Chapitre 1 : Le départ.
La pièce était plongée dans la pénombre. Aucune fenêtre, aucune aération, si ce n'est une porte close à double-tour. Par terre, une femme d'une quarantaine d'année, inconsciente. En-dehors de la pièce, on percevait des bruits de pas qui martelaient le sol vivement, laissant, sans doute, quelque traces sur leur passage. L'étrange femme, ouvrit péniblement les yeux mais, comme aveuglée, ne vit rien. Se relevant, elle prit appuie sur une sorte de table qui se trouvait derrière elle. Son corps était meurtri, entaillé et boursouflé sans parler de la maigreur dont elle était victime. Elle avait le tournis et avançait péniblement vers la porte d'où émanai derrière une petite lumière, elle était comme déconnectée du monde réel, et ses yeux ne devaient pas avoir vu le soleil depuis des années. Titubant une bonne minute, elle atteignit enfin la porte qui était toutefois verrouillé. Elle essaya malgré tout de l'ouvrir mais les tentatives se révélèrent infructueuses. Presque les larmes aux yeux, elle se mit à donner des coups dans la porte quand soudain, alors en sanglot, la porte s'ouvrit violemment la propulsant à terre. Un homme très grand vêtu d'une combinaison noire entra alors dans la pièce, avec un rictus amusé dessiné sur son visage.
« Bonjour, Nastasia. Comment vas-tu aujourd'hui ? » Demanda l'homme, qui regardait la jeune femme affolée grâce à la lumière du corridor.
Cette dernière recula jusqu'à se heurter au mur et regarda autour d'elle pour tenter de trouver un échappatoire à la situation.
« Pourquoi te caches-tu ? Je ne te veux aucun mal…
— Menteur ! Hurla-t-elle.
— Tais-toi et suis-moi ! » Ordonna-t-il. Il lui saisit le bras fermement et la poussa jusqu'à la sortie de la pièce. Aveuglée par la lumière et apeurée par la situation, elle n'eut d'autre choix que de s'évanouir espérant mettre fin à son cauchemar.
La cour de Kadic était pleine à craquer. Sur une estrade, se trouvaient le proviseur, et les professeurs de l'établissement. Parmi eux, Monsieur Spencer, nouveau professeur d'Anglais qui avait trouvé sa place au collège pour cette nouvelle année scolaire. Les élèves, certains accompagnés de leurs parents, attendaient avec appréhension la prise de parole du proviseur. C'était la rentrée à Kadic, mais ni Aelita, ni Jérémie, ni Yumi ne si trouvaient. Assis sur un banc, Ulrich et Odd patientaient eux aussi, la larme à l'œil. Tout avait bien changé depuis la fin de Lyoko, Jérémie et Aelita allaient partir dans une école pour surdoués à la charge des parents du garçon et Yumi était sur le point de partir pour le Japon à cause de ses soucis scolaires, de la distance qui la séparait du reste de sa famille et des problèmes professionnels que rencontraient son père à travailler en France. Ce n'était pas faute d'avoir essayé de rester, mais ses parents avaient été catégoriques et puis...
« Tu crois qu'on les reverra un jour ? Car après tout s'ils sont partis c'est à cause de ça… » Demanda Ulrich en perçant les pensées de son ami et le silence ambiant autour d'eux. Ce dernier se contenta de lever les bras d'un air désolé, compatissant à la peine que ressentait Ulrich. Ils avaient encore du mal à comprendre pourquoi Aelita & Jérémie avait décidé de partir, comme ça, alors qu'ils étaient meilleurs amis. Quant à Yumi, la pauvre, ce n'était pas de sa faute, mais elle aurait du en faire plus, car désormais, leur groupe n'existait plus et il ne restait plus que des souvenirs. Des souvenirs qui s'effaceront au bout d'un temps. Mais il y avait une autre raison, une raison que chacun d'eux n'évoquaient plus...
« Bonjour à tous et à toutes ! Je me présente, je suis M. Delmas proviseur de la cité scolaire Kadic. Nous sommes tous réunis ici pour une nouvelle année scolaire. Sans plus attendre, voici l'équipe éducative qui accompagnera vos enfants cette année. »
Sur ces mots, Ulrich et Odd sortirent de leurs pensées bien tristes, en préférant se concentrer sur le discours du Proviseur. Après tout, une nouvelle année commençait, et ils étaient désormais au Lycée, le système différait sûrement du collège et ils se devaient d'être plus assidus.
« Yumi, nous allons être en retard !
— Oh ça va maman, l'avion ne part que dans quatre heures. » Répliqua la japonaise en sortant de son dressing avec ses dernières affaires.
Sa chambre était vide, il ne restait plus que les quelques vêtements qu'elle venait de sortir ainsi que sa valise pratiquement prête. C'était aujourd'hui qu'elle partait en direction du Japon pour terminer sa scolarité suite à une décision de ses parents qu'elle trouvait injuste. Ce fut dur pour elle d'encaisser cette nouvelle et de devoir abandonner tout ses amis. Mais elle du se faire une raison et anima l'espoir de les revoir un jour, quand elle sera en âge de revenir seule en France. Mais ce n'était pas à l'ordre du jour pour le moment et il fallait qu'elle se concentre sur son départ. Jetant un dernier coup d'œil dans son ancienne chambre, elle sortit en fermant soigneusement la porte avec sa valise et les vêtements. Puis, dans un élan de nostalgie, se souvint de la vie qu'elle avait eue ici et des rencontres exceptionnelles qu'elle avait faites. Avec un petit pincement au cœur, elle quitta l'étage en déposant son bagage devant la porte d'entrée et y mit les derniers vêtements qu'elle avait récupérés et se tassa sur la première marche d'escalier.
« Ah Yumi, tu es enfin descendue ! » Constata alors sa mère, en arrivant dans le hall vide. Yumi se contenta de la regarder, la larme à l'œil, en exprimant parfaitement sa rancœur devant ce que sa mère lui imposait.
« Oh Yumi… Je comprends ce que tu ressens mais nous sommes obligés de…
— De quoi ? De me priver de mes amis, de mon petit copain ? Pfff…
— Mais non ce n'est pas… Et puis tu m'as même dit qu'il y avait eu…
— Oh assez, j'en ai marre et de toute façon c'est trop tard pour reculer ! » Soupira-t-elle. Elle se leva et prit la direction de la porte d'entrée.
« Où vas-tu Yumi ? Questionna sa mère.
— Profiter une dernière fois de Paris. » Dit-elle d'un ton sec en sortant tout en claquant la porte, laissant "soufflée" sa mère.
Devant le bâtiment principal de la gare du Nord, il n'y avait que très peu de monde. Ce n'était pas une heure très fréquentée et ce jour-ci (Celui de la rentrée des classes), beaucoup de personnes étaient déjà sur place, et non sur le point de prendre le train. Mais ce n'était pas le cas d'Aelita Stones et de Jérémie Belpois ; deux jeunes élèves surdoués ; qui s'apprêtaient à prendre un TGV en direction de Lille pour rejoindre leur nouvel établissement scolaire, mieux adapté à leur niveau. Là-bas se trouveraient les parents du jeune garçon, ayant gentiment acceptés de prendre en charge Aelita durant les prochaines années scolaires avec Jérémie. X.A.N.A vaincu, et le supercalculateur éteint, il devait se préoccuper désormais de leurs études, mais Kadic n'était plus adapté à eux désormais, et malgré l'amitié qui les unissait, ils durent choisir ce qu'il y avait de mieux pour eux.
« On est encore loin ? Demanda Aelita, tandis qu'elle marchait péniblement sur le trottoir avec ses valises de couleur assortie à sa tenue rose et violette.
— Non, c'est tout prêt. » Répondit Jérémie, lui aussi, chargé comme une mule. Il essuya son front en sueur, il faisait chaud en ce mois de Septembre.
Aelita, suffoquant, se posa sur le banc le plus proche pour décompresser un peu. Jérémie se retourna et la regarda, un peu anxieux d'arriver en retard pour prendre son train. Mais lorsqu'il vit qu'il avait deux heures d'avance sur sa montre, il décida de s'accorder une pause à son tour en se tassant près de son amie. Il enleva son pull, pour être en tee-shirt et le posa à côté de lui, il devait faire aux alentours de vingt-neuf degrés Celsius.
« Dit, Jérémie ? Demanda soudainement Aelita.
— Euh oui ? Dit-il, pris au dépourvu.
— Quand j'y réfléchis… Nous n'avons peut-être pas fait le bon choix. C'est vrai, pourquoi notre groupe a explosé pour si peu ?
— Nous en avons déjà parlé, et comme on l'a déjà dit, c'est trop tard pour revenir en arrière et avoir des remords.
— Non Jérémie… Rien n'est jamais trop tard. » Le dialogue s'en termina là, car le jeune blond ne voulait plus répondre.
Il se leva d'un bond pour reprendre la route, quant à Aelita, elle n'insista pas plus et se remit en route tout comme Jérémie, un peu déçue de sa réaction. Elle aimait tant Ulrich, Odd et Yumi, pourquoi leur petit groupe devait-il voler en éclats pour ça ? Quoi qu'il en était, une longue journée les attendait, les adieux envers la ville de Paris, Kadic, c'était toute une époque qui s'envolait et qui allait laisser place à autre chose, c'était comme la fin d'une vie mais le début d'une nouvelle qui s'annonçait moins « héroïque » et surtout moins passionnante. La jeune fille savait qu'elle ne retrouverait jamais des amis comme Ulrich, Odd et Yumi, même si elle avait encore Jérémie, l'amitié qui les unissait était censée être indestructible, mais il n'en était rien… Elle rentra dans la gare, un peu penaud et suivit Jérémie vers l'un des guichets.
Écrit le 21 mai 2011.
