Disclaimer : Non, rien de rien, rien de m'appartient (même pas Ron, malheureusement) tout est à JKR...

Hermione s'ennuyait. Elle sentait que sa plume s'ennuyait elle-aussi. Aujourd'hui, oui, aujourd'hui, elle pouvait se permettre de lui écrire, non? Elle pouvait casser la résistance et prétexter la Nouvelle Année, moment ultime de la prise de bonnes résolutions et autres arnaques.
Bine entendu, dire qu'elle lui pardonnait, serait juste un tout petit mensonge, mais elle serait la seule à le savoir après-tout.
Elle prie la plume et coucha avec soin les mots amers qui lui rongaient le coeur...

"Très cher Ronald,

Nous voici en ce début de Nouvelle Année et je pense que tu dois probablement être en apnée quelque part dans la bouche de Lavande.

Même si je n'en avais pas très envie j'ai décidé de le faire, j'ai décidé de t'écrire. Le meurtre est interdit, et puis surtout, je pense être promue à une plus grande carrière que celle de Prisonnière à Azkaban. De plus, je ne saurais à laquelle de vos deux vies misérables mettre un terme. Quel affreux dilemme. Peut-être les deux, qui sait...

Je ne t'écris pas pour te parler des délicieux scénarii que mon esprit confectionne lorsque je t'aperçois dans les couloirs, un dindon pendu à ton bras, ni encore te quémander une amitié dont tu n'as, visiblement, plus envie. Oui, vois-tu, tes envies me semblent, à l'heure actuelle, à un niveau si bas que je pourrais, presque, marcher dessus.

Cela me fait du bien de t'écrire mais ce n'est en rien agréable, car ce que je dois te dire ne le sera probablement pas. Cependant, je le fais car je pars bientôt à Londres et que nous n'avons pas pu parler de vive voix. Enfin si, les voix ont été vives, mais c'était il y a quelque temps maintenant et j'ai peur que pour obtenir ton attention, il me faille exécuter les menaces décrites plus haut..

Quoi qu'il en soit, nous sommes tellement "amis" ces derniers temps que je sais ce que tu fais par le biais de ta sœur ou de Harry, et je ne suis pas très sûre que tu sois au courant que je vive encore.

Ces derniers mois ont été dévastateurs. Lorsque tu as décidé d'installer cette greluche entre nous, je me suis rendue compte que l'on ne mesurait jamais assez à quel point trier le vrai du faux était difficile. Donc, nous y voilà, en quelque jours seulement, il n'y avait plus à mes côtés, de rouquin au nez sale et à la baguette brisée. Je me suis sentie dépouillée de cette personne qui comptait parmi mes amis les plus chers et à qui j'aurai donnerai le bon dieu sans confession, et une totale confiance.
Je te vois me dire : "mais c'est toi qui a déclenché ça, avec les oiseaux de malheur que tu m'as jeté au visage!". Et tu auras raison, c'est moi. Je suis totalement responsable de ce sort. J'en suis même très fière. Je suis néanmoins un peu déçue de n'avoir pu le faire qu'une seule fois.

Après tout, si cela est arrivé, si après ces 6 années, tu as agi exactement comme au Bal de Noël il y a deux ans, c'est que notre relation (j'en parle au passé volontairement) n'était peut-être pas si solide et indestructible, ou alors j'étais la seule à penser qu'elle l'était. Au début je m'étais dit que , c'était simplement une amitié un peu exceptionnelle. Je m'en suis convaincue aussi longtemps que j'ai pu ou que je pouvais. Parfois j'y croyais, parfois je savais que pas un seul instant dans ces 6 ans, je n'avais ressenti d'amitié pure et simple pour toi. J'ai compris tout cela l'année dernière, en réalisant que toutes les fois où l'on se séparait, je me sentais si dévastée que je t'aurais bien crié à chaque séparation la belle tirade de Mr. Darcy à Elisabeth Bennet (c'est dans un livre moldu) : "En vain ai je lutté, rien n'y fait. Je ne puis réprimer plus longtemps mes sentiments. Laissez-moi vous dire l'ardeur avec laquelle je vous admire et je vous aime."

J'ai bien fait de ne réaliser cela que tardivement, la manœuvre aurait surement était passablement effrayante...autant pour toi que pour moi.
Il y a pleins de choses que j'aurais voulu te dire avant. Les choses sont peut-être mieux ainsi, pour que tu puisses avancer, avec ton boulet-sangsue au bras, et surtout, que je puisse avancer, vivre la grande histoire d'amour, aujourd'hui ou demain, que je me suis empêchée de vivre pendant 6 ans pour tant de raisons qui te concernent : l'immortelle sensation d'être passée à côté d'un idéal, l'émotion unique et incontrôlable provoquée par nombreux de tes regards, par tes gestes et par tes mots en général (ou plutôt ta manière de t'exprimer...oui, j'ai beau savoir maintenant que c'était du vent, c'était ainsi), les souvenirs sacrés d'une symbiose parfaite comme je n'en avais jamais connue lorsque l'on rentrait en confrontation, la sensation de n'être complète qu'en ta présence, ... tant de choses qui font que, sans être folle, j'étais juste idéaliste et quelque part au fond de moi je me disais qu'un jour tu comprendrais, comme moi j'ai compris, que toi et moi, c'était comme une comédie romantique, mais qui finirait bien et où le héros aurait le déclic avant que l'héroïne ne meurt écrasée par un train, ou foudroyée.

Mais non, parce que même après cent ans, tu ne comprendrais pas, jamais...Pour la simple raison que la compréhension nécessite la présence d'un cerveau, et puis parce que tu es dense comme un réacteur nucléaire, et surtout parce que tu es zoophile. Tu as déclaré toi-même ton amour pour les volailles après avoir gagné le match de Quidditch...

Et avec cette déclaration, ces 6 années d'attentes fébriles, sont parties aussi vite qu'un battement d'ailes. On croit toujours que les choses sont différentes de ce qu'elles paraissent, on veut se convaincre que certaines personnes ne sont pas si ordinaires...Faux. Nous ne sommes tous qu'un ramassis de connerie et de faux-semblants, et je parle aussi de moi, et surtout de moi en fait. De moi, qui ai réussi à me voiler la face, autant que ça me crevait moi de devoir me mentir, de m'avouer l'inavouable : depuis cet instant (tragique?) où j'avais ouvert le compartiment du train, mes sentiments pour toi n'avaient JAMAIS (en majuscule c'est mieux) changé. Et prendre conscience de ça, c'était absolument terrible. Et tout ça pour quoi? Parce que je me suis posé la question de savoir "si à l'heure d'aujourd'hui je serais capable de vouloir être avec quelqu'un d'autre que toi et si tu n'étais pas l'homme de ma vie". Rien que ça. Quoi qu'il en soit, la prise de conscience de cette tragique réalité n'a rien à voir avec la distance que j'ai voulu mettre avec toi. Cette distance là a plus à voir avec ma fierté et la détestable sensation de n'avoir jamais été assez féminine pour que tu le remarques. Sache que je ne pourrais peut-être jamais être une dinde qui glousse, mais une sangsue, oui. Ça, tu ne le sauras, hélas, jamais.

Ces "extraordinaires" et déstabilisants sentiments qui ont « bloqué » ma vie sentimentale pendant tout ce temps et dont je pensais,dont j'étais persuadée, que tu les partageais quand même un peu avec moi, étaient à sens unique, apparemment.
Si je dois reprendre ces fameuses raisons énoncées plus haut, une à une et te les appliquer, ça sonnerait faux : tu n'as pas vraiment l'air d'avoir la sensation d'être passé à côté d'un idéal en n'étant pas avec moi et qu''il semblerait je sois très loin d'être ton idéal de pureté féminin (par contre, je pense avoir mes chances avec McLaggen), ensuite je pense qu'aucun de mes regards ou de mes mots ne t'a fait (comme à moi) perdre l'usage de tes jambes ou avoir un accident de vélo après avoir perdu le contrôle du guidon à cause d'une évasion mentale un peu trop forte ; quant aux fameux « souvenirs sacrés », je crois de plus en plus que tu n'as surement jamais ressenti cette symbiose dont je parle et cet accord parfait, et que ce devait être très difficile d'être jaloux, possessif et protecteur envers quelqu'un pour qui tu n'as(vais) que de l'estime (et encore) et aucune attirance ; ensuite, je parlais du sentiment d'être incomplet, si tu le ressentais ou l'avais jamais ressenti un jour pour moi ou n'importe qui d'autre tu aurais compris que personne dans le monde ne ressent ça pour ses amis, même proches, que le sentiment de n'être complet qu'en la présence d'une seule et même personne est lié à l'amitié comme les haricots sont liés au mouvement des plaques tectoniques.

A ce niveau de la lettre , tu dois comprendre pourquoi je te l'ai envoyé. Nous les femmes aimons que les choses aient une fin claire, et ceci en est une. Tu devrais être heureux, cette lettre signifie qu'après t'avoir maudit pendant des mois, je renonce définitivement et complètement à toi, à mes sentiments pour toi et à tout utopie te concernant.
C'est en réalité très positif pour nous deux. Cela signifie qu'un jour nous pourront démarrer une amitié normale, certes banale au vue de la précédente, mais plus saine.

Bien entendu si tu venais à être empoisonné, à prononcer mon nom dans un moment de délire et à quitter le poulailler, cela remettrait en question toute la teneur de cette lettre. Mais nous savons tous les deux que cela n'arrivera pas...
Profite bien de ton année, de ta vie en général et...je m'arrête là, nous ne sommes plus assez poches pour que je me permette de te donner des conseils dont tu te passerais bien,

Bonne et heureuse Nouvelle Année. Et Bon appétit. (Fais attention quand même, la dinde trop sèche, ça étouffe vite)

Et n'oublie pas de terminer ton devoir de Potions.

Hermione."

Quand elle eut fini, elle se relut et le résultat l'étonna. Il lui en apprenait sur elle-même plus qu'elle ne l'aurait imaginé et lui disait, entre les lignes, que pardonner ne devrait pas être difficile, surtout quand on aime si fort, quelqu'un de si bête...

Alors qu'en pensez-vous?
Ron devrait-il répondre? Ou peut-on imaginer que cette lettre s'est perdue dans les couloirs de Poudlard et laisser l'histoire suivre son cours?