Chapitre 1
Premier septembre.
Ce jour avait eu tellement d'importance pour moi quand j'avais 11 ans. Le Poudlard express, l'épaisse fumée de charbon, le rouge vif et aveuglant.
Une occasion offerte sur un plateau de faire mes preuves dans un nouveau domaine. Depuis toute petite, j'avais un esprit de compétition en acier trempé.
Si à cette époque, je savais que j'allais finir mariée à la sortie des études et que j'allais me faire engrosser par le pire abruti de tout les temps, et, qu'accessoirement, je sauverai le monde une bonne douzaine de fois, je n'aurais jamais mis les pieds ici.
Ou alors, je me serais comportée comme la sorcière intelligente que je suis sensée être et j'aurais accepté une vie de bonheur.
Mais c'est trop tard .
Aujourd'hui, je vois ma fille, mon adorable Rose, s'avancer, hésitante, vers cette solide barrière de brique qui m'avait moi même tant déstabilisée. Elle est effrayée.
Comme pour me dire que mon mariage était une erreur, ma Rose n'avait rien de son père. Elle avait mon épaisse chevelure brune, que je m'étais appliquée à lisser à coup de sorts depuis qu'elle avait poussé, mes yeux bruns aux reflets verts et ma silhouette frêle. La seule chose qui lui avait été épargnée était la
dentition de lapin que j'arborais avant que Dra...Malfoy ne me jette ce sort en quatrième année. Et que je finisse à l'infirmerie. Et que Pomfresh me raccourcisse les dents.
Ma petite fille... Qui aurait cru que la célèbre Hermione Granger avait chasser des mages noirs, des déglingués mentaux et des trucs louches bourrés de magie noire avec des hormones plein le sang et un bébé dans le bide? Qu'elle avait accessoirement failli perdre sous les Doloris de cette charmante Bellatrix.
Je la suis derrière la barrière de brique. Devant le Poudlard express, je me sens redevenir l'adolescente studieuse que j'ai toujours été. Rien n'a changé. En 15 ans. Les chats faméliques aux couleurs étranges trainassant un peu partout. Les enfants braillards. Les mères en larmes. Les pères dans leur fosse dignité alors qu'eux aussi portent les larmes de la séparation au bord de leur canal lacrymal.
Et, bien sur, la carrosserie rutilante, brillante, astiquée comme un bijou, comme une pomme bien mûre.
Je me souviens bien de la scène qui s'était déroulée ici même, sur ce quai bondé, avec des larmes et de la fumée, semblable en tous points à la rupture de Raimbaud et Verlaine, à la différence que nous étions un homme et une femme, et que c'était loin d'être une rupture. C'était une promesse de bonheur.
Je n'arrive toujours pas a croire que je me suis faite bernée par ce crétin de Ronald Weasley. Ce crétin sans tact qui m'avait laissée comme une vieille chaussette pour sa ventouse de Lav-Lav. À croire que le nettoyage des amygdales par cette chère Brown lui manquait.
J'ai l'impression d'être une vieille fille de quarante ans. Aigrie comme une bouteille de cidre.
Quand cet irresponsable de Ronald m'a quittée, j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai élevé ma fille. Je lui ai appris tout ce que je savais. Et rien en elle ne me rappelait l'idiot que j'avais fait l'erreur d'épouser.
Moi, Hermione Granger, m'étais faite berner par un roux. UN ROUX.
Je ne m'étais pas appesantie sur mon sort. J'ai bravement relevé mes manches, comme tout bon Gryffondor. Sauf cette chère Lav Lav.
Le plus dur dans l'histoire avait été de faire le ménage dans me vie. Jeter toutes les affaires de Ronald. Les photos de Ronald. Et les posters des Canons de Chudley de Ronald.
Il me fallait aussi l'éviter au Terrier. N'y aller que quand il n'y était pas. Mais au bout d'un an, Lav Lav n'ayant pas changé, ils se sont installés aux USA. Là où la dinde aurait tous les potins qu'elle voudrait.
Je ne vois que ce que je veux voir. Ronron a sûrement reçu une promotion en tant qu'auror. Ce type n'a pas pu lutter contre l'envie de sauver le monde. Lui et Harry seront toujours pareils. Sauf qu'Harry n'abandonnerait jamais Ginny pour une brosse à dents humaine.
Je vois ma fille me prendre le chariot des mains. Elle fait face à ce qui l'attend. Déjà. Cette petite me ressemble trop. J'ai muri trop vite. Et voilà ce qui m'arrive. Je ne regrette aucunement ma fille. Mais mon existence aurait été tellement différente si j'avais été une adolescente normale. Traduction: saturée d'oestrogènes, gloussantes et adeptes de la pire invention de torture humaine. Le shopping.
Les larmes débordent des yeux de Rose. Je m'appuie sur un genou pour être à sa hauteur. Je lui essuie ses beaux yeux du bout de ma manche. Je la serre très fort contre moi. On s'imprègne de la force de l'autre. Je la soutiens, elle me soutient. Nous n'avons pas besoin de nous parler.
Je desserre mon étreinte. Je la regarde dans les yeux.
-Rose ma chérie, tu vas à Poudlard. Amuse toi. Fais toi des amis. Ne sois pas comme moi. Sois ouverte. Ne passe pas ton temps à travailler. Un jour, tu sera vieille comme maman, tu repensera à tes études. Mais tu ne te rappellera pas le silence de la bibliothèque aux aurores. Tu te souviendra d'éclats de rire. De choses heureuses. De sorties à Pré au Lard.
-T'es pas vieille, maman, dit elle, entre deux larmes, un petit sourire fendant son petit visage.
-Je t'aime, Rose.
Pour toute réponse, elle me serra fort dans ses bras. De petits bras tout frêles, mais pleins d'amour.
-Au revoir, mon cœur. N'embête pas Rusard plus que nécessaire. Ne te fais pas prendre avec des farces et attrapes de tes oncles. Sois gentille avec Hagrid, James, Lily, Albus et Victoire. Et quelle que soit la maison à laquelle tu vas, sache que c'est celle qui te conviens le mieux.
-Tu veux dire que tu ne m'en voudra pas d'être une Pouffsoufle? Sans courage et tous ça?
-Fais moi penser à étrangler Fred avec ses oreilles à rallonges, grommelai-je. Au revoir. Bon courage. Écris moi ce soir.
Il était 11 heures moins cinq. Rose grimpa dans le train.
Je ne parti que lorsque le train quitta le quai. Et j'aperçu, juste avant de m'en aller, pendant une milliseconde, la chevelure platine qui me hantait.
La maison est tellement vide.
J'ai l'impression de redevenir ado. Quand j'ai envoyé mes parents en Australie après un lavage de cerveau.
J'habite dans un appart en plein Londres et j'ai un travail moldu. Depuis la fin de la guerre, je m'isole du monde magique. Et un travail au ministère ne m'intéresse pas. Donc j'aide de mon mieux les moldus.
Mon appartement est de taille moyenne. Juste assez pour moi et ma fille. Des fois, j'ai l'impression de vivre en colocation avec une fille de mon âge. Malgré ses onze ans, elle est tellement mature...
Le salon est une vaste pièce sobre. Un canapé noir, orné de quelques coussins gris perle, une. chauffeuse crème et une télévision. Une cuisine à l'américaine, ouverte sur le salon, avec deux hautes chaises au comptoir.
La chambre de ma fille est plus psychédélique. On dirait un truc tout droit sorti de la flower power. Le papier peint, les bibelots, les objets de deco. Ma fille avait des goûts uniques.
Ma chambre est à mon image. Encombrée de livres, de grimoires, d'ingrédients de potions et de petites fioles de verre. Un lieu qui tenait de la bibliothèque, du labo de potions et de la réserve de Rogue. Mon lit disparaissait sous le reste.
N'empêche, j'aimais cette ambiance d'imprévisible qui régnait la. Ça dégageait tellement de calme et de mystère...
C'était tellement différent de la chambre que j'occupais avec Ronald, avant. Cette pièce tellement lumineuse que ça faisait mal aux yeux, tellement bien rangée que l'on se perdait dans les tiroirs parfaitement ordonnés, tellement... Impersonnelle. Ronald a avait tenu à ce qu'on aie un elfe. Voilà ce qui arrive quand on devient riche d'un coup. On perd le sens de la mesure. Et il était devenu complètement démesuré.
Je saisis la baguette, envoyait quelques recurvite, et me fis un bon chocolat chaud. Je m'installai sur mon lit, ma douche couette blanche à motifs bleu clair sur moi.
Des fois, j'avais l'impression d'être encore l'adolescente qui lisait dans la salle commune de Gryffondor. Je me retournai, et saisi ce qui était mon livre préféré depuis 10 ans. Depuis que l'idiot est parti, et depuis que mon âme s... Qu'il m'a avouer son amour.
Je me mis à lire le prologue de "ma vie de compagne". Ce témoignage, tellement vieux que l'on ignorait quelle femme l'avait rédiger. En tout cas, par son expression, elle semblait jeune. Elle devait avoir environ seize ans lorsqu'elle a rencontré son promis. C'était émouvant. Tellement touchant. Drôle parfois. D'autres fois, il amenait à réfléchir à sa propre vie. À ce que l'on voulait en faire. Si ce pour quoi on se battait en valait la peine. La jeune fille ne mentionnait pas son nom, ni celui de l'homme qui l'aimait de l'amour le plus passionné, le plus sincère qui pouvait exister.
J'avais trouvé ce livre sur le pas de la porte de la maison du crétin, le lendemain du jour où... Où je suis revenue de ma septième année (en réalité huitième). Après.. Après qu'il m'ait parlée.
Je l'avais martyrisé à coup de revelio, et de tous les autres sorts de démasquage que je connaissais. Puis, réalisant quil était totalement inoffensif, je l'ai lu.
Une semaine après, j'accouchai d'un déni total. Encore une semaine et j'étais mariée. Un mois plus tard, la brosse à dents humaine (ou la nettoyeuse d'amygdales, prenez ce que vous voulez) était revenue des USA et avait récupéré son Ronron.
Quel surnom stupide.
Dire qu'en sixième année, j'avais pleuré pour cet idiot. Dire que je me suis inquiétée pendant la quête des horcruxes, alors qu'il était parti seul comme un idiot pour je ne sais ou. Dire que quand je me suis faite torturée par cette folle de Bellatrix, je pensais à lui pour ne pas perdre la tête sous les doloris. Et que lorsqu'elle m'a gravé ce mot ignoble sur le bras à coups de dagues, c'est mon amour pour lui qui m'a aidée à garder un peu de confiance en moi.
Ce que j'étais naïve.
Sang de bourbe.
Voilà comment il m'a appelée lorsqu'il m'a quittée.
Cette horrible insulte. Dont il m'avait défendue en deuxième année, en se prenant un crache limaces de la part de Dra.. De la fouine peroxydée.
Le petit garçon sans tact, maladroit mais malgré tout attachant, avait laissé place à un salopard manipulateur et calculateur. Un vrai Serpentard refoulé.
Je le hais. Je me hais. Je hurle silencieusement ma haine à la Terre entière, je crache ma colère aux idiots qui ont fait de moi une héroïne de guerre, alors que je ne suis qu'une tueuse.
Maman,
Poudlard est un endroit... Il n'y a pas de qualificatif suffisamment fort pour honorer un tel lieu. Dire que c'est simplement magnifique constituerait une insulte.
Je crois que le professeur McGonnagal m'aime bien. Elle n'a pas arrêté de me sourire. Surtout à la Répartition. (j'en parlerai après. Ne t'inquiète pas.)
Tout d'abord, James est une brute. Pire qu'à la maison. Mais bon, ce n'est pas une nouveauté. Je disais bien à Oncle Harry qu'il ne fallait surtout PAS lui donner cette carte. Mais on n'écoute jamais la sage Rose. James a fini dans le bureau du professeur Rogue avant même la fin de l'appel des noms commençant pas B.
Je suis à Gryffondor.
Je suis une Choixpeauflou. Le chapeau de Godric Gryffondor a passé six minutes sur ma tête. Puis dans les trentes dernières secondes, il a dit: "tu te dénigre à cause de l'image que ton père a de toi, mais tu veux faire tes preuves. Serpentard te conviendrait à merveille, mais tu resteras incomprise. Et ton père t'en voudra sûrement plus, même si ce n'est pas ta faute. Tu es droite et loyale, et Pouffsoufle saura t'accueillir, cependant, je vois une immense envie d'apprendre, ce qui siérait parfaitement à Serdaigle. Mais tu es incroyablement fière et courageuse, et on a toujours besoin de courage pour affronter la vie. GRYFFONDOR!"
Voilà. J'ai fait comme tu m'as dit. J'ai laissé le Choixpeau choisir pour moi. Et il a sûrement fait le bon choix.
Je me suis aussi faite un ami.
Il a le prénom le plus long de l'histoire de l'humanité, et on a un peu parlé dans le train et sur les barques dans la traversée du lac noir. Il est très gentil. Et incroyablement grand pour son âge. Il déteste son prénom, il me demande de l'appeler Scorp. Sa mère est morte quand il avait trois ans. Voilà plus ou moins ce que je sais de lui. Il est à Gryffondor avec moi.
Maman, la nourriture est absolument délicieuse. Encore meilleure que quand tu cuisines avec Mamie Molly et Tante Ginny. Sans vouloir vous vexez.
Gros bisous.
Rose.
Je reposais la lettre sur la table de chevet, m'étirai longuement avant de me passer la main dans les cheveux. Cheveux que j'avais réussi à dompter. À l'aide de la Grande Ginevra Weasley. Qui mériterait un prix Nobel de la paix capillaire.
La petite Rose était à Poudlard. Je réenvisageai un instant d'accepter le poste de professeur de DCFM pour être proche d'elle, mais non. La sorcière Hermione Granger n'existait plus vraiment.
D'ailleurs, comme ma fille portait mon nom, tout le monde allait de demander qui était son père. Et personne ne pensera que je suis sa mère. Sauf les professeurs m'ayant connu, peut être.
Ce qui était une bonne chose pour elle. Elle démarrera sans que personne ne l'associe à un héros de guerre.
Je me levai paresseusement. Le 59 laissa place à un double zéro sur le radio réveil, et les accords langoureux de Purple Rain résonnèrent.
Je n'aimais pas la pop. Je préférais de loin, et même de très loin, le hard rock. Le petit meuble noir de mon salon était rempli de vinyles de mon adolescence et des CD que j'avais plus récemment acquéri de Guns'n'Roses, AC/DC, Halloween et autres groupes mythiques, témoin de mes goûts très prononcés. J'aimais les accords de guitare assourdissants. Les rythmes de batterie fracassants. Quand j'écoutais de la musique, j'oubliais tout. Je m'oubliais dedans.
Mais j'adorais cette chanson. Incroyablement douce, lente, semblant parler à chacun de nous de la chose que nous regrettions le plus. Et des regrets, j'en avais tellement que je pourrai en vendre au marché aux puces.
Décidant qu'il n'était pas l'heure de m'appesantir sur ma minable petite vie, je me levai, me coiffai sauvagement avant de grignoter et de sortir en trombe.
Aujourd'hui était un grand jour.
Aujourd'hui, j'allais faire mes preuves. Prouver à la Terre entière (ou du moins, mes idiots de collègues que j'aimais bien néanmoins) qu'Hermione Granger était, en toute modestie, un incroyable génie.
Je travaillais sur ce projet depuis près de sept mois. Tout était fin prêt. Les schémas épurés, les modèles virtuels méticuleusement enregistrés sur ma clef USB, les organigrammes et les grafsets dans ma pochette en plastique bleu. Tout le travail de mon équipe se retrouvait entre mes mains.
Je transplanai a Gaydon, dans une ruelle vide près des locaux de l'entreprise, ajustai mon haut et me mis en route vers l'une des plus grosses boîtes de Londres.
Je passai les portes coulissantes en verre, répondis aux salutations, et m'arrêtai devans le bureau de Charlie.
Leonna Addams, alias Léo, était une toute petite blonde exubérante, capable de dérider Minerva McGonnagal.
Elle avait le tempérament le plus joyeux de la Terre. Elle n'avait aucun complexe. Oui elle était petite. Oui elle était ronde. Et alors?
Elle se fichait du monde comme de son premier cheveu, mangeait du chocolat comme une morfale et méprisait les fans de presse people et autre revus à scandale. D'après elle, on était tous pareil. Alors pourquoi la vie de couple de certains serait plus importante que d'autres?
Elle était fan de manga, mais jamais elle ne s'agrandira les yeux ou de teindra les cheveux d'une couleur...exotique. Elle adorait le punk rock mais n'avait ni piercing ni tatouage. Elle était simple. Avait toujours un stock de cacao en poudre et de marshmallows dans son tiroir et en faisait des breuvages à en tomber par terre.
Elle avait d'immenses yeux noirs, qui tranchait sur sa peau laiteuse. Elle n'avait pas un corps de mannequin, mais la maigreur ne lui irait pas. "De toute façons, chacun a une morphologie particulière, essayer de maigrir ne servirait à rien", disait-elle. Elle était telle qu'elle était et pas autrement.
"Hey, Mione!
-Salut Léo, répondis-je avec entrain.
-Tu as encore reçue une..."
Elle me tendais une enveloppe vert pastel. Avec un timbre serpent.
Je soupirai.
"c'est du harcèlement. Je vais finir par porter plainte, lançais-je.
-Hermione, tu sais ce que je pense de...
-Oui Léo, je sais! Mais je ne peux pas. Je ne VEUX pas. Je...
-Ok, ok, j'ai compris! Je laisse tomber. Pour le moment, ajouta-t-elle avec un sourire sadique. Et au fait, le boss est pas là.
-QUOI? Hurlai-je presque.
-Wow, la lionne, arrête de rugir. Tu lui présentera ton projet hyper ingénieux et compliqué demain.
-Mais, MAIS IL AURAIT PU PRÉVENIR!
-Hermione, c'est pas grave.
-JE BOSSE SUR CETTE BAGNOLE DEPUIS SEPT MOIS, TREIZE JOURS ET DIX HUIT HEURES.
Après que le le mec-au-cerveau-tellement-rouillé-qu'il-a-déteint- sur-ses-cheveux m'est abandonnée, j'ai fait des études de mécanique. Et, je ne sais toujours pas comment, j'ai réussi à me faire embauchée par Aston Martin. Oui. Aston Martin.
En fait- je ne sais toujours pas qui, ni comment- le boss lui même est venu chez moi, disant que quelqu'un de confiance, un de ses plus gros clients, m'avait recommandée à lui. Waw.
Et depuis, la grande Hermione Granger essaye de convaincre l'un des plus grands fabricants de voitures de sports de créer des modèles hybrides. Et j'avais enfin eu ma chance. Enfin. Et comme par hasard, le mec ne se pointait pas le jour J. Pff.
Je sortis du bureau de Léo, me dirigeant vers le mien. La lettre à la main.
Qui fini, comme tan d'autres, dans le deuxième tiroir de mon bureau. Où s'entassait une correspondance à ses unique depuis... Quatre ans.
Au début, des chocolats. Je trouvais, une fois par semaine, un petit chocolat emballé dans de l'alu vert. J'allais le jeter, étant de source inconnue, puis Léo m'a -en grande fan de tout ce qui était constitué de près ou de loin de cacao- suppliée de ne pas commettre ce crime odieux qui me pèserait sur la conscience toute ma vie, disait elle, et de le lui laisser.
Les chocolats ont duré trois ou quatre mois. Ensuite, vint le tour des lettres. J'en recevais une toute les deux ou trois semaines environ. Rien de bien méchant après tout.
Puis depuis les deux derniers mois, j'en recevais presque quotidiennement.
Le taré mental avait d'ailleurs cessé de me les envoyer directement et passait par Léo. Qui me harcelait depuis parce que : grand un, petit a, je ne lui en avais pas parlé alors que nous sommes amies proches, grand un petit b, ça ne se faisait pas de ne pas raconter ce genre de chose à son amie, grand deux, petit a, si ça se trouve, c'était quelqu'un de ma famille qui tentait me joindre, ou alors encore mieux selon elle, un beau gosse, grand deux, petit b, me traquait.
En effet, c'est tellement mieux.
Je me laissai tomber sur ma chaise, dépitée. Aujourd'hui était sensé venir notre nouveau patron. Parce que Ulrich Bez avait décidé qu'il était trop vieux pour bosser.
Et ce malpoli ne nous avait même pas prévenus.
Génial.
La mort dans l'âme, je soupirai encore une fois, avant de décréter que j'avais épuisé mon quota soupir de la journée.
Je survolais mes classeurs, mes portes documents, et farfouillais dans mes fichiers informatiques. TOUT était fait. Je n'avais rien à rattraper ou peaufiner.
Bon bah, je n'avais rien a faire. Autant rentrer chez moi.
Au moment où je pensais ça, mon téléphone vibra, m'annonçant que Ginny venait de m'envoyer un message.
"Hermy, j'ai un ÉNORME problème. Pitié, au secours!"
Devant le contenu assez...alarmant, je me levai en trombe, saluai Léo en sortant transplanai à la première ruelle.
Les Potter habitaient dans un grand appartement en plein chemin de Traverse. Leur foyer était à leur image: bruyant et désordonné.
La brave Ginevra essayait tant bien que mal d'imposer un peu d'ordre dans ce monde de chaos, mais ses enfants et son mari- que l'on pouvait compter également parmi ses enfants- était absolument intenables.
Mais comme les enfants n'étaient pas là...
Je toquai à la porte, mais pas de réponse. Le problème de Ginny devait être un dilemme entre deux recettes pour le repas de midi ou entre deux paires de chaussures. Classique.
J'abatti à nouveau le poing sur la porte. Toujours rien.
Un peu hésitante quant à rentrer comme ça, je lançai néanmoins le sort permettant d'ouvrir la maison des Potter.
Il n'y avait personne.
Je saisi ma baguette, et avançai à pas de loup. Ça faisait un peu peur. Je scrutai les pièces, à la recherche de mon amie.
-AAAAAAAAAAAH! Hurlai je.
Quelque chose venait de s'abattre sur moi.
Quelque chose avec des longs cheveux roux.
"Ginny, tu m'as pas ratée.
-Excuses moi. Tu peux m'attendre? J'en ai pour trente secondes.
Je vais donc m'assoir du le canapé. Je laisse mes yeux vagabonder à leur grès, avant que ils ne rencontrent une photo accrochée dans un cadre sur le mur d'en face.
Je regarde les trois adolescents insouciants qui sourient face au photographe, heureux. On voit derrière le parc de Poudlard. Le soleil de couche.
Ils sont heureux.
Je n'arrive pas à croire que la fille aux cheveux touffus, c'est moi. Je n'arrive pas à croire que je tiens amoureusement la main de l'abruti dont le cerveau rouillé déteint sur les cheveux.
Tant de choses ont changé. Ronron a décidé de me laisser. Comme ça. ET NOTRE FILLE? Qu'est ce qu'elle a fait pour mériter ça? Et qu'est ce que je deviens moi? HEIN RON, ON EN FAIT QUOI, D'HERMIONE?
Lorsque Ginny reviens et qu'elle s'arrête, interloquée, je comprends que je sanglote comme un phénix. Sauf que mes larmes n'ont pas de vertus magiques. Elles ne guérissent pas. Elles ne font que déposer leur sel sur la blessure profonde de mon cœur.
Ron, qu'est ce que j'ai fait? Pourquoi moi? C'est ça que je mérite, hein? Ron, je te hais. Profondément. Mais tu vois, je t'aime en même temps. Et ça me tue. Tu vois ce que ça fait, l'abandon? Ça détruit, déchiquète, et après on est brisé comme après un combat de boxe. J'en peux plus.
Ginny me regarde, et suis la trajectoire de mes yeux. Elle voit ce qui cause mon état apocalyptique. Elle me prend la main.
"Chhh, Mione, c'est fini..."
Elle m'entraine vers la salle de bain.
Aïe. Je suis pas belle à voir.
Elle prend une serviette rouge moelleuse, et la mouille, avant de me la passer sur le visage.
C'est grave. Pathologique. TOUT est soit rouge, soit or chez eux. Comme à la salle commune de Gryffondor.
Rouge, comme les cheveux de Ron.
Et c'est reparti pour un tour.
Je me remets à pleurer. Tant pis le courage, ça fait un putain de bien. Oui, Hermione Granger est grossière.
Entre deux hoquets, je réussi à articuler:
"Au fait, c'est quoi ton problème?
-Laisse tomber...
-Nan, dis. Ça va me changer les idées.
-Lily... Lily a un petit ami."
Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.
"C'est une rapide ta fille!
-C'est ça. Marre toi. C'est pas toi qui doit le dire à Harry. "
S'en suivit toute une liste de solutions absolument abracadabrantes pour le dire à mon cher meilleur ami. Ginny proposa de faire léviter une banderole "Lily sort avec un garçon" quand il déjeunera à la cafétéria du ministère.
"Non.
-Comment ça, non? T'as une meilleure idée peut être?
-Non mais d'abord, il faut qu'il mange dehors. Mais avec le temps dégueulasse qu'il y a, ça m'étonnerait. Ensuite, il faut qu'il regarde le ciel au moment même.
-Ouais...
Après toute une liste où Gin proposa même de le stupefixer et de le lui écrire au rouge à lèvres sur le front, j'eus un éclair de génie.
"Je sais! On va l'enfermer dans une pièce, l'appeler au téléphone et lui annoncer!"
Ginny me félicita, me congratula, fit jaillir un torrent de rose auto disparaissantes de sa baguette à mon honneur.
"Gloire à Hermione Granger!"
