Chapitre 1 : Planet of Fire

« Tegan, dans le TARDIS, vite ! »

Le Docteur regarde son vieil ennemi, enveloppé par le gaz numismaton, reprendre sa taille normale. Le Seigneur du Temps maléfique rit, les yeux étincelants de joie mauvaise.

« Par ce feu, je vais devenir mille fois plus fort. Et je te traquerai jusqu'aux confins de l'univers ! » lui crie-t-il.

Mais le flux change de couleur, et les yeux du Maître changent d'expression. Ils passent de la joie à la panique.

« Oh ! » halète-t-il.

Il tend un bras suppliant vers le Docteur. Il est incapable de sortir seul de ce piège où il s'est enfermé lui-même.

« Arrête le rayon, gémit-il. Tout de suite. »

Le Docteur le regarde fixement. Sa main, au dessus du bouton d'annulation, ne bouge pas d'un millimètre.

« Docteur ! Je deviendrai ton pire cauchemar jusqu'à la fin des temps ! Aide-moi ! » ajoute-t-il aussitôt, changeant de tactique.

Tegan, restée sur le seuil du TARDIS, voit que le Docteur ne réagit pas à l'appel de l'homme piégé. Elle crie :

« Docteur ! »

Le Maître a menacé, il a supplié, il tente maintenant d'appâter celui qui tient sa vie sous ses doigts :

« Je te donnerai tout ce que tu peux désirer ! »

Mais le Docteur ne bouge toujours pas.

La supplication à nouveau :

« Je t'en prie ! »

Tegan crie :

« DOCTEUR ! »

Celui-ci la regarde enfin. Il se voit dans les yeux de la jeune femme. Il voit la part d'ombre qui couve toujours en lui. Cette part d'ombre qu'il arrive habituellement à combattre, mais qui ressurgir parfois.

Au comble de la douleur, le Maître fait une dernière tentative :

« N'auras-tu pas pitié de ton propre… »

Un hurlement retentit, faisant frissonner la jeune femme.

À cet instant, la main du Docteur enfonce le bouton d'annulation.

L'homme s'effondre. Tegan a immédiatement le réflexe de se précipiter vers lui. Le Docteur crie :

« Non, laisse-le ! »

Il n'a aucune confiance dans son vieil ennemi. Tout cela peut aussi bien être une ruse et un piège.

Tegan s'accroupit d'abord près du corps étendu. Elle hésite, puis elle se relève et s'éloigne. Après sa première impulsion qui a été de demander grâce pour lui, elle se souvient de ce qu'il est, et du mal qu'il lui a fait.

Il commence à se redresser. Il cherche à fuir comme toujours, mais ses jambes s'enfoncent jusqu'aux genoux dans le sol. Comme s'il était dans des sables mouvants, le moindre mouvement l'enfonce dans les dalles. Il se fige, haletant, paniqué.

Le Docteur a appuyé sur le bouton une fraction de seconde trop tard. Le Maître est coincé dans un état intermédiaire où son corps n'a plus qu'une partie de ses cellules. Cela le rend à demi immatériel.

Tegan malgré tout, ne peut voir une personne dans la détresse sans essayer de lui porter secours. Elle lui conseille :

« Allongez-vous. Il faut qu'il y ait le maximum de surface entre vous et le sol.

– Tegan, il ne mérite pas ta compassion. Rentre dans le TARDIS vite, la presse le Docteur. Tout va exploser d'une minute à l'autre. »

Le Maître réussit à ressortir ses jambes du sol et rampe dans une position humiliante devant le Docteur. Mais cela ne suffit pas. Il sent qu'il s'enfonce à nouveau. Il ne parviendra jamais jusqu'à la machine spatio-temporelle.

Le Docteur a une idée. Il ramasse le TCE du Maître. Il l'étudie pour trouver le bon réglage. Puis il le pointe vers son adversaire.

« Qu'est-ce que tu fais ? crie celui-ci, terrorisé.

– Je te sauve la vie, répond le Docteur. Tu n'as plus assez de cellules pour faire un homme d'un mètre à la case départ », ajoute-t-il, avec un sourire un peu trop satisfait au goût de Tegan.

Avec un cri d'agonie, le Maître est réduit jusqu'à ne plus faire que quarante centimètres de haut. À nouveau il veut fuir, mais le Docteur l'attrape par le col de sa veste et le soulève de terre.

Il le tend à Tegan :

« Je te le confie », dit-il, tandis que le petit Maître, vert de rage, lance dans tous les sens d'inutiles coups de poings et de pieds.

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Surprise, Tegan reçoit le petit homme dans les bras. Le Docteur répète pour la troisième fois :

« Dans le TARDIS ! »

Elle doit le serrer fortement contre elle. Il se débat, et elle craint de le faire tomber. Elle s'engouffre dans le vaisseau. Elle sent un pincement au poignet. Il essaye de la mordre. Mais sa bouche, de douze millimètres de large seulement, n'a pas la force d'entamer la peau.

Une fois dans la salle de commandes, elle s'assoit par terre, sachant à quel point les démarrages peuvent être chaotiques.

« Ne le laisse pas s'échapper, s'exclame le Docteur. Qui sait quels dégâts il pourrait faire à la "vieille fille", même en ayant cette taille. »

Finalement le vaisseau se stabilise dans le vortex et le Docteur disparaît, tandis que Tegan continue de lutter contre une miniature enragée du Maître.

Elle commence à se demander ce qu'il lui a pris de demander à ce que l'on sauve cet homme, responsable de la mort de tant de gens.

« Il a même a tué tatie Vanessa, songe-t-elle. Sans aucune raison. Il s'était piégé lui même dans ce flux. Il méritait son sort. Nous n'allons avoir que des ennuis avec lui. Pourquoi ai-je fait ça ? »

Le Docteur revient avec une cage de forme rectangulaire, du genre qu'on utilise pour les souris blanches ou les hamsters. D'ailleurs, elle est équipée d'une roue d'exercice en plastique coloré.

« Oh non, vous plaisantez ! s'écrie-t-elle. Vous avez une cage à hamsters dans le TARDIS ?

– À souris. C'était il y a longtemps. Je m'ennuyais. Ces petites bêtes sont amusantes à observer, répond le Docteur légèrement gêné.

– Tu n'oseras pas », s'époumone le Maître de sa voix fluette, ses yeux lançant des éclairs.

Il se tortille pour essayer de glisser des mains de Tegan.

« Vois donc si je n'ose pas », réplique le Docteur, en ouvrant le toit de la cage.

Une étincelle frise dans son regard. Voilà bien longtemps qu'il ne s'était autant diverti devant la piteuse défaite de son vieil adversaire.

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Le Maître médite sur les diverses vengeances qu'il aimerait mettre en œuvre contre le Docteur et son toutou humain. Mais aucune n'est accessible à un individu de quarante centimètres de haut, enfermé dans une cage de surcroît.

Il n'était resté que quelques jours dans la cage à souris. Le Docteur lui a fabriqué ce qu'il a appelé ironiquement une "cage à Maître". Plus grande, elle est aussi plus solide et plus confortable.

La moitié est couverte de panneaux de bois que l'on peut enlever, mais qui assure une certaine intimité à l'occupant. Pour l'équiper, ils ont utilisé le TCE pour réduire des meubles de taille normale aux proportions voulues. Et le Docteur a fait de la plomberie miniaturisée pour aménager une salle de bain fonctionnelle.

Au bout de quelques jours, ils avaient fini par l'installer dans une autre pièce, soigneusement fermée. Dans la salle de commande, il ne cessait de les menacer et les maudire. Tegan s'occupe de le nourrir. Le Docteur vérifie qu'il ne cherche pas à s'évader.

C'est ainsi qu'il découvre un jour que le Maître a caché un couteau et une fourchette dans son matelas. Depuis, on ne lui donne plus qu'une cuillère en bois pour ses repas. Il tente même de mettre le feu avec quelques livres que le Docteur a miniaturisé pour lui. On les lui retire donc.

Il s'ennuie. Aucun des deux autres occupants du vaisseau ne lui adresse la parole, ni même ne lui répond quand il essaye de leur parler.

Le Maître a toujours été persuadé n'avoir besoin de personne, mais cette solitude le rend fou, et il tuerait pour avoir une conversation banale avec n'importe qui.