Prologue: Stuck in the middle


Elle caressa d'un geste lent les vieux livres de la bibliothèque des Black. Depuis qu'elle était au 12 Square Grimmaurd, elle se sentait progressivement happée par ce lieu et les livres de magie noire qui s'y trouvaient l'attiraient autant qu'ils la révulsaient. Jusqu'à maintenant elle avait réussi à résister à la tentation d'en ouvrir un mais aujourd'hui la journée avait été mauvaise au QG de l'Ordre du Phénix et elle se saisit d'un des livres qu'elle avait déjà remarqué depuis un moment. Son titre s'étirait en lettres d'or sur la couverture de cuir noir : De Victorii Temporis...

« Hermione, Hermione, il faut te réveiller, insista une voix féminine, en mettant fin à ce rêve qui l'obsédait depuis plusieurs semaines.

-Lavande ? Qu'est ce qu'il se passe ?

-Des crétins qui toquent à la fenêtre du dortoir.

-Harry ? Ron ? Qu'est ce que vous faites sur vos balais devant la fenêtre de MON dortoir ?

- Habilles-toi vite, on t'enlève ! »

Elle sourit au ton blagueur du rouquin. Derrière elle Lavande grinçait des dents. Elle devait être SI contrariée. C'est ce petit détail qui l'encouragea à ouvrir la fenêtre et à monter sur le balai d'Harry. Ils allèrent se poser quelques mètres plus bas, derrière les serres.

« Et si vous m'expliquiez ? Le train pour nous ramener chez nous ne part que dans quatre heures, j'aurais bien aimé dormir un peu plus longtemps. Surtout qu'avec l'enterrement de Dumbledore, la journée d'hier était longue.

-En fait, je t'ai réveillé pour te mettre au courant avant que tout le monde s'en aperçoive, affirma mystérieusement Harry.

-Quoi ?

-Je ne prends pas le train et je ne rentrerais pas chez les Dursley.

-Mais, tu voudrais aller où, sinon ?

-J'ai accepté la proposition du Premier Ministre d'être sous protection. Des aurors vont m'emmener dans un lieu sécurisé et j'aurais le droit à une nouvelle identité.

-Et la guerre ? Et les horcruxes ?

- Je renonce. Dumbledore ne nous a laissé que quelques bribes d'informations et tu sais bien que ce n'est pas assez pour détruire Voldemort! Où sont l'horcruxe inconnu et la coupe? Hein?

-On va les trouver, j'en suis sure !

-Et après ? A quoi va servir toute cette mascarade ? Les gens sont d'accord avec Voldemort, Hermione, arrête de te voiler la face! Sinon, il serait seul et moisirait à Azkaban!

-Harry, mais tu ne peux pas partir maintenant, on a besoin de toi!

-Scrimgeour se débrouille très bien Herm' et je viens d'avoir 17 ans, je suis libre. Tu peux le comprendre au moins, non? Je suis fatigué, fatigué de vivre, je veux me reposer et faire le point. Je serai en lieu sûr sous la protection des Aurors, n'essayez pas de me trouver. »

Harry se tourna vers elle et ce qu'Hermione vit dans ses beaux yeux émeraude lui fit de la peine : toute la tristesse, le manque d'amour qu'il n'avait jamais eu transparaissait comme jamais. Elle se retourna vers Ron pour guetter son soutien mais à son grand étonnement Ron s'approcha de son meilleur ami:

« On t'attendra, vieux, reviens nous vite. »

Le jeune brun hocha la tête et laissa le parc de Poudlard derrière lui, dans un bruissement de cape. Il abandonnait là tout son maudit passé. Les deux autres se regardèrent, gênés et bloqués dans leur solitude respective. Il les avait congédiés mais tous deux savaient qu'ils venaient de perdre un ami. Hermione sentit l'incompréhension monter en elle et pour la première fois de sa vie elle ne réfléchit pas et fit ce qu'elle avait envie de faire: elle gifla violemment Ron.

« Pourquoi ne l'as-tu pas empêché de partir?
-Hermione, il a le droit de vivre. C'est comme ça depuis son enfance, laisse le respirer!

Hermione resta muette sous le choc de ce qu'elle avait entendu. Ron venait de dire quelque chose de juste mais aussi de génial!

-Tu as raison, Ron, il n'a pas eu le droit à l'enfance, je vais lui en donner une. »

Sur ces mots elle partit à son tour. Plus tard, elle ramassera les livres qu'elle avait mis de côté et s'isolera dans un compartiment qu'elle barricadera, laissant sans plus de tristesse l'homme qu'elle pensait aimer derrière elle mais pour le moment elle pleure et elle tremble d'excitation en même temps.