Ceci est une adaptation en drarry du livre de S.J. Day intitulé: la nuit leur appartient.
l'histoire comme vous l'avez sans doute compris ,ne m'appartient pas , ni les personnages qui sont la propriété de J K Rowling .Je le fais juste pour le plaisir et pas pour de l'argent .
couple : principalement hp/dm
rating : R
Warning: relations sexuelles homosexuelles , hétérosexuelles très explicites donc si vous êtes prudes ou pire si vous êtes homophobes je vous prierais de bien vouloir foutre le camp très gentiment et de garder pour vous vos commentaires .sinon bonne lecture . c'est une histoire que j'ai beaucoup aimé et comme je suis une très grande fan de drarry ,je voulais le partager avec vous .il y aura probablement des petites fautes malheureusement ,car l'histoire était à la base hétérosexuelle... oui ,oui, je la ferme ...
l'homme auquel Draco Malfoy faisait
l'amour était au bord de l'orgasme. Alertées
par ses cris, les créatures qui assistaient se rapprochèrent.
Depuis des siècles, c'était ainsi que Draco
protégeait les Rêveurs. Alors que son
partenaire s'apprêtait à jouir, il pressa le
rythme, activant de plus belle ses hanches
sveltes, plantant résolument son sexe dans
l'écrin velouté. Dans ce domaine, il était
d'une incroyable habileté. Le souffle coupé,
le jeune homme se cambra en lui griffant le
dos.
– Oui, oui, oui…
Ses halètements le firent sourire. La
ferveur de son orgasme imminent nimbait la
pièce d'une lueur qu'il était le seul à
percevoir. À l'orée du Crépuscule, tapis dans
les ténèbres où l'ardent Rêveur abritait ses
peurs les plus intimes, les Cauchemars
guettaient, de plus en plus excités. Mais
Draco les tenait à distance.
Dans peu de temps, il se chargerait d'eux.
Empoignant les fesses de son partenaire, il
lui releva les hanches. À présent, chaque fois
qu'il s'enfonçait en lui, son pénis cognait durement sur sa prostate. Au moment de jouir, il
hurla et son petit trou luisant se contracta autour du
sexe durci de son amant. Il ondulait
maintenant avec une audace et un abandon
sauvages auxquels il ne se laissait aller
que dans son sommeil.
Il le garda ainsi suspendu en plein
extase, le temps d'absorber son énergie pour
la décupler, puis la recentrer en lui. Il
plongea alors dans l'état de rêve le plus
profond et le plus reposant qui fût, très loin
du Crépuscule où Il restait si vulnérable.
– Brad… soupira-t-il.
Puis il dériva hors de portée de son
amant.
Cette union n'avait été qu'une illusion,
Draco le savait. La connexion de deux
esprits. Leurs peaux ne s'étaient touchées
que dans l'inconscient du jeune homme.
Lui, en revanche, avait cru vivre réellement
ces instants.
Une fois certain que son partenaire était
hors de danger, il se retira, puis se
désincarna du fantasme qu'il avait créé :
Brad Pitt. Plus grand, plus large d'épaules,
Draco reprit son apparence véritable. Ses
cheveux retrouvèrent leur coupe en brosse et
leur couleur blonde d'origine, et ses iris
s'éclaircirent jusqu'au gris.
Quant aux Cauchemars, ils virevoltaient,
brûlant d'impatience. Draco voyait leur
substance indistincte ondoyer autour du
Rêveur jusqu'aux limites de sa conscience.
Ce soir-là, il allait donc devoir en affronter
plusieurs de front. Il dégaina son glaive avec
un sourire. Des Cauchemars bien plus
nombreux que lui ? Il adorait ce cas de
figure. Éprouvant une rancune tenace à leur
égard, il les combattait depuis une éternité et
savourait chaque occasion de se défouler sur
eux.
Avec la grâce du combattant expérimenté,
il fit jouer les muscles de son bras armé. Il le
plia plusieurs fois, et réalisa quelques
mouvements fluides, le poids de sa lame
transformant sa vigueur, accaparée jusque-là
par le sexe, en souplesse. Certains atouts
pouvaient s'améliorer en rêve, mais pour
affronter plusieurs adversaires à la fois, il
fallait posséder des qualités innées.
Quand il se sentit prêt, il leur lança un
désinvolte « On y va ? »
Puis il bondit vers eux et leur asséna un
premier coup d'estoc mortel.
– Vous avez passé une bonne nuit,
capitaine Malfoy ?
– Comme d'habitude, répliqua Draco avec
un haussement d'épaules.
Sans s'arrêter, il rendit d'un geste son
salut au Gardien. Ses robes noires
tourbillonnant autour de ses chevilles à
chacune de ses longues foulées, il se rendait
au Temple des Anciens. Après avoir franchi
l'énorme portail traditionnel, le torii, il se
retrouva dans la cour centrale et, pieds nus,
foula sans bruit le sol de pierre glacée. Une
douce brise lui ébouriffa la chevelure, les
odeurs qu'elle charriait éveillant tous ses
sens. Il débordait d'énergie. Il aurait pu
rester sur le terrain, il aurait pu continuer à
combattre, mais c'eût été enfreindre les
règles des Anciens.
Depuis une éternité, les Gardiens devaient
tous se ressourcer au Temple à intervalles
réguliers. Les Anciens considéraient ces
périodes de repos comme indispensables.
Mais elles avaient aussi une autre utilité. Les
Gardiens ne ressentaient nul besoin de se
reposer longtemps, et la vraie raison de ces
retours imposés était inscrite sur l'arche
derrière lui. Gigantesque, rouge vif, elle
forçait chacun à lever la tête au passage
pour y lire, gravé en langue séculaire :
P RENDS GARDE À LA CLÉ QUI OUVRE LA
SERRURE !
Faute de preuves, il commençait à se
demander si cette fameuse Clé existait
vraiment. Sa légende ne servait peut-être
qu'à inspirer la peur, à pousser les Gardiens
à tenir le cap, à rester vigilants, à les
empêcher de se détourner de leur mission.
– Salut, capitaine, dit alors une voix suave.
Il se retourna et repéra Luna C'était
une Joueuse, une Gardienne dont la tâche
consistait à inspirer des rêves de surf, de
plage, de mariage et autres activités
réjouissantes. Il s'approcha lentement de la
femme aux yeux sombres qui se dissimulait
derrière une colonne d'albâtre cannelée.
– Que fais-tu là ? lui demanda-t-il, un
sourire indulgent aux lèvres.
– Les Anciens nous demandent.
– Vraiment ? s'étonna-t-il, interloqué.
Une convocation des Anciens, c'était
rarement de bon augure.
– C'est donc pour ça que tu te caches,
petite maligne !
– Viens t'ébattre près de la source, lui
chuchota-t-elle d'une voix rauque. Je te dirai
tout ce que je sais.
Draco accepta sans la moindre hésitation.
Quand une adorable Joueuse était de bonne
humeur, on ne la repoussait pas.
Il l'entraîna discrètement, sautant avec
elle dans l'herbe depuis la plate-forme de
marbre. Tout en aidant Luna à garder
l'équilibre sur le sentier abrupt menant au
ruisseau fumant, il prit le temps d'apprécier
l'éclatante beauté du jour naissant, les
collines verdoyantes, les cours d'eau
bouillonnants et les cascades en furie.
De l'autre côté de la butte, sa maison
l'attendait, avec ses portes shoji coulissantes
et ses tatamis posés à même le sol. Une
demeure à peine meublée aux couleurs
neutres. Quelques objets choisis avec soin
apportaient paix et tranquillité d'esprit. Son
refuge, petit et intime, mais qu'il ne
partageait avec personne.
D'un geste insouciant de la main, il fit
taire le bruit de l'eau, et un silence absolu les
enveloppa. Il n'avait aucune envie de crier
pour se faire entendre.
Ils se débarrassèrent des tenues signalant
leurs statuts respectifs – robes noires pour
Draco, en accord avec son rang élevé,
multicolores pour la frivolité de Luna – et
plongèrent nus dans l'eau chaude. Adossé à
une petite saillie rocheuse, Draco ferma les
yeux et attira sa compagne contre lui.
– Tout est bien trop calme aujourd'hui,
murmura-t-il.
Luna se lova dans ses bras, ses petits
seins exerçant une pression délicieuse sur la
peau de son compagnon.
– C'est Nott, murmura-t-elle. Il affirme
avoir découvert la Clé.
Cette nouvelle le laissa parfaitement
indifférent. Tous les quelques siècles, un
Gardien succombait à l'envie de vivre la
légende. Rien d'extraordinaire, donc. Ce qui
n'empêchait pas les Anciens d'examiner très
soigneusement chacune de ces découvertes.
– Il s'est trompé sur l'un des signes, c'est
ça ? Lequel ? Tu le sais ?
Ce genre de choses ne lui serait jamais
arrivé, à lui. Certains Rêveurs présentaient
parfois une partie des signes, mais jamais
tous en même temps. Le jour où cela se
produirait avec l'une des siennes, il la tuerait
sans se poser de questions.
– Contrairement à ce qu'il a cru, son
Rêveur n'a pas pu distinguer ses traits. En
fait, son fantasme ressemblait étrangement à
Nott.
– Tiens donc !
Nott avait commis l'erreur la plus
fréquente, une erreur qui survenait de plus
en plus souvent. Au cœur du Crépuscule, les
Rêveurs étaient privés du sens de la vue ;
ils ne pouvaient donc discerner la
véritable apparence des Gardiens qui
passaient du temps avec eux. D'après la
légende, seule la Clé pouvait les voir tels
qu'ils étaient vraiment.
– Mais qu'en est-il des autres signes ?
– Il les présentait tous.
– il contrôlait son rêve ?
– Oui.
– Et les Cauchemars, quel était leur
comportement ? Ils semblaient perdus,
désorientés ?
– Oui, ça aussi…
Elle se mit à lui suçoter un téton, puis se
retourna franchement, écartant les jambes
pour lui emprisonner les hanches dans l'étau
de ses cuisses.
Il l'attira contre lui, sans penser vraiment
à ce qu'il faisait. Guidés par l'habitude, ses
gestes ne devaient rien à une quelconque
ardeur amoureuse. Les Guerriers d'élite ne
pouvaient se permettre le luxe d'éprouver de
l'affection pour leurs partenaires. L'affection
était une faiblesse qui pouvait les rendre
vulnérables.
– Mais qu'est-ce qu'on a à voir avec ça,
nous deux ? chuchota-t-il.
Luna passa ses doigts mouillés dans
les cheveux de Draco.
– Cette nouvelle a secoué les Anciens.
Toutes ces mortels présentant la plupart
des signes attendus… Ils pensent que le
moment est proche.
– Et ?
– Ils ont décidé d'envoyer les Guerriers
d'élite dans les rêves de ceux qui nous
résistent. Dès que vous serez parvenus à y
pénétrer, notre tâche consistera à les guérir
avec l'aide des Soigneurs.
Avec un soupir accablé, Draco appuya sa
tête contre la pierre. Certains Rêveurs
refusaient aux Gardiens l'accès de leur
inconscient. Parce qu'ils avaient subi des
abus et en refoulaient le moindre souvenir, ou
ressentaient une terrible culpabilité pour des
actes qu'ils préféraient oublier. Protéger
ces humains des Cauchemars qui les
menaçaient était une mission ardue, la plus
difficile de toutes. Incapables de comprendre
la nature de leurs souffrances intimes, les
Gardiens concernés ne pouvaient rien faire
pour eux.
Il en avait vu des horreurs, dans ces
esprits-là…
Certaines images – guerre, maladie,
tortures indicibles – resurgirent en force.
Malgré l'eau chaude dans laquelle il
barbotait, un frisson lui hérissa le poil, car
ces images le hantaient depuis des siècles.
Les combats, l'action… Ça, il pouvait
gérer. Le sexe, l'oubli momentané au moment
de l'orgasme, il les recherchait avec une
énergie proche du désespoir. Homme sensuel
aux pulsions insatiables, il baisait et
combattait bien. Les Anciens recouraient sans
hésiter à ses services quand leurs intérêts
étaient en jeu. Il connaissait ses forces et ses
faiblesses et se chargeait volontiers des
Rêveurs qu'on lui confiait.
Mais lui demander de s'occuper
exclusivement et sans relâche de personnes
blessées, c'était tout simplement plonger
en enfer. Pas seulement pour lui, mais pour
tous les hommes sous ses ordres.
– Tu dois être drôlement excité, murmura
Luna en se méprenant sur sa respiration
rapide. Les Guerriers d'élite adorent les gros
défis…
Il prit une grande inspiration. Le poids de
sa vocation lui semblait chaque jour plus
écrasant, mais il devait garder ça pour lui.
Pendant un temps, son travail lui avait
inspiré un enthousiasme débordant. Mais à
la longue, le peu de résultats pouvait
décourager les guerriers les plus confiants.
Rien, dans les légendes d'autrefois, ne lui
avait laissé entendre que son travail ne
connaîtrait pas de fin. On ne pouvait
éradiquer les Cauchemars, on ne pouvait que
les contrôler. À tout instant, des milliers de
mortels subissaient l'emprise impitoyable de
ces entités, auxquelles ils ne pouvaient
échapper parce qu'ils ne parvenaient pas à
se réveiller. Draco se trouvait dans l'impasse
et n'en pouvait plus. Lui qui voulait des
résultats, il en était privé depuis des siècles.
Le sentant préoccupé, Luna referma
ses doigts habiles sur son pénis. Un sourire
se forma sur le visage de Draco– la promesse
de désirs assouvis. Il lui donnerait ce qu'elle
voulait… et plus encore.
En lui accordant pleinement son attention,
il parviendrait enfin à s'oublier. Pendant
quelques instants, en tout cas.
– On commence comment, ma belle ? Vite et
à fond, ou je fais durer le plaisir ?
Avec un petit bruit de gorge trahissant son
impatience, Luna frotta ses mamelons
durcis contre la poitrine du guerrier.
– Tu sais parfaitement ce que je veux,
souffla-t-elle.
Pour Draco, le sexe était presque une
forme d'amitié ; l'acte apaisait sa faim
physique, sans parvenir à combler le manque
bien plus profond qui le rongeait. Malgré
toutes ces Rêveurs dont il croisait la route,
malgré les innombrables Gardiens avec
lesquels il travaillait, il était seul.
Et le resterait pour l'éternité.
– J'étais sûr de te trouver ici ! rugit
derrière Draco un homme à la voix grave.
Tout en continuant ses exercices dans la
clairière derrière chez lui, le guerrier se
retourna. Dans la lumière rosée d'un
semblant de crépuscule, son meilleur ami
marchait vers lui. Les tempes dégoulinant de
sueur, des herbes folles jusqu'aux genoux,
Draco maniait son glaive sans répit. Les
heures se succédaient, mais il ne sentait
toujours pas la fatigue.
– Bien vu, Ron.
– La nouvelle de notre prochaine mission
se répand à toute vitesse dans nos rangs.
Ronald Weasley s'arrêta à quelques pas,
bras croisés, posture mettant en valeur ses
biceps imposants et ses avant-bras musclés.
Le géant roux n'avait ni la rapidité ni
l'agilité de son ami, mais sa force brute les
compensait.
– Je sais, répliqua Draco
Il se fendit vers un adversaire imaginaire,
simulant avec son épée un coup mortel.
Les deux hommes se connaissaient depuis
des siècles. Ils s'étaient liés d'amitié au
gymnase des Guerriers d'élite. À l'époque,
ils suivaient des cours innombrables,
bûchant le jour et se partageant des amants
la nuit. Un lien indestructible s'était forgé
entre eux.
Les élèves de cette école suivaient un
enseignement extrêmement rigoureux et
sélectif. Pendant les moments difficiles, Draco
et Ron s'étaient soutenus mutuellement.
Seuls trois des vingt élèves de leur promotion
étaient parvenus au terme de leurs études.
Ceux qui abandonnaient en chemin
choisissaientd'
devenaient Guérisseurs, Joueurs, etc.
Certains se tournaient vers l'enseignement,
tâche tout aussi capitale. Maître Sirius, le
mentor de Daco, avait joué un rôle important
dans sa vie. Malgré toutes ces années, le
guerrier éprouvait encore à son égard une
admiration et une affection sans faille.
– La décision des Anciens te contrarie, à ce
que je vois, lui fit sèchement remarquer
Ron. Mais depuis quelque temps, tu
réprouves toutes les mesures qu'ils prennent.
Draco se figea, laissant retomber son bras
armé.
– C'est peut-être parce que je ne les
comprends pas, justement.
– Tu devrais voir ta tête, marmonna
Ron.
– Qu'est-ce qu'elle a, ma tête ?
– C'est celle de monsieur J'ai-cent-
questions-en-tête.
C'est ainsi que Maître Sirius, au
pensionnat, avait surnommé son élève si
réfléchi. Ce sobriquet ne l'avait plus quitté,
comme bien d'autres choses qu'il avait
acquises au cours de sa formation.
Toutes ces heures à étudier sous sa
houlette dans la cour de l'école lui
manquaient. Sous l'arbre, assis à une table
de pierre, il posait sans fin des questions,
auxquelles Sirius répondait avec une
patience admirable. Ce dernier avait passé
l'épreuve de l'Installation peu de temps
après la fin de leur formation : devenu
Ancien à part entière, il avait disparu. Et
Draco ne l'avait plus jamais revu.
Il tripota le pendentif de pierre que son
maître lui avait offert à la fin de ses études. Il
ne s'en séparait jamais, c'était un souvenir
de ce passé révolu et du jeune homme
passionné qu'il avait été.
– Tu ne te demandes jamais ce qui peut
bien pousser certains à vouloir devenir des
Anciens ? demanda-t-il à son ami.
Sans doute voulaient-ils trouver des
réponses. Mais l'Installation changeait
radicalement les Gardiens. Le jeu en valait-il
la chandelle ? Jusqu'à son Installation,
Maître Sirius avait conservé l'apparence de
la jeunesse, ses cheveux et ses yeux sombres,
sa peau hâlée… À présent, il devait
ressembler aux autres Anciens : cheveux
blancs, teint blafard, regard délavé… Pour
une espèce quasi immortelle, un changement
aussi drastique devait forcément signifier
d'inquiétant, Drao en était intimement
convaincu.
– Non, je ne me pose jamais cette question,
répliqua Ron d'un air têtu, la mâchoire
contractée. Moi, tout ce que je veux savoir,
c'est où se déroulera notre prochain combat.
– Et ce pour quoi nous nous battons, ça ne
t'intéresse pas ?
– Mais putain, Malfoy ! Nous nous battons
pour la même chose depuis toujours ! Pour
contenir les Cauchemars jusqu'à ce que nous
trouvions la Clé ! Tu sais comme moi que
nous sommes le seul rempart entre les
humains et ces créatures. Nous avons merdé,
les Cauchemars sont arrivés par notre
faute… Moralité, nous devons les maintenir à
distance jusqu'à ce que nous trouvions le
moyen de nous en débarrasser pour de bon.
Draco soupira. Contrairement à certains
parasites trop malins pour tuer leur source
de nourriture, les Cauchemars asséchaient
leur hôte jusqu'à ce que mort s'ensuive. Si
les Gardiens laissaient les Rêveurs sans
protection, l'espèce humaine finirait par
s'éteindre, anéantie.
Il voyait ça d'ici. Les Rêveurs endurant des
cauchemars sans fin. Terrorisés à l'idée de
s'endormir, incapables de travailler ou de
manger. Une espèce entière décimée par
l'épouvante et la fatigue. Et la démence qui
s'ensuivrait.
– D'accord, concéda-t-il en reprenant le
chemin de sa maison. Mais si la Clé n'existait
pas ? C'est une simple hypothèse, bien sûr.
– Si la Clé n'existait pas ? répéta Ron,
qui lui avait emboîté le pas. Ce serait la
merde, si tu veux mon avis. Savoir qu'il y a
une lumière au bout du tunnel, c'est la seule
chose qui me pousse à continuer, certains
jours.
Le géant Roux plissa les yeux, lui jeta un
regard en coin et ajouta :
– Mais où veux-tu en venir ?
– Et si la légende de la Clé n'était qu'un
gros bobard ? Voilà où je veux en venir. Peut-
être qu'on nous l'inculque uniquement pour
la raison que tu viens d'énoncer. Pour
maintenir la flamme de l'espoir en nous, et
nous motiver quand notre tâche nous semble
insurmontable.
Draco fit coulisser la porte shoji s'ouvrant
sur le salon, puis se défit de son fourreau, le
posant contre le mur.
– Et si c'est le cas, la nouvelle mission
qu'on veut nous confier va desservir les
Rêveurs. Au lieu de les protéger des
Cauchemars, la moitié des Guerriers d'élite
va partir à la recherche d'une illusion. En
pure perte !
– Je te suggérerais bien d'aller tirer un
coup, mais ce n'est pas ça qui te ronge, vu
que tu t'es déjà défoulé ce matin avec
Luna, marmonna Ron en traversant la
pièce à grandes enjambées.
Il disparut dans la cuisine.
– L'idée d'abandonner les Rêveurs sans
protection me déplaît fortement. Quant aux
petites cachotteries des Anciens, ça me fout
en rogne. Moi, je ne crois que ce que je vois.
– Et c'est toi qui dis ça ? Toi, le chasseur
de Cauchemars ? lui lança Ron depuis la
cuisine.
Il en ressortit avec deux bières à la main.
– Alors que notre boulot consiste
précisément à supprimer des choses que nous
ne pouvons pas voir…
– Ouais, merci, je suis au courant.
Draco accepta la bière que lui tendait son
ami et partit la boire goulûment dans un
fauteuil.
– C'est notre inébranlable résolution qui
vient à bout des Cauchemars, dit-il, pas nos
glaives. Nous les terrorisons. Nous avons ça
en commun avec ces enfoirés, nous leur
inspirons une terreur mortelle.
Ses parents n'avaient jamais compris sa
vocation, et à la longue un fossé s'était
creusé entre eux. Son père Guérisseur, sa
mère Soigneuse… Exaspéré par leurs
questions incessantes, Draco avait pris ses
distances. Il était incapable de leur expliquer
pourquoi il ressentait le besoin d'affronter
les Cauchemars, plutôt que de nettoyer après
leur passage. Et comme il n'avait pas d'autre
famille, le seul lien affectif qui lui restait était
son amitié avec Ron, qu'il aimait et
respectait comme un frère.
– Mais si la Clé n'existe pas, que faisons-
nous dans ce passage ? lui demanda celui-ci
en se laissant tomber dans un fauteuil
similaire.
D'après la légende, les Cauchemars
avaient découvert dans leur ancien monde
une « Clé » qui leur avait permis de se
répandre dans le reste de l'univers,
exterminant tout sur leur passage.
Les Anciens avaient créé in extremis, dans
l'« espace abrégé », la faille qui leur avait
permis de se réfugier dans ce passage reliant
la dimension des humains à celle que les
Gardiens avaient dû fuir. Ces concepts de
dimensions multiples et de continuum espace-
temps, l'un relevant de la métaphysique,
l'autre de la physique, Draco avait fini par
les comprendre dans toute leur complexité.
Mais l'idée qu'il existât quelque part un être
unique – la Clé – capable d'ouvrir des failles
à son gré, éparpillant le contenu des mondes
d'une dimension à l'autre, cette idée-là, il
avait du mal à l'assimiler.
Il lui fallait des faits, des preuves
concrètes. Un exemple : en se réfugiant dans
ce passage, les Gardiens avaient subi des
changements psychologiques indéniables.
Jusque-là sans défense, ils étaient devenus
des êtres presque immortels et quasi
désincarnés, à l'égal de leurs ennemis.
– Les Anciens n'ont pas eu besoin d'une
Clé pour nous entraîner dans cette fissure,
insista-t-il. Je suis sûr que les Cauchemars
peuvent s'en passer, eux aussi.
– Donc tu préfères une simple hypothèse à
une croyance communément admise, ricana
Ron en écrasant sa canette. Le vin, le sexe et la baston… C'est ça la vie d'un
Guerrier d'élite. Profites-en, Malfoy! Qu'est-
ce que tu veux de plus ?
– Des réponses. J'en ai marre de ces
Anciens qui me parlent par énigmes. Je veux
la vérité, toute la vérité !
– Tu ne renonces jamais, hein ? Cette
obstination fait de toi un grand guerrier,
mais aussi un emmerdeur de première. « Je
veux savoir », tu ne sais dire que ça. Mais
combien de missions as-tu dirigées dont tu
étais le seul à connaître les tenants et les
aboutissants ?
– Rien à voir, rétorqua Draco. Là, tu me
parles d'une rétention d'information
temporaire. En revanche, les Anciens refusent
de partager leurs secrets.
– Où est passé le type le plus idéaliste que
je connaissais ? Qu'est-il arrivé à l'étudiant
qui s'était juré de trouver la Clé et de la
tuer ?
–Ça,c'étaient des vantardises
d'adolescent. Ce gamin a grandi. Et
maintenant, il en a marre.
– J'ai adoré cette période de ma vie. Je
pouvais baiser toute la nuit et déchiqueter
des Cauchemars le lendemain. Maintenant,
c'est soit l'un, soit l'autre.
Draco comprit que Ron voulait donner
une tournure plus légère à cette conversation
explosive. Mais il n'arrivait plus à contenir
son inquiétude, et son ami était la seule
personne à qui il pouvait se confier.
Un ami qui le connaissait assez pour
percevoir sa détermination.
– Écoute, Malfoy…
Le géant, posant ses avant-bras sur ses
cuisses, fixa Draco avec attention :
– Tu dois oublier tes doutes et rallier les
troupes. C'est un conseil d'ami, pas celui de
ton lieutenant.
– Nous allons gaspiller de précieuses
ressources.
– Ben moi, je suis vachement content que
ça bouge ! Nous n'avons obtenu aucun
résultat pour l'instant, alors nous tentons
autre chose. C'est un progrès. Et toi, pendant
ce temps-là, tu végètes… Reprends-toi, mets-
toi au diapason.
Draco se leva et secoua la tête.
– Réfléchis à ce que je viens de te dire.
– Je l'ai fait. C'est débile, point final.
– Tiens, c'est quoi, cette odeur ?
– Hein ?
– Ça pue. L'odeur des petits merdeux
obnubilés par leur nombril.
– Tu me cherches, répliqua Ron, se
levant à son tour.
– Comment peux-tu rejeter quelque chose
sans même prendre le temps d'y réfléchir un
tant soit peu ?
Ils se dévisagèrent pendant un long
moment, tous deux bouillant d'une
exaspération qui n'avait pas la même cause.
– Mais putain, qu'est-ce qui te prend ?
grommela Ron. Qu'est-ce que ça veut dire,
tout ça ?
– Je veux juste que quelqu'un – toi, en
l'occurrence – envisage la possibilité que les
Anciens nous cachent quelque chose.
– Très bien. Mais moi, je veux que tu
envisages la possibilité qu'ils ne nous cachent rien du tout.
– D'accord. Je vais me laver, soupira
Draco en passant une main dans ses cheveux
encore humides de sueur.
Ron croisa les bras.
– Et ensuite, qu'est-ce qu'on fait ?
– J'en sais rien. T'auras bien une idée.
– Chaque fois qu'on suit mes idées, on a
des emmerdes. C'est pour ça que c'est toi le
capitaine.
– Faux. Je suis capitaine parce que je suis
plus doué que toi.
Ron pencha la tête en arrière et éclata
d'un rire profond qui dissipa la tension
comme une brise le brouillard.
– Tu ne les as pas toutes oubliées, tes
vantardises d'ado !
Draco partit prendre sa douche, espérant
qu'il n'avait pas oublié tout le reste.
Il allait devoir donner tout ce qu'il avait
dans le ventre pour accomplir la mission qui
l'attendait. Une mission difficile et
complètement absurde, lui soufflait son
instinct.
