plus loin la réécriture promise et l'avenir glorieux qu'elle voulait pour sa fille, la petite phrase latine revenait de plus en plus souvent dans les pensées de Katarina. Ultima necat.
La dernière tue.
Oui mais laquelle ?
Voilà, j'espère que ça vous a plu... La citation latine est véridique et classique, et je l'aime beaucoup, pour tout le côté un peu... glauque qu'elle peut avoir. N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire !
