Disclaimer : merci Mme Rowling et désolée si vous n'appréciez pas ce que je fais de vos personnages.
Note préliminaire :
Bonjour à tous et bonnes vacances à ceux qui en ont ! Je reviens avec une nouvelle fic (désolée pour les autres qui sont un peu en stand by) qui restera du point de vue d'un personnage inventé de toute pièce. Mais j'espère qu'il vous plaira tel que je l'ai créé. L'histoire pourrait être qualifié de beaucoup de choses. C'est une sorte d'UA puisque cette fic va commencer avec la 6e année d'études de nos héros, et qu'elle va changer de celle que vous connaissez. De plus, il y aura des relations homosexuelles, il y aura du sexe, il y aura du sang… Vous êtes prévenus ! ;-)
Pour la longueur de la fic et les mises à jour, je table sur un chapitre par semaine, en espérant qu'elle sera finie fin août, début septembre (c'est à dire une dizaine de chapitres si je réduis le délai sur la fin…) J'espère qu'ainsi ceux qui ne lisent pas Harry Potter en anglais auront quand même de la lecture en juillet ;-) (j'ai bien peur qu'il y ait une diminution des mises à jour à partir du 21 !)
Bonne lecture !
Prologue
Plus qu'ils ne volent, ils viennent à part entière au délice de l'être : oiseaux du plus long jour et du plus long propos, avec leurs fronts de nouveau-nés ou de dauphins des fables…
Ils passent, c'est durer, ou croisent, c'est régner : oiseaux du plus long jour et du plus long désir… L'espace nourricier leur ouvre son épaisseur charnelle, et leur maturité s'éveille au lit même du vent.
Saint-John PerseD'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été heureuse. Joyeuse, oui, il me semble que je l'ai été, ou du moins que j'ai fait illusion. Fière, je le suis chaque jour de ma vie, puisque c'est l'essentielle de mon rôle. Charmante et vive, aussi, lorsqu'il le faut. Contente, je le suis, à de trop rares occasions. Mais heureuse, c'est une autre affaire. Quand ai-je eu la possibilité de l'être ? Quand en ai-je eu le droit ?
L'aristocratie, même si beaucoup pensent aujourd'hui – à tort ou à raison – que cette notion ne pèse plus grand poids dans notre société, est l'essence de mon être. Je ne vis que pour être le symbole vivant de cette conception millénaire. La pureté du sang, la gloire d'une famille, une puissance magique utile puisque négociable. C'est à peu près ma définition.
En dehors de cela, je ne suis que peu de choses. Rien, dirait même ma grand-mère de son air pincé que je lui ai toujours connu.
Pour Draco, je suis beaucoup plus. Pour Draco je suis Orodania. Dona ou Nina lorsqu'il a besoin d'être réconforté. Mais il est presque le seul à m'appeler par un nom plus personnel que « jeune fille ». Ma mère se permet quelquefois « ma fille » lorsque nous sommes seules, et je sens immanquablement mon cœur faire un tour sur lui-même tandis que j'affiche le visage impassible que tous attendent de moi.
Tous… Sauf Draco, bien sûr. Lorsque j'avais six ans, je rêvais qu'il était mon frère. A onze ans, alors qu'il est parti dans son Ecole, j'imaginais qu'il m'aimait et que j'en étais amoureuse. A quinze ans j'ai compris qu'il était mon meilleure ami, bien plus que le frère ou le mari auxquels j'aspirais. Et depuis, il ne m'a jamais fait défaut, et je suis toujours là lorsqu'il a besoin de moi.
« Maîtresse, le dîner est servi ! »
L'elfe de la maison se recroqueville sous mon regard glacé. Cela m'indiffère. A vrai dire, je pourrais être plus gentille – mais ce n'est pas ce qu'on attend de moi – ou plus méchante – mais je ne le souhaite pas.
Je descends donc jusqu'au salon où mes parents sont déjà attablés. Au Manoir, il y a une salle à manger, mais notre pied-à-terre londonien est bien plus petit, comme ma mère se plaît à le décrier.
« Demain nous sommes invités chez Narcissa », informe mon père au cours du repas.
Je hoche la tête. On n'en attend pas plus : des exclamations de joie seraient déplacées.
« Vous serez rentré de votre réunion, Lavinius ? » demanda ma mère.
« Je ferai au mieux, mais ne m'attendez pas. Je suis sûr que Narcissa sera heureuse de discuter avec vous, ma chère, et je ne voudrai pas la priver de ce plaisir. »
Ma mère sourit légèrement, avec beaucoup de retenue comme on me l'a appris. Comme toutes les jeunes filles de bonne famille l'ont appris.
« Draco sera-t-il là ? »
Mon père hoche la tête en ajoutant :
« Je crois qu'il y aura aussi sa fiancée, Miss Parkinson. »
Je ne réponds rien mais songe en moi-même que je vais enfin connaître celle que Draco appelle en privé « la sangsue ».
Narcissa et ma mère papote avec entrain, en souriant plus que de coutume. Je sais qu'elles s'apprécient encore plus qu'elles ne le montrent et que ces réunions valent plus pour elles que n'importe quel autre dîner de courtoisie. Je le sais car je ressens la même chose avec Draco. Quoique sa fiancée complique quelque peu la donne ce soir. Lorsque nous nous éclipsons pour discuter moins formellement dans le parc, ce n'est pas la même chose que nos précédentes retrouvailles. Il y a Pansy.
Pansy qui essaye de se coller à Draco dès qu'elle en a l'occasion, et qui me jette des coups d'œil étonnés, mécontents, intrigués et curieux tout à la fois. Ils discutent de leurs amis, dans leur Ecole. Poudlard. Je n'ai jamais eu d'amis, à part Draco. Bien sûr, je suis censée m'entendre avec toutes les jeunes filles que je rencontre au cours de ces dîners, de ces nombreuses soirées données par l'aristocratie anglaise ou russe. Mais je n'ai pas d'amies, car je ne suis jamais allé dans une école de sorcellerie. Pansy parle de gens nommés Millicent, Vincent, Gregory, Blaise, et Théodore. Je sais que Draco n'en considère pas la moitié comme des amis, mais il fait illusion.
Nous faisons toujours illusion. Nous sommes des personnages, les acteurs d'une pièce infiniment bien orchestrée, supposée plaire à tout le monde. Tous ceux qui ne savent pas que nous sommes différents en coulisses.
« J'ai appris que tu nous rejoignais cette année, Orodania ? Tu n'as pas été acceptée à Durmstrang ? »
Je lui réponds d'une voix calme et polie :
« Je n'ai pas demandé à aller à Durmstrang. Aux dernières nouvelles, Mr Dumbledore est un sorcier plus puissant que Mr Larnakov, et Poudlard une Ecole bien plus illustre. »
Pansy fait une moue en parlant de Dumbledore comme d'un vieux fou et de Durmstrang comme d'une école bien plus intéressante sur certains points. Je sais de quoi elle parle, mais je décide de la faire taire.
« Ce sont mes parents qui ont décidé de cela, et je ne vois pas pourquoi je devrais mettre en doute leur jugement. »
Une légère coloration apparaît sur ses joues. Dans notre cercle, il est impensable de critiquer ouvertement plus puissant que soi. Et mes parents sont indéniablement plus puissants que Pansy, que les parents de Pansy, et que beaucoup d'autres sorciers anglais. Elle en est bien consciente.
« J'espère que tu seras chez les Serpentards », dit-elle en essayant de se rattraper.
« J'espère aussi. Draco m'a dit que c'était la plus noble Maison. »
« De toute façon, je ne te vois pas aller ailleurs, Orodania », réplique ce dernier. « Et ce serait dommage que tu te retrouves avec des gens peu fréquentables, comme ces crétins et leur armée ridicule. »
Il se renfrogne brusquement et Pansy en profite pour commencer d'une voix aiguë une litanie d'insultes contre ces gens. Pour moi, tout ce qui s'est passé en juin dernier est assez flou et ne m'affecterait pas si cela n'avait pas changé ma vie et celle de Draco. Lucius va avoir un procès, le retour du Seigneur des Ténèbres est reconnu de tous, et c'est cela qui a poussé ma famille à m'envoyer à Poudlard pour je-ne-sais quelle raison en rapport avec Draco. Je sais que tout cela ronge mon ami, mais je suis impuissante à lui faire retrouver son sourire.
Je ne suis pas heureuse. Car Draco n'est pas heureux et ne l'a jamais été.
