Cold Stars

Fandom : Star Wars

Rated : M (sexe, violence, alcool, drogue)

Sous-genre : Univers Alternatif (AU)

Personnages : Rey / Ben Solo / Luke Skywalker / Finn / Poe / Rose

Pairing : Reylo / léger Stormpilot

Genre : Hurt/Comfort / Drama

Disclamer : Sérieusement ? C'est vraiment nécessaire ?

Note : J'ai décidé de rajeunir l'âge de Ben à 23 ans pour rendre le tout cohérent. Rendez-vous en bas du chapitre pour plus de bla-bla !

"Some girls are full of heartache and poetry and

those are the kind of girls

who try to save wolves instead of

running away from them."

Nikita Gill

Chapitre 1 : Lost and found

34 PBY

Hanna City, Chandrila

À l'heure où le soleil se levait à peine, un homme à la tunique couleur sable observait déjà le spectacle que lui offrait la ville encore endormie. Émergeant au loin, la source des célestes lumières dessinait de grandes ombres étirées sur les façades des bâtiments, faisant d'elle une artiste de génie. Les passereaux, ces oiseaux aux chants mélodieux et à la courbe voluptueuse, appréciaient d'avoir le ciel rien que pour eux. Ainsi, ils réalisaient une danse enflammée tout en sifflant un air printanier. Luke les observait sagement, envoûté par le calme que lui offrait ce simple moment. Il n'avait donc pas tout de suite remarqué le vaisseau qui approchait à vive allure vers la zone d'atterrissage dessinée en rond par de petites lumières bleues où il se tenait. Lorsque les vrombissements des moteurs ioniques devinrent plus sourds que la mélodie des oiseaux, Luke fut contraint de sortir de ses rêvasseries et de faire face à la réalité. Aussitôt, les traits de son visage se durcirent, la préoccupation ayant animé ses pensées. Les passereaux affolés s'étaient rassemblés en un groupe solidaire pour migrer vers d'autres contrées, emportant avec eux la douceur et la quiétude.

Le vaisseau atterrit prestement et à peine avait-il déployé son train d'atterrissage que la porte s'ouvrit. Luke s'approcha, intrigué au plus haut point.

Plus tôt, quand la nuit dominait encore sur les hautes tours, il avait reçu un hologramme de son amie, et collègue par la même occasion, qui lui annonçait son retour au Temple. Le fait qu'elle ait écourté son voyage sur Takodana avait attisé l'inquiétude de Luke, se posant mille questions. Cette dernière s'approcha de Maître Luke aussi rapidement que sa petite taille le permettait.

« Pourquoi être revenue si vite ? Quelque chose est arrivé ? » demanda aussitôt Luke, plus que soucieux.

Son interlocutrice avait une expression inhabituelle, l'air trop dur et trop dérangé. Le simple fait qu'elle n'ait pas débité un flot de paroles à son arrivée était préoccupant. Quelque chose s'était produit. Ou plutôt, quelque chose allait se produire. Luke le sentait. Il le sentait si fortement dans sa poitrine, il le sentait comme on est capable de reconnaître l'odeur du feu sans même apercevoir l'étincelle des flammes. Et la fumée ça attaque les narines, ça assèche les poumons, on est incapable de sentir une autre odeur que celle de l'incendie ravageur. Luke savait.

Elle inspira fortement, remit en place ses grandes loupes rondes, et plongea son regard dans les yeux bleu clair de l'homme devant elle :

« J'ai trouvé quelque chose. »

Elle plongea sa main au fond de sa besace abîmée par les années. Lentement et avec la plus grande précaution, elle tendit l'objet.

Dès lors que son regard se posa sur celui-ci, Luke sentit sa bouche s'entrouvrir malgré lui. Plusieurs émotions le traversèrent, pesant comme un poids sur ses épaules. Il posa genou au sol pour se retrouver face à l'arme, plus près qu'il ne l'avait été depuis des années. Il étendit ses deux mains, l'une de métal et l'autre de chair, les paumes tournées vers le ciel et Maz Kanata y déposa le sabre laser. Luke éprouva un étrange sentiment lorsque sa peau retrouva le contact de cet objet autrefois perdu à tout jamais. La dernière fois qu'il s'en était servi, c'était contre Dark Vador, dans les entrailles de la cité des nuages, avant que ce dernier ne lui coupe la main droite d'un revers de sabre faisant plonger l'arme dans le néant de la galaxie. Elle lui avait été offerte par Ben Kenobi en hommage à son père, et seul ce souvenir marqua ses pensées, l'émouvant davantage. Il n'aurait jamais pensé revoir son premier sabre laser un jour. Il avait imaginé qu'elle avait divagué pendant de nombreuses années dans les sillages et les remous de la galaxie avant de s'écraser sur une planète en marge où elle aurait été retrouvée et vendue à un bon prix au marché noir.

À deux doigts de l'allumer, il se résigna et reposa son regard vers Maz qui était resté muette. Celle-ci avait pu observer dans la rétine de Luke un changement radical : son regard s'était tout d'abord mis à briller d'une ancienne lumière autrefois éteinte puis presque aussitôt, l'éclat lumineux avait été assombri par un voile opaque.

« Comment ? » Sa voix était montée dans les aiguës sans qu'il ne le souhaite, encore bouleversé par les évènements. Il aurait aimé développer davantage sa question pour recueillir le plus d'informations possible mais à l'instant, ce simple mot était suffisant.

« Bespin n'est pas loin de Takodana. Un contrebandier la récupéré et a eu la bonne idée de me le ramener au château. J'ai eu du mal à le négocier mais… peu importe. Je suis revenu aussi vite que j'ai pu. »

« Merci, Maz mais… Je ne suis pas sûr de vouloir la garder à mes côtés, elle me rappelle trop de choses. » il soupira et baissa les yeux. « Je veux que ce soit toi qui l'ai, tu la conserveras précieusement, j'ai confiance en toi. »

« Je comprends Luke. Il est parfois préférable de garder les reliques du passé enfouis. »

Ils s'échangèrent un sourire symbolique et Maz reprit le sabre.

Cependant, juste avant qu'elle n'ait eu le temps de dissimuler l'arme dans sa besace, une voix grave s'éleva derrière eux :

« Non ! »

Luke se releva aussitôt et pivota. Il fut surpris en reconnaissant l'homme se tenant au loin. Le Maître Jedi serra ses lèvres en une fine ligne, le visage trahissant son mécontentement. Il avait pourtant été silencieux et il avait pensé que l'heure si matinale lui aurait permis d'éviter les yeux et les oreilles indiscrètes. Il s'était vraisemblablement trompé.

L'homme qui avait interrompu ce moment s'approcha rapidement d'eux, augmentant la cadence de ses pas, à la limite de courir. Il courait en leur direction, presque apeuré de voir cet instant lui échapper. C'est les yeux grands ouverts, complètement ébahi qu'il fixa l'arme des Jedi une fois arrivé près d'elle. Avait-il vu un fantôme ? Ou bien un trésor ? Qu'importe ce qu'il voyait, il n'en demeurait pas moins excité. Il resta ainsi durant un long moment avant de s'adresser à Luke, le regard suppliant, le cœur tambourinant :

« Laissez-moi le prendre. » Cela aurait dû être une question mais la façon de demander ressemblait davantage à un ordre tant la réponse négative n'était pas envisageable pour le jeune homme.

« Non, Ben. C'est hors de question. »

« J'en suis digne. Il appartenait à mon grand-père, il me revient donc de droit ! » La contemplation avait été rapidement remplacée par la colère et l'incontrôlable envie.

« Personne ne peut revendiquer quoi que ce soit. La Force décide seule. »

Luke avait continué à muer ses lèvres pour souligner l'attitude inappropriée de son neveu. Or, c'est sans plus tarder que le jeune homme à la chevelure noir de jais saisît le sabre laser avec une telle rapidité que ni Maz ni Luke n'eut le temps de s'y opposer. Il avait imaginé l'effet que pouvait offrir un tel objet, autrefois vecteur d'un immense pouvoir. Ce sabre laser avait appartenu à l'homme le plus puissant de la galaxie, et aujourd'hui, il serait le sien. Ben faisait partie de sa lignée, donc de toute logique, le simple fait que son sang coule dans ses veines suffisait à l'autoriser de détenir pareille arme.

Mais à peine ses doigts étaient-ils rentrés en contact avec l'objet que le dénommé Ben tressaillit.

Luke vit son neveu perdre pied, son sourire s'effaça, son teint devint livide et il perdit rapidement connaissance.

À 7 km de Niima, Jakku

À l'heure où la boule de feu approchant de l'horizon s'évanouissait lentement, Rey s'était déjà mise à l'abri, dans le ventre de son vieux marcheur TB-TT à moitié détruit. Ce n'était qu'une épave, qu'un bout de ferraille rouillé à l'entrée improvisée, mais c'était sa maison. Du bric-à-brac décorait çà et là des alcôves et des recoins : une poupée tissée de fil orange, un bouquet de fleurs séchées du désert et des vieux bouquins, très peu mais incroyablement précieux. Ces quelques livres contenaient des mots auxquels Rey s'était accroché comme à une bouée de sauvetage, occupant son esprit et comblant son ennuie.

Les premières étoiles apparurent et restèrent suspendues en l'air, comme des clochettes d'argent. Toute la nuit tinta, et la jeune pilleuse d'épave à l'apparence douce l'écoutait sagement. Elle laissait ses yeux observer avec malice les contours onduleux du sable fin qui l'entouraient de toute part, cherchant inlassablement la moindre action qui changerait le cours de son quotidien toujours semblable. Cependant, rien ne se passait à Jakku, absolument rien. Personne n'y venait, et personne n'en partait. C'était une planète où la vie n'épargnait absolument quiconque. Le simple fait d'avoir les pieds plantés dans le sable faisait de vous un survivant. Cette planète avait fait de Rey ce qu'elle était, et s'en était ainsi.

Attendant le jour où sa famille fendrait la couche atmosphérique pour venir jusqu'à elle, Rey se contentait d'attendre, attendre et attendre. Ses pensées tournaient dans sa tête, si vite et si brusquement que ses tempes lui faisaient mal. Mais rien n'arrivait.

Au fil des années, elle avait compris que l'espoir et l'attente étaient complètement différents l'un de l'autre. Au début, elle pensait que c'était une question de durée, que l'espoir c'est attendre quelque chose qui prenait plus de temps. Elle avait tort. L'attente vient du corps, tandis que l'espoir vient de l'âme. Mais espérait-elle encore qu'ils reviennent ?

Il y avait quelque chose de terrifiant à être seule, bien plus terrifiant même que de se sentir seule. Et à présent, c'était sa vie. Cette solitude, cette angoisse, cette peur de l'heure suivante, de la nuit qui vient et du matin qui suivra. Dans le creux de son ventre résonnait une mélodie de vérité qu'elle se refusait d'écouter. Alors elle continuerait, d'attendre, aussi seule pouvait-elle être.

Rey gardait toujours près d'elle son bâton, son unique arme de défense contre les étranges créatures qui aimaient flâner dans les dunes durant la nuit. Il fallait forcément être étrange pour avoir envie de traverser le désert en pleine nuit, ou bien complètement fou.

Le dos posé contre le fer chaud de la carcasse du TB-TT, elle laissa ses doigts caresser les écritures gravées sur le vieux casque de la Rébellion endommagée. Elle l'avait trouvé enfouis dans le sable lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant et elle se plaisait à imaginer des histoires sur la personne à qui il avait appartenu : le Capitaine Ræh. Pour connaître le propriétaire du casque, Rey s'était donné bien du mal : elle avait troqué tout un tas de portions contre des livres lui permettant d'apprendre l'Aurebesh, un alphabet utilisé afin de transcrire le basic galactique, cette langue populaire qui lui était très mal connue. Malgré les maux de ventre provoqués par un estomac vide et criant famine, elle était fière d'avoir découvert la propriétaire de ce trésor. Elle rêvassait, imaginant à quoi ressemblait Ræh, de quelle planète pouvait-elle venir et quelles aventures avait-elle vécues.

Ræh … Rey…

Ainsi, Rey s'appelait Rey grâce à ce casque, ce vieil objet d'une époque oubliée. Elle ne se souvenait pas de son vrai prénom, ni de ses origines, ni de la douceur de sa mère, ni de la chaleur d'une étreinte paternelle. En somme, elle ne se souvenait d'absolument rien. Elle ne connaissait que Jakku et ses épaves, que ces maudites portions et la violence des tempêtes de sable. C'était comme s'être fait arracher une partie de soi et elle ne pouvait à présent plus la retrouver. Une partie manquante à jamais incomplète.

De toute façon, tout a un nom. Les villages, les constellations, les dunes, les vaisseaux, les plantes. Tous les visages qu'elle croisait sur son chemin avaient un nom. Un nom qu'ils n'ont pas choisi. On naît avec et c'est comme ça. Au moins, Rey avait le mérite de se dire que personne n'avait décidé à sa place, que cela lui appartenait. Mais au fond d'elle, elle mourrait d'envie de connaître le prénom que ses parents avaient murmuré au-dessus du berceau de sa vie. Elle le saurait, un jour.

Le regard plongé dans l'obscurité approchant pas à pas au côté de la nuit, Rey vit un homme apparaître en un simple battement de cils. Elle sursauta, son dos tapant contre la paroi en un bruit sourd. Elle cligna à nouveau des yeux pour définir si la silhouette était bel et bien réelle ou si ce n'était qu'une tache noire que ses yeux fatigués avaient inventée.

Elle avait beau battre des cils, un homme se tenait bien devant elle.

Elle attrapa aussitôt son bâton et se posta en position de défense, prête à riposter aux moindres gestes de l'individu. Comment se fait-ce qu'elle ne l'a pas vu venir plus tôt ? S'était-elle assoupie ? Elle se sentait fébrile, comme si son corps avait transité vers une autre planète où la gravité serait moindre, affectant tous ses sens et bousculant tous ses repères. Rey avait un mauvais pressentiment.

Ben était troublé, complètement perdu. Que se passait-il ? Il ne voyait rien, comme si quelqu'un avait brusquement éteint la lumière. Seule une jeune femme postée à quelques mètres de lui se tenait là. Et elle semblait tout aussi inquiète que lui à en deviner par sa position. Il ne s'était pourtant pas montré hostile envers elle. Quoique s'il lui était apparu aussi soudainement qu'elle lui était apparu, il pouvait comprendre son inquiétude. Il avait posé ses yeux sur elle et ne pouvant plus s'en détacher. Qui était-elle ? Il avait beau fouiller dans sa mémoire, ce visage aussi raffiné soit-il ne lui disait rien. À en juger par son accoutrement, elle ne devait être qu'une esclave ou bien une habitante des bas-fonds. Alors comment se faisait-il que cette illustre inconnue soit la seule personne qu'il puisse voir dans ce monde obscur ?

Pendant un instant il crût que tout cela était irréel, une simple illusion, sa tête avait dû cogner le sol trop fortement qu'elle lui jouait des mauvais tours. Mais l'atmosphère lui laissait croire que tout ceci était bien réel, tout comme l'était l'éclat profond des yeux verdâtres de la jeune femme face à lui. Il en fût davantage convaincu lorsque sa main droite ressentie une vague de vibrations plus violentes les unes que les autres, émanant du manche du sabre laser.

Après quelques minutes à s'observer en chien de faïence, Rey distingua qu'il tenait quelque chose dans sa main droite. Elle avait eu le temps d'analyser son adversaire, c'était une sorte de réflexe archaïque qu'elle avait pris l'habitude de réaliser. Le bilan fut rapide : l'homme ne ressemblait en aucun cas à elle. Ses vêtements n'étaient pas vraiment élaborés, il portait une tenue aux tons bruns, noirs et gris, un pantalon ample, un long manteau et une ceinture aux fonctions diverses accompagnait le tout. Pourtant, malgré la simplicité de cette tenue, on pouvait facilement savoir que l'homme n'avait rien d'un pauvre. Sa stature, sa carrure, son teint de peau. Rien que la blancheur de sa peau était suffisante pour deviner qu'il avait un toit pour s'abriter. Et ses joues n'étaient pas creusées par la faim, il ne devait manquer de rien.

Il appartenait donc forcément à une classe sociale tournée plus vers le supérieur que l'inférieur, ça ne faisait aucun doute.

Bien qu'il ne semblât pas sur le point d'attaquer, il n'avait pour autant pas l'air d'être sympathique ni amicale et pourtant, Rey sentait qu'ils étaient dans le même bateau, perdus sur un océan de doutes et de questions. Ni l'un ni l'autre n'avaient les moyens d'expliquer ce qui était en train de leur arriver.

« Tu ne viens pas de Jakku, n'est-ce pas ? » osa demander Rey, son bâton toujours dressé.

« Jakku ? » S'étonna-t-il.« Non, non. » répondit-il comme si la réponse était évidente. « Pourquoi ne vois-je que toi ? Toi seule. »

Soudainement et avant que Rey ne puisse rétorquer, l'objet dissimulé sous les replis de la manche de son interlocuteur se mit à trembler violemment, secouant avec lui tout l'espace qui l'entourait. Rey se rendit compte qu'il n'était pas simplement en train de vibrer : il essayait de s'échapper, de se défaire de l'emprise de la poigne de l'homme qui le tenait. Alors elle vit plus clairement, l'objet n'avait rien de banal, au contraire, c'était un sabre laser. Rey avait lu à quoi ressemblait cette arme, quelle était sa composition et qui la possédait. Elle connaissait les mythes qui se rattachait à cet objet si particulier. Ce n'était pour elle que des contes pour enfants visant à faire croire à un monde plus juste et supportable, mais elle appréciait tout de même de les lire pour vider sa tête fatiguée en proie à l'ennui.

Dès lors, sa peur se transforma en curiosité et elle baissa sa garde, avide de savoir ce qu'il allait arriver.

Si tout avait commencé par de simples vibrations, la suite s'avérait bien plus compliquée à gérer. Bientôt, tout le bras du jeune homme se mit à trembler et sa main se dressa à l'horizontale, le sabre étant comme attiré magnétiquement par ce qui se trouvait en face de lui. Plus qu'abasourdi, Ben n'en croyait pas ses yeux. Chaque seconde qui passait apportait son lot de questions et aucune réponse ne venait en contrepartie.
Il serrait de toutes ses forces le sabre, il ne voulait pas se résoudre à le voir s'échapper. Lui qui venait tout juste de le trouver. Ses sourcils se froncèrent et ses traits se tirèrent signe de l'effort qu'il réalisait. Incapable de le retenir davantage, il fut forcé de voir son bien s'envoler vers une autre personne.

Rey prenait soin de garder les yeux grands ouverts tant la scène qu'elle voyait lui semblait tout droit sorti d'un rêve. Elle sentait que bientôt, le jeune homme n'aurait plus la force de retenir l'arme des Jedi. Et ce fut le cas. Instinctivement et le cœur rempli de courage, Rey saisit le sabre qui était venu se réfugier à toute vitesse dans le creux de sa main. Une étrange sensation résonna en elle, lui procurant un long frisson qui descendit l'échine de son dos. Tout à coup, des voix s'élevèrent comme sortis d'outre tombes.

Ben regarda la jeune femme étudier avec admiration le sabre qui était maintenant en sa possession. Et il ne comprenait toujours pas. Au moment où enfin il allait lui poser cette question qui lui brûlait tant les lèvres, ce monde s'évanouit et la dernière chose qu'il vit, fut le regard à la fois fasciné et terrifié de cette intrigante jeune inconnue.

Ses poumons crièrent, friand d'air frais.
Ses paupières s'ouvrirent soudainement, cherchant rapidement un point de repère.
Son dos se souleva, comme si son esprit était revenu habiter son corps.

Luke et Maz, coupés dans leur échange, le regardèrent d'une étrange manière, surpris par ce retour si véloce. Bien que toujours fâché et déçu du comportement de Ben, Luke s'empressa d'accouder son neveu. Il attendait à ce que ce dernier lui en apprenne plus sur ce qui venait de se produire. Luke avait beau posséder de nombreuses connaissances relatives aux Jedi, il ne parvenait pas à expliquer la raison du malaise de Ben ni comment le sabre retrouvé avait soudainement disparu, comme par magie, une fois qu'il se soit évanoui.

« Comment te sens-tu ? » demanda Luke en posant une main délicate sur l'épaule du jeune homme, sa cage thoracique se soulevant et s'abaissant un peu moins vite à mesure qu'il reprenait son souffle.

« Je n'ai pas eu le temps de lui demander son nom. » dit-il ignorant la question, les yeux fixés dans le vide, balayant le sol. Les deux autres personnes présentes dans la pièce échangèrent un regard perplexe. Plus les choses avançaient et plus elles devenaient confuses et mystérieuses.

« De qui parles-tu Ben ? »

« La fille. C'est elle que le sabre a choisie. » répondit-il en levant les yeux vers son oncle. Son regard était rempli de déception et de colère. Il baissa la tête, ses cheveux venaient recouvrir son visage marqué de ses émotions. Contre toute attente, il se leva et se dirigea vers la porte de sortie. Avant qu'il ne quitte la pièce, Luke avait une dernière question à lui poser :

« D'où vient-elle ? »

Il s'arrêta dans l'encadrement de la porte qui venait de coulisser pour le laisser sortir puis se retourna une dernière fois : « De Jakku. »

Il avait prononcé ces mots avec tant de dégoût que l'ironie transpirait de sa voix à la fois riante et moqueuse.

La salle resta silencieuse durant un long moment jusqu'à ce que le Maître Jedi eût assemblé les pièces du puzzle ensemble. Il baissa les yeux vers Maz qui semblait songeuse.

« Mhh… Je sais ce que tu as derrière la tête. » Annonça-t-elle.

« Et qu'en penses-tu ? C'est sans doute trop risqué et pas assez avisé. Je ne sais pas si c'est une bonne idée. » dit-il en commençant à tourner en rond dans la grande pièce.

« Luke, je ne suis pas Maître Yoda. C'est à toi de prendre cette décision. Tout ce que je peux te dire c'est que tous ces évènements arrivent si soudainement que je ne pense pas que le hasard y soit pour quelque chose. Surtout quand on sait ce que l'avenir nous réserve… »

Lorsque Luke entama sa descente sur Jakku, il se demanda comment retrouver la fille. Après tout, il ne détenait aucune information à propos d'elle : ni son nom, ni son âge, ni son apparence. Son neveu avait daigné répondre à ses appels et Luke n'avait pas insisté. Il savait que Ben avait toujours été fasciné par l'histoire de son grand-père et connaissait donc la valeur de ce sabre laser à ses yeux. Ne souhaitant pas le mêler davantage à cette histoire, il avait donc décidé de lui laisser du temps, il espérait que son neveu l'utilise a bien pour réfléchir et tenter de calmer ses émotions néfastes. Il songea au fait que revoir les bases de la méditation n'était pas une mauvaise idée pour ces prochaines leçons, ça ne ferait sans doute de mal à personne. Et puis, peut-être faudra-t-il adapter les choses pour cette nouvelle élève… Luke soupira. Il se demanda pourquoi était-il venu. Au fond, il savait ce qu'il avait à faire mais tout ça n'avait rien de normal, cela bafouait les règles les plus anciennes des Jedi. Peu importe après tout, si la Force en avait décidé autrement… C'était à elle de fixer les règles.

Finalement, il décida de se poser près d'un petit village nommé Tuanul. De là, il avait pensé demander de l'aide aux villageois mais la nuit étant tombée, cela rendait la tâche davantage compliquée. Cependant, ses recherches s'avérèrent plus rapides que prévus. En effet, à l'instant où Luke sorti de son vaisseau et posa pied au sol, une onde d'énergie sembla traverser la matière avec tellement d'intensité qu'il suffisait au Jedi de se laisser diriger. Il laissa la Force être son guide et marcha pendant de nombreuses heures face au vent qui balayait le sommet des dunes. L'avantage était qu'il n'avait pas besoin de relever la tête pour connaître le chemin, il pouvait alors veiller à garder sa capuche bien en place pour tenter de barrer les fouettements que les milliers de petits grains de sable rendaient si agressifs dans l'obscurité.

Enfin, quand l'aube pointa le bout de son nez et que la tempête sagement s'évanouit, Luke sentit le vacillement de la Force s'élever à son apogée. Doucement, il souleva son capuchon.

52 heures. Voilà cinquante-deux heures que Rey n'avait pas dormi, ni mangé. Dès lors que le garçon eut disparu, les voix autour d'elle s'étaient faite de plus en plus nombreuses jusqu'à devenir insoutenables. Comme dans un cauchemar, Rey avait été brutalement transporté de place en place dans des mondes irréels où chacun semblait plus froid et plus noir encore que le précédent. L'horreur et la peur étaient maîtres de ces mondes. Elle avait eu l'impression de tomber dans un puit sans fond. Jusqu'à cette dernière vision, ou plutôt ce souvenir : elle, enfant, criant au ciel de lui ramener ses parents.

Voilà cinquante-deux heures que Rey repassait ces images en boucle. Complètement terrifiée, elle avait éloigné le plus loin possible l'objet qui avait déclenché toutes ces hallucinations. Incapable de fermer l'œil de la nuit, elle n'avait pas réussi à trouver le courage de se lever pour affronter la journée de travail qui l'attendait. Elle était alors restée sur sa couchette de fortune, en boule, à chercher une explication rationnelle qui lui apporterait au passage la force de reprendre le cours de son quotidien. Puis elle eût une idée qui lui permettait de faire d'une pierre deux coups : le lendemain, elle se rendrait chez Unkar Plutt et lui revendrait le sabre laser. Ainsi, elle s'en débarrasserait et en récupérerait au passage une assez grande quantité de portion pour tenir un bon nombre de mois. Quand enfin ses jambes flasques daignèrent se lever, un étrange sentiment lui bloqua la poitrine. Que ne fut pas sa surprise quand elle aperçut au loin une personne habillée d'une tenue semblable au jeune homme de sa vision (ou bien de son rêve, elle n'avait pas le vocabulaire adéquat pour poser un nom sur ce qui s'était passé). Elle qui avait toujours espéré voir quelque chose d'inattendu sur cette planète, elle en conclue qu'elle n'aimait vraiment pas les nouveautés. C'était un cauchemar, il fallait qu'elle se réveille.

Cependant, ce n'était pas la même personne qu'autrefois. L'homme qui approchait était bien plus petit. Avec une délicatesse sans égale, Rey contourna l'étranger. Elle le vit porter ses mains à son visage pour le découvrir, l'une d'entre elles était de fer, cela attisa davantage sa curiosité. Mais avant qu'il ne puisse l'apercevoir, Rey attaqua en première, lui assainissant un coup à la tête, de quoi le déstabiliser pour prendre le dessus. L'homme tomba à terre, surpris mais ne riposta pas.

Après être resté figé comme une statue à dévisager la jeune femme, Luke entreprit de se lever. Ce qui visiblement ne plut pas à Rey car celle-ci frappa l'air de la pointe de son bâton tout en ordonnant d'une voix froide et vibrante :

« Ne bougez pas. »

Luke reposa les coudes au sol et montra la paume de ses paumes : « Je ne bouge pas. ».

« Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? » demanda-t-elle en prenant le temps d'articuler chacune des syllabes.

« Mon nom est Luke Skywalker, je suis Maître Jedi sur Chandrila. J'y forme une nouvelle génération de Jedi et je suis venue te faire une proposition. »

Rey resta sans voix. Elle avait entendu parler des Skywalker, et des Jedi. Ou plutôt elle connaissait les rumeurs qui couraient sur cette nouvelle ère. Mais ce qu'on entendait sur Jakku n'était jamais fiable.

« Vous êtes venu récupérer le sabre, n'est-ce pas ? »

Elle réfléchissait à toute vitesse. Il aurait été malin de lui faire du chantage, ce sabre devait avoir une grande valeur et l'occasion était belle mais Rey était beaucoup trop honnête pour ce genre de chose.

« Pas tout à fait. Je suis venu pour te récupérer toi. » Rey était estomaquée. Ces paroles eurent l'effet d'une bombe. Savait-il ce que ces simples mots représentaient pour elle ? Elle qui avait espéré tant de fois entendre quelqu'un lui dire cela. Mais ce n'était pas à ce Jedi de les prononcer. Elle ne répondit rien. Elle abaissa son arme et se recula, permettant ainsi au Maître Jedi de se remettre sur pied. « Comment t'appelles-tu ? »

« Rey. »

« Écoute Rey, je sais que tout cela doit te paraître bien étrange mais n'essaye pas de rationaliser, pas tout de suite. Si je suis ici, c'est pour te proposer de rejoindre l'Académie d'Hanna City à Chandrila. Là-bas, tu pourras suivre une formation pour devenir Jedi aux côtés d'autres personnes comme toi. Tu seras logé et nourri. En compensation, nous n'exigeons que ton assiduité et ta dévotion envers ton rang. Hanna City est une magnifique ville où la politique démocratique de la Nouvelle République a été parfaitement accepté. Tu y seras en sécurité. »

« Vous vous trompez, je n'ai rien à voir avec tout ça. Je ne suis qu'une pilleuse de Jakku. »

« Alors dans ce cas, explique-moi pourquoi ce sabre t'a choisi. »

Rey resta la bouche ouverte sans qu'aucun son n'en sorte. Elle ne pouvait expliquer la raison pour laquelle ce maudit sabre lui était arrivé entre les mains.

« Je n'en ai aucune idée. Mais je n'y toucherai plus jamais, je ne veux plus jamais revivre ce qu'elle m'a fait voir. » Des larmes commencèrent à perler aux coins de ses yeux mais elle les ravala rapidement. Luke fut interpeller par ce qu'elle lui disait mais il décida de ne pas poursuivre dans cette voie-là, ou à coup sûr, il la perdrait.

« Depuis quand habites-tu ici, Rey ? »

« Depuis toujours. »

« Ne crois-tu pas qu'il est grand temps de partir ? »

« Je ne peux pas. »

« Qu'est-ce qui peut bien te faire vouloir rester sur cette planète ? »

« Je… Je dois rester pour ma famille. Je dois être là à leur retour. »

Luke avait pensé que la convaincre serait plus facile que ça. Qui refuserait une proposition pareille ?

Rey était une jeune femme robuste et visiblement têtue, il l'appréciait déjà. Il ne put s'empêcher de lire dans son esprit et bien qu'il connaisse déjà la réponse, il avait besoin d'être certain. Visiblement, elle aussi connaissait la réponse mais ne pouvait se l'avouer. S'avouer que jamais ses parents ne reviendraient.

« Si tu acceptes de me suivre, je pourrais t'aider à retrouver ta famille. Tu pourrais connaître la vérité. »

Le Maître Jedi sentait que Rey était en proie à l'indécis, le doute commençait à la submerger.

« Faisons un marché : accepte ma proposition et si jamais tu ne te sens pas à ta place là-bas ou si notre recherche sur tes parents ne donne rien, tu pourras revenir ici. Tu seras libre de choisir. Alors, qu'en dis-tu ? »

Rey savait ce que Skywalker lui proposait : un avenir. Et elle mourrait d'envie d'accepter, de découvrir une autre planète, d'apprendre des choses, de pouvoir dormir avec un toit sur sa tête sans mourir littéralement de faim. Mais partir l'effrayait, c'était risqué.

Et après tout, qu'avait-elle à perdre ? Pour la première fois de sa vie, quelqu'un lui proposait son aide pour retrouver la trace de sa famille. Il y avait un espoir. Mais en quoi pouvait-il l'aider ? Il ne connaissait rien à propos d'elle, même pas son prénom, alors comment pouvait-il croire qu'il éluciderait le mystère de ses parents ? Et ce sabre laser… Ce qu'il lui avait fait voir, elle ne voulait pas le revivre. Était-ce un avant-goût de ce que serait sa vie si elle partait ? Dans ce cas, elle ne souhaitait pas quitter Jakku.

Mais la vie exige qu'on prenne des décisions irrévocables avant même de pouvoir en mesurer les conséquences. La vie n'est qu'un tissu d'à-peu-près, de décisions hâtives, de situations instables sur lesquelles on bâtit pourtant un mur en plâtre qu'un coup de poing peut traverser. Et hésiter était déjà une forme de décision.

« J'accepte. À l'unique condition que vous promettiez de me ramener ici si je vous le demande. »

« C'est promis. »

Rey avait dit au revoir à sa maison, son vieux TB-TT qui l'avait abrité depuis toujours. Elle avait quitté ses bouquins, ses vieilles bricoles accumulées au fil des années qu'elle avait déniché de-ci delà. Elle n'avait emporté avec elle qu'une sacoche comportant quelques affaires dont notamment une poupée faite-main auquel elle était attachée. Elle avait hésité à la prendre, cela signifiait qu'elle pouvait partir sans revenir, et l'idée était effrayante.

Pendant qu'elle préparait ses bagages, Luke était parti rechercher son vaisseau. Lorsqu'il atterrit, Rey étudia l'engin avec admiration. Elle avait l'habitude de voir ces vaisseaux spatiaux couchés au sol, cassé et incomplet. En voir un en si bon état était d'autant plus appréciable.

« Un VCX-100. Étrangement bien équipé en protection et en armement pour un cargo léger de transport ! » remarqua-t-elle lorsque Luke en descendit.

« On n'est jamais assez prudent. » répondit-il en unique réponse.

Luke l'incita à monter à bord en s'écartant de l'entrée. Elle lui remit le sabre laser et grimpa les dernières marches. Il remarqua qu'elle n'était pas beaucoup chargée, mais qu'elle avait tenu à apporter ce qui lui servait de défense, ce bâton avec lequel elle l'avait attaqué. Il sourit.

« Tu n'en auras pas besoin. »

Rey se tourna vers lui et sourit : « On n'est jamais assez prudent ! »

Définitivement entêtée.

Une fois à bord, Rey osa lui demander s'il avait de l'eau. À être restée clôturée pendant des dizaines d'heures, elle avait rapidement épuisé toutes ses réserves d'eau et le manque commençait à se faire urgemment ressentir. Après s'être rassasié, Rey s'était installé maladroitement aux côtés de Luke dans le siège du copilote. Il remit les moteurs en marche et commença à décoller. Elle n'avait pas loupé une miette du décollage, observant chaque manipulation et regardant attentivement son TB-TT devenir aussi minuscule qu'un grain de sable. Elle n'avait jamais vu sa planète d'aussi haut, même lorsqu'elle avait la chance de piloter des engins qu'Unkar Plutt lui demandait de réparer.

Bien qu'elle prît plaisir à voir l'étendue galactique depuis le cockpit, le sommeil la cueilli si vite qu'elle ne s'en aperçut même pas. Luke avait commencé à lui expliquer comment se déroulerait leur voyage jusqu'à Chandrila mais en tournant la tête, il s'aperçut que la jeune femme s'était assoupie et coupa net ce qu'il disait.

Il l'observa un instant et réalisa qu'il avait sans doute fait le bon choix. Il ressentait en elle une force brute et indomptée, elle ne manquait pas d'audace et encore moins de courage. Il n'avait jamais ressenti ça aussi fortement, l'émanation d'un pouvoir encore âpre et sauvage.

Si tout se passait bien, Rey pourrait devenir un atout précieux pour l'ordre, mais aussi pour la Nouvelle République. Les choses commençaient à se compliquer et Luke se promit d'agir en conséquence. Il avait beau avoir plusieurs élèves, quelque chose lui disait que ça ne serait pas pareil avec Rey, bien au-delà du fait qu'elle soit arrivée à un âge si avancé. Mais il ne commettra pas les mêmes erreurs qu'avec son neveu. Ce dernier avait eu un meilleur comportement ces derniers temps, mais ce ne fut que de courte durée. Luke redoutait l'attitude qu'il aurait à son retour. Sans doute devait-il être plus dur avec lui.
Une autre question émergea des tréfonds : pourquoi Rey était-elle apparue à Ben et non pas à lui, ou encore à Maz ? Luke aurait aimé s'en remettre à quelqu'un d'autre, quelqu'un qui saurait comment l'aider. Mais à l'heure actuelle, il était celui à qui on s'en remettait. Sur ses épaules pesait une lourde charge, et il ferait tout son possible pour maintenir sa carrure droite.

Quelques heures passèrent et le vaisseau passé en pilote automatique faisait bon chemin.
Rey émergea silencieusement d'un sommeil profond. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle se senti plus reposée, et apaisée aussi. Elle avait le sentiment d'être en sécurité auprès de Maître Luke, comme si rien ne pouvait lui arriver. Elle songea au fait qu'elle était sûrement naïve de penser ça mais le sentiment était agréable, alors elle se détendit. Peut-être était-ce pour cela qu'elle avait accepté si rapidement sa proposition. Ça ne lui ressemblait pourtant pas d'accorder sa confiance si vite, sa confiance tout court d'ailleurs. Mais elle l'a cru, ses paroles étaient sincères, il l'aiderait.
Pouvoir observer ce tunnel sans fin bâtit de reflets aux couleurs blanches et bleus étaient plus qu'appréciables. Elle découvrait l'hyperespace, la vitesse lumière, le voyage intergalactique, c'était si incroyable et spectaculaire. Émerveillée, elle n'entendit même pas le Maître Jedi arriver derrière elle.

« Je crois que je ne me lasserai jamais de cette vue. » commenta-t-il. Rey se retourna en sursautant et lui sourit avant de reposer ses yeux vers le cockpit. « J'imagine que tu dois être affamé, en tout cas moi je le suis. Je pourrais dévorer un wookie ! Et heureusement pour nous, Maz nous a laissé du cushnip et du fral. » poursuivit-il en s'éloignant dans le cœur du vaisseau.

Rey n'attendu pas une minute pour le suivre. Bien sûr qu'elle mourrait de faim, depuis combien de temps s'était-elle senti repus après un repas ? Longtemps, certainement. Rien que d'y penser, son ventre s'était réveillé en grognant.
Elle n'avait aucune idée de ce à quoi ressemblait un wookie, ou qui était Maz et quel goût avait le cushnip mais elle ne dit rien et suivit Luke. Une fois arrivés dans un compartiment comprenant du matériel de détente tel qu'une table, des canapés et pleins d'ustensiles que Rey ne savait nommer, Luke lui demanda de s'asseoir. Il prépara deux plateaux et en tendit un à Rey. Sans plus attendre, elle bondit sur son repas. En s'apercevant que Luke mangeait proprement avec une cuillère, elle se sentit honteuse et entreprit de faire pareil. Elle maudit ce stupide objet qui ralentissait sa mise en bouche. Luke, lui, en riait. Pendant que leur ventre se remplissait, il décida de commencer à expliquer à Rey comment la vie s'organisait à l'Académie Jedi. Elle aurait besoin de repères ou sinon, elle se retrouverait vite perdue dans une ville aussi grande. C'était un changement brusque et il fallait s'y préparer.

« Nous arriverons bientôt, dans deux heures environ. Une fois là-bas, je te ferai visiter l'Académie. Au sein de l'Ordre Jedi, nous sommes plusieurs Maîtres et Chevaliers mais d'autres sont consulaires ou Généraux pour la Nouvelle République. Malheureusement nous ne sommes pas assez pour avoir chacun son propre Padawan comme le voudrait le code. Alors, on se répartit les élèves selon leurs âges. Et dans ton cas, tu devras me supporter un petit moment puisque je m'occupe des plus vieux, ceux de plus de 20 ans. Maz, elle, s'occupe des plus jeunes, les initiés. Je te la présenterai à notre arrivée. Par exemple, Maz n'a jamais voulu recevoir le titre de Maître Jedi, pas même celui de Chevalier. Alors, elle ne fait que représenter et partager nos valeurs. C'est elle qui a retrouvé le sabre. Je l'ai perdu il y a de nombreuses années, en même temps que cette main. » dit-il en levant sa main cybernétique.

Rey était resté muette, écoutant avec attention ce qu'expliquait Maître Luke. Elle commençait à comprendre comment tout cela s'organisait et les responsabilités que chaque titre engendrait. Elle tiqua lorsqu'il lui parla d'âge : elle ne connaissait pas son âge exact, sans doute avait-elle 19 ou 20 ans. Mais lorsqu'il évoqua le sabre laser, Rey ne put se retenir de poser les questions qui lui vrillaient la tête depuis cet étrange évènement.

« Qui était la personne que j'ai vue ? »

« Le jeune homme qui t'est apparu est mon neveu. Ben Solo. »

« Solo ? Comme Han Solo ? » demanda-t-elle les yeux écarquillés.

« Tu connais Han ? »

« Les gens parlent beaucoup de lui à Niima, pour ses exploits de pilote. »

« Et bien tu as raison, Ben est le fils de Han et Leia Organa, qui est ma sœur et aussi Sénatrice. »

« Et il est aussi votre élève, c'est ça ? »

« Correct. Et sûrement l'un des meilleurs mais Ben a encore beaucoup de choses à apprendre. Tout comme toi. » Luke lui sourit et Rey le lui rendit.

Ils continuèrent à discuter et le temps défila sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte. Un bip sonore alerta le pilote qu'ils venaient de quitter l'hyperespace. Le temps qu'ils atterrissent, Rey put profiter de la vue : tous ces immenses bâtiments aux formes géométriques à la fois étranges et originales l'épataient. Il y avait tellement de monde dans les rues, tellement de vie. Et tout semblait si bien organisé qu'on ressentait la paix dominer le tout. Personne ne semblait forcé, triste ou contraint. Ils étaient libres. Et cette planète semblait magnifique aux yeux de Rey. Pourrait-elle considérer cet endroit comme sa maison, un jour ? Elle ne savait même pas combien de temps elle resterait ici.
Elle aurait aimé que cela dur plus longtemps mais le vaisseau était rapide et sûrement aurait-elle tout le loisir de visiter plus tard.

Rey récupéra son bagage et se rendit vers la sortie. Quand elle posa pied au sol, sa première réflexion fut qu'elle avait froid. Le soleil avait beau briller de toute sa puissance, ses rayons n'étaient pas suffisants pour réchauffer la peau hâlée de la jeune femme. Un frisson la parcouru mais elle n'en laissa rien paraître et suivit Maître Luke à l'intérieur.

Ils marchèrent à pas lent dans les grands couloirs de l'Académie, Luke prenait le temps d'expliquer à quoi servait chaque salle et quelles étaient les consignes. Rey ne cessait de lever les yeux aux plafonds, toujours abasourdie par l'architecture démesurée. À mesure qu'il expliquait, Rey comprit que tout était parfaitement élaboré de manière que rien ne vienne troubler l'ordre instauré. Les règles étaient strictes et sans dérogation, mais elle s'adapterait. Enfin, ils entrèrent dans une pièce qui ne ressemblait pas aux autres. Sans doute était-ce une salle de soins à en juger par l'équipement qui ornait les meubles. Luke lui demanda de s'asseoir et d'ôter les bandages épais qui couvraient ses bras puis il fouilla dans des boîtes et en ressortit une plaque avec en son centre, une aiguille. Rey était anxieuse et il le remarqua.

« Ne t'inquiète pas, ça ne te fera aucun mal. Je dois prélever une goutte de sang pour la faire tester afin de connaître ton taux de midi-chloriens. »

« Midi-chloriens ? »

« Ce sont des microorganismes devenus partie intégrante de leur cellule-hôte. Chaque personne vivant dans cette galaxie en possède dans leurs cellules, dans le cas contraire, cela signifie qu'ils sont morts. C'est une forme de symbiose : nous ne pouvons vivre sans eux, tout comme elles ne peuvent vivre sans nous. »

« Et tout le monde n'a pas le même taux ? »

« Effectivement, c'est ce qui différencie les personnes sensibles à la Force de ceux qui ne le sont pas. Un humain lambda en possède environ 2 500 par cellule. Au temps de l'Ancienne République, les contrôles étaient systématiques et si la personne se retrouvait avec un taux supérieur à 7 500, il était envoyé au Temple Jedi pour y être formé. » Luke vit Rey devenir contrariée. « Mais tu n'as rien à craindre, c'est juste un test nécessaire pour le formulaire, une banalité. »

Un léger picotement au creux de son coude, et le test était fini. Luke envoya l'échantillon dans une machine qui commença à l'analyser. Après de longues secondes, l'appareil bippa joyeusement et Luke sembla se figer devant l'écran. Rey l'observa, inquiète. Elle se demanda ce que sa réaction signifiait.

« Quoi ? Ce n'est pas bon ? »

« Si. Si si. C'est plus que bon. Ta concentration de midi-chloriens s'élève à 15 300. »

Rey fut soulagée et finit par se dire que ce n'était qu'un chiffre, sans grande importance. Après tout, elle n'avait rien sur quoi se baser pour comparer ce taux.

Pour donner suite à cela, Luke lui donna l'uniforme que portaient les élèves. Dans une logique d'équité, aucune différence n'était visible entre les vêtements hommes et femmes si ce n'est la coupe pour une question de confort. Rey se vit alors offrir une tunique ainsi qu'un tabard ample, avec un pantalon en coton de couleur ocre très clair, une ceinture de cuir et une paire de bottes possédant une guêtre et plusieurs lanières. Luke quitta la pièce pour lui donner un peu d'intimité afin qu'elle se change. Elle comprenait la nécessité de porter cette tenue et ça lui plaisait de se sentir appartenir à quelque chose de plus grand que soi, de pouvoir montrer au monde qui il était. Une fois enfilée, elle s'observa dans le petit miroir collé au mur, elle comprit qu'elle avait maintenant un rôle à jouer, et cette pensée était si agréable. Elle n'avait pas l'habitude de s'observer, elle resta alors figée un long moment devant cette jeune femme. Se voir dans cette tenue était… chamboulant. Elle était quelqu'un.

Après s'être forcé de détourner le regard, elle rejoignit Maître Luke, sa boule de tissus sales sous le bras. L'air interrogateur du Jedi la força à se justifier :

« Je les garde. Ils m'ont coûté une fortune ! »

Il acquiesça et continua sa route afin de poursuivre la visite. Il expliqua que la Nouvelle République avait financé la construction de nombreux logements pour les étudiants des différentes Académies d'Hanna City. Rey n'aurait donc pas à s'inquiéter, un logement dans une résidence à quelques kilomètres l'attendait déjà. De plus, une bourse lui serait attribuée pour qu'elle puisse s'offrir ce dont elle avait besoin. Bien qu'elle soit tout d'abord ravie d'entendre ça, Rey palissa vite. Personne n'offrait quelque chose sans rien attendre en échange. Et puis, pourquoi avoir mis autant de temps pour venir à son aide ? La seule raison pour laquelle le régime l'aidait autant était juste grâce à ce chiffre, ce taux de midi-chloriens ? C'était injuste. Elle avait rencontré tellement d'enfants, de femmes et d'hommes que la société avait laissés tomber. Et voilà qu'ils se montraient immensément généreux. La colère montait mais Rey n'en laissa rien paraître. Toutefois, il semblait que Luke ait remarqué les sentiments qui agitaient Rey. Elle ne savait pas comment mais le regard qu'il lui lançait voulait tout dire.

Ils marchèrent encore quelques minutes et rencontrèrent de nombreuses têtes. Tout le monde connaissait Luke et semblait lui vouer beaucoup de respect. Pour autant, les gens ne manquèrent pas de dévisager la nouvelle qui se trouvait à ses côtés, se questionnant sûrement de sa venue si tardive. Rey s'en fichait un peu de ce qu'on pense d'elle alors elle fit abstraction.

La visite sembla toucher à sa fin, et Luke s'adressa une dernière fois à Rey :

« Je pense t'avoir dit le principal. Si jamais tu as des questions, n'hésites pas. Je sais que tu ne connais pas encore Maz ou Lor San Tekka, mais tu peux aussi te tourner vers eux. Le prochain cours commence bientôt, j'en profiterai pour te présenter aux autres. Ils se demandent sûrement pourquoi je me suis absenté aussi longtemps. Mais tu verras, tout se passera bien. »

« Je ne m'inquiète pas. J'espère juste que vous tiendrez votre promesse, au sujet de mes parents. »

« Bien sûr, Rey. » il lui offrit un sourire des plus sincères et lui dit avant de partir : « Je dois aller voir quelqu'un avant le début du cours. Tu peux déjà rejoindre la salle, elle se trouve au 3ème étage, couloir de gauche. »

Maître Luke partit et laissa Rey seule. Elle resta un moment à observer autour d'elle puis décida de se diriger vers la salle évoquée. Sur son chemin, les questions émergèrent, elle commençait en avoir presque mal à la tête. Elle s'aventurait dans une voie qu'elle ne connaissait pas mais gardait en mémoire qu'elle avait la possibilité de faire marche arrière. Elle tenta de garder son calme mais une dernière pensée finit par la déstabiliser définitivement. Elle allait le revoir. L'homme qui lui avait donné le sabre laser malgré lui. Elle allait revoir Ben Solo.

Here we are : ma deuxième fiction !

Je suis si heureuse de vous partager ce premier chapitre. Je sais, il est long, ne possède pas grandes actions et ne laisse rien entendre d'un Rated M. Mais ne vous en fait pas, ce n'est que le début et je vous promets que la suite vous réserve quelques surprises…

Je suis conscience que cet AU est assez complexe à cause du mélange de sous-genres et je fais de mon mieux pour que mes écrits permettent à eux seuls de vous expliquer l'univers. Cependant, si quelque chose vous échappe : je me ferai un plaisir de vous éclairer sur l'univers perché et complexe que mon petit cerveau a créé :)

Je meurs d'envie de connaître votre avis, vos réflexions, ce que vous n'avez pas aimé, ce que vous pensez de la suite, etc etc… et chaque review me donne tellement de satisfaction, surtout après les dizaines d'heures passées sur ce travail ! Et même si ce n'est que pour quelques mots, n'hésitez surtout pas à squatter ma boîte mail, j'adore vous répondre ;)

Merci à NoChaDaiSalamander pour l'aide précieuse qu'il m'a apporté !

Et merci à vous si vous décidez de cliquer sur le petit bouton « Follow / Fav » :D

Léa.