Kuchiki-taicho avançait, la tête haute, vers les quartiers de la première division. Sur son chemin, les gens s'écartaient, les shinigamis s'inclinaient, mais lui continuait son chemin, sans même reconnaître leur présence. Après tout, il était à la tête du Clan Kuchiki, pas n'importe quel shinigami. Ses pensées revinrent rapidement vers le message que transportait le papillon de l'Enfer. Quelle urgence pouvait-il y avoir ? La guerre était finie, tout était à peu près rentré dans l'ordre et, même si on ne déplorait pas beaucoup de pertes humaines, toutes les mesures avaient été prises pour les familles des victimes. Plus rien ne nécessitait un appel urgent du Sôtaicho. Il fronça les sourcils et pénétra dans le hall de la première division. Il était le dernier, mais prit sa place sans mots ni excuses. Il n'en avait pas besoin après tout.
- Capitaines, commença Yamamoto sôtaicho. La raison pour laquelle vous êtes convoqués aujourd'hui est pour quelque chose d'extrêmement urgent, qui n'a cessé de me préoccuper. Vos fukutaichos ne sont pas assez forts, loin de la même. Tous ont été battus lors de la bataille de Karakura. J'ai du moi-même intervenir pour sauver Hinamori-fukutaicho, Matsumoto-fukutaicho, Hisagi-fukutaicho et Kira-fukutaicho.
- Sôtaicho, commença Hitsugaya-taicho,…
- Je n'ai pas fini. Les fukutaichos sont en manque d'entrainement, et cela presse. Si on venait à être attaqué une nouvelle fois, nous ne ferions pas le poids dans l'état dans lequel nous nous trouvons. Ainsi, à partir de maintenant, tous les taichos vont entrainer le fukutaicho d'une autre division, sans discussion !
Byakuya fronça les sourcils. Bien que justifiée, cette tâche était ennuyeuse. Ses hommes respectaient Renji, et l'entraîner avait parfois été rude. Ses méthodes ne laissaient pas de répit, et seul quelqu'un d'aussi têtu que Renji pouvait les supporter. Y avait-il une autre personne d'aussi entêté que lui dans les autres divisions ? Il observa les autres capitaines, pensant à leurs subordonnés et à leurs techniques d'entraînement. Il fronça davantage les sourcils et soupira. Sasakibe-fukutaicho déposa une feuille sur la table présente devant le vieil homme et prit la parole.
- Capitaine de la deuxième division, Soi Fon-taicho, vous aurez la responsabilité d'Isane-fukutaicho, 4ème division.
Byakuya ferma les yeux. Pourvu qu'il ne tombe pas sur Omaeda.
- Capitaine de la troisième division, Rose-taicho, vous entraînerez Omaeda-fukutaicho, seconde division.
Le leader du clan Kuchiki soupira de soulagement. Il n'avait jamais réussi à comprendre comme Omaeda avait pu devenir fukutaicho de la Seconde division, qui nécessitait discrétion et rapidité. L'homme était plus bruyant qu'un troupeau de taureaux.
- Capitaine de la 4ème division, Unohana-taicho, vous vous occuperez d'Abarai-fukutaicho, 6ème division.
Cela aurait pu être pire. Unohana pouvait apprendre à Renji à maitriser son Kido. Et il n'était pas non plus sans savoir qu'elle avait été la dernière Kenpachi.
- Capitaine de la 5ème division, Hirako-taicho, vous entraînerez Kurotsuchi-fukutaicho, douzième division. Capitaine de la 6ème division, Kuchuki-taicho…
L'attention de Byakuya se posa immédiatement sur l'homme qui avait pris la parole. Qui allait-il donc récolter. Pas la gamine de Kenpachi, il espérait.
- Avec Matsumoto-fukutaicho, 10ème division.
Il se crispa. Matsumoto Rangiku. Personne ne pouvait être plus à l'opposé de lui qu'elle l'était. Il était calme, elle était bruyante. Il était composé, elle disait toujours ses émotions à voix haute. Elle souriait tout le temps, il ne se rappelait pas la dernière fois que ses lèvres s'étaient étirées. Il était consciencieux, elle n'en loupait pas une pour confier sa paperasse à son propre capitaine. Cela allait être difficile.
- Vous pouvez disposer, annonça enfin le Sôtaicho.
Byakuya cligna des yeux. Il n'avait pas entendu la fin de la conversation. Non pas que cela soit important. Il savait ou était Renji et de qui il devrait s'occuper. Il fit volte-face, son haori de capitaine et son écharpe ne laissant derrière lui que le vent pour seul marque de son passage.
- Kuchiki-taicho, l'interrompit une voix devant le bâtiment.
- Hitsugaya-taicho ?
- … Ne soyez pas trop dur avec Matsumoto. La guerre l'a brisée, physiquement et mentalement. Elle n'est pas encore prête pour un entraînement intensif.
- C'est parce que vous la chouchoutez trop qu'elle est aussi faible.
Le jeune capitaine fronça les sourcils. A vrai dire, Byakuya n'avait répondu ça que parce qu'il ne voulait pas en entendre plus. Il savait que Matsumoto Rangiku n'était pas faible, malgré tous ses défauts. Il avait vu, après la guerre, un enregistrement de son combat contre les trois Fraccions de l'Espada n°3. Elle avait tenu bon, malgré tous les coups. C'est la peur qui l'avait anéantie. C'est cela qu'il fallait avant tout travailler.
- Taichoooooo ! cria une voix joyeuse en arrivant vers eux.
Le regard de Byakuya se posa immédiatement sur la nouvelle arrivante. Un grand sourire aux lèvres, les cheveux virevoltants au vent, une poitrine proéminente qui menaçait de sortir à chaque bon qu'elle faisait… Matsumoto Rangiku avait l'air tout sauf brisée.
- Matsumoto, tu es encore la au lieu de t'occuper de la paperasse ? gronda Hitsugaya-taicho.
Byakuya regarda l'étrange échange qui s'ensuivit avec intérêt. Ces deux la passaient leur temps à se chamailler et, pourtant, il était évident, même pour lui qui était sentimentalement handicapé, qu'ils tenaient l'un à l'autre. « Kuchiki-taicho » entendit-il soudain. Il se concentra sur la conversation et s'aperçut que la fukutaicho le dévisageait. Il soutint son regard, et ne put s'empêcher de remarquer la crainte qu'il lisait dans sa posture. On aurait dit qu'elle était prête à décamper au premier signe d'attaque. Les prochaines semaines allaient être très longues.
- Cela prend effet immédiatement Matsumoto, alors récupère tes affaires, et vas t'installer dans les quartiers d'Abarai. Et ne donne pas tout ton travail à Kuchiki-taicho !
Mais Matsumoto, au lieu de rire pour ignorer ce commentaire, se contenta de s'incliner poliment, et de s'enfuir grâce au Shunpo.
- Je l'effraie, constata-t-il à voix haute.
- Beaucoup de personnes l'effraient maintenant. Il y a encore peu, elle avait même peur de moi.
Byakuya le regarda, cachant sa surprise. Peut-être était-elle bien plus brisée qu'il ne l'avait penser alors.
