Le soleil nocturne
Disclaimer : les personnages ne m'appartiennent pas.
Résumé : UA Bella écrit un roman sur les vampires pour un éditeur exigeant et mystérieux. En parallèle, elle fait la connaissance du moqueur et séduisant Edward Cullen…
Note : Je me suis inspirée de la fic le mystère E. Masen pour cette histoire. Ainsi, elle est dédiée à Story13.
Prologue
Mon réveil sonna. Je me réveillai tant bien que mal. Je gémis doucement, bâillai, et au prix d'un effort, j'ouvris les yeux. Je m'étirai, provoquant la délicieuse et habituelle sensation de détente matinale. Je regardai le réveil. Il me restait un quart d'heure. Parfait. Je refermai les yeux afin de me remémorer le rêve qui m'avait semblé plus qu'intéressant et les souvenirs qui affluèrent m'en donnèrent la confirmation. Avant même de rouvrir les yeux, je cherchai à tâtons mon carnet, posai la main dessus. J'ouvris les yeux ainsi que le carnet et lorsque j'eus trouvé une page vierge, j'entrepris d'écrire sur le papier les éléments qui avaient constitué mon rêve.
Il y avait des sirènes. Elles avaient la peau dorée comme le sable reflétant le soleil, de grands yeux violets ou turquoise, des cheveux blonds parsemés de mèches naturellement colorées et une queue de poisson dans des tons assortis, aux reflets argentés et arc en ciel. Des écailles semblables recouvraient leurs seins fermes et parfaitement dessinés. Je me souvenais de leur mode de vie. Elles ondulaient dans l'océan l'été mais l'hiver, l'eau étant gelée, elles se mêlaient aux humains. Elles évitaient le contact de l'eau et du sel car cela leur aurait rendu leur forme aquatique et dévoilé leur nature aux hommes. Elles séduisaient ceux-ci pour se reproduire et ne mettaient au monde que des filles. Ainsi, cette espèce était exclusivement féminine.
J'étais très contente de mon idée. J'allais en faire un conte, dès que j'aurais un peu de temps. Je passai en revue mon emploi du temps et me réjouis de me rappeler que je n'avais cours que le matin. L'après midi, j'avais prévu d'étudier à la bibliothèque. Lorsque je serais venue à bout de mes devoirs et de mes révisions, je pourrais écrire.
Jamais je ne me lassais d'écrire. Je n'étais pas sportive, ni populaire, je n'avais pas le contact facile. Je n'étais pas spécialement belle. Je ne pouvais compenser qu'en étant une élève assidue, mes notes étaient excellentes. Mon seul autre atout dans ma manche était l'imagination. En effet, je ne cessais d'écrire, sans réfléchir, de coucher les mots sur le papier frénétiquement, presque inconsciemment. C'était comme un besoin vital.
Mes parents, Charlie et Renée, étaient fiers du moi. On aurait pu penser qu'au lieu de me féliciter, ils se seraient fait du souci pour moi. Mais il n'en était rien. En effet, j'avais toujours été une enfant, puis une adolescente calme et posée, sage, au point que Renée me trouvait plus mature qu'elle, alors que je ne dépassais pas les treize ans. Quant à Charlie, dont j'avais hérité du tempérament discret et introverti, il était fier de mes notes et clamait que j'étais plus brillante que lui. Ainsi, mes parents trouvaient que je les surpassais.
Si j'acceptais leur compliments, en mon for intérieur, je ne les approuvais pas pour autant. En effet, si j'étais calme et adulte pour mon âge, c'était sans doute dû à un phénomène de mimétisme entre Charlie et moi. Quant au fait que je sois brillante, je doutais de l'être naturellement. Certes, j'étais dotée de ce que mes professeurs appelaient une sensibilité littéraire mais je travaillais avec acharnement. Bref, rien d'exceptionnel.
Cependant, je ne faisais jamais part de mon scepticisme à mes parents, me contentant d'acquiescer modestement à leurs compliments. En effet, s'ils savaient que j'étais aussi désabusée au seuil de l'adolescence, ils se seraient sans doute fait du souci pour moi. De plus, ce trait de caractère entrait en totale contradiction avec mon imagination débordante. Ce qui me poussait à m'interroger sur ma santé mentale.
Je secouai la tête pour ressaisir mes esprits et je quittai ma chambre pour descendre dans la cuisine. Charlie et Renée s'y trouvaient. Charlie buvait une tasse de café et Renée était aux fourneaux, ce qui ne présageait rien de bon.
-Bonjour maman. Bonjour papa.
Les appeler par leurs prénoms ne signifiait en rien que l'affection que j'éprouvais à leur égard aurait dû être remise en doute. Je ne savais pas pourquoi je le faisais, c'était ainsi. Pourtant, je me gardais bien de les appeler ainsi autrement que dans leur dos. En leur présence, je les appelais papa et maman comme tout le monde. Cela préservait les inquiétudes qu'ils auraient pu avoir à ce sujet et apportait une touche de normalité à l'être brun, pâle et décalé que j'étais.
Charlie m'adressa un signe de tête.
-Bella.
Son sourire était imperceptible mais j'étais apte à le déceler. Cela faisait partie de la complicité qui m'unissait à Charlie.
Renée, en revanche, se montra plus expansive.
-Bella chérie ! Démon du bisou, go !
C'était la formule qu'elle employait chaque fois qu'elle s'apprêtait à m'embrasser, une petite plaisanterie de son cru. D'ailleurs, elle ne tarda pas à joindre le geste à la parole et s'élança vers moi pour m'embrasser chaleureusement sur les deux joues.
-À la française, déclara-t-elle.
Je lui répondis par un sourire.
-J'espère que tu as faim.
Je me rappelai sa présence aux fourneaux et tentai de masquer mon inquiétude.
-Tu…as préparé mon petit déjeuner ?
Renée esquissa un large sourire.
-Affirmatif !
- J'aurais pu le faire, maman. Je…
Elle m'interrompit d'un geste.
-Tu le fais tous les jours.
« Presque » eus je envie d'ajouter en songeant aux fois où ces lubies imprévisibles prenaient ma mère.
-Cela me faisait plaisir. Je suis ta mère, après tout.
Je renonçai à protester, ne voulant la blesser pour rien au monde en lui rappelant que sa cuisine était certes originale mais aussi…imprévisible.
-D'accord. Merci, maman, cédai-je avec un petit sourire.
Son sourire s'élargit et ses yeux semblables aux miens pétillèrent. Si j'arrivais à afficher de telles expressions ravies, je serais sans doute bien plus jolie.
-Assieds toi, vite ! S'impatienta-t-elle.
J'obtempérai. Renée déposa alors un milkshake aux curieuses teintes brun clair et rosées devant moi. Je sentis le regard de Charlie peser sur moi.
-Bon appétit, Bella.
Ses mots auraient été « Bonne chance, Bella » que ses intonations n'auraient pas été différentes. Je scrutai le milkshake devant moi. La cuisine de Renée pouvait être délicieuse comme elle pouvait être… « indéfinissable », ce qui était le terme le plus gentil qui existait dans mon vocabulaire.
-Qu'est ce que c'est ?
Connaître les ingrédients m'aiderait sans doute à…mieux me préparer psychologiquement. Par malchance, Renée esquissa un sourire énigmatique.
-Devine !
Je retins un soupir. Je ne m'attendais pas à ce que Charlie vole à mon secours. Ce dernier se leva.
-Bien. Je dois aller au travail. Bonne journée, Bella.
Il se pencha vers moi pour m'embrasser et me murmura à l'oreille :
-Banane, nutella et chamallows.
Ensuite, il s'écarta avec un clin d'œil discret. Le sourire reconnaissant que je lui adressai le fut tout autant. En toute innocence, il alla embrasser Renée.
Je décidai alors de me jeter à l'eau. J'enfonçai ma paille dans le verre et en aspirai une gorgée. Là, j'écarquillai les yeux. C'était crémeux et…délicieux.
-Alors ? S'enquit Renée.
Je levai le pouce en signe d'approbation.
-Top. Mais ce n'est pas très diététique.
Renée éclata d'un rire qui dessina de charmantes rides sur son visage.
-Un petit écart de temps en temps ne va pas te tuer. Tu es si mince.
Je savourai mon milkshake puis me levai.
-Tu finis tôt, aujourd'hui, n'est ce pas ? Je serai dans mon atelier en train de peindre.
Je savais où elle voulait en venir. Elle se réjouissait de me revoir toute l'après midi.
-Je vais travailler à la bibliothèque, cet après midi.
Renée fit la moue.
-Je suis inspirée par l'écriture d'un conte.
Son visage s'éclaira.
-Ca change tout ! Dès que tu auras fini, imprime le, je veux le lire.
Je souris.
-Bien sûr, maman. C'est promis.
Sous ses yeux pétillants de joie, je montai me préparer. Ayant comme de coutume pris ma douche la veille, j'eus juste besoin de me brosser les dents et de me passer un peu d'eau froide sur le visage. J'enfilai un jean, un pull dissimulant mon manque de formes et brossai mes cheveux que je tressai ensuite en une natte, pour éviter qu'ils s'emmêlent, au vu de leur épaisseur. Je m'inspectai dans la glace, tout en sachant qu'il n'y avait rien d'exceptionnel à voir. Un teint pâle malgré le climat ensoleillé, des cheveux bruns noués en une natte sage, des yeux marron clair. En réprimant un soupir, j'attrapai mon sac et redescendis.
Alors que je poussais la porte, Renée m'interpella.
-Bella !
Je me retournai.
-Oui, maman ?
-J'ai une bonne nouvelle.
Je la regardai, perplexe.
-Je t'écoute.
Elle esquissa un sourire.
-Alice a été prise dans une école d'art et de mode.
Mon visage s'éclaira d'un sourire.
-C'est vrai ?
Renée acquiesça.
-Oui.
-C'est merveilleux. Je suis si contente pour elle.
Alice, ma cousine, avait deux ans de plus que moi et je m'entendais très bien avec elle. C'était une gothique introvertie aux longs cheveux noirs et dont le visage évoquait celui d'un elfe, avec ses traits fins et ses yeux marrons foncé en amande. De plus, elle était si gracieuse que lorsqu'elle marchait, elle donnait l'impression de danser. Malgré sa beauté, elle ne se mêlait pas aux autres. En effet, elle avait un don de prémonition, des visions ainsi qu'une intuition aiguisée. Je ne l'aurais pas cru si elle ne m'avait pas prouvé maintes fois la véracité de ses prédictions. Malheureusement, ce don lui pesait. Comme moi, elle était créative. Sa passion était de dessiner des vêtements et elle avait quelques notions de couture. À la sortie du collège, elle avait ainsi postulé pour un lycée spécialisé dans la mode et la création. Comme je l'aimais beaucoup, je me réjouissais qu'elle ait atteint son objectif.
Renée esquissa un nouveau sourire.
-Nous allons fêter ça, bien sûr.
Je hochai la tête.
-Bien sûr. En attentant, je dois y aller.
Renée m'adressa un sourire apaisant.
-Vas y. Mais tranquillise toi, tu n'es pas en retard.
Sur ces mots, elle me déposa un baiser sur la joue.
-À ce soir, maman.
Sur ce, je fermai la porte derrière moi et me dirigeai vers l'arrêt de bus le plus proche.
Quelques collégiens que je ne connaissais pas vraiment s'y trouvaient. Je leur adressai un signe de tête furtif et cessai de leur prêter attention. Je n'étais pas misanthrope, simplement d'une timidité maladive. Je détestais le son de ma voix lorsque je m'adressais à des inconnus. Pour couronner le tout, lorsque le bus s'arrêta, je trébuchai au moment de monter à l'intérieur. Je pris un ticket et allai m'asseoir, la tête baissée, ravalant mes larmes. En effet, j'étais furieuse contre ma gaucherie. Par malchance, j'avais tendance à pleurer lorsque j'étais énervée, le comble de l'humiliation.
Je fermai les yeux et inspirai profondément pour me calmer et repensai au conte que j'avais l'intention d'écrire. Immédiatement, cela m'apaisa. Ainsi, j'arrivai au lycée les yeux secs.
Sous le préau, Angela m'attendait. C'était l'une de mes rares amies. Elle avait des cheveux mi-longs dont le blond foncé évoquait du miel doré, elle portait des lunettes et comme moi, c'était une élève studieuse et discrète. Pourtant, elle se différenciait de moi de par le fait qu'elle n'était pas maladroite. Pour autant, elle ne se moquait jamais de moi à ce sujet.
-Salut, Bella, dit-elle.
-Salut.
Elle sortit un livre de son sac qu'elle me tendit.
-Tiens, je l'ai fini.
-Merci.
Je pris le livre, les Hauts de Hurlevent, et le rangeai dans mon sac.
-Alors ? M'enquis-je.
Mon amie grimaça.
-Pour être honnête, je n'ai pas beaucoup aimé. Les personnages principaux sont vraiment antipathiques, surtout HeathCliff.
J'acquiesçai.
-Je sais. Ce livre me fascine, mais j'ignore pourquoi au juste.
Je l'enfonçai au fond de mon sac. Nous avions beau avoir une réputation d'intello, nous ne tenions pas à aggraver les choses en montrant ouvertement que nous lisions des livres qui n'étaient pas de notre âge. Cela aurait pu passer pour de la frime. Pourtant, le style d'Emily Bronté n'était pas des plus difficiles à lire.
Angela me lança un regard interrogateur.
-Nous finissons bien à midi, n'est ce pas ?
J'opinai de la tête.
-Oui.
-Qu'est ce que tu as prévu de faire de ton temps libre ?
-Je vais à la bibliothèque. Tu viens avec moi ?
Angela déclina ma proposition, le regard teinté d'un léger regret.
-J'aimerais bien, mais maman emmène mon chat chez le vétérinaire, cet après midi. Si je ne suis pas là pour l'apaiser, il sera terrifié.
Je hochai la tête.
-Je comprends.
J'aimais beaucoup les chats, créatures douces et mystérieuses. Pourtant, je n'osais pas demander à mes parents à en avoir un. En effet, Renée avait eu un chat qu'elle affectionnait énormément. Un beau jour, il avait disparu. D'autres chats du quartier avaient disparu, ce qui lui laissait supposer que quelqu'un les avait enlevés. Sa tristesse avait été telle que je ne voulais pas prendre le risque de lui infliger de nouvelles souffrances.
Angela me regarda d'un air inquiet.
-Ca ira ?
Je repris mes esprits.
-Pardon ?
-Ca ne te dérange pas, d'être seule à la bibliothèque ?
-Oh, ça.
Je secouai la tête.
-Pas du tout. Ne t'inquiète pas.
Angela connaissait mon tempérament solitaire, elle n'insista donc pas. Elle désigna l'intérieur du lycée d'un signe de tête.
-Et si on entrait ? Ca va bientôt sonner.
J'acquiesçai.
-Bien sûr.
Nous nous rendîmes en cours. La matinée me parut longue, tant j'étais fébrile à l'idée d'écrire. Ainsi, je fus soulagée qu'on ne nous donne pas trop de devoirs, même si j'avais tout de même l'intention de réviser et de m'avancer. Je travaillerais deux heures et il me resterait tout le reste de l'après midi pour écrire. Bien sûr, je ne rentrerais pas trop tard, pour éviter que Renée s'inquiète et passer un peu de temps avec elle. Ainsi, je déjeunai le cœur léger à la cantine et pris ensuite congé d'Angela pour me rendre à la bibliothèque juste après.
La bibliothèque était magnifique. Dans un style ancien, elle était faite de constructions en bois verni et évoquait celle de la publicité pour les cahiers oxford. Quand j'y entrais, j'avais l'impression d'être dans un film. Il y avait quelque chose de magique à cela.
Il n'y avait pas beaucoup de monde et il régnait un silence religieux qui me plaisait. Là, je n'avais pas le sentiment d'être en décalage, contrairement au lycée, dans la rue, le bus, ou n'importe quel autre lieu public. Je m'installai donc à une table. Je commençai à faire les exercices de maths, matière que je détestais, pour me débarrasser de cette corvée. Ensuite, je m'attaquai à la biologie, qui était bien moins exécrable et même intéressante, puis gardai le meilleur pour la fin en terminant par la littérature.
Alors que je travaillais soigneusement, j'eus la curieuse impression d'être observée. C'était irrationnel, mais inquiétant. Toutefois, je n'osai pas relever la tête, de peur de croiser un regard intimidant. De toute façon, qu'aurais-je bien pu y faire ? Si cette impression s'avérait juste, je me ridiculiserais en demandant des explications à cette personne, qui nierait et me rirait sans doute au nez. Je décidai donc de faire abstraction de cela.
Après avoir fini mes devoirs, relu mes cours, contente de moi, je quittai la pièce pour aller dans la salle informatique. Fort heureusement, à ce moment là, je n'eus pas l'impression d'être suivie. Soulagée, je m'installai à un ordinateur pour écrire.
Je sortis mon carnet de mon sac et relus mes notes sur les sirènes. Sans plus attendre, je me mis à écrire. Lorsque j'eus terminé, j'étais arrivée à un conte d'une trentaine de pages. Satisfaite, je l'imprimai et agrafai les feuilles.
En sortant, je réalisai que je n'avais pas vu le temps passer. Le ciel s'était assombri, indiquant que le soir avait commencé. Je pressai le pas, sachant que Renée devait être morte d'inquiétude. Dans ma hâte, je lâchai les feuilles et le vent les fit s'envoler loin devant moi. Je courus pour les rattraper, me félicitant de les avoir agrafées. Soudain, je stoppai net. Quelqu'un les avait ramassées. Timidement, je m'approchai.
C'était un jeune homme d'environ dix sept ans, à la chevelure rebelle. Dans l'obscurité, j'avais du mal à distinguer sa couleur de cheveux mais ils semblaient clairs. Il avait une silhouette élancée, finement musclée, mais le plus beau était son visage. Sa mâchoire était carrée, ses pommettes délicatement sculptées, ses sourcils fins et parfaitement dessinés.
Ma timidité afflua brutalement. Incapable de proférer le moindre mot, je tendis une main tremblante pour récupérer mes feuilles. Le jeune homme ignora mon geste, ce qui me mortifia. À la place, il se mit à parcourir les feuilles du regard. Mon pouls s'accéléra. Je ne montrais mes écrits qu'à mes proches, étant trop pudique pour les faire connaître à d'autres personnes, en encore moins à cet être superbe qui me dominait de sa taille et de son âge. J'aurais voulu protester, mais j'étais pétrifiée.
Au bout d'un moment qui me parut être une éternité, il acheva sa lecture et me regarda. Je ne parvenais pas à distinguer la couleur de ses yeux, mais ils brillaient d'une lueur moqueuse.
-Ce texte est de toi ?
J'eus l'impression de recevoir une décharge électrique. Sa voix aux accents moqueurs était sensuelle et mélodieuse à la fois. L'entendre me donnait presque la sensation d'être en transe.
Sans un mot, je réussis à hocher la tête.
-Le style est brouillon, c'est truffé de fautes et d'incohérences. En somme, c'est mauvais. Tu n'as aucun talent. Crois moi, l'écriture n'est pas une vocation pour toi.
Sur ces mots, il me remit les feuilles entre les mains et tourna les talons. Je le regardai s'éloigner. Soudain, j'eus très froid. J'eus du mal à me ressaisir et rentrer chez moi. Ses paroles m'avaient traumatisée. Ravalant mes larmes, je décidai de ne plus écrire. Je me tiendrais à cette décision pendant des années.
