Rating : T
Genres : Angst, Humor, fake!DeanCas, SamCas, DeanBenny
Disclaimer : Erik Kripke
Highschool!UA né d'une discussion avec Kandai sur un éventuel fake DeanCas, qui mènerait à un SamCas, et qui échouerait ensuite sur du Dean/Benny.
aphelion
/apˈhiːlɪən/
1. Le point d'orbite d'une planète, d'un astéroïde ou d'une comète où il est le plus loin du soleil.
2. La vie amoureuse de Dean Winchester.
- C'est pas quelque chose que j'peux dire à John, admet-il avec reluctance, ses jambes dépassant seules du dessous de sa (future) voiture.
Et sa paume ouverte dépasse aussi, expectative.
- Sam, appelle-t-il, cherchant du bout des doigts le tee-shirt sale de son frangin.
- Hmm ? Ah, attends –
Il retient difficilement une moue agacée que son cadet ne verrait de toute façon pas, et s'empêche aussi de taper du pied; pas comme si leur père, dans sa grande bonté, ne le laissait bosser sur l'Impala que les week-ends, et parfois les rares soirs où le reste des voitures de la casse n'avaient pas besoin de lui et de ses heures supp' gratuites.
- Il devrait chasser les minettes, s'était moqué Bobby plusieurs fois, lui offrant le fond de sa bière plus tout à fait fraîche, pas s'plonger les coudes dans ces vieilles carlingues.
John Winchester n'était pas exactement d'accord.
- Tiens, lui fit Sam, la bonne clé s'enfonçant dans sa main.
- Merci.
Chasser les minettes, eu-t-il envie de singer son oncle. Comme s'il en avait envie, des filles. Dean préférait encore trimer sur sa voiture, merci bien; quitte à passer ses week-ends dans la vieille casse auto tenue par sa famille. Ça lui permettait au moins de récupérer des bonnes pièces, pas cher, et d'échanger les nouvelles (le moins possible) contre des journées.
Sam les rayait par tranche de cinq, puisque chaque jour du était un petit bâton tracé vertical au marqueur noir sur le tableau de la cuisine. Dean n'avait que la force de les ignorer en grignotant son bacon et ses œufs le matin; le reste du temps, il esquivait la cuisine, les ronds de café laissés par la tasse de son père et les journaux de cette dernière semaine sagement repliés sur un coin de la table en attendant de servir à éponger quelque chose.
- Vu tout ce qu'on dit pas à John, commença Sam, tournant sa page dans le silence relatif du garage ouvert sur la rue, ses mots suspendus entre eux dans la fraîcheur d'un après-midi d'Avril dont Dean ne verrait pas le ciel.
Pas d'autre ciel que le métal arqué au-dessus de lui; la radio chantait quelque chose de bien, pour une fois, et Sam lisait quelque chose, adossé à l'aile sombre et lustrée de l'Impala.
Je t'emmène, se voyait-il déjà lui imposer, ses poings serrés dans l'une de ces chemises qui avait été à John, puis lui, jadis; le coffre est déjà plein et il sait que l'essieu tiendra, que les suspensions iront jusqu'où il faudra. Le volant lui brûlera les doigts à cause du soleil d'août, le faux cuir chauffé à blanc par un astre pas décidé à disparaître.
Et ils quitteront John.
- T'es là dans la semaine ? S'enquit soudain Sam en se penchant sous la voiture.
Dean se tord pour essayer de jeter un œil dans sa direction, mais n'aperçoit que la touffe de cheveux trop épaisse de son frère racler le sol crade du garage.
- J'suis là tout le temps, Sam, soupira-t-il avec un agacement qu'il aurait voulu plus léger.
- Cool. Faut que tu m'interceptes du courrier.
Dean hoche la tête.
- C'est quoi ?
- Pas sûr, répondit vaguement Sam, sa voix déjà absente laissant suggérer qu'il s'était remis à lire, les outils déjà utilisés installés dans un arc autour de ses jambes repliées.
Ce n'est que jeudi soir. Le soir des lasagnes.
- C'est Missouri qui vient ou on y va ? Lança-t-il à son cadet, y réfléchissant soudain.
- … Nous, sembla supposer Sam à voix haute. Pap' avait acheté ce cake vanille-cerise chez Target, avec le glaçage bleu et blanc ? Anna et Cas ont récupéré les restes, lui raconta-t-il, d'un coup très sûr de sa version.
- C'était pas y a trois semaines, ça, siffla Dean de son ton le moins convaincu, sourcils froncés à la recherche de ce qu'ils avaient bien pu faire jeudi dernier.
Il entend plus qu'il ne voit Sam hausser les épaules.
C'est à ce moment qu'un sourire définitivement mesquin finit de manger le visage de Dean.
- Y aura peut-être Cas, supposa-t-il, tentativement, s'attendant déjà à recevoir un coup sur la jambe.
Ce à quoi il n'avait cependant évidemment pas réfléchi, c'était la possibilité que leur père vienne les rejoindre au garage, même un rien qu'un instant, son mug de café déjà plein, s'adossant avec toute la patience dont il était incapable au mur du fond.
- C'est vrai qu'il est sympa, admit Sam en ricanant, ses yeux suivant toujours les lignes d'encre du livre entre ses doigts.
La paume ouverte de Dean ressortit de nouveau de sous la voiture, demandeuse, rencontrant à tâtons celle de son frère.
Le fait que John décide de claquer un coup magistral au capot n'arrangea pas les choses du tout.
- Chef, articula finalement Sam, sa crispation légère et volontairement discrète à la vue de son livre grand ouvert, embrassant le béton du garage, sa page et perdue et beaucoup d'autres cornées.
Le cri étouffé de Dean laissait supposer une future bosse.
- Lasagnes chez Missouri dans trois heures, lui lança John avec un sourire, son mug entre les doigts.
Une hypnotique et paresseuse goute de café s'était glissée tout le long de la tasse, et menaçait de juste tomber, dangereusement suspendue au cul du mug encore brun des dernières maladresses du paternel.
Sam hocha simplement la tête, n'osant qu'à peine le regarder dans les yeux; il avait lu quelque part que c'était pourtant mieux de s'y forcer, et c'était aussi ce que Jess lui avait sifflé dans les oreilles le jour où ils avaient envoyé leurs candidatures pour l'Ivy League.
John n'était pas au courant.
Pas encore, se promit-il.
- Et Dean, quand tu seras sorti de là-dessous, j'ai besoin que tu ailles faire un tour à la Casse. Aujourd'hui, insista John en envoyant un coup de pied gentillet dans les mollets de son ainé. Elle va pas s'envoler, hein.
Il éclata d'un de ses rires toujours trop bruyants, ceux qui criaient à sa place tous les rajouts de John dans cette tasse trop sale. Sam se laissa aller à sourire, récupérant son bouquin dont il épousseta précautionneusement la couverture.
Si tu ne sais pas où regarder, lui avait persiflé Jess, décidée à ne pas lâcher l'affaire, vise entre les deux yeux. Là, avait-elle indiqué, son index pointant l'exact milieu entre ses sourcils blonds. Ça suffira.
Sam avait éclaté de rire, avant de s'entraîner sur Dean dont le regard trop franc l'avait laissé – mal ? Douloureux, s'était-il surpris à penser, le regard clair de son aîné soudain si semblable aux rares souvenirs qu'il avait de leur mère. Jess l'avait frappé sur l'épaule, se suggérant l'air de rien comme futur cobaye.
C'était il y avait quatre mois, et vingt jours – Jessica, comme son petit frère et leurs parents, était décédée dans l'incendie accidentel de leur pavillon, dont il ne restait qu'une petite croute noire identique en tout point au bout calciné d'une allumette.
Tout ça, n'avait-il pas pleuré à la sépulture, songeant à la petitesse de la flamme.
- Ouaip, répondit Dean du ton absent qu'il garde toujours pour John, s'extirpant du dessous de l'Impala.
- Je t'ai laissé les clés du pickup sur le comptoir. De retour à six heures, six heures et demie… Pas de retard, mon grand, le prévint-il, hochant la tête dans la direction de son fils qui lui répondit de même, jugulant son malaise en s'essuyant trop méticuleusement les mains sur le chiffon accroché à sa ceinture.
Risquant un regard vers son cadet, Dean se redressa de tout son haut et osa :
- Permission d'emmener Sammy avec moi ?
C'était parfois étonnamment simple d'amener John à aller dans son sens.
- … Pas cette fois, Dean. Il y a un client, s'expliqua-t-il en haussant les épaules, aspergeant ses doigts de café brûlant. Putain de merde ! Eclata-t-il en changeant le mug de main, secouant l'autre en l'air et titubant déjà jusqu'à la cuisine pour les passer sous l'eau.
Ce n'est que lorsqu'ils entendirent le robinet que Sam et Dean osèrent échanger un regard.
- Vas-y, lui souffla Sam, rangeant son livre dans son sac.
- Sam –
- Dean, chuchota-t-il, ses doigts pressant son épaule alors qu'il le dépassait pour retourner à sa chambre, fais pas attendre Bobby. Le Chef –
- Ouais, le coupa Dean en dégageant son épaule.
.
Le pick-up trop neuf de John n'était pas agréable à conduire. Le machin était encore raide, les suspensions violentes contre les nids de poule de la route, et les sièges avait cette odeur capiteuse de cuir jeune, entretenu, et s'asseoir à la place tout aussi odorante d'un père s'aspergeant autant de café que d'aftershave citron-romarin ne lui plaisait guère.
C'était comme si John tentait de s'incruster dans chaque pore de sa peau, comme de la sueur, mais à l'envers; il serait saturé de la puanteur paternelle jusqu'à demain, la rigueur militaire des douches Winchester ne l'autorisant qu'à gratter à la va-vite les zones contaminées, sans pouvoir se débarrasser totalement de l'odeur.
John vivait jusque dans ses os, s'y couchant comme le cancer et y pesant, lourd.
- Hey, Dean ! L'appela Bobby tandis qu'il garait proprement le pick-up.
Il lui rendit son grand signe de la main, s'approchant de ce qui semblait être le problème de John.
Une Cadillac Coupe Deville de 1959.
Le propriétaire se tenait dans toute son aristocratique raideur de l'autre côté de sa voiture, son costume noir tremblant dans la brise.
- Monsieur, le salua poliment Dean sans oser lui proposer sa main, soudain très conscient de son tee-shirt d'Aerosmith et de la chemise sale qu'il avait nouée autour de sa taille en partant de la maison.
- Jeune homme, lui répondit-on avec la politesse amusée de quelqu'un qui sait sa gêne.
- Faudrait que tu jettes un coup d'œil, fiston, l'intercepta Bobby avant qu'il ne puisse s'extasier devant les finitions chromées de la voiture, sa peinture crème impeccablement lisse et cirée luisant sous le soleil rasant de fin d'après-midi.
Ce n'est qu'une histoire de carburateur, le rassure Dean après un rapide coup d'œil, enfoncé jusqu'aux coudes dans la graisse du moteur. La pièce ici, indiqua-t-il au propriétaire autant qu'à Bobby, est trop neuve pour celle-ci, qui s'est patinée avec le temps. Elles s'emboîtent mal. Ça gène. On peut mettre une résine, se permit-il de proposer, haussant les épaules à sa propre suggestion.
Le propriétaire, lui, haussa un sourcil circonspect.
Celui des gens qui n'y connaissent rien.
Bobby réussit à lui vendre sa résine un bon tiers plus cher qu'elle ne l'est, faisant son difficile sur le fait qu'« une fois le pot ouvert, il est perdu », se proposant d'offrir la main d'œuvre, parce qu'« on est comme ça, au Kansas ».
Dean avait mordu sa joue tout du long, observant l'échange sans en perdre une miette; finalement, le curieux aristo repartit dans sa Cadillac après leur avoir chichement tendu quelques billets, comptant avec soin chaque devise dans la main ouverte de Bobby.
- Gentlemen, les avait finalement salués le curieux personnage avant de disparaître.
La Cadillac laissa une longue traînée de poussière brune derrière elle, disparaissant tout au bout du chemin.
- Tu viens à l'intérieur deux minutes ?
Dean, son regard toujours perdu vers l'autre bout du chemin, ses doigts triturant les clés du pick-up dans sa poche, acquiesça d'un air absent.
- C'est jeudi, donc pas longtemps, fit-il en suivant Bobby à l'intérieur de sa maison.
Bobby vivait juste à côté du hangar qui leur servait d'entrepôt. Ses trois chiens montaient la garde, de nuit, quand la carabine du vieux proprio de la Casse ne suffisait pas à éloigner les petits crétins décidés à leur voler quelque chose.
- Ah, siffla Bobby en ouvrant son frigo, j'te propose pas de bière, alors ?
Dean lui fait signe que non, appuyé au meuble de cuisine.
Il n'est pas tard, mais Bobby saisit parfaitement toute l'urgence qui le pousse à poliment refuser une bière, un jus de fruit, ou juste un foutu verre d'eau. Dean n'est pas bavard, pas quand il passe plusieurs minutes à regarder fixement l'horloge suspendue au-dessus de la table de la cuisine, le mécanisme à ressorts cassé et le coucou pendant mollement de son perchoir.
Il y a longtemps qu'elle n'indique plus l'heure.
- Allez, rentre chez ton père, s'agace-t-il au bout d'un moment, lui faisant signe de déguerpir d'un large geste de la main.
Même en avance d'une heure, les gamins de John seront toujours trop en retard; c'est la rigueur militaire, s'en était-il amusé, bourru, il y a bien des années. Avant l'heure, c'est pas l'heure, mais à l'heure, c'est plus l'heure !
Maintenant, à voir à presque vingt ans la copie carbone de John et ses regards fuyants se diriger vers le pick-up, Bobby ne s'en amuse plus vraiment. Le gamin n'était pas fait pour l'école, c'était sûr; mais John tenait à ce qu'il aille à la Faculté d'état, même pour ne pas étudier quelque chose d'intéressant, simplement pour le diplôme, et parce qu'il refusait de régulariser le cas de son fils à la casse auto.
Ça l'occupe, avait-il entendu John marmonner, et la discussion s'était arrêtée là.
.
Dîner chez Missouri n'est pas une invitation qui se refuse; et trainer avec les Winchester rend la chose plus obligatoire encore.
Anna n'est simplement pas sûre que s'y laisser trainer par son cousin est une bonne chose, parce que ça fait beaucoup de personnes autour de la table au courant de quelque chose que John Winchester, lui, ignore.
- Cas, appelle-t-elle dans la pénombre de la rue où s'allongent des pavillons tous si rigoureusement identiques qu'elle se demande comment Castiel peut se repérer avec autant de facilité dans le quartier.
Il ne lui répond pas, ses mains enfoncées dans les poches de son pantalon en toile beige.
- Castiel ! Appelle-t-elle un peu plus fort.
Il finit par se tourner, cette petite merde, et darde son regard bleu sur elle.
- Anna ?
- Ce n'est pas la voiture des Winchester, là-bas ?
De l'autre côté de la rue, il y a effectivement le pick-up gris métallisé du père arrêté le long du trottoir, face à ce qui doit être la maison de Missouri Mosley.
Cas est déjà venu.
Il sait que se cacher est essentiel, surtout de John. Il y a cours demain, donc personne ne restera tard, et ni Anna, ni lui, ne pourront s'excuser pour une pause cigarette durant le repas. Missouri ne tolère pas, avait-il signifié à sa cousine le premier soir où elle avait été invitée.
Anna Milton n'avait rien voulu savoir, et était sortie fumer sur le perron, écrasant ses cendres et son mégot dans le bégonia en fleurs de Missouri.
Sur le chemin du retour, elle n'avait pas pu s'empêcher de lui dire, tout bas, John ne tolère pas.
- Ce n'est pas comme ça, avait-il tenté de se justifier.
- Oh, s'était-elle exclamée, victorieuse.
Après quelques pas et au moins autant de questions, Anna lui avait finalement dit :
- Eh bah, qui aurait cru que tu te taperais Winchester, hein ? Me regarde pas comme ça. La moitié du lycée en parle encore, « Dean la meilleure nuit de ma vie », avait-elle singé une des redoublantes de dernière année.
Interdit, Castiel l'avait laissée poursuivre, acquiesçant au bon moment, laissant échapper un « hmm » approbateur ou désapprobateur, jusqu'à ce qu'Anna soit rentrée.
- Il est sorti avec Lisa, tu te rappelles ? Il y a deux ans ? Trois ?
A ce moment-là, tout en haut des trois marches, ses cheveux roux ondulants au gré du vent, Anna avait ajouté, visiblement mesquine :
- C'est un bon coup, mais c'est un mauvais mec. Le bon copain avec qui ça t'arrive de baiser, mais pas un vrai copain, avait-elle insisté face à son absence totale de réponse.
Castiel, dans son infinie bonté, n'avait fait qu'acquiescer.
Apparemment, sa cousine semblait également convaincue du fait qu'il sortait en cachette avec Dean Winchester, tout comme Gabriel, qui s'était amusé à lui glisser des préservatifs goût Coca-Cola dans les poches.
Il n'avait vraiment, vraiment pas le cœur de leur dire qu'il s'agissait de l'autre Winchester.
Pas John.
Sam.
Samuel, avait-il essayé tentativement juste après l'appel du professeur, dans le cours d'Histoire qu'ils avaient en commun un mardi sur deux.
- Si, lui confirme-t-il en traversant la route.
- Et ton Winchester, alors ? Lui murmure-t-elle, soudain pressante, ses petites mains s'attachant à son bras.
- Tout va bien, répondit-il en haussant les épaules, pas sûr de sa réponse.
Elle lui sourit d'un air sibyllin, puis le dépasse pour aller sonner.
