Bonjour, aujourd'hui, on se retrouve pour une nouvelle fiction, Du bout des lèvres. J'ai écrit ce chapitre en une après-midi les mots me venaient tout naturellement.

J'espère que vous l'apprécierez.

Disclaimer : Les personnages suivants appartiennent à Hiro Mashima mais l'histoire est mienne.

Univers contemporain, Gray et Juvia des temps modernes.

Résumé : Cette nuit-là, à moitié ivre, elle le charma du bout des lèvres, cet inconnu qui obsédait déjà. Lentement mais sûrement Juvia pensera son cœur meurtri.

Retrouvez en bas de page les chansons évoquées dans le chapitre.

Par une nuit d'été

Le soir tombait doucement sur la ville, il devait être aux alentours de 20h dans ce bar de la capitale. Des notes de piano et de saxophone résonnaient dans le lieu, bondé à cette heure-ci. La chanteuse sur scène fredonnait une chanson mielleuse, pour le plus grand bonheur des couples qui s'y trouvaient. Une jeune femme était assise au comptoir depuis 16h de l'après-midi, elle avait commandé un plat qu'elle avait rapidement englouti puis plusieurs boissons alcoolisées si bien qu'elle était déjà dans un état d'ébriété avancé. Elle redemanda une tequila que le barman lui refusa :

- Comment ça ? S'exclama-t-elle ? Le client est roi n'est-ce pas ? Et je suis la cliente dans l'histoire. Alors servez-moi ma tequila, je vous laisserez un généreux pourboire.

- Votre pourboire ne m'intéresse pas et vous devriez plutôt rentrer chez vous, il commence à se faire tard. Vous ne repartez pas en voiture, j'espère, car je ne peux pas vous laissez prendre le volant dans cet état.

- Rassurez-vous, je n'ai pas le permis et je rentrerai en prenant le métro, il y en aura jusqu'à 23h.

Le barman constata avec surprise qu'elle avait encore l'air d'être parfaitement lucide, mais pas précaution, il appela son manager :

- Qu'est-ce qu'on fait d'elle ? On ne peut pas la laisser dormir ici. On appelle un taxi ?

- Et c'est toi qui va le payer peut-être ?

- Qu'est-ce qu'on en fait dans ce cas-là ? L'employé avait oublié que son manager était un véritable pingre, on ne va pas laisser ici quand même ?

- Tu la raccompagneras chez elle à la fin de ton service, tu finis bien à 22h, je me trompe ?

- Oui à 22h, mais vous n'êtes pas sérieux j'espère, comme si je n'avais que ça à faire ! Je vais rentrer à quelle heure, moi ?

- Arrête de te plaindre, t'auras un petit bonus à la fin du mois, fais moi confiance.

- Ce serait la moindre des compensations !

Le jeune homme finit son service quelque peu exaspéré par la tâche qui l'attendait. Il se tourna vers la jeune femme qui s'était endormie sur le comptoir, heureusement que tous les clients n'étaient pas comme elle.

22h00, son service prenait officiellement fin, mais le plus dur restait encore à faire. Le bar s'était peu à peu vidé de ses clients. Habituellement, ils restaient bien plus tard dans la nuit. Cependant, aujourd'hui avait lieu la fête des ombres et nombreux étaient ceux qui voulaient assister aux projections sur la place de l'Hôtel de ville. Il secoua doucement l'épaule de la dormeuse, qui murmura quelques mots inaudibles. Un filet de bave s'échappait des ses lèvres entrouvertes. Elle devait être en plein milieu d'un rêve. Mais le barman n'en avait que faire, il réitéra sa tentative de réveil, avec un peu plus de force cette fois-ci. Toujours aucun mouvement de la part de la rêveuse. Irrité, il souleva doucement le visage de l'endormie par le menton et saisissant un verre d'eau fraiche, il lui versa sur le facies. La cliente se réveilla en sursaut, elle pensait être en train de se noyer. Cela eut le don de faire rire le barman. Elle braya :

- Qu'est-ce qui se passe, où suis-je ? Qui êtes-vous ? Avez-vous essayé de profiter de moi ?

- Pas du tout, vous n'êtes vraiment pas mon genre. Allez, levez-vous, il est l'heure de rentrer à présent.

- Comment ça, je ne suis pas votre genre ? J'ai du succès auprès des hommes figurez-vous ! Mais, attendez, c'est vous qui m'avez jetée cette eau sur la figure ? Vous êtes un malade ma parole !

- C'était la seule manière de vous réveiller et j'ai veillé à ne pas mouiller vos cheveux, lui précisa le « malade ».

- Je vous suis reconnaissante pour cela, mais soyez gentil, resservez-moi une tequila.

- Après tout ce que vous avez déjà bu ? Je vous rappelle que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.

- Vous vous prenez pour qui ? Une campagne de prévention du ministère de la santé ? Et puis quoi encore, mangez 5 fruits et légumes par jour ?

- Vous êtes drôles, mais je ne plaisante pas : vous avez déjà consommé pour plus d'une centaine d'euro.

- Autant ?

- Oui, levez-vous je vous prie, vous devez maintenant rentrer chez vous, comme je vous l'ai déjà dit, il commence à se faire tard. Ne vous en faites pas, je vous raccompagnerai jusque chez vous

- Merci, mais je suis une grande fille désormais, je suis assez responsable pour rentrer seule chez moi.

- Responsable ? Si vous étiez un tant sois peu responsable, vous ne vous seriez jamais mise dans un état pareil.

- Lâchez-moi un peu, voulez-vous. Je suis adulte et vaccinée. J'ai toute mes raisons d'être ivre ce soir.

- Et lesquelles, si je puis me permettre ?

- Ça ne vous concerne nullement.

- Si c'est une raison valable selon moi, je vous laisserai tranquille.

- Très bien, ça fait plus de 3 mois que mon petit-ami me trompe, mais j'ai toujours agi comme si de rien était. Mais aujourd'hui, il m'a plaquée et m'a jeté dehors, je n'ai plus nulle part où allez. Ça vous va ?

- Non, ce n'est pas une raison suffisante.

- Vous n'avez pas de cœur ? Je viens de vous dire que je suis sans domicile fixe !

- Loin de là, et vous n'avez qu'à dormir à l'hôtel.

- Et pendant combien de temps je vous prie ? Comment est-ce que je vais payer l'hôtel ?

- Il fallait y penser avant de dépenser votre argent pour vous noyer dans l'alcool.

- C'est bon, je n'ai pas besoin d'être sermonnée par un parfait inconnu.

- En attendant, où est-ce que je vous dépose ?

- Si vous y tenez tant, raccompagnez-moi jusqu'à l'appartement de mon amie.

- Ah, bah voilà quand vous voulez !

- Vous allez appelez un taxi ?

- Et c'est vous qui allez le payer, peut-être ? Inconsciemment, il venait de reprendre la pique de son manager, mot pour mot.

- J'ai compris, prenons le métro dans ce cas-là.

- Malheureusement, il ne reste plus aucun train à cette heure-ci. Si vous n'aviez pas passé autant de temps à dormir puis à argumenter inutilement, nous n'en serions pas là, il soupira longuement.

- Très bien ! Allons-y à pied, mais je vous préviens, c'est assez loin d'ici.

- Ce n'est pas grave, ce n'est pas comme si je pouvais faire autre chose de cette soirée. Attendez-moi ici, je vais enlever mon uniforme, ne bougez pas d'ici !

- Compris mon colonel, elle lui fit un salut militaire.

-Au repos, lieutenant, lui ordonna-t-il, se prenant au jeu.

Elle baissa son bras puis, une fois qu'il fut entré dans les vestiaires, elle se dirigea d'un pas résolu vers le piano à queue au centre de la salle. Il avait servi quelques heures plus tôt, la jeune fille s'assit sur le tabouret à proximité et souleva précautionneusement le couvercle qui protégeait le clavier. Il s'agissait d'un Steinway & Sons, modèle B-211 l'établissement avait donc les moyens. La jeune femme laissa ses doigts effleurer les touches du piano. Puis elle les pressa sur le clavier et se mit à jouer une partition qu'elle connaissait par cœur. Ses doigts valsaient sur le piano, elle était pleinement dans son élément, elle ne faisait plus qu'un avec son instrument, une merveilleuse osmose. Elle pianotait sans la moindre fausse note, tout son corps jouait en rythme, ses doigts, évidemment, ses bras, ses pieds frappant sur les pédales, sa tête également, qui se balançait en rythme. La pianiste jouait avec tout son être, son corps, son esprit, son âme et son cœur. Les dernières notes du morceau fendirent l'air puis ce fut le silence dans l'immense salle. La musicienne d'un soir ferma les yeux, le sourire aux lèvres.

Le barman se tenait dans l'encablure de la porte des vestiaires. Il avait observé toute la scène avec une fascination certaine. Les rayons lunaires épousaient parfaitement les courbes de la demoiselle et allaient se noyer dans sa chevelure étincelante. Les yeux du jeune homme brillaient d'admiration, il ne s'attendait pas à ce que la jeune femme maîtrise l'instrument avec une telle perfection, il s'avança vers elle pour la gratifier :

- Love's sorrow de Kreisler ? C'était une interprétation remarquable. Ça faisait un moment que je n'avais pas vu jouer quelqu'un avec autant d'ardeur. Les pianistes que nous engageons sont des intermittents du spectacle blasé et sans âme. Vous, au contraire, vous rayonner de vie.

- Merci, on est un mélomane à ce que je vois.

- Pas vraiment, c'est juste que ma petite amie jouait souvent ce morceau, elle travaillait ici il y a encore quelque temps.

- Vous êtes en couple ? C'est dommage vous aviez l'air d'un jeune homme charmant. C'est une de ses intermittentes blasées ?

- Du tout, c'était une pianiste qui donnait souvent des récitals. Elle vivait pour la musique, mais je ne pouvais totalement comprendre sa passion. Je ne le suis désormais plus, elle m'a abandonné pour se jeter dans les bras d'un danseur italien. Malheureusement pour elle, il n'est guère intéressé par les femmes. Elle a ensuite tenté de revenir vers moi, mais j'ai ma fierté, vous savez, je lui ai donc…

- Vous l'avez laissée revenir, n'est-ce pas ? Le coupa-t-elle.

- C'est le cas, mais après quelque jour, elle a décrété que ses sentiments avaient changé et que nous n'étions vraisemblablement pas faits l'un pour l'autre. Que voulez-vous, c'est la vie ?

- Mon pauvre, vous voulez trouvez un peu de réconfort auprès d'une jeune femme un peu trop ivre ?

- Merci pour l'offre, mais je ne suis pas si désespéré que ça. Une prochaine fois peut-être ? Ce n'est pas tout mais il commence vraiment à se faire tard et contrairement à d'autres, je travaille demain.

- Qu'est-ce que vous sous-entendez ? Que je suis une inactive et une assistée ?

- Je n'ai jamais dit cela.

- Sachez que je suis étudiante en journalisme, qui sait, peut-être qu'un jour, je vous interviewerai ? Bon, allons-y.

Après avoir récupéré leurs effets personnels, ils sortirent tout deux du bar. Le barman maintenant au repos veilla à bien refermer la porte de l'établissement derrière lui. Ils prirent l'ascenseur à proximité puis sortirent par le grand hall de l'hôtel. Ils se retrouvèrent dehors, les rues étaient quasi désertes et bien silencieuses à cette heure-ci. Les seuls passants qui osaient encore s'aventurer dehors revenaient de la fête des ombres, les yeux pleins d'étoiles. Quelle plaie ! S'il n'avait pas à s'occuper de cette gamine, le jeune homme aurait pu y assister.

L'air frais de cette nuit d'été s'engouffra à travers les quelques vêtements qu'il portrait. La jeune femme légèrement vêtue se mit à frissonner, il lui tendit sa veste :

- Merci Monsieur le Gentleman. Comment vous appelez-vous d'ailleurs ?

- Ça ne vous concerne nullement, lui répondit-il malicieusement, réutilisant ses propres mots.

- Ne faites pas l'enfant ! Je m'appelle Juvia et vous ?

- Juvia ? Le prénom glissait étrangement sur sa langue, c'est original, on dirait un prénom inventé.

- C'est le cas, mes parents sont des personnages fantaisistes. Ils auraient pu se contenter de me donner un prénom plus commun comme Chloé ou Marie, que sais-je ? Non, ils se sont sentis obligés d'en imaginer un eux-mêmes. En plus, Juvia, ça ne ressemble à rien, Julia ça aurait été parfait.

- Au contraire, je trouve que ce prénom vous sied bien, il révèle toute la singularité d'une jeune femme qui serait venue dans un bar pour noyer son chagrin dans l'alcool après s'être fait plaquer par son compagnon, qui se serait endormie sur le comptoir dans le plus grand des calmes. Puis l'instant d'après, elle aurait joué, avec perfection une composition de Kreisler tout en étant encore somnolente.

- C'est vrai que ça me résume plutôt bien. Elle sourit dans sa direction. Et vous ? Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous vous appeliez.

- Gray, laissa–t-il échapper.

- Ça ne vous va pas, avoua-t-elle un peu déçue.

- Vous trouvez ? Pourquoi ?

-C'est trop banal, sans personnalité. C'est un prénom glacial, qui ne donne pas envie de connaître la personne qui le porte.

- Dois-je prendre ça comme un compliment ?

- Oui, vous avez l'air d'une personne assez chaleureuse, quelqu'un d'attentionné et de facile à vivre.

- Chaleureux, c'est bien la première fois qu'on me le dit.

- Vous semblez l'air pourtant, vos amis ne vous le disent jamais ?

- Ils ne sont pas du genre à me faire de telle déclaration.

- C'est dommage, ils pourraient le regretter un jour. Il faut toujours être sincère avec les personnes auxquelles on tient. Elle trébucha en disant ses mots et Gray parvint de justesse à la retenir, il passa le bras de la demoiselle autour de ses épaules et glissa sa propre main autour de sa taille de guêpe.

- Qu'est-ce qui vous prend ? Un brin d'inquiétude transperçant sa voix.

- Ce n'est rien, ce sont juste les premiers signes de l'alcool qui se manifestent.

- Avec autant de retard ? Quel genre d'être humain êtes-vous ?

- Qu'est-ce qui vous dit que je suis humaine ? Elle se mit à rire doucement.

- Et quelle idée de porter des escarpins aussi ?

- En sortant de chez moi, je me rendais seulement à un rendez-vous amoureux, pas dans un bar pour me bourrer la gueule, voyez-vous ? Soyez indulgent avec une jeune femme au cœur brisé.

- Vous voulez monter sur mon dos ? Ce sera plus pratique pour nous deux.

- Si vous insistez, je ne puis mon refuser, mon chevalier servant.

Sur ce elle retira rapidement ses escarpins et se hissa sur le dos du jeune barman. Elle noua ses bras autour de son cou, tandis qu'il empoigna ses cuisses. Elle était plus légère qu'elle ne paraissait l'être. Sous ses doigts, la peau de ses cuisses était douce et chaude. Il eut la soudaine envie d'y enfouir sa queue. Qu'est-ce qui lui prenait ? Il devait calmer ses ardeurs au plus vite.

Le silence qui les entourait était agréable. Soudain, Gray arrêta sa marche pour contempler le ciel dégagé et étoilé. Depuis quand ne s'était-il pas arrêter dans la course de sa propre vie pour profiter de la vue ? Pendant tout ce temps, il était bien trop obnubilé par ses problèmes pour prendre du recul et souffler un peu. Cette nuit éclairait délicatement son esprit embrumé. Il en remercia intérieurement la jeune femme sur son dos. Elle avait apporté un vent de fraicheur dans cet été suffoquant. Il reprit sa marche mais le silence lui sembla soudainement oppressant :

- De quel côté je tourne maintenant ?

- A gauche, puis dans 50 mètres tournez à droite, dit-elle d'une voix robotique imitant les indications d'un GPS.

- Ce GPS est bien lourd, je devrais peut-être le laisser sur le bord de la route, je me débrouillerai sûrement mieux avec une carte.

- Hé, ce n'est pas une chose à dire à une délicate jeune femme. Vous voulez jouer à un jeu ? lui proposa-t-elle subitement.

- Pourquoi pas ? Lequel ?

- C'est un peu comme trois petits chats, il faut…

- Ce sera sans moi, l'interrompit-t-il.

- Laissez-moi finir ! Donc je vous le disais, c'est un peu le même principe que trois petits chats, l'un de nous commence à chanter une chanson et l'autre doit en chanter une qui commence par le même mot. Allez, jouez ce sera amusant, vous verrez ! Et puis ça nous fera passer le temps, la route est encore un peu longue.

- Bon d'accord, mais vous commencez !

- Très bien, 3, 2, 1, elle prit une longue inspiration puis débuta sa chanson :

"Travel to the moon, as the dream you wave slowly comes to life, only you by my side as we laugh and dance under the fragile starlight"

- Une chanson commençant pas "starlight" donc ? Je me lance mais ne riez pas !

-C'est promis, je vous écoute.

« Starlight, I'll be chasing a starlight. Until the end of my life. I don't know if it's worth anymore. Hold you in my arms, I just want to hold you in my arms."

- Mais vous êtes drôlement doué, dîtes donc ! A mon tour :

"Armstrong, je ne suis pas noir, je blanc de peau. Quand on veut chanter l'espoir, Quel manque de pot. Oui j'ai beau voir le ciel, l'oiseau. Rien, rien, rien ne luit là haut. Les anges…zéro."

- C'était quoi ça ? Le jeune homme avait éclaté de rire.

- Armstrong, de Nougaro, vous connaissez ? C'est de la chanson française.

- Ça je le sais bien, c'est juste que je ne m'y attendais vraiment pas. Zéro donc ? Ce n'est pas simple.

- Je suis sûre que vous trouverez quelque chose.

- " Zero, zero, zero, zero, zero. That's how many fuck I give. Wake up with a dime. Get up to no good, get up and you could go out, free your mind"

- Quelle élégance! Soite, "My mind, my mind. Down and out with my dumb friend, ready to misbehave. Forget about Monday to Friday, 'cause I've been working like a slave. Creepin' toward the weekend, I'm able to shine."

-"Shine your light down on me. Lift me up so I can see. Shine your light when you're gone. Give me the strength to carry on."

- "Carry on my wayward son. There'll be peace when you're done. Lay your weary head to lay. Don't you cry no more."

- "No more tears, no more tears. So now that it's over can't we just say good-bye? I'd like to move on and make the most of the night."

- "I'm making the most of the night. I know you've had a rough time. Here I've come to hijack you. (Hijack you) I love you."

La jeune femme rougit légèrement devant les mots qu'elle venait de prononcer. S'agissait-il d'une déclaration implicite ? Mais elle ne put y songer davantage car le brun avait recommencé à chanter. Ils continuèrent ainsi de longue minutes, jusqu'à arriver devant l'immeuble de l'amie de Juvia. Il s'agissait d'un immeuble mal famé, il n'y avait aucune sécurité à l'entrée et les deux jeunes entrèrent en poussant simplement la lourde porte. Le porche était poussiéreux et humide. Gray la déposa alors devant la cage d'escalier, il s'assura qu'elle pourrait rejoindre l'appartement sans encombre :

- Vous êtes sûre que vous pourrez monter seule, il n'y a pas d'ascenseur. Et vous avez les clés au moins ?

- Mais bien sûr ! Vous me prenez pour qui ? Sinon, ne vous en faites pas, je suis encore capable de marcher.

- Merci pour la soirée, le jeu était sympa, finalement. Ça m'a permis de m'aérer l'esprit.

- Mais ne me remerciez pas, remerciez plutôt mon petit ami de m'avoir plaquée et d'avoir couché avec ma cousine !

- Quel cynisme ! Vous en devenez terrifiante.

- C'est possible. Mis à part cela, vous ne tenez pas à récupérer votre veste ?

- Gardez là pour le moment. Mieux vaut couvrir vos épaule dénudées et puis je suppose que vous n'avez aucun vêtement à vous chez votre amie, je me trompe ?

- Vous avez raison, mais quand est-ce que je dois vous la rendre ?

- Quand vous aurez un peu de temps, repassez donc au bar, j'y travaille tous les jours exceptés le mardi et le dimanche. Ce sera un plaisir de vous revoir.

- Que puis-je faire pour vous remerciez ? Vous avez été très prévenant à mon égard.

-Je ne sais pas, nous aurons tout le temps d'y repenser plus tard. On peut se contenter d'échanger nos numéros pour le moment. Ça vous dérange si je fume ici ?

- Oh, pas du tout, allez-y.

Le brun fit glisser sa main jusque la poche avant de sa veste. Il saisit son paquet de clopes ainsi que son briquet, inconsciemment, il effleura au passage le sein gauche de la demoiselle qui gémit à ce simple toucher. Le jeune homme en sourit :

- On est en manque à ce je vois ?

- Vous n'avez même pas idée, ça fait des semaines que je n'ai pas baiser, lui avoua-t-elle de but en blanc.

- Arrêtez de me chauffer, vous pourriez le regrettez amèrement.

- Faites le moi donc regretter.

A l'entente de ses mots, Gray fit glisser ses doigts jusque la taille de la jeune femme, puis il descendit progressivement jusqu'à ses cuisses. Il faufila ensuite sa main sous sa fine robe et vint tâter son postérieur. Ses doigts étaient si frais que Juvia frissonnait à chacune de ses caresses, elle imaginait déjà le barman en elle et en jouissait d'avance. Cependant une fessée, puis plus rien. Le brun s'était déjà détourné d'elle et avait allumé sa cigarette, son excitation commença à retomber, il lui sourit alors malicieusement :

- Alors, on commence à regretter ?

- Vous êtes terriblement cruel. Tout ça pour si peu, je suis tellement frustrée.

- Ce sera sûrement pour une prochaine fois. Vous n'êtes pas parfaitement consciente ce soir.

- Je le suis parfaitement, j'ai été capable de jouer avec précision Love's Sorrow. Et puis qu'est-ce qui vous dit que j'en aurai envie la prochaine fois ? J'ai envie de vous ici et maintenant ! lança-t-elle sans se rendre compte de l'impact de ses mots sur Gray.

- Je suis certain que vous en aurez envie. Vous êtes irrésistiblement attirée pas ma personne. La preuve en est : si je vous proposais de vous prendre dans cette cage d'escalier, vous n'hésiteriez pas une seule seconde.

- Vous marquez un point, reconnu-t-elle.

Le brun souffla sa fumée nocive dans sa direction, elle se mit à chantonner :

- "Everything is Grey. His hairs, his smoke, his dreams. And now he's so devoid in colors he don't know what it means."

- Qu'est-ce qui vous prends ?

- C'est seul moyen que j'ai trouvé pour calmer mes ardeurs. Mais je suis certaine que vous, vous bandez encore. Mais ça peut s'arranger, vous savez ?

- L'offre est alléchante mais je me dois de refuser. Comme je vous l'ai déjà dit, je ne vous toucherai pas tant que vous ne serez pas parfaitement consentante.

- Très bien, je ne vais pas insister davantage. Vous n'aurez qu'à vous toucher seul de retour chez vous. Sur ce je vais monter, je commence à me sentir somnolente. Mais avant cela…

Juvia s'était promptement rapprochée du barman. Avant même qu'il ne puisse s'en rendre compte, elle avait déposé ses lèvres sur les siennes. Sa langue s'introduit par effraction dans sa bouche puis en ressortit pour savourer la lèvre inférieure du brun, elle était délicatement parfumée à la nicotine. Les mains du jeune homme avaient rejoint sa taille, il la pressait un peu plus contre lui pour l'inciter à approfondir le baiser. Pendant ce temps, les mains de la jeune femme s'accrochaient désespérément à son cou. La jeune femme mit fin au baiser et commença à gravir les escaliers, avant de s'enfoncer dans l'ombre, elle ajouta :

- C'était un petit remerciement pour cette soirée. Ne soyez pas trop frustré. On se reverra bientôt, d'ici là, pensez à moi.

- Je ne suis pas près de penser à autre chose. Comment avez-vous réussi à me faire bander du bout des lèvres ?

- C'est un secret, je vous apprendrai peut-être la prochaine fois. Passez une bonne nuit.

- Bonne nuit.

La jeune femme remonta le long escalier en fredonnant :

"Everything is blue. His pills, his hands, his jeans. And now I'm covered in the colors. Pull apart at the seams. And he's blue, he's blue. You were red and you liked me because I was blue. But you touched me and, suddenly I was a lilac sky. Then you decided that purple just wasn't for you."

Elle arriva enfin devant l'appartement de son amie. Elle se baissa jusqu'à atteindre le paillasson, elle le souleva doucement et en extirpa la clé. Meldy était toujours aussi imprudente. Mais cette fois, le défaut de son amie l'arrangeait bien. Elle tourna précautionneusement la clé dans la serrure. Une fois la porte ouverte, elle s'engouffra dans l'appartement. Elle resta un instant muette devant le désordre ambiant, cependant elle n'était qu'à moitié surprise, son amie avait toujours été bordélique et Juvia n'espérait plus un changement de sa part.

Le lendemain, lorsqu'elle aura un peu rechargé ses batteries, elle s'affairera à faire le ménage. Meldy sera de retour d'un voyage d'affaire dans quelques jours et elle avait hâte de lui faire une petite surprise. Elle lui racontera sa rupture avec Bora, elles engloutiront alors des pots de glace devant la télévision pour se consoler. Puis Meldy l'accompagnera jusqu'à son appartement pour récupérer ses affaires et confronter son ex petit-ami. Enfin, Juvia se mettra à aller de l'avant, à chercher un boulot puis elle retournera rayonnante au bar et y retrouvera Gray, ils passeraient enfin la nuit ensemble.

Mais pour l'instant, elle pouvait se contenter de penser aux lèvres du brun, empreintes de tabac. Elle jeta un coup d'œil à son téléphone, elle avait reçu de nombreux messages de la part de Bora, il tenait à s'excuser et à la reconquérir. Mais cela importait peu à Juvia, elle l'avait déjà oublié. Si elle n'avait pas rencontré Gray, elle aurait sûrement accepté de revoir celui qui l'avait trompée. Mais son cœur était passé à autre chose, il ne battait désormais plus que pour le barman.

Se sentant soudain courbaturée, Juvia se laissa tomber sur le canapé lit. C'était le seul endroit de l'appartement sur lequel Meldy n'avait pas éparpillé ses affaires. Elle s'y étendit de tout son long et se couvrit de la veste du brin, comme s'il s'agissait d'une couverture. Ses jambes étaient encore nues, ainsi elle pouvait profiter pleinement de la fraicheur ambiante. Entourée par l'odeur du barman qui lui faisait tourner la tête, elle s'endormirait facilement.

Ce fut par une nuit d'été qu'elle s'éprit d'un parfait inconnu.

Alors qu'en avez-vous pensé ? N'hésitez pas à laisser une courte review.

Pour la chanson mielleuse du bar, j'avais pensé à For you de Christina Zavalloni

Durant leur petit jeu musical, Gray et Juvia ont chanté :

- Little pain, cover d'Amanda Lee

- Starlight de Muse

- Armstrong de Claude Nougaro

- Zero de Chris Brown (Désolée, je n'ai rien trouvé de mieux commençant par Zéro.)

- Lose my mind de Brennan Heart & Wildstylez

- Shine your light de Robbie Robertson

- Carry on my wayward son de Kansas

- No more tears d'Ozzy Osbsourne

- Making the most of the night de Carly Rae Jepsen

J'hésite à vous créer une petite playlist sur Youtube ou Deezer.

On se retrouve, je l'espère, samedi prochain pour le chapitre 2. Cette fiction comprendra au minimum 5 chapitres.

D'ici là soyez heureux !