One Charm For One I Love

Chez les anges, la tenue répondait à des codes extrêmement précis. Par exemple, on devait obligatoirement porter telle couleur selon son chœur d'origine, un couple de fiancés devait partager une paire de bijoux identiques, et un ange de sexe féminin ne portait un collier que si elle était formellement appariée.

Castiel se demandait donc quelle pouvait bien être la signification du bracelet de Gabriel.

C'était un bracelet en argent, le genre sur lequel on pouvait enfiler des breloques, que l'Archange appelait son bracelet porte-bonheur. Il comportait exactement six breloques, et le Messager ne l'enlevait pratiquement jamais, sauf quand il allait se coucher.

Qu'est-ce qu'il pouvait bien signifier ?

L'angelot prit son courage à deux mains et posa hardiment la question.

Son protecteur le considéra l'espace d'une seconde, visiblement pris au dépourvu, avant d'arborer un sourire éblouissant.

« C'est pour me rappeler que j'ai des gens qui m'aiment et que j'aime. »

Le nouveau-né plissa les yeux. L'Archange sourit et le prit sur ses genoux pour lui permettre de voir le bijou de plus près.

« Je t'explique : chaque breloque représente quelqu'un d'important dans ma vie. »

Il montra la première d'entre elle, un petit soleil de bronze.

« Celle-là, c'est pour Michel. Parce qu'il est imposant et fort, comme le soleil. »

La deuxième breloque était une étoile d'or à cinq branches.

« Celle-ci, c'est pour Lucifer. Parce qu'un de ses titres, c'est l'Etoile du Matin. »

La troisième breloque constituait en un serpent de jade.

« Celle-ci, c'est pour Raphaël. Parce qu'il sait cracher du venin, comme un serpent, mais le venin, ça peut aussi être un médicament. »

La quatrième breloque était une rose de cristal soigneusement taillée, chaque pétale aussi fin qu'un vrai pétale.

« Celle-ci… celle-ci, c'est pour une de mes charges. Elle s'appelle Marie, et elle est très, très gentille. »

Une légère rougeur s'était répandue sur les pommettes de l'Archange, mais Castiel n'y prêta pas grande attention.

La cinquième breloque était une pièce en or, sur laquelle était gravée une étincelle.

« Celle-là, c'est pour Balthazar. Parce qu'il était aussi vif qu'une étincelle. »

« Et elle est pour qui, la dernière ? » voulut savoir le petit ange en désignant la dernière breloque.

Il s'agissait d'un oiseau aux ailes de jais déployées, au corps bicolore fait de jais et de lapis-lazuli.

Gabriel sourit.

« Celle-ci, elle est pour mon petit oiseau ! »

Castiel émit un cri de surprise et de ravissement – car le petit oiseau de Gabriel, c'était lui, c'était le surnom que lui attribuait l'Archange quand il était d'humeur particulièrement gentille.

« Tu m'aimes, alors ? » fit-il, les yeux brillants.

« Ouaip ! Je t'aime jusqu'à la lune, aller et retour ! »

Nageant dans le bonheur, le nouveau-né se pelotonna contre la poitrine de son gardien et ferma les yeux.

Quand il serait grand, lui aussi il aurait un bracelet comme celui de Gabriel.